Jean-Luc Nancy nous a quittés avant la publication de ce livre d'entretiens auquel il tenait. Il porte sur l'antisémitisme et le rejet des Juifs. Pourquoi hait-on les Juifs ? Comment le judaïsme a-t-il survécu à la pulsion d'extermination ? Comment vivre avec l'antisémitisme quand on est juif ?
Autant de questions, et bien d'autres, que ces entretiens soulèvent : les origines de l'antisémitisme, sa singularité irréductible, le rôle du christianisme dans sa constitution, la distinction entre antijudaïsme et antisémitisme, l'impensé que l'exclusion des Juifs représente dans l'histoire de la philosophie, le cas Heidegger depuis la sortie des Cahiers noirs, le phénomène de banalisation, les questions théologico-politiques, ou encore le renouveau de l'antisémitisme. La haine des Juifs semble être un fait civilisationnel avéré, que Jean-Luc Nancy analyse ici sous la forme d'un dialogue sans concession avec Danielle Cohen-Levinas.
« Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations », tel est le cri de ralliement des postmodernes. Or Maurizio Ferraris y voit un « sophisme transcendantal » potentiellement ruineux pour notre sens des réalités.
Connu en France pour ses travaux sur des objets sociaux tels que le web ou le smartphone, le philosophe italien semble avoir pressenti, bien avant que nous n'entrions dans notre époque de faits alternatifs et de fake news, l'urgence morale qu'il y a, pour la pensée, à redécouvrir le monde qui se tient farouchement au-dehors : un monde, une réalité que la pensée n'a pas construits mais dont elle doit tenir compte dans ses raisonnements et ses analyses.
La perception nous met aux prises avec cette part inconstructible du réel. Pour l'illustrer, l'auteur en appelle aux expériences marquées par la surprise ou les illusions d'optique : deux manières, pour le monde, de nous rappeler qu'il a ses lois propres et sait les faire respecter.
Cet ouvrage passionnant vise donc à mettre au jour ce « sol rocailleux » du monde sur lequel Wittgenstein tordait la bêche du langage, dans un style inimitable où la rigueur conceptuelle et la clarté argumentative le disputent à une irrésistible loufoquerie.
Notre temps est marqué par les bouleversements sans doute les plus importants que l'humanité ait jamais connus, et cela dans tous les domaines : les sciences, les techniques, l'environnement, la société, la morale et les moeurs, l'économie, la politique, le droit, etc.
Or nous pouvons prendre la mesure de ce qui est en train de se passer par le seul biais des modifications linguistiques, à la fois terminologiques et sémantiques. Certains mots ont été inventés pour désigner des objets, des représentations, des vécus, des processus, des actions, des images, des formes, qui soit n'existaient pas, soit étaient négligés auparavant. D'autres mots ont changé de signification.
D'abus à woke, ce Dictionnaire du temps présent définit, de manière raisonnée et critique, quatre cent quarante-cinq termes qui configurent nos discours et nos représentations du monde, de 1960 à nos jours.
Face à une pléthore d'informations qui contribuent à rendre notre monde opaque au lieu de l'éclairer, à lui retirer du sens au lieu de lui en donner, ce Dictionnaire a pour ambition de constituer à la fois un répertoire et un guide.
Pourquoi Dieu sans l'être ? Que nous dit Éros sur l'amour et le don ? Qu'est-ce que la Révélation ?
Que signifie philosopher aujourd'hui au regard de la Bible et de la théologie, de la poésie et de la littérature ?
Pourquoi faut-il en finir avec la métaphysique ? Comment repenser Descartes et Husserl, réviser Nietzsche et Heidegger, relire Levinas et Derrida ? Quelle langue neuve peut dire l'invisible, l'inouï, l'inattendu ?
Qu'est-ce que le nihilisme ? En quoi éclaire-t-il l'époque ? Où va le monde ? Où en est l'Église ? Que penser du déclin de l'Amérique, du réveil de l'islam ? Quel avenir ont la France et l'Europe ?
