Ce livre s'efforce d'analyser le tournant sartrien, s'effectuant en plusieurs étapes; de la phénoménologie vers le matérialisme, et de l'existentialisme phénoménologique vers l'existentialo-marxisme qui caractérise la Critique de la Raison dialectique. Ce tournant est analysé par l'auteur à partir de l'évolution philosophique du concept de "praxis", dans l'oeuvre philosophique sartrienne.
S'inscrivant dans la démarche de l'École de Francfort, s'efforçant d'unir la dialectique matérialiste du marxisme avec la psychanalyse, dans le cadre d'un projet visant l'émancipation totale de l'homme, la philosophie sociale critique du « Grand Refus » esquissée par Herbert Marcuse est caractérisée par une lecture radicale des écrits de Freud, par l'effort de dépasser son fatalisme et la tentative de s'interroger sur le visage particulier que prennent la répression, la sublimation de la sexualité, le refoulement et l'agressivité dans nos sociétés modernes industrielles très avancées. Ainsi appelle-t-il « surrépression » la répression inutile et irrationnelle qui les caractérise. Cet ouvrage s'efforce de reconstruire l'itinéraire intellectuel et politique de ce grand penseur germano-américain incarnant le désir d'une société future non-répressive, dont l'oeuvre avait atteint, à l'époque de la révolte étudiante et de la Guerre du Vietnam, un rayonnement mondial.
"En ce début de 21e siècle, malgré les catastrophes écologiques annoncées, aucun changement majeur de nos politiques ou de nos sociétés n'a été mis en place. Nous semblons incapables de prendre en compte ce que les scientifiques ne cessent de nous répéter depuis cinquante ans. Cette inertie s'explique par l'absence de solutions. Car il y a des alternatives. Cette passivité repose en réalité sur notre conception du monde. Depuis l'avènement de la science moderne, nous percevons notre environnement comme un support inerte, taillable et corvéable à merci. Notre modèle nie la réalité. Reprendre conscience du monde dans lequel nous vivons est l'enjeu majeur de ce siècle. Il est temps d'apprendre à vivre sur terre."
La philosophie de Georges Bataille peut-elle ouvrir des voies nouvelles pour le théâtre ? Bataille affirme que le but de toute entreprise humaine est la perte définitive dans l'instant futile. Un spectacle peut-il projeter le spectateur hors du projet et du calcul ? Le philosophe déclare que seule une communauté régie par l'intérêt général peut répondre à l'insatiable désir humain d'être relié à ses semblables. Un spectacle peut-il arracher le spectateur du monde des choses pour le reconnecter à l'exubérance de la vie ? Au fil des pages, le théâtre s'affirme comme un art de la dépense improductive. La scène, comme une voie pour accéder au non-savoir. Il s'agit de réaccorder l'homme à la connaissance en le plaçant à la mesure de lui-même.
Si les termes « rite » et « rituel » demeurent des mots fort répandus et souvent décriés, au risque d'en perdre aujourd'hui leur sens initial et leur efficience sémantique, il est une formule qui fleurit dans notre société de manière récurrente et dans tous les domaines : celle de performance. Le monde performe sans cesse. Mais la performance interroge l'art et, par ce biais, des rituels contemporains fort étonnants. Cet ouvrage consacre une possible réponse à de nombreux écrits qui considèrent que, dans les champs de l'action artistique, du théâtre, de la chorégraphie et/ou de la vidéo-performance, tout est la même chose, et donc que tout a la même pertinence, sans distinction aucune. Il nous paraît donc nécessaire de cadrer cet espace singulier qu'est la performance-action.
Conçu comme une enquête, cet ouvrage invite à la traversée de quelques oeuvres où l'animal tient un rôle central. En menant des études de cas, à la croisée des champs de recherche, Vincent Lecomte analyse la manière dont l'art contemporain contribue à interroger et à réinventer les rapports et la distribution des places entre l'homme et les autres animaux. Par ses moyens et procédés, la création contemporaine éclaire la relation parfois trouble entre l'humain et les autres vivants. Mais elle révèle aussi une époque qui s'engage dans une investigation critique de ses modalités de pensée et d'existence. En mettant en scène l'animal, les artistes offrent un portrait indulgent, ironique ou acerbe d'une humanité en quête de redéfinition.
