Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage. On a le sentiment de ne pas « être à sa place ». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ?C. M.Cet ouvrage interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Et si, comme nous le suggère Claire Marin, le propre d'une place était de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer ?La philosophe circonscrit brillamment un concept multiple et éternel. Télérama.Un essai remarquable, un voyage intime, philosophique et littéraire. Libération.Une réflexion pénétrante. Le Monde.
Nietzsche Le Gai Savoir Ce livre [.] semble être écrit dans le langage d'un vent de dégel : on y trouve de la pétulance, de l'inquiétude, des contradictions et un temps d'avril, ce qui fait songer sans cesse au voisinage de l'hiver, tout autant qu'à la victoire sur l'hiver, à la victoire qui arrive, qui doit arriver, qui est peut-être déjà arrivée. La reconnaissance rayonne sans cesse, comme si la chose la plus inattendue, ce fut la guérison.
« Gai savoir » : qu'est-ce sinon les saturnales d'un esprit qui a résisté patiemment, sévèrement, froidement, sans se soumettre, mais sans espoir, - et qui maintenant, tout à coup, est assailli par l'espoir de guérison, par l'ivresse de la guérison ? [.] « Incipit tragædia » - est-il dit à la fin de ce livre d'une simplicité inquiétante : que l'on soit sur ses gardes ! Quelque chose d'essentiellement malicieux et méchant se prépare : incipit parodia, cela ne laisse aucun doute.
Friedrich Nietzsche.
Ecrit entre 1881 et 1887, publié une première fois en 1882, dans une version incomplète, repris et parachevé ensuite, Le Gai Savoir confirme et renforce le radicalisme nietzschéen. Les grands thèmes de sa réßexion sont désormais parvenus à leur pleine maturité. L'idéal, la nécessité de l'héroïsme en philosophie, l'analyse de la décadence, mais aussi le principe de l'éternel retour, le mythe de Zarathoustra, la connaissance, la religion : c'est un véritable bréviaire du « nietzschéisme » qui apparaît au fil des pages.
Traduction de Henri Albert, revue par Marc Sautet.
Introduction et notes par Marc Sautet.
Les deux innovations définitives du livre sont d'abord l'interprétation du phénomène dionysien chez les Grecs - il en donne pour la première fois la psychologie, il y voit l'une des racines de l'art grec tout entier ; et ensuite l'interprétation du socratisme. Socrate y est présenté pour la première fois comme l'instrument de la décomposition grecque, comme le décadent type. La « raison » s'oppose à l'instinct. La « rationalité » à tout prix apparaît comme une puissance dangereuse, comme une puissance qui mine la vie. Friedrich Nietzsche. Premier livre publié de Nietzsche (1872), La Naissance de la tragédie porte l'empreinte massive de la complicité intellectuelle qui, à l'époque, unissait le philosophe avec Richard Wagner, mais aussi de l'inßuence de Schopenhauer. Comme l'écrira André Gide, « dès ce premier ouvrage, l'un des plus beaux, Nietzsche s'affirme et se montre tel qu'il sera : tous ses futurs écrits sont là en germe ». A partir de sa réßexion sur l'art, où il distingue entre l'apollinien et le dionysien pour définir les grandes catégories du rêve et de l'ivresse, de la parole et de la musique, du serein et du mélancolique, de l'optimisme et du pessimisme, le penseur fixe le cadre général de sa réßexion et amorce les grands développements de la thèse - qu'il affinera encore par la suite - d'un Socrate, agent de la décadence grecque.Révision de la traduction, notes et commentaires par Angèle Kremer-Marietti.
Gaston Bachelard L'Air et les Songes Essai sur l'imagination du mouvement Tous les êtres qui aiment la grande rêverie simplifiée, simplifiante, devant un ciel qui n'est rien autre chose que « le monde de transparence », comprendront la vanité des « apparitions ». Pour eux, la « transparence » sera la plus réelle des apparences. Elle leur donnera une leçon intime de lucidité. Si le monde est aussi volonté, le ciel bleu est volonté de lucidité. Le « miroir sans tain » qu'est un ciel bleu éveille un narcissisme spécial, le narcissisme de la pureté, de la vacuité sentimentale, de la volonté libre. Dans le ciel bleu et vide, le rêveur trouve le schème des « sentiments bleus » de la « clarté intuitive », du bonheur d'être clair dans ses sentiments, ses actes et ses pensées. Le narcisse aérien se mire dans le ciel bleu.