Pourquoi l'Évangile reste-t-il plus que jamais d'actualité ?
Telles sont, parmi d'autres, les questions de Paul-François Paoli auxquelles Jean-Luc Marion a consenti à répondre au cours de cette libre conversation comme le siècle n'en connaît plus guère.
De la rue d'Ulm et de la Sorbonne à l'université de Chicago et à Rome, de l'aventure de Communio à l'engagement antitotalitaire, sur fond de rencontres et de portraits, d'enjeux et de combats, ce sont la clé d'une destinée et la fabrique d'une pensée qui, ici, se dévoilent. Celles du philosophe français vivant le plus lu, le plus commenté et le plus traduit au monde.
Une démonstration éblouissante de l'intelligence en acte. Une invitation, surtout, à l'espérance. Un antidote au malaise contemporain.
Le mal de l'âme le plus insidieux et le plus répandu dans le monde contemporain serait-il aussi le plus méconnu ? Et cette ignorance ferait-elle aussi qu'il soit le moins bien combattu ? Qu'ont en commun le salarié en proie au burn-out, l'amoureux qui sombre dans l'ennui, l'actif qui cède à la torpeur ou à l'hyperactivité et la surconsommation, l'adolescent affalé sur un canapé, l'oeil rivé au plafond ou hypnotisé par l'écran vidéo, ou encore l'individu « dégoûté » de tout et rongé par les ressentiments ? Et comment cette errance et ce repli désespéré sur soi deviennent-ils un état de vie ?
Ce mal se nomme l'acédie. Tout le monde connait les sept péchés capitaux : colère, avarice, envie, orgueil, gourmandise, paresse, luxure. Mais peu de gens savent qu'il existe chez les Pères du désert un huitième péché, cette folle mélancolie, ce « démon de midi », ce « à quoi bon ? » qui consume l'intelligence, le coeur, l'existence.
Alexandra Puppinck-Bortoli a décidé de réagir contre ce mal qui nous menace plus que jamais, personnellement et collectivement. Elle dévoile toutes les facettes actuelles de ce mal ancien, et propose des solutions pour en guérir.
Un traité du déconfinement moral et spirituel sur les ravages planétaires de l'acédie, cet autre virus pandémique qui double le coronavirus.
Une sagesse d'hier pour réapprendre à vivre aujourd'hui.
Un guide pour passer de la morosité à la joie.
Quand Chantal Delsol dénonce le véritable mal du siècle : notre désamour de la réalité.
Le XXe siècle a été dévasté par les totalitarismes qui, espérant transfigurer le monde, n'ont abouti qu'à le défigurer. Et si ces illusions ne nous avaient pas quittés ? En effet, tout en rejetant avec force le totalitarisme comme terreur, il semble que nous ayons poursuivi les tentatives de transfiguration.
Ceux qui veulent encore remplacer ce monde s'opposent aujourd'hui à ceux qui veulent le défendre et le protéger ; les démiurges s'opposent aux jardiniers. Dans cet essai cinglant et sans compromis, Chantal Delsol définit ainsi le projet de la modernité tardive : une émancipation totale de la réalité et un désamour du passé.
Après la Seconde Guerre mondiale et la chute du mur de Berlin, nous avons cru à la victoire définitive de notre vision du monde, caractérisée par l'individualisme libéral, le cosmopolitisme et la démocratie des droits de l'homme. Mais depuis le tournant du siècle, plusieurs cultures mondiales s'opposent clairement et fermement aux principes occidentaux considérés jusque-là comme universels. La démocratie est décriée ou dégradée, et l'autocratie nommément défendue, en Chine et à Singapour, dans certains pays musulmans, en Russie. En outre, apparaissent au sein même de l'Occident des gouvernements dits populistes ou illibéraux, opposés au libéralisme et à l'individualisme postmodernes. Ce débat conflictuel déployé tant sur le plan occidental que sur le plan mondial traduit un nouvel assaut de la vision du monde traditionnelle, holiste, face à la vision progressiste et individualiste.