Le désert, un visage, une trace : la vie. Pour remonter la trace invisible vers ce visage aperçu quarante ans plus tôt, l'auteure entreprend une double analyse de la relation, phénoménologique puis herméneutique, afin d'en désigner les contours et d'en chercher le sens. Les apories laissées béantes par le visage levinassien sont autant de défis jetés à l'éthique : peut-on penser une relation qui préserverait les absolus en présence ? Si connaître autrui est toujours le méconnaître, y a-t-il une place disponible pour la reconnaissance ? Le sujet-otage toujours à l'accusatif chez Levinas, la fuite indéfinie du visage d'autrui, fragilisent la relation elle-même : qui reste-t-il en présence dans ce désert relationnel ? Si la relation est toujours réduction de l'autre au même, quel sens peut-elle encore avoir ? La rencontre entre sujets ne peut faire l'économie de la traversée du non-sens - le mal sous toutes ses formes : c'est alors au coeur même de la différence entre l'un et l'autre que sera cherchée la source du sens lui-même.
"Ce fut un merveilleux lever de soleil", avait dit Hegel à propos de la Révolution française. L'expression fut également utilisée pour qualifier Mai 68 et le dernier assaut prolétarien des années 1960-70 qui tendait à abolir le capitalisme. Ni traité philosophique, ni leçon politique, cet ouvrage cherche à tester la validité théorique de certains concepts hégéliens et marxiens au regard des bouleversements de ce qu'on peut désormais nommer "la révolution du capital". Il cherche aussi à dégager des possibles pour un devenir autre.
Les derniers travaux de Michel Foucault sont une nouvelle grille de lecture pour l'analyse des pratiques d'écriture personnelle. Dans ses cours au Collège de France sur les pratiques de soi antiques, Foucault ébauche une généalogie de l'écriture de soi. Cette pratique, dès lors qu'elle renonce au psychologique et s'ouvre à une altérité, devient une « pratique de liberté ». Face à une épreuve existentielle, aux agressions de l'histoire, à un contexte répressif, le récit de soi offre un cheminement vers une forme d'émancipation.
"La figure de Rosa Luxemburg a souvent été placée au centre des dilemmes ""révolution ou réforme sociale"" et ""socialisme ou barbarie"", tout comme une partie importante de sa contribution politique a été développée entre les deux pôles de la révolution des conseils et la critique de l'expérience révolutionnaire bolchevique. Il reste toujours à développer ses apports au regard de thématiques toujours contemporaines (Classes et Crise) qui relancent l'actualité de la pensée et de la pratique de Rosa Luxemburg."
On interprète généralement la philosophie morale de Kant à partir d'un certain nombre de thèses devenues classiques et qui demeurent souvent ininterrogées. Il est ainsi entendu que la morale chez Kant ne se fonde pas sur la religion et qu'elle ne présuppose pas l'existence de Dieu, que la liberté constitue la clé de voûte du système et que l'autonomie du sujet moral en est le coeur. Mais ces thèses, qui sont exactes, ne peuvent être pleinement comprises qu'en rapport avec la question de Dieu. La liberté de l'homme et l'absolu même de la loi morale renvoient au mystère insondable de l'existence de Dieu et de la présence du divin en l'homme. Dieu, et non sa seule idée, est même reconnu dans les derniers écrits comme le principe suprême de la philosophie. Il est alors possible d'interpréter la pensée kantienne tout entière comme un chemin vers Dieu et même, à un certain point de vue, comme une phénoménologie du divin.
