Oeuvres romanesques complètes Tome 2 (édition Marc Lapprand)

À propos

Cela commence bien pour Vian, l'écrivain. Queneau aime Vercoquin et le plancton. Gallimard accepte ce premier roman puis un deuxième, L'Écume des jours. Sartre reçoit l'auteur aux Temps modernes, où paraîtront ses Chroniques du Menteur. J'irai cracher sur vos tombes fait scandale - un vrai scandale, du premier coup, celui que tant d'artistes attendent en vain toute leur vie. Et pourtant, cela ne prend pas. Les seuls romans de Vian qui connaissent le succès de son vivant sont ceux qu'il signe Sullivan. Les autres ne trouvent pas leur public. Le dernier, L'Arrache-coeur, sept ans à peine après Vercoquin, est un ultime échec. Vian en conclut que sa destinée ne sera pas littéraire. Il renonce au roman.
Sa célébrité est alors à son comble, pour d'autres raisons. « Oh ! je fais dans pas mal de choses, n'adjudant ; ingénieur, auteur, traducteur, musicien, journaliste, interprète, jazzologue, et maintenant directeur artistique d'une maison de disques. - Ouais. je vois. » répond l'adjudant, « bon à tout, bon à rien. » Le personnage de Vian - trompinette, tourniquette et cor à gidouille - prend beaucoup de place, il est vrai, jusqu'à masquer en partie son oeuvre. Résultat : au lendemain de sa mort prématurée, la plupart de ses livres « littéraires » sont introuvables. Le succès viendra plus tard, au rythme des rééditions posthumes, et il sera accompagné d'une certaine reconnaissance. Mais prend-on vraiment l'écrivain au sérieux ? L'imaginaire de Vian déconcertait ses contemporains. On a parfois l'impression, aujourd'hui, que son humour embarrasse les nôtres. C'est ainsi ; Vian trouvait le sérieux risible et voyait dans le rire une chose sérieuse. Dans son arbre généalogique littéraire figurent les noms de Rabelais, Swift, Carroll, Jarry, Queneau.
Cette édition réunit les romans, les nouvelles et les scénarios de Boris Vian, ainsi qu'un choix de textes brefs qui, bien que non fictionnels (encore que certaines chroniques soient fort « romancées »), éclairent son univers imaginaire. Précisément, à quoi ressemble-t-il, cet univers ? À un monde parallèle au nôtre et communiquant avec lui, doté de son langage propre, irréductible aux catégories convenues (fantastique, science-fiction), aussi contrasté que le désert à rayures de L'Automne à Pékin, mais concerté, cohérent, à la fois poétique et réel : « l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion. » Langage d'ingénieur, mais il cache une définition du récit poétique, au service de thèmes graves - la difficulté d'être, l'usure de toute chose, l'angoisse de la mort - qui chez Vian sont transfigurés par la magie du rêve.


Sommaire

Et on tuera tous les affreux - Les Fourmis - L'Herbe rouge - Elles se rendent pas compte - L'Arrache-coeur - Scénarios (1949-1959) - Nouvelles (1949-1958). Écrits divers : Articles, chroniques, textes pataphysiques (1949-1959). En marge des oeuvres : textes et documents épars.

Rayons : Littérature > Œuvres classiques


  • Auteur(s)

    Boris Vian

  • Éditeur

    Gallimard

  • Distributeur

    Sodis

  • Date de parution

    14/10/2010

  • Collection

    Bibliotheque De La Pleiade

  • EAN

    9782070118649

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    1 365 Pages

  • Longueur

    17 cm

  • Largeur

    10.5 cm

  • Épaisseur

    3.4 cm

  • Poids

    535 g

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Luxe   Relié  

Boris Vian

1920-1959
Boris Vian passe son enfance à Ville-d'Avray, dans une famille aisée, menacée pourtant de ruine. Sa jeunesse, riche en "surprises-parties" et en canulars, le prépare à une activité multiforme. Il sera ingénieur, romancier, trompettiste, chroniqueur musical, chanteur, auteur dramatique, comédien... Sachant dès son plus jeune âge sa vie menacée par des problèmes cardiaques, il voudra vivre intensément et s'épuisera.
En 1939, il entre à l'Ecole Centrale et en sort ingénieur. Il travaille alors à l'AFNOR. A partir de 1947, il est animateur des cabarets de Saint-Germain-des-Près et trompettiste dans l'orchestre de jazz de Cl. Abadie.
En 1944, il rencontre Queneau et termine son premier roman, Vercoquin et le plancton. Trois ans plus tard, sa jeune carrière d'écrivain se poursuit par un scandale avec l'édition de J'irai cracher sur vos tombes signé Vernon Sullivan et "traduit de l'américain". Succès public mais très mauvaises critiques. Il finira par avouer qu'il est l'auteur de ce roman et sera traduit en justice pour "attentat aux moeurs par voie de livres". En 1950, il est condamné à quinze jours de prison avec sursis...
Il traverse alors des moments difficiles où il croit avoir raté sa vocation littéraire. En 1956, il est directeur artistique chez Philips, Fontana et aux disques Barclay. Il est aussi l'auteur de plus de quatre cents chansons. Il meurt pendant l'avant-première d'un film tiré de J'irai cracher sur vos tombes. C'est après sa mort que sa réputation de grand écrivain s'est affirmée.
Dans son univers romanesque, l'herbe est rouge, les paupières repoussent quand on les taille et un nénuphar fait mourir une jeune fille. Ce monde est régi par une logique poussée jusqu'à l'absurde et l'invention verbale ne semble pas avoir de limite. Mais la mort rôde, acceptée en général avec indifférence. Non violent, le "déserteur" se refuse seulement à tuer, sans aigreur ni colère.
Il fut également Premier Equarrisseur et finalement Satrape du célèbre Collège de 'Pataphysqiue dont l'idée revient à Jarry. Proche du Surréalisme, Boris Vian n'appartient pourtant à aucune école littéraire.

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