G. B.
Collection « Classiques de la philosophie » dirigée par Jean-François Balaudé David Hume Enquête sur l'entendement humain «Je l'avoue franchement : ce fut l'avertissement de David Hume qui interrompit d'abord, voilà bien des années, mon sommeil dogmatique et qui donna à mes recherches en philosophie spéculative une tout autre direction.» Kant Le philosophe écossais David Hume (1711-1776) est, par sa critique sceptique des fondements de la connaissance, l'une des références fondatrices de l'épistémologie moderne, et l'une des sources du criticisme kantien. L'Enquête sur l'entendement humain (1748), son ouvrage le plus célèbre, met au jour la dépendance du savoir à l'égard de l'expérience, mais aussi à l'égard de l'imagination et de l'habitude ; son anti-dogmatisme prépare ainsi la voie à une compréhension plus fine de la science moderne, ouverte et révisable. Qu'il traite de la causa-lité, de la liberté ou de la providence, Hume, ce «géographe de la raison humaine» (Kant), se révèle à chaque instant un maître exceptionnel du question-nement philosophique.
Traduction révisée, introduite et annotée par Didier Deleule, suivie d'un dossier critique.
Conçue comme un objet provocant et paradoxal, la réflexion est à la portée de tous car l'auteur tente de répondre philosophiquement aux questions de l'importance de l'amour dans la vie, si l'amour est possible sans raison, s'il est disponible sur commande...
Une constatation que je peux vérifier, à mon grand regret, à chaque instant : seuls sont heureux ceux qui ne pensent jamais, autrement dit ceux qui ne pensent que le strict minimum nécessaire pour vivre. La vraie pensée ressemble, elle, à un démon qui trouble les sources de la vie, ou bien à une maladie qui en affecte les racines mêmes. Penser à tout moment, se poser des problèmes capitaux à tout bout de champ et éprouver un doute permanent quant à son destin ; être fatigué de vivre, épuisé par ses pensées et par sa propre existence au-delà de toute limite ; laisser derrière soi une traînée de sang et de fumée comme symbole du drame et de la mort de son être - c'est être malheureux au point que le problème de la pensée vous donne envie de vomir et que la réflexion vous apparaît comme une damnation.
D'où viennent l'art et l'existence ?
L'Âge classique a fait de l'adéquation la définition même de la vérité ; et de la coïncidence avec la Nature le grand précepte de l'art comme de la morale. Nous-mêmes voudrions croire que, quand les choses en viennent enfin à s'accorder, c'est là le bonheur...
Or, c'est précisément quand les choses se recoupent complètement et coïncident que cette adéquation, en se stabilisant, se stérilise. La coïncidence est la mort. C'est par dé-coïncidence qu'advient l'essor.
François Jullien fait jouer ici le concept de « dé-coïncidence » dans la Bible, la peinture, la littérature, la philosophie, pour montrer comment, dans cette faille même, une initiative est à nouveau possible, qui se déploie en liberté.
Gaston Bachelard L'Intuition de l'instant La durée intime, c'est toujours la sagesse. Ce qui coordonne le monde, ce ne sont pas les forces du passé, c'est l'harmonie tout en tension que le monde va réaliser. On peut parler d'une harmonie préétablie dans les choses, il n'y a d'action que par une harmonie préétablie dans la raison. Toute la force du temps se condense dans l'instant novateur où la vue se dessille, près de la fontaine de Siloë, sous le toucher d'un divin rédempteur qui nous donne d'un même geste la joie et la raison, et le moyen d'être éternel par la vérité et la bonté.
Gaston Bachelard.
Qu'est-ce que le temps ? Que faut-il entendre par « durée », « instant », « moment » ? Y a-t-il un fondement à la réalité ? Pour Gaston Bachelard, la vérité est avant tout une histoire, une perception du vrai, admise aujourd'hui, niée demain ; le monde est imaginé avant d'être vu et remémoré.
Un essai limpide, qui est aussi une excellente introduction à une philosophie originale où le poème et le théorème ne s'excluent pas. Un hommage de la pensée à la pensée.
Suivi de l'Introduction à la poétique de Bachelard par Jean Lescure.
