Dans cet ouvrage, il s'agira d'entrelacer trois perspectives différentes sur la philosophie contemporaine, afin de retracer pas à pas - autant que faire se peut, et sans prétendre à une impossible exhaustivité - le parcours exceptionnellement riche et complexe de celle-ci. Le plan de ce livre cherche à donner sens à ce qui s'est passé, mettant en dialogue tenants de la voie rationaliste et tenants de la voie antirationaliste et, par là, à dégager de nouvelles pistes de réflexion.
Alexis de Tocqueville est le penseur de la modernité politique. Grand témoin d'un monde en mutation, il s'est appliqué, à l'aube du XIXème siècle, à définir ce régime jusqu'alors inédit en France qu'est la démocratie. Ce nouvel état politique et social mit fin à des siècles d'aristocratie en hissant au plus haut l'étendard de l'égalité. Mais Tocqueville sent sourdre, au-delà des apparences, que la démocratie doit combattre le despotisme latent qu'elle porte en elle. D'une perspicacité et d'une actualité troublantes, l'oeuvre de Tocqueville nous montre qu'il appartient aux démocrates, encore aujourd'hui, et peut-être plus que jamais, de faire vivre la liberté.
Surgie dans son temps et construite contre son temps, l'oeuvre de Simone de Beauvoir, par son influence et son héritage intellectuel, fait l'objet d'une actualité retentissante. Ses analyses sur les logiques d'oppression, d'asservissement des femmes, des populations discriminées et marginalisées, et ses propositions relatives aux voies possibles d'émancipation, sont une leçon pour notre siècle. Cette puissance de pensée, qui fait de l'écriture une justification de l'existence, permet du même coup de repenser la notion même de liberté, engageant la relation de l'individu à sa situation, à autrui et à son avenir, pour conférer une nouvelle dignité à la finitude.
Emmanuel Levinas est un philosophe majeur avec lequel il est bon de s'initier à la philosophie. Il propose une philosophie complète qui honore toutes les parties de la philosophie. Cet ouvrage accompagne pas à pas le lecteur dans la compréhension des concepts et clarifie la langue ardue et poétique des oeuvres. Loin des jugements qualifiant Levinas d'extrémisme éthique, nous avons voulu rendre sa philosophie à la simplicité de l'existence humaine, en montrant que sa réflexion rejoint la hauteur d'une authentique vie ordinaire. N'écrit-il pas : « C'est un « Après vous, Monsieur ! » originel que j'ai essayé de décrire » ?
La pensée de Ludwig Wittgenstein introduit une façon profondément originale de poser les problèmes philosophiques. En mettant l'accent sur une exigence de clarté à l'égard du discours, elle se donne pour objectif de parvenir à une compréhension adéquate de notre langage et de son fonctionnement. Dès le Tractatus logico-philosophicus, Wittgenstein assigne à la philosophie la tâche de délimiter, de l'intérieur, la sphère du dicible. Il poursuivra ce travail d'enquête dans ses textes ultérieurs, en interrogeant inlassablement les jeux qui composent notre langage ordinaire ainsi que les formes de vie dans lesquelles ils s'inscrivent. En concentrant ses recherches sur la grammaire qui gouverne les relations entre nos concepts, Wittgenstein parvient ainsi à aborder sous un jour nouveau certaines des questions métaphysiques, comme celles de l'âme ou de la subjectivité qui, jusqu'alors, avaient régulièrement tourmenté les philosophes. Loin de conduire à une simple éviction des problèmes philosophiques traditionnels, la démarche thérapeutique qui est la sienne constitue au contraire une invitation à réexaminer ces problèmes en profondeur : elle le fait en attirant notre attention sur ce que nous voulons dire lorsque nous philosophons
Cet ouvrage tente de comprendre la philosophie française contemporaine à la lumière des questions qu'elle se pose. Celles-ci ne correspondent ni à une décennie particulière, ni à un auteur, ni exactement à une discipline ; elles sont le point focal d'une multiplicité de travaux, qui entrent en discussion, dans la polémique ou la collaboration. Chacun de ces travaux témoignent de la vivacité et de la créativité de la philosophie, comme si elle se surprenait elle-même d'avoir survécu, comme si agissait en elle le bonheur des rescapés.