Maître Eckhart (1260 - 1328), théologien et philosophe allemand des XIIIe-XIVe siècles, fut à son époque un maître universitaire illustre, un penseur réputé pour son extrême érudition en théologie et en philosophie. Mais il fut aussi un véritable « maître de vie », un prédicateur en langue vulgaire qui employait sa langue maternelle, le moyen haut-allemand, de manière créative. Ses écrits allemands, notamment ses sermons pastoraux, contiennent de nombreuses expressions imagées, sensibles et poétiques. Les sermons en allemand s'adressaient aux gens ordinaires, au peuple des fidèles, aux moines, moniales ou béguines. Sous l'érudition académique, se profile la figure d'un véritable poète théologien, qui a consacré sa vie et sa mission pastorale à célébrer la Parole poétique vivante.
"À notre époque, nous sommes aux extrêmes : soit surexposés, soit isolés du regard. Entre le regard sur autrui et le regard d'autrui, comment pouvons-nous définir et accepter le regard sans nous détruire ? À quel point est-il fidèle et comment révèle-t-il la réalité, l'existence de ce qui est regardé ? Comment le regard sur autrui peut-il jouer sur et avec l'existence de l'être humain, et de l'oeuvre ? Face à cette question, Sophie Calle présente sans cesse autrui dans des créations plutôt autobiographiques. Elle pose des questions existentielles pour établir un rapport à l'autre, un rapport au regard. Avec ses oeuvres, le problème du regard sur autrui ou d'autrui passe du déséquilibre à l'imaginaire."
Une superstition s'attache à l'argent. Est-il une réalité générale ? On se demande si l'argent est une réalité générale ou : y a-t-il seulement des monnaies et des aspects particuliers de l'argent ? On tend souvent à présenter la société comme un ensemble de strates. L'économie constitue-t-elle une couche d'une société constituée en strates ? Est-elle la base de la société ? L'auteure de cet ouvrage n'est pas économiste. Les idées soutenues ici se sont imposées à elle à la suite d'expériences pédagogiques et personnelles. Il s'adresse à tout lecteur capable d'en tirer profit.
En 1905, la France a choisi la laïcité et un régime de séparation des Églises et de l'État. Ce choix garantit à chaque citoyen sa liberté de croire ou de ne pas croire, la possibilité de pratiquer le culte de son choix, dans la sûreté, seul ou en assemblée et, dans le même temps, il assure la sauvegarde d'une collectivité pacifée, riche de la diversité de ses membres rassemblés sous le régime d'une loi commune collectivement déterminée et donc librement consentie.
Le contexte numérique, à comprendre dans sa double dimension technique et culturelle, renouvelle la relation de l'humain au savoir. La tradition livresque de transmission d'un contenu laisse place à un régime documentaire ouvert, inachevé. Les architectures des lieux de l'éducation sont-elles alors à remettre en question, pour accueillir des pratiques pédagogiques moins contraintes ? L'enjeu est à inscrire dans l'histoire des relations ambiguës entre architecture et (architecture) informatique. Les deux disciplines, rejouant la concurrence entre livre et bâtiment, revendiquent une même responsabilité (l'archivage) et une même méthode (spatialiser la mémoire). Un compromis pacificateur est à trouver. Un changement de cadre philosophique permet d'entamer ce travail.
Cet ouvrage passe l'idéalisme philosophique qui a dominé notre histoire intellectuelle, de l'Antiquité à nos jours, au crible du matérialisme. Il fait apparaître son enracinement général dans le faible développement des sciences et des techniques, et sa persistance anachronique aujourd'hui. Critiquant l'influence que la religion a eue sur l'idéalisme, il en montre le rôle néfaste dans l'histoire, en se mettant souvent au service des pouvoirs en place et de leur idéologie. Yvon Quiniou en appelle donc, pour finir, à un réveil de la philosophie : un matérialisme accordé aux sciences et motivé par l'idéal progressiste d'une humanité émancipée, dont Marx nous a fourni l'idée.
