"La faculté de juger, qui dans l'ordre de nos facultés de connaître, constitue un terme intermédiaire entre l'entendement et la raison, possède t-elle aussi, considérée en elle-même, des principes a priori ; ceux-ci sont-ils constitutifs ou simplement régulateurs (n'indiquant pas ainsi de domaine propre) ; donne-t-elle a priori une règle au sentiment de plaisir et de peine, en tant que moyen terme entre la faculté de connaître et la faculté de désirer (tout de même que l'entendement prescrit a priori des lois à la première, mais la raison à la seconde) : telles sont les questions dont s'occupe la présente critique de la faculté de juger".
Dès la parution du Traité de la nature humaine, Hume avait été accusé d'entretenir des paradoxes sceptiques. A cette accusation, l'Enquête sur l'entendement humain répond d'une triple façon : 1) sur le mode discret d'une incontestable autocensure; 2) sur le mode positif d'une science sceptique et positive de la nature humaine; 3) enfin, par la définition d'une règle de bonne conduite : le scepticisme-mitigé.
À l'automne 1983, Michel Foucault prononce en anglais, à l'Université de Californie à Berkeley, un cycle de six conférences intitulé Discours et vérité : la problématisation de la parrêsia, dont on trouvera ici, pour la première fois, la traduction française. Il y retrace les transformations de la notion de parrêsia dans le monde antique : d'abord droit politique du citoyen athénien, la parrêsia devient, avec Socrate, l'un des traits essentiels du discours philosophique puis, avec les cyniques, de la vie philosophique elle-même dans ce qu'elle peut avoir de provoquant et même de scandaleux ; enfin, aux premiers siècles de l'Empire, la parrêsia apparaît au fondement des relations entre le maître et le disciple dans la culture de soi. Foucault poursuit un objectif précis : esquisser la généalogie de l'attitude critique dans les sociétés occidentales. Ce volume contient également la transcription d'une conférence prononcée en mai 1982 à l'Université de Grenoble, qui présente un état antérieur de sa réflexion sur la parrêsia.
La folie, le langage et la littérature ont longtemps occupé une place centrale dans la pensée de Michel Foucault. Quels sont le statut et la fonction du fou dans nos sociétés « occidentales », et en quoi se différencient-t-ils de ce qu'ils peuvent être dans d'autres sociétés? Mais également : quelle étrange parenté la folie entretient-elle avec le langage et la littérature, qu'il s'agisse du théâtre baroque, du théâtre d'Artaud ou de l'oeuvre de Roussel? Et, s'il s'agit de s'intéresser au langage dans sa matérialité, comment l'analyse littéraire s'est-elle elle-même transformée, en particulier sous l'influence croisée du structuralisme et de la linguistique, et dans quelle direction évolue-t-elle?
Les conférences et les textes, pour la plupart inédits, réunis ici illustrent la manière dont, à partir des années 1960 et pendant plus d'une décennie, Foucault n'a eu de cesse de tisser, de reformuler et de reprendre ces questionnements. Éclairant d'un jour nouveau des thématiques que l'on croyait connaître, ils permettent également de percevoir l'étonnant regard de lecteur que Foucault portait par exemple sur La Recherche de l'Absolu de Balzac, ou sur La Tentation de saint Antoine et Bouvard et Pécuchet de Flaubert.