François Jullien Traité de l'efficacité D'où nous vient l'efficacité oe Comment la penser sans construire un modèle à poser comme but, donc sans passer par le rapport théorie-pratique, et hors de tout affrontement héroïque oe A la difficulté européenne à penser l'efficacité - même sur le versant « réaliste » de notre philosophie (d'Aristote à Machiavel ou Clausewitz) - s'oppose l'approche chinoise de la stratégie : quand l'efficacité est attendue du « potentiel de la situation » et non d'un plan projeté d'avance, qu'elle est envisagée en termes de conditionnement et non de moyens à fin, de transformation et non d'action, de manipulation et non de persuasion, etc. : « l'occasion » à saisir n'est plus alors que le résultat de la tendance amorcée, et le plus grand général ne remporte que des victoires « faciles », sans même qu'on songe à l'en « louer ».
De ce clivage, on percevra mieux en quoi consiste la possibilité d'effet ; et notamment, qu'il faut sortir d'une conception spectaculaire de l'effet pour comprendre qu'un effet est d'autant plus grand qu'il n'est pas visé, mais découle indirectement du processus engagé, et qu'il est discret.
J'appellerai fonds d'effet ce dont nous vient cette efficacité sans dépense, et qui ne rencontre pas de résistance. Il nous conduira à concevoir une stratégie qui serait de l'efficience plus que de l'efficacité.
F. J.
Réinventer l'humanisme. Retrouver le sens de l'humain. Et pour y parvenir, redéfinir des notions simples l'Autre, l'amour, la liberté, la responsabilité... Humanisme de l'autre homme éclaire les grands thèmes de la pensée d'Emmanuel Lévinas.
Texte intégral
Dans « Altérité et transcendance » - dernier livre philosophique paru de son vivant - Emmanuel Levinas définit sa problématique en confrontant des textes de sa dernière période avec quelques pages des années 1960-1970, arrachées au silence. Ces textes nous offrent de nouvelles et percutantes analyses sur la proximité et la paix, l'interdit de la représentation, les droits de l'autre homme et une saisissante réflexion sur la mort. On y retrouve, également, le thème de sa « métaphysique du visage » qui, nul ne l'ignore désormais, se tient au coeur de son paysage conceptuel.
Son texte liminaire « Philosophie et transcendance » rappelle avec force, dans un monde où sévit si souvent le fanatisme religieux, que la voie par excellence de la transcendance est l'éthique. Dans l'étude suivante sur « Totalité et totalisation » , il demande "si la notion de l'être ne doit pas être repensée en fonction de l'idée de totalité." Cette ultime parole philosophique de Levinas est d'une actualité prégnante ? surtout si on l?éclaire à la lumière de la biographie de loeauteur, si tributaire des vicissitudes doeun siècle inondé de barbarie.
On célèbrera en 2006, le centenaire de la naissance d'Emmanuel Levinas dont l'oeuvre compte désormais parmi les plus emblématiques dans l'histoire de la philosophie du XXème siècle.
Emmanuel Lévinas Totalité et infini « On conviendra aisément qu'il importe au plus haut point de savoir si l'on n'est pas dupe de la morale. La lucidité - ouverture de l'esprit sur le vrai - ne consiste-t-elle pas à entrevoir la possibilité permanente de la guerre ? L'état de guerre suspend la morale ; il dépouille les institutions et les obligations éternelles de leur éternité et, dès lors, annule, dans le provisoire, les inconditionnels impératifs. Il projette d'avance son ombre sur les actes des hommes. La guerre ne se range pas seulement - comme la plus grande - parmi les épreuves dont vit la morale. Elle la rend dérisoire. » Texte décisif, Totalité et infini figure parmi les oeuvres majeures de la philosophie du xxe siècle.
Le capitalisme est-il moral ? Nul ne peut se soustraire à la question puisque aucun d'entre nous n'échappe ni à la morale ni au capitalisme. On parle d'un 'retour de la morale', y compris dans les entreprises. Mais cela ne va pas, le plus souvent, sans beaucoup de confusions. Si 'l' éthique paie', comme on dit outre-Atlantique, en quoi cela relève-t-il encore de la morale ? Et si elle ne paie pas, en quoi cela concerne-t-il l'entreprise ? Prétendre marier le marketing et l'éthique (ce que certains appellent le markéthique !), n'est-ce pas confondre des ordres différents, et escamoter le problème au lieu de le résoudre ? Contre quoi le propos d'André Comte-Sponville est surtout de clarification : il s'agit de penser les rapports entre l'économie, le droit et la morale, sans les confondre et sans masquer les tensions qui résultent - en toute société, en toute entreprise et en tout homme - de leur confrontation. 'Altermondialiste' d'aujourd' hui ou 'génération morale' d'hier, 'éthique d'entreprise' ou 'commerce équitable', que signifient l'irruption de ces notions dans le débat public oe
La démocratie libérale est menacée par la montée des populismes. À partir de nombreux sondages, reportages et recherches inédites, le politologue Yascha Mounk propose un nouveau modèle pour éclairer et appréhender la période politique complexe que nous traversons. Il pointe la nécessité d'un nationalisme contrôlé et de réformes radicales et explique avec clarté les origines de la désaffection des peuples pour la démocratie. Une contribution essentielle pour comprendre pourquoi notre liberté est en danger et comment la sauver.