S'il n'y avait qu'une seule chose à dire de Bergson, ce serait celle-ci : l'expérience du temps, qu'il appelle la « durée », est le coeur de toute son oeuvre, ce dont il est parti, ce à quoi il est inlassablement revenu et qu'il invitait à toujours retrouver sous peine de manquer l'essentiel de sa pensée comme de notre vie. Mais de cette intuition centrale du philosophe on a fini par faire une antienne, et presque une banalité, en oubliant qu'elle fut, d'un bout à l'autre de son parcours, une source d'étonnement continue. Car ce fut par hasard, et à la faveur d'un véritable choc, que Bergson découvrit la durée. Ce fut aussi sans l'avoir voulu, et même à contrecoeur, que, d'abord séduit par le mécanisme, il se trouva contraint de reconnaître la contingence et l'imprévisible impliqués dans la compréhension rigoureuse du temps. Et ce fut encore sans s'y attendre, sous le coup d'une surprise, qu'en 1907, dans L'Évolution créatrice, à l'occasion d'une critique de la biologie de son époque, Bergson vit surgir la nouveauté comme cet aspect ultime de la durée qui enflamma littéralement les enjeux critiques et métaphysiques de sa pensée. Philosopher « en durée », ce fut toujours pour lui avancer de manière expérimentale, en se mettant à l'écoute du réel, sans jamais rien considérer comme acquis. Aimer Bergson, ce serait aller en le lisant, comme il a pensé, de surprise en surprise.
La phénoménologie husserlienne a façonné le paysage intellectuel du vingtième et vingt et unième siècle. En prolongeant le geste cartésien et la révolution copernicienne de Kant, elle constitue un point de rupture pour la philosophie tout entière ; avec elle, l'unique fondement des sciences se situe au sein même de la conscience. Husserl a ainsi développé une philosophie scientifique de la vie subjective qui met au premier plan l'expérience vécue pour en faire ressortir les structures universelles.
Cette méthode a inspiré les plus éminents philosophes de même que les chercheurs en sciences cognitives dans leur quête d'une science globale de la vie subjective. Cet ouvrage a pour ambition de rendre accessible un auteur réputé pour être difficile. A partir d'un examen minutieux de passages clés de la phénoménologie, dont de nombreux inédits en langue française, ainsi que de son vocabulaire, du contexte dans lequel elle s'inscrit et de sa portée, le lecteur trouvera les éléments nécessaires à une compréhension d'ensemble de l'oeuvre de Husserl.
Destiné aux étudiants du Supérieur, cet ouvrage a pour but de présenter l'essentiel des termes dans lesquels s'exprime Hegel. Lexique où chaque terme est abordé par ordre alphabétique.
Les vécus ne s'identifient pas eux-mêmes. Ce simple motif a des effets philosophiques considérables. Il est la source d'une thèse radicale sur le langage : c'est une erreur de croire que « vouloir dire quelque chose consiste en ceci ou cela ». C'est aussi le foyer d'une philosophie de l'expérience subjective. En partant de l'importance du langage dans notre vie, « notre labyrinthe », L'expérience du langage reconstruit les thèmes essentiels de la pensée de Wittgenstein (l'impossibilité d'un langage privé, l'indicible, la nature de la signification, suivre une règle) et montre qu'ils constituent une anthropologie philosophique, une analyse de ce que c'est qu'être humain et de la connaissance que nous pouvons avoir de nous-mêmes.
E. Kant a pu, à bon droit, se prévaloir d'avoir accompli dans la philosophie et la science une « révolution copernicienne ».
Il dénonça l'illusion de la Raison d'être au principe d'une « connaissance » métaphysique, mais ses critiques de la Raison l'amenèrent en en dissipant l'illusion à en affirmer le besoin : « Sous le gouvernement de la Raison nos connaissances en général doivent [...] former un système dans lequel seul elles peuvent soutenir et favoriser les fins essentielles de la Raison ». La Raison doit, en outre, toujours faire valoir son droit d'être la « pierre de touche » de toute vérité.
Toute la philosophie de Kant consiste à faire valoir le droit du besoin de la Raison.
Heidegger le répète inlassablement : pour les Grecs, « être » signifie « présence ». Ce qui, plus tard, s'est nommé « ontologie » renvoie ainsi à la question peut-être la plus simple parmi les questions simples : comment les choses nous sont-elles présentes ? Cette question, née en Grèce au ve siècle avant notre ère, touche, selon Heidegger, à l'essence la plus intime de la philosophie : celle qui, au cours de notre histoire, s'est déterminée comme idée chez Platon, être en oeuvre ou en acte chez Aristote, représentation chez Descartes - et ainsi de suite jusqu'à la volonté de puissance nietzschéenne. Mais comment Heidegger s'est-il acquitté de la tâche immense de penser ce qu'il tenait ainsi pour le fond de toute philosophie : la présence ? Sans doute lui a-t-il fallu en déceler patiemment les diverses déterminations au fil de sa lecture des textes qui ont fait l'histoire de la philosophie. Cependant, c'est d'abord comme élève de Husserl que Heidegger a découvert la question de la présence - comme élève de Husserl, c'est-à-dire comme héritier d'une pensée qui devait marquer en profondeur le xxe siècle : la phénoménologie. Aussi est-ce à partir de la relation de Husserl et Heidegger que l'étude ici proposée s'engage sur le chemin d'une pensée de la présence - chemin au long duquel se rencontrent, bien entendu, l'oeuvre qui a été à l'origine d'un profond différend entre Heidegger et son maître : Être et Temps , mais aussi une histoire de la présence dont la source jusqu'alors inexplorée se situe, elle, au-delà de la présence.