« Pour Gilbert Hottois, la science-fiction nous aide à penser le futur en confrontant le lecteur à tous les avenirs imaginables. Pétrie de fantasmes et de spéculations transhumanistes, la science-fiction est un lieu idéal pour tester symboliquement les limites de l'humain. La grande science-fiction - de Stapledon à Egan, Banks ou Benford, en passant par Clarke, Lem et quelques autres - conduit de façon passionnante au seuil des singularités. Toutes les merveilles et toutes les abominations sont là, écrites : toutes les utopies, toutes les apocalypses, toutes les transfigurations et tous les anéantissements, tous les progrès et toutes les régressions... La rhétorique de la science-fiction dit que l'espèce humaine peut errer et s'autodétruire ou être victime d'un cataclysme cosmique, mais aussi poursuivre indéfiniment l'exploration et l'invention de soi-même et de l'univers. » (Jean-Noël Missa)
Michel Foucault est un philosophe qui, loin de plancher sur d'autres philosophes, avance avec et contre eux - et contre pas moins qu'avec, au vu du caractère distinctement agonistique de sa pensée. Dans ce volume, il « dialogue » successivement avec douze philosophes et écrivains de tous les temps - des auteurs dont les oeuvres soutiennent et traversent la sienne, dans une perpétuelle tension. Chacune de ces encontres est mise en scène par un spécialiste de Foucault. Tout se joue autour du « et » : de Foucault et Platon à Foucault et Althusser ou Genet en passant par Machiavel, Hegel, Said et bien d'autres. Le « et », ici, rapproche et éloigne à la fois. Selon cette approche, l'oeuvre perd son caractère de forteresse pour devenir un noeud, dans un réseau : celui de la philosophie vivante qui se construit et se poursuitdans d'infinies circulations et interactions. Une toile d'araignée dont le centre provisoire serait ici une pensée nommée Mic hel Fo uca ult.Avec les contributions de S. Alexandre et O. Renaut, A. Brossat, A. Brunon-Ernst, Ph. Chevallier, C. Colliot-Thélène,F. Hulak, O. Irrera, D. Lorenzini, P. Macherey, A. Naze, F. Pierini et A. Sforzini.
Entreprendre de définir « ce qu'est un monde » répond au besoin d'éclaircir un concept plurivoque, qui renvoie tout autant à la clôture de notre sphère personnelle, à l'Univers, ou au mouvement planétaire d'ouverture des échanges et des idées qu'est la « mondialisation ». Faut-il admettre comme légitimes tous les emplois du concept de « monde » - on parle en biologie du « monde végétal », en sociologie du « monde ouvrier », en théorie littéraire du « monde de Balzac » - ou reconnaître au contraire un degré privilégié de réalité pour lequel il y a authentiquement « monde »? Faut-il par ailleurs accepter la prétention du concept de « monde » à l'unicité de son objet? En choisissant de nous interroger sur « ce qu'est un monde », nous mettons explicitement à l'épreuve l'idée que le monde est par définition singulier.
Le patriotisme a désigné des choses très variées selon les lieux, les auteurs et les époques, à tel point qu'il est parfois délicat de comprendre ce que peut vouloir dire celui qui dit simplement « aimer sa patrie ». Car qu'est-ce qu'une « patrie » à proprement parler? Est-ce un territoire particulier? Est-ce une histoire? Un peuple? Est-ce un projet politique? Et d'où tire-t-elle sa valeur pour celui qui dit y être attaché? Comment se fait-il en effet que certains puissent être prêts à des sacrifices par amour pour elle, quand d'autres sont hermétiques à un tel attachement?
Cet ouvrage propose une analyse de la notion de patriotisme qui part non seulement de son histoire ou de ses différents usages possibles, mais aussi des principaux enjeux qu'elle soulève et des critiques fondamentales qu'elle suscite. De fait, le patriotisme n'est pas n'importe quelle forme d'attachement politique (il se distingue du chauvinisme, du nationalisme, de l'esprit de clocher, etc.) et il pose à ce titre des questions spécifiques sur le plan politique comme sur le plan moral, auxquelles l'ouvrage entend se confronter.
La partie « commentaire » du volume (qui propose une lecture analytique d'un passage de Platon et d'un extrait du philosophe contemporain David Miller) permet d'approfondir certaines pistes fondamentales et de mieux saisir la manière dont de nombreux concepts clés de la philosophie politique se trouvent mobilisés dès qu'il s'agit de mener une réflexion sur le sens et la valeur du patriotisme.