« Si nous ne voulons pas devenir les victimes de la numérisation, si nous refusons de nous muter en junkies désespérés de l'info ou en zombies technologiques, il faut que nous exorcisions nos gadgets technologiques et les dépouillions de cette croyance en leur toute-puissance. » Qu'est-ce que penser ? Cette interrogation, aussi vieille que la philosophie, est plus actuelle que jamais, à l'heure où pensée et intelligence artificielle sont souvent associées ou opposées. Une représentation erronée et dangereuse, soutient Markus Gabriel, qui explique pourquoi la pensée humaine, fondamentalement émotionnelle, ne sera jamais remplacée par les machines. À travers ce livre incisif, qui mêle théories philosophiques et références culturelles populaires, le philosophe prend part à un des débats majeurs de notre époque.
C'est en compagnie de Montaigne et de son merveilleux essai sur les Cannibales que j'ai choisi d'écrire ce Journal philosophique - car c'est chez lui que j'ai trouvé un point d'appui très fiable pour mon éthique minimale.
On y trouvera [entre autres] des observations irrespectueuses sur la tendance, chaque jour plus vive, à poser des limites à la liberté de création et sur la persistance des politiques autoritaires dans les affaires de sexe, de filiation et de procréation...
Au fond, ce que j'ai voulu montrer dans ce Journal écrit au fil de l'actualité, c'est qu'il est possible de penser notre monde en évitant les deux maux qui frappent tant de bons esprits d'aujourd'hui : l'optimisme béat et le catastrophisme dépressif.
R. O.
Un recueil de chroniques revigorantes. Transfuge.
Un livre percutant, et parfois hilarant. Le Monde des livres.
Ruwen Ogien, le chasseur d'idées reçues. Psychologies magazine.
A travers ce volume, qui rassemble des textes naguère encore introuvables d'Emmanuel Levinas (1905-1995), c'est véritablement la confrontation de la métaphysique et de l'événement qui se donne à voir et à penser. Au confluent de la tradition phénoménologique et de la pensée juive, l'auteur de Totalité et infini, qui joue un rôle si décisif dans la réévaluation de l'éthique en philosophie, expose - à travers quinze articles - que la réflexion philosophique est d'abord et essentiellement historique. De " Penser l'hitlérisme " (écrit en 1934) à " Existentialisme et antisémitisme " et de " Quand Sartre découvre l'histoire sainte " à des analyses de l'oeuvre de Husserl ou de Jean Wahl, Emmanuel Levinas offre ici, à son lecteur ébloui, l'étendue d'une pensée puissante et curieuse. On y trouvera, à l'oeuvre, l'exigence d'un intellectuel hors pair qui fut, aussi, un irremplaçable maître-à-vivre.
« Le besoin d'évasion, écrit Emmanuel Lévinas, nous conduit au coeur de la philosophie. Il nous permet de renouveler l'antique problème de l'être en tant qu'être...» C'est dire que, dans ce texte, il choisit - à la faveur d'un thème fortement heideggerien d'aller à la rencontre des questions qui, toujours, ont guidé sa quête : le besoin d'évasion n'est-il pas le propre d'un être fini ? N'aspire-t-il pas à franchir les limites de l'être plutôt qu'à le fuir ? Et pourquoi l'être aurait-il besoin de sortir de soi ? Sur tous ces points, la méditation d'Emmanuel Lévinas s'affirme ici souveraine et féconde. A s'y engager, tout lecteur se rapprochera de la vérité de son destin au coeur d'une modernité tragique et opaque.
Emmanuel Lévinas (1906-1995) est l'un des plus remarquables philosophes de ce siècle. Ont déjà été publiés, entre autres, et dans cette même collection, Ethique et Infini, Difficile Liberté, Totalité et Infini, La Mort et le Temps.