Des deux côtés fleurissent les excès. En Occident, l'humanisme classique transformé en humanitarisme. En face, des cultures parfois devenues des idéologisations de leurs traditions. C'est un énième épisode, mondialisé, de la discorde entre les modernes et les anti-modernes : ce qu'on a appelé au xxe siècle la « guerre des dieux ».
L'image vaudrait-elle moins que le concept ? La peinture, si matérielle, serait-elle inférieure à la philosophie, si abstraite ? Un tableau ne servirait-il au mieux qu'à illustrer une thèse ?
Et si c'était en fait tout l'inverse ? Si c'était, à l'opposé, le façonnage de l'idée qui constituait la matière du travail pictural ? Et si, au contraire, c'était le tableau, non pas la thèse, qui contribuait le plus directement à modifier notre perception du monde, notre relation au monde ?
Décryptant une dizaine d'oeuvres magistrales qui couvrent du début de la Renaissance à la fin du Baroque, Marc de Launay nous entraîne dans une fantastique redécouverte, inattendue et exaltante, du lien intrinsèque entre la vue et la pensée. Et nous montre, de manière lumineuse, pourquoi et comment l'émotion esthétique n'engage pas simplement le goût, elle intervient dans la discussion philosophique. Faisant de Dürer, Rubens, Rembrandt, nos contemporains d'étude et nos compagnons d'éveil, voici un livre de philosophie pour tous intensément jubilatoire. Une leçon sur l'art de regarder.
Passée le seuil du xxie siècle, la question juive n'est toujours pas réglée. L'antisémitisme est une question qui perdure, comme si, à l'échelle européenne et mondiale, on ne savait que faire des Juifs et du judaïsme. Entre haine, rejet, conversion, exclusion, persécution, extermination, l'antisémitisme revêt à travers l'histoire des formes d'une extraordinaire plasticité. La figure du Juif hante notre civilisation au point de contaminer tous les registres de l'existence. Chacun y va de sa réponse, alors même qu'aucun argument rationnel n'est jamais parvenu à combler la haine de l'autre homme. Ne pas être « dupe de la morale », comme l'écrit Emmanuel Levinas dans la préface de Totalité et Infini, cela ne signifie rien de moins que de suspendre la conscience morale, afin d'admettre que là où réside l'antisémitisme, il n'y a pas d'eschatologie de la paix et de la justice qui tienne. Dans un contexte historique marqué par l'expérience de la Shoah, a surgi après la Seconde Guerre mondiale une autre question : le pardon, comme un défi lancé à l'impardonnable et à l'irréparable.
Danielle Cohen-Levinas opère dans son essai un retournement. Au travers de quelques figures majeures de la philosophie contemporaine et de la pensée juive, elle passe au crible la question de l'impardonnable, à savoir comme limitation aux multiples apories du pardon.
Nietzsche aura été le philosophe du siècle. Parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Retournant contre le prophète de Dionysos le marteau philosophique que lui-même employait pour ébranler les idoles, Pierre-André Taguieff livre avec acuité, verve et élégance une relecture inédite, iconoclaste et critique de l'histoire de la pensée contemporaine, de ses incohérences et de ses abîmes. Il explore le vaste continent des écrits nietzschéens et antinietzschéens qui continuent d'inspirer et de diviser les philosophes, les écrivains et les artistes, notamment face à la question de la décadence et à celle du nihilisme.
Comment comprendre la fascination récurrente exercée par Nietzsche et sa pensée ? Qu'ont en commun les nietzschéens de droite et les nietzschéens de gauche ? Pourquoi puisent-ils au même fond de métaphores, de paraboles, d'images survoltées pour les surinterpréter ? Comment comprendre cette bataille d'appropriations qui semblent contradictoires mais qui se rejoignent souvent dans le même culte de la force et de la destruction ?
Cet essai est déterminant pour lever nos cécités sur le plus enthousiasmant et le plus aveuglant des philosophes. Un exercice de lucidité qui marque un tournant dans la pensée française et européenne.