Pour l'homme, initialement publié en 1968, marque un moment important dans l'oeuvre de Mikel Dufrenne (1910-1995). Reconnu jusqu'alors comme un des grands représentants de l'esthétique française, le philosophe ouvre avec cet « essai » un nouveau sillon, dans lequel s'inscriront ensuite Art et politique (1974) et Subversion, perversion (1977). Il s'agit pour lui de se tourner vers ses contemporains et de s'expliquer avec eux, de prendre acte de l'avènement du concept de structure dans les sciences humaines et la philosophie, et de contester que cet avènement doive s'accompagner de l'effacement de la figure de l'homme, comme si la mort de l'homme devait succéder à celle de Dieu. Pour l'homme ne représente pas pour autant la défense d'un humanisme bêlant, car Dufrenne entend témoigner de l'appartenance de l'homme à la Nature. Il propose, selon ses propres termes, « les éléments d'une philosophie qui joigne au souci de l'être le souci de l'homme ».
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Entre la conscience et le psychique il établissait une distinction qu'il devait toujours maintenir ; alors que la conscience est une immédiate et évidente présence à soi, le psychique est un ensemble d'objet qui ne se saisissent que par une opération réflexive et qui, comme les objets de la perception, ne se donnent que par profils. ".
À la fin du premier semestre 1982, Michel Foucault prononce à l'Université Victoria de Toronto un cycle de conférences intitulé Dire vrai sur soi-même. Le thème de ces conférences, s'inscrivant dans le cadre du projet d'une généalogie du sujet occidental moderne, est la formation historique de l'herméneutique de soi. Après avoir analysé le type très particulier de connaissance de soi et de rapport à soi qui caractérise l'askêsis gréco-romaine, où il s'agit pour le sujet d'établir avec lui-même une relation de possession et de souveraineté, Foucault étudie le renversement qui conduit, aux premiers siècles du christianisme, et tout particulièrement dans les communautés monastiques, à la naissance d'une herméneutique de soi conçue comme l'exploration et le déchiffrement par le sujet de sa propre intériorité. Pour définir ce renversement, Foucault introduit ici une distinction inédite entre deux formes d'ascèse, l'une tournée vers la vérité, l'autre tournée vers la réalité. Parallèlement aux conférences, Foucault conduit à Toronto un séminaire consacré à l'étude détaillée de textes des auteurs anciens sur lesquels s'appuient ses analyses de la culture de soi antique. Il y présente également une esquisse des différentes significations de la notion de parrêsia dans l'Antiquité, qui allait devenir le thème principal de ses derniers travaux.
Ces conférences et ce séminaire sont publiés ici pour la première fois, dans une édition critique.
Personnalité originale et philosophe inclassable, Ludwig Wittgenstein (1889-1951) n'a cessé d'exercer une grande influence sur la pensée contemporaine, et de l'orienter dans de multiples directions qui répondent toutes au caractère protéiforme de son génie. Un génie aussi habile dans les questions de psychologie que dans celles de logique et de mathématique, et aussi subtil dans l'analyse du langage savant que dans le traitement du langage quotidien. Un génie qui ne compose pas un système mais qui, quel que soit l'objet étudié, quel que soit le langage abordé, ne se relâche jamais de la même exigence de rigueur et d'exactitude. Plus qu'une oeuvre à découvrir et à ranger dans l'histoire de la philosophie, les écrits de Wittgenstein constituent une véritable propédeutique à l'acte philosophique. Conformément aux principes de la collection, après une biographie circonstanciée de la vie mouvementée du philosophe, le présent ouvrage expose sa pensée (l'auteur en défend l'essentielle unité) puis analyse les textes principaux, presque tous posthumes et souvent à l'état de notes de travail.
Ce livre part d'un constat : rares sont les philosophes ayant conféré autant d'importance au travail que Dewey, lui qui défend son « éternelle dignité ». Déconstruisant les dualismes classiques (poièsis/praxis, travail/loisir, travail/jeu, travail/art, etc.), Dewey analyse le travail selon des points de vue complémentaires.
Dans le cadre de la théorie de l'action, le travail se distingue comme activité spécifique. Il est thématisé comme une fonction biologique dans une perspective évolutionniste, et pensé comme un métier d'un point de vue sociologique et psychologique. Enfin, en politique, le travail devient chez Dewey un enjeu majeur, puisqu'une démocratie véritable impliquerait pour lui une démocratisation des lieux de travail qui supposerait à son tour de profondes transformations de nos manières de travailler.