Philosophe et anthropologue français installé aux États-Unis depuis 1947, René Girard aura été un prophète planétaire qui nous démontre, textes à l'appui, que la mort de Jésus sur la Croix, n'est pas un sacrifice offert à Dieu, mais le dévoilement de la violence sacrificielle dissimulée de toutes les institutions humaines. La fécondité de l'apport de Girard à la théologie résulte de la clarté de sa démonstration qui a contribué à débloquer une situation qui paraissait sans issue : celle d'une doctrine de la Rédemption présentant un Dieu qui réclamerait le sacrifice de son Fils pour effacer la tache originelle. Dans ces conditions, la question était de savoir si la thèse de Girard, peut s'inscrire dans la tradition de la foi chrétienne, bien qu'elle paraisse s'opposer frontalement à une affirmation dogmatique classique. Pour répondre à cette question, il suffit de mesurer la fécondité théologique de la thèse girardienne qui a été reçue comme source d'inspiration par des théologiens de nombreuses confessions chrétiennes.
"Cet ouvrage renouvelle la réflexion sur la laïcité en explorant son histoire depuis 1789. Elle ne se limite pas à la neutralité de l'État, ni à la nécessaire fermeté face à l'islamisme. C est un processus de longue durée, multiforme, et par nature inachevé, comme le montrent les débats sur l IVG, le ""mariage pour tous"", ou la Fin de vie. L enjeu principal, c'est l égalité des droits pour les femmes et les minorités sexuelles, que contestent tous les intégrismes. Et l'horizon, c'est la liberté absolue de conscience."
"Ce livre est considéré comme le texte fondateur d une nouvelle épistémologie. On y trouvera, en introduction à La crise du symbolisme religieux, une théorie du symbole qui entend renouer intelligiblement, par-delà les déconstructions contemporaines, avec les doctrines anciennes d Orient et d Occident. Point nodal du discours métaphysique, le signe symbolique est le lieu où nature et culture se convertissent l'une à l autre, c est-à-dire où, sans se confondre, être et sens sont réconciliés."
"Ce livre retrace le parcours de Cheikh Ahmadou Bamba depuis sa naissance jusqu à sa disparition, en passant par ses exils au Gabon et en Mauritanie. Il expose sa vision de la pensée soufie en insistant sur ses positions théologiques, jurisprudentielles et mystiques. Il tente enfin d explorer l impact de la confrérie du saint homme sur les plans social, éducatif et économique. Voici une vulgarisation de l enseignement et de la réflexion mystique du marabout de Touba."
"« Figure inclassable de l'histoire intellectuelle du XXe siècle », René Guénon a beaucoup écrit sur la métaphysique, le symbolisme, l'ésotérisme et sur le monde moderne. Il a influencé de nombreux auteurs comme Artaud, Breton, Queneau, ou encore Mircea Eliade et Simone Weil. Sont rassemblés ici les textes que Jean Borella a consacrés à Guénon, à l'exception de ceux déjà parus. Leur rédaction s'étend sur plus d'un demi-siècle, reflétant l'évolution d'une pensée qui s'est à certains égards éloignée de celle du maître. Cet éloignement ne concerne pas l'intégralité des doctrines métaphysiques exposées par Guénon, ni ses apports majeurs à la compréhension du symbolisme universel et à la critique du monde moderne. En revanche, sa conception de l'initiation et de l'ésotérisme paraît aujourd'hui incompatible avec la vérité et la spécificité du christianisme."
"N étant plus soumis au pouvoir d un Dieu suprême créateur, l homme peut tout faire car il a le dernier mot sur tout. Et pourtant cette liberté de l homme aura révélé l autre face tragique de la révolte contre l idée d un Dieu bon et puissant. Une révolte qui aura conduit au pire mal absolu : le meurtre de son semblable. La mort a donc perdu de son caractère naturel mais elle est devenue un fait imposé par l homme à l homme."
"Au coeur de la pensée de Jean Monnet, neuf thèmes en interaction construisent un véritable manuel d'écologie de l'action qui mériterait de figurer en bonne place dans les formations pour l'action collective et complexe dans les écoles de management, d'ingénieurs et à l'ENA tant son pragmatisme est fécond, anticipateur et soucieux de la relation entre les hommes. Inventeur pragmatique et réflexif d'un agir et penser en complexité, ce citoyen du monde n'avait qu'un seul but, la paix. Ce texte revisite la pensée stimulante et visionnaire d'une figure immense du 20e siècle."