Et si l'Occident n'avait pas été seul à philosopher ? Nous avons longtemps refusé d'admettre cette évidence alors que, très tôt, des ethnologues, des psychologues et des philosophes des sciences ont repéré l'existence de systèmes d'idées dans le reste du monde.
On croisera, dans cette fresque philosophique d'une extrême originalité, des figures intellectuelles peu communes : une spécialiste des Bantous (J. Roumeguère-Eberhardt), elle-même épouse d'un guerrier masaï ; un pionnier de l'ethnographie européenne (A. Varagnac), en quête de notions conçues dans des régions de France étrangères à la pensée dominante ; ou encore un philosophe (E. Ortigues) qui, après avoir séjourné en Afrique, montre que la logique de la découverte scientifique est indissociable des expériences vécues par les individus et les groupes humains.
Au terme de cette traversée, les concepts que nous croyions si bien connaître nous apparaissent sous un jour nouveau, au prisme d'une ethnophilosophie et d'une géophilosophie revisitées.
Un ouvrage essentiel pour sortir de l'ethnocentrisme et en finir avec l'héritage intellectuel laissé par la colonisation.
Ne pas protéger les animaux, c'est perdre de vue notre humanité. En raison de l'installation croissante de l'homme sur la terre comme conquérant, et non comme simple cohabitant, les animaux font désormais partie des plus vulnérables. Et ce que l'homme inflige aux bêtes, il se l'inflige à lui-même.
Élevage intensif violent pour les animaux et déshonorant pour les hommes, destruction des forêts primaires bouleversant les lieux de vie des uns et des autres, propagation d'épidémies franchissant la barrière des espèces font aujourd'hui apparaître, grandeur nature, qu'hommes et animaux sont engagés dans un destin commun, et que les agressions infligées au vivant nous entraînent dans une spirale suicidaire. À l'heure de l'industrie agro-alimentaire, de la Covid-19 et du réchauffement climatique, c'est à un sursaut salutaire que Danielle Moyse, philosophe, par ailleurs spécialiste des questions d'éthique médicale, appelle de ses voeux. Il n'y va pas seulement de notre survie, même si la brutalité à l'égard des animaux n'a jamais tardé à s'étendre concrètement à l'être humain. Sans une réforme radicale de notre rapport au vivant et une redéfinition de notre habitation terrestre, le pire est à venir.
Un plaidoyer magistral en faveur des hommes et des bêtes. Un appel décisif au respect de tous !
La foi contre l'intelligence, l'inquisition contre l'expérimentation, mais aussi Galilée ou Copernic contre Dieu : la légende noire d'une exclusion réciproque entre Révélation et Science tient-elle face à la description des avancées scientifiques durant les trois siècles précédant Newton ? Non, répond Rémi Sentis en se fondant sur l'histoire. Toutes les relations entre l'Église et la science montrent au contraire un rapport autrement complexe et, surtout, infiniment plus fécond, singulièrement au regard de l'anatomie, de l'astronomie, de la physique, de la chimie ou de l'alchimie. Alors que la science semble toujours en recherche de conscience, et que les scientifiques cherchent des modèles d'explication intégrant la dimension mystérique de la vie et de l'univers, il convient d'approfondir un dialogue en rappelant qu'en fait, celui-ci n'a jamais cessé.
Les sciences modernes ne seraient-elles pas nées dans un creuset chrétien ? Un magnifique traité de l'anti-préjugé, un voyage extraordinaire dans les pas de nombreux historiens des sciences, un appel à voir plus loin.