Dewey mérite indéniablement d'être considéré comme l'un des principaux philosophes du travail.
L'actualité de son oeuvre se joue là aussi.
Ce deuxième tome des oeuvres complètes de Georges Canguilhem réunit ses trois grands ouvrages. Le premier, la thèse de médecine, Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique, soutenue en 1943 à l'université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, fut rééditée en 1966 et 1972, et enrichie de textes additionnels sous le titre Le normal et le pathologique. Le second ouvrage, La connaissance de la vie, recueil de travaux publié en 1952 et présenté comme thèse complémentaire pour le doctorat ès lettres en 1955, fut réédité et augmenté en 1965. Quant au troisième, La formation du concept de réflexe aux XVIIe et XVIIIe siècles, thèse principale du doctorat ès lettres, il introduit une approche nouvelle en histoire et philosophie des sciences, découronnant Descartes, le mécaniste, au profit de Willis, le chimiste, auquel est attribuée la paternité du concept moderne de réflexe, concept qui sera élaboré ensuite dans un contexte vitaliste. En pratiquant ces trois oeuvres, le lecteur non seulement augmentera ses connaissances, mais découvrira aussi un modèle de méthode et d'érudition critique.
Textes édités, introduits et annotés sous la direction de Cl. Debru et A. Fagot-Largeault.
La philosophie contemporaine du temps voit s'affronter deux conceptions du temps : celle du devenir qui identifie la réalité naturelle à un présent en constant renouvellement et celle de l'univers-bloc qui assimile la réalité naturelle à un espace-temps étendu dans quatre dimensions. Cette dernière approche implique notamment que les événements qui nous semblent passés et futurs sont tout aussi réels que les événements présents et que les êtres humains, bien que mortels, sont des êtres éternels. L'auteur défend cette théorie de l'univers-bloc en montrant que le raisonnement philosophique et les avancées les plus récentes de la physique contemporaine s'accordent à montrer que ce monde quadri-dimensionnel est bel et bien le nôtre.
Le XIXe siècle s'est politiquement ouvert dans l'opposition extérieure ou abstraite du Oui traditionnel et du Non révolutionnaire à l'histoire. Philosophiquement, mais selon une vision non réconciliatrice-hégélianisante de lui-même il s'achève dans la contradiction intérieure ou concrète du Non, mais confortable, de Schopenhauer, et du Oui, mais déchirant, de Nietzsche, à la vie.
Bernard Bourgeois est membre de l'Institut et professeur émérite d'Histoire de la philosophie à l'Université de Paris I.
L'objectif de cet ouvrage est de questionner les approches philosophiques classiques du travail, qui les conçoivent comme production ou comme technique, en mettant en relief la dimension sociale du travail. Quels sont les critères qui distinguent le travail d'autres activités humaines? Quelles fonctions remplit le travail dans l'ensemble de la vie sociale? Quelles sont les spécificités du travail dans les sociétés capitalistes? Pour répondre à ces trois questions, l'auteur propose une lecture originale des principales théories philosophiques du travail, en les complétant à la lumière de travaux récents dans les domaines des sciences humaines et sociales et de la philosophie sociale du travail.
En mettant en regard Tolstoï et Nietzsche, Léon Chestov fait se mesurer le « grand écrivain de la terre russe », défenseur de la morale, au « responsable des crimes de la jeune génération » dont les écrits ont inquiété jusqu'en Russie. Le premier a cherché à travers ses grands romans à répandre sa conception du bien. Le second s'est employé à tuer Dieu et à dévoiler les artifices de la morale. Tolstoï n'a-t-il pas cherché, dans Qu'est-ce que l'art ?, à être le bouclier contre cet orage provenant de l'Occident ?
Pourtant, en les confrontant plus précisément sur l'Idée de Bien, Chestov en vient sans le dire à diminuer Tolstoï et à grandir Nietzsche tout en les rassemblant sur plus d'un point. C'est que Tolstoï s'est rendu coupable de se satisfaire de sa vertu, quand Nietzsche en a payé le prix dans sa souffrance. Si Nietzsche a renié sa foi, n'a-t-il pas cherché Dieu ? Jusqu'à cet Übermensch, peut-être, le surhomme dont Chestov semble vouloir croire qu'il est le Dieu nouveau de Nietzsche.