Si Camus n'est pas un philosophe « comme les autres », il convient de restituer l'unité qui traverse son oeuvre hétéroclite en apparence, afin de montrer en quoi elle forme une philosophie de la vie propre à éclairer l'époque contemporaine. Cette unité passe par une clarification des rapports entre art, journalisme et philosophie, de leur imbrication et de leurs spécificités. Elle passe également par la permanence de questions qui traversent l'ensemble de l'oeuvre camusienne, de la confrontation à l'absurde aux difficultés de la justice, à la nécessité de la révolte et aux possibilités offertes par l'amour.
Cet ouvrage ne se veut pas seulement une présentation du livre Principe Responsabilité de Hans Jonas ; il veut, plus généralement, présenter l'enjeu du « principe responsabilité » que l'homme devrait adopter vis-à-vis de la nature. Il s'agit donc de montrer la nécessité et l'urgence de la sauvegarde de la nature, afin de préserver la possibilité d'une vie humaine sur Terre. Les thèses philosophiques majeures de Hans Jonas sont éclairées à l'aulne des problèmes actuels. On montrera alors quelle place une éthique économique peut faire à la question environnementale.
Destiné aux étudiants du Supérieur, cet ouvrage a pour but de présenter l'essentiel des termes dans lesquels s'exprime Schopenhauer. Lexique où chaque terme est abordé par ordre alphabétique.
À bien des égards, l'oeuvre de Ludwig Wittgenstein va à contre-courant des idées communément admises par la tradition philosophique. Après avoir tracé les limites du sens en s'appuyant sur l'identité structurelle du monde et de la logique, Wittgenstein en est venu à élaborer une méthode radicale visant à dissoudre les problèmes philosophiques par l'éclaircissement grammatical. Par ce moyen, il nous libère de notre obsession essentialiste, éteint notre soif de généralité, montre la vacuité de notre désir de fondation et dissipe notre fascination trompeuse pour l'intériorité. Grâce à ce travail critique qui nous débarrasse des confusions conceptuelles engendrées par une mauvaise compréhension de notre langage, la voie est ouverte à la philosophie pour mener à bien la tâche d'une description réellement attentive aux différences.
Ainsi, au lieu de nous enivrer d'abscons systèmes métaphysiques et de nous perdre en des théories faussement explicatives, nous pouvons, en philosophant avec Wittgenstein, esquisser une claire vision d'ensemble des phénomènes que nous étudions. Libératrice par la rigoureuse clarification conceptuelle qu'elle effectue, la philosophie de Wittgenstein est également un terrain dont l'appropriation permet la fécondation de nouvelles pensées originales.
La collection « Aimer les philosophes » laisse le champ libre à des spécialistes pour livrer une lecture personnelle de l'auteur ou du courant philosophique qui est au cæur de leur vie spirituelle. Un cheminement de pensée enthousiaste en compagnie des classiques de notre tradition.
La collection Philo-textes a pour but de faire découvrir les plus grands textes de la philosophie, accompagnés de commentaires et d'explications de vocabulaire.
Destiné aux étudiants du Supérieur, cet ouvrage a pour but de présenter l'essentiel des termes dans lesquels s'exprime Marx. Lexique où chaque terme est abordé par ordre alphabétique.
Chez un philosophe aussi attentif à sa langue que Schelling, le vocabulaire est moins un simple lexique qu'un véritable trésor, et il n'est pas rare que notre auteur décèle un trésor philosophique dans tel ou tel vocable, ou puise dans le passé de la langue une acception oubliée ou tombée en désuétude, qu'il y repère une piste jusque là inaperçue pour la réflexion philosophique. Chaque langue constitue à ses yeux une oeuvre d'art, autrement dit un univers, absolument séparé des autres langues en même temps qu'essentiellement uni à elles. Sensible, après Leibniz, à la vocation philosophique élective de la langue allemande, mais réceptif aussi à la dimension constitutivement polyglotte de l'histoire de la philosophie, Schelling n'aura eu de cesse de méditer, en lui donnant un statut philosophique rigoureux, l'événement de la tour de Babel et celui, inverse et complémentaire, d'une Pentecôte : l'homoglossie et l'hétéroglossie, le Même et l'Autre. D'où la nécessité d'un glossaire, pour autant que l'hétéroglossie - ou philosophie - travaille aussi chaque langue de l'intérieur.