Avec Paroles données, J.-L. Marion reprend quarante entretiens sur une trentaine d'années, tenant parole sans se dédire. Il s'agit, en les rassemblant, de défendre l'art de la conversation contre les idéologies qui transforment le débat public en champ de ruines. Mais aussi de se faire une idée assez juste de son parcours. Les Rétrospections livrent une auto-interprétation où les livres se relient dans un projet au fur et à mesure plus conscient de lui-même. Dans De la philosophie, on sonde cette discipline sur les points où elle se met en crise. Dans De l'amour, il s'agit de retrouver la puissance de cette « raison merveilleuse et imprévue » (Rimbaud), à peine aperçue par la philosophie. Dans De quelques penseurs, on esquisse les figures les plus significatives, donc d'abord Heidegger et Levinas. Dans De la situation des chrétiens, ce que l'on dit en tant que chrétien s'adresse cependant à tous puisque, par définition, le catholicisme a vocation à l'universalité. Enfin, on ajoute des contributions à la revue Le Débat, diagnostiquant un parcours au sein de l'époque du nihilisme.
Une société privée de mémoire et d'enregistrements est inimaginable, car toute règle et tout accord reposent sur la mémoire, et tout comportement sur l'imitation : voilà pourquoi les archives et les documents sont centraux dans la vie de la société et des individus.
La place centrale de la « documentalité » est plus évidente encore de nos jours où nous assistons à l'explosion des systèmes d'enregistrement et d'écriture, des ordinateurs et des smartphones, ainsi qu'à l'utilisation massive d'Internet. Ces nouvelles technologies ont non seulement transformé notre quotidien, mais ont également mis en lumière l'essence même de la réalité sociale : le fait de se fonder de façon non pas accidentelle mais essentielle sur des inscriptions et des enregistrements.
Un maître ouvrage.
Le christianisme a-t-il une signification politique ? La controverse qui opposa le théologien Erik Peterson au juriste et politiste Carl Schmitt est bien connue. Pour la première fois, leurs pensées se confrontent dans un seul ouvrage pour une mise en lumière inédite. Ainsi placés en confrontation par un spécialiste de la question théologico-politique, Le monothéisme comme problème politique de Peterson (1935) et Catholicisme romain et forme politique de Schmitt (1923-1925) apportent des éléments de réponse à un enjeu plus qu'actuel.
Pour le théologien, démonstration savante est faite que le christianisme n'a pas vocation à justifier par sa théologie quelque ordre politique que ce soit, et à plus forte raison le nazisme. Pour le juriste et politiste, il s'agit de démontrer que le catholicisme est la meilleure voie pour proposer une conception ferme de la souveraineté politique.
Le christianisme peut-il se passer d'une institution forte qui recourt aux moyens du monde politique afin d'être libre par rapport aux puissances de ce monde ?
Une controverse théologico-politique passionnante, loin d'être révolue.
Vie extraterrestre, expériences de mort imminente ?... Pluralité des mondes ? La vraie philosophie, parce qu'elle demeure ouverte à toutes les questions, toutes les possibilités, n'est jamais très éloignée de la science-fiction. C'est ce que démontre Jean-Marc Ferry dans ce livre unique, qui plaira à ceux qui aiment penser hors des limites. Qu'est-ce que la physique contemporaine nous apprend sur l'espace et sur le temps ? Que faire des vérités dites « contre-intuitives » qui heurtent le sens commun, mais qui résistent et s'appuient tout de même sur le réel ?
Un enjeu direct est de procurer à l'entendement un horizon d'intelligibilité. Peut-être y va-t-il même d'une libération de l'esprit face aux assignations de l'espace et du temps : de l'espace qui impose à nos corps un lieu juxtaposé, du temps qui de nos existences ne fait qu'un moment.
Réunir ce qui est séparé, montrer ce qui est caché à nos yeux : voilà le défi de Jean-Marc Ferry qui enquête sur les forces de la vie autant que sur l'énigme de la mort.
Alors que le suicide est dépénalisé depuis plus de deux siècles dans nos pays, inciter une personne à se supprimer ou y contribuer activement est d'ordinaire puni par la loi et réprouvé par l'éthique. Démêler ce paradoxe et rendre plus intelligible un acte qui ne le sera peut-être jamais est le but de cet ouvrage.