La pensée de John Stuart Mill est souvent ramenée à sa formulation, en 1859, du « principe de liberté ». Or, s'il est un grand théoricien de la liberté individuelle, le philosophe britannique est aussi l'auteur d'une oeuvre immense et variée, ayant pour objet l'épistémologie des sciences sociales, l'économie, la politique, ou encore les relations internationales. Avec Harriet Taylor, co-autrice de nombreux de ses textes, il a discuté l'utilitarisme de Bentham et la pensée socialiste de son temps. Soucieux de participer aux transformations sociales et politiques, il s'est engagé en faveur de l'émancipation des femmes.
Du Système de logique à son Autobiographie, en passant par L'Assujettissement des femmes, c'est bien la question de l'éducation à la liberté qui est au coeur de son oeuvre.
Sartre a consacré à des écrivains illustres quatre biographies qui appartiennent à l'histoire des idées plutôt qu'à celle de la littérature. Il y développe sa pensée et, à cette occasion, il dépasse, anticipe ou complète ses grands traités philosophiques. Ses études sur Baudelaire, Mallarmé, Genet et Flaubert constituent aussi des ateliers de réflexion qui puisent dans le champ des sciences de l'homme après 1945. C'est pourquoi les études rassemblées ici mettent autant l'accent sur les méthodes empruntées par Sartre à ses pairs qu'aux enjeux propres à sa pensée. Parce que son ambition était de déterminer « ce que l'on peut savoir d'un homme, aujourd'hui », on découvrira dans ces pages un Sartre au carrefour, entre autres, de la philosophie analytique, de l'herméneutique, de la psychanalyse, du matérialisme historique, de l'anthropologie culturelle française ou encore du féminisme.
Les émotions, qui se distinguent des autres états passionnels tels que les désirs et les sentiments, sont un ressort puissant de notre vie affective. Elles ne cessent d'animer nos jugements de valeur et de nous aider à déterminer ce qui nous importe en ce monde. Comment naissent-elles ? Quel rapport ont-elles au corps ? Comment fixent-elles les fins qui orientent nos pensées ou nos actions ? Quelle influence ont-elles les unes sur les autres ? Quelle confiance leur accorder dans notre pratique ? Ces questions qui ne sont pas nouvelles ont été reprises par la philosophie contemporaine des émotions, une philosophie qui est principalement de langue anglaise. Le présent ouvrage propose un panorama organique des doctrines actuelles et des débats en cours.
Qu'est-ce qui peut venir à l'idée qui n'y soit pas déjà, en quelque façon, contenu, ou qui ne soit pas déjà à la mesure de l'idée ? ne faudrait-il pas, pour rendre pensable l'absolu - pour trouver un sens à dieu contester que la pensée soit coextensive à la conscience en guise d'un savoir toujours corrélatif de l'être et, dès lors, que la philosophie coïncide avec l'ontologie ? dieu vient-il à l'esprit dans une connaissance et dans un dialogue pour s'y laisser thématiser et tutoyer, s'égalant ainsi à la pensée qui l'entreprend et qui se voudrait d'emblée " adéquation à l'être " et qui aurait déjà les intentions - et l'intentionnalité - de l'ontologie ? ou, vouant le moi à autrui dans le visage même de l'autre homme, dieu n'a-t-il pas sens précisément en me signifiant un ordre ? ce livre essaie, en effet, de suggérer que le sens signifie non pas exclusivement sous la figure de signifiants - choses, signes, mots - renvoyant à des signifiés ; qu'il, signifie, plus anciennement, à partir du visage humain, comme quand on dit signifier un ordre ou ordonner.
Signifiance originelle du visage perçant sans cesse ses formes plastiques et représentées qui sans cesse se referment sur la voix silencieuse ou inouïe du commandement signifié ! eveil et dévotion suscités en guise d'un moi libéré de soi, libéré pour le prochain, même si l'on s'obstine à n'y trouver que représentation et conscience de soi.