Emmanuel Lévinas Entre nous Essais sur le penser-à-l'autre Entre nous ou l'exploration des chemins du sens. Emmanuel Lévinas revient sur ce qui constitue le foyer de sa pensée : la compréhension des énigmes au voisinage de l'être. A travers une série de textes remarquables, qui arpentent les axes traditionnels de sa réflexion, le philosophe définit la nature de la relation éthique qui unit chaque homme à son prochain. Morale de l'amour, de la sincérité, mais aussi méditation sur la sagesse et la responsabilité, considérations sur le rôle de la philosophie, réexamen des droits de l'homme : c'est à une plongée en profondeur dans la « relation intersubjective » que le lecteur est convié.
René Girard La Voix méconnue du réel « Coeest bien la voix méconnue du réel que, toute ma vie, je me suis efforcé d?écouter et de transcrire. Ces mots disent si bien ce que joeai voulu faire quoeils moeobligent à me demander si je loeai vraiment fait. Mais il y a pour moi, dans ce recueil, une raison de fierté moins écrasante que l?étreinte directe du réel, plus modeste si loeon peut dire : les essais rassemblés ici ne reßètent pas les modes tapageuses de notre dernière fin de siècle, les divers avatars de la « French theory » qui, à l?époque de leur composition, caracolaient aux avant-scènes dans les universités américaines.
Toutes ces théories étaient des destructions illusoires du réel. Ce qui moeen a protégé, coeest le réalisme de la théorie dite mimétique, dont je ne sais pas très bien si coeest moi qui loeai faite ou si coeest elle qui moea fait.
Les disciplines qui noeont pas de statut scientifique, les sciences de loehomme et de la société, ne peuvent pas se passer doehypothèse théorique. La variété des sujets traités dans le présent livre donne à la table des matières une allure presque impressionniste, mais ceux qui me connaissent ne soey tromperont pas. Coeest la théorie mimétique qui inspire tous ces essais. » R. G.
Michel Meyer Qu'est-ce que la philosophie oe La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d'impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d'un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d'infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d'existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu'elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu'ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre oe Toutes ces questions sont aujourd'hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l'aube des temps, car si la philosophie a un sens, c'est bien en ce qu'elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.
M. M.
Jean Guitton Igor et Grichka Bogdanov Dieu et la science A-t-on le droit, à la fin du xxe siècle, de penser ensemble Dieu et la science ? De dépasser le vieux conßit entre le croyant - pour qui Dieu n'est ni démontrable, ni calculable - et le savant - pour qui Dieu n'est même pas une hypothèse de travail ? Tel est, en tout cas, l'enjeu de ce livre qui, de ce fait, s'autorise d'une évidence : aujourd'hui, la science pose des questions qui, jusqu'à une date récente, n'appartenaient qu'à la théologie ou à la métaphysique.
D'où vient l'univers ? Qu'est-ce que le réel ? Quels sont les rapports entre la conscience et la matière ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? De ce fait, tout se passe comme si l'immatérialité même d'une transcendance devenait l'un des objets possibles de la physique. Comme si les mystères de la nature relevaient, également, d'un acte de foi.
Jean Guitton, Igor et Grichka Bogdanov ont ainsi voulu transformer l'ancien conßit du croyant et du savant en un débat essentiel. A travers l'échange de leurs arguments, de leurs interrogations, c'est bien de l'homme et de sa place dans l'univers qu'il est ici question.
" A la notion des droits de l'homme appartiennent désormais - inséparables et en nombre toujours croissant - toutes les règles légales qui conditionnent l'exercice effectif de ces droits.
Voici, derrière les droits à la vie et à la sécurité, à la libre disposition de ses biens et à l'égalité de tous les hommes devant la loi, à la liberté de la pensée et de son expression, à l'éducation et à la participation au pouvoir politique - tous les autres qui les prolongent ou les rendent concrètement possibles : les droits à la santé, au bonheur, au travail et au repos, à la demeure et à la livre circulation, etc.
" Emmanuel Lévinas. Avec " Hors sujet ", Emmanuel Lévinas revient et approfondit sa réflexion sur le noyau dur de sa philosophie : la relation à l'Autre. Méditation superbe qui entraîne vers l'analyse des " Droits de l'homme et droits d'autrui ", une approche singulière du " Langage quotidien et de la rhétorique sans éloquence ", ou encore de " La transcendance des mots. En chemin, le philosophe retrouve la trace de ceux auprès desquels il a fortifié sa propre pensée - Merleau-Ponty, Jankélévitch, Leiris, mais aussi Martin Buber, Franz Rosenzweig ou Jean Walh.
Une magistrale leçon de philosophie.