Qu'en ont dit les grands penseurs, des stoïciens jusqu'à saint Augustin, Thomas d'Aquin, Hume, Kant ou Émile Durkheim ? Et aujourd'hui, que peuvent nous apprendre le psychiatre et le travailleur social, le théologien et le médecin en soins palliatifs, ou encore l'économiste, qui lève ici le voile sur un tabou occidental ? Car le suicide d'une personne questionne les valeurs sur lesquelles reposent nos démocraties, comme la dignité humaine, la liberté ou la solidarité. Un livre indispensable à toute discussion raisonnable sur l'euthanasie, l'aide au suicide et la prévention d'actes suicidaires.
Auteurs : François Ansermet, Régis Aubry, Nicolas Aumonier, Jacques Bels, Dolores Angela Castelli Dransart, Thierry Collaud, André Comte-Sponville, Thomas De Koninck, Chantal Delsol, Paul H. Dembinski, Xavier Dijon, Éric Fiat, Fabrice Hadjadj, Emmanuel Housset, Philippe Lefèbvre, Bénédicte Mathonat, Georges Minois, François-Xavier Putallaz, Olivier Rey, Jacques Ricot, Bernard N. Schumacher, Henri Torrione.
On pourrait lire Chamfort comme on lirait un compte Twitter. Son recueil de Maximes et pensées, le seul de ses ouvrages passé à la postérité, est une mine de bons mots, de traits d'esprit, de phrases frappées en médailles, qui ne sont pas beaucoup plus longues que 280 caractères...
Ce livre, qui tient à la fois de l'essai et du portrait, se propose de relire la vie et l'oeuvre de cet écrivain au parcours singulier, correspondant de Voltaire, ami de Beaumarchais et Diderot. Alors qu'il était, pendant les années 1770, l'archétype de l'homme de lettres d'Ancien Régime, pensionné par le roi, s'illustrant dans les genres classiques, il se métamorphose, à la fin des années 1780, en un écrivain révolutionnaire, rejetant l'académisme pour redonner à la littérature sa dimension politique, et n'hésitant pas à prêter sa plume à des hommes aussi influents que Sieyès ou Talleyrand, et surtout Mirabeau dont il fut tout à la fois l'ami intime et l'éminence grise.
Traversant la Révolution, le plus immoraliste des moralistes français, maître du fragment et de la maxime, aura été le précurseur de Nietzsche, Cioran et Camus qui en faisait « l'apôtre de la sainteté désespérée ». Un portait éblouissant pour redécouvrir un contemporain inattendu.
La relation entre les deux traditions du judaïsme et du christianisme a fait l'objet, depuis le début du xxe siècle, d'approches philosophiques fondamentales que le présent ouvrage s'efforce de réunir et de ressaisir. De Rosenzweig à Levinas, de Bergson à Maritain, de Péguy à Sartre et de Simone Weil à Ricoeur, c'est une constellation théorique singulièrement contrastée qui s'y manifeste, mettant en lumière une histoire philosophique inspiratrice de notre espace religieux et politique. Il ne s'agit cependant pas ici de rejouer philosophiquement les antagonismes historiques. Les textes rassemblés dans ce volume posent en effet de manière irréductible la question : qui est l'autre ? À quels types d'altérations et de complémentarités la pensée est-elle ici confrontée ? Il ne saurait donc être question d'autre chose que de trouver une orientation et une signification là où les déterminations historiques ont parfois recouvert ce qu'il est permis d'appeler l'exception judéo-chrétienne.
« Raison instrumentale », « désenchantement du monde », « narcissisme contemporain » : le philosophe Charles Taylor reprend ces trois thèmes dominants du malaise de la modernité. À l'écart des redondances de la mode et des facilités de la critique, il montre pourquoi l'éthique de la réalisation de soi, noyau consistant de l'individualisme, recèle une aspiration dont les présupposés bien compris seraient en fait incompatibles avec l'instrumentalisme et l'égoïsme possessif.
Comment naît une religion ? Quelles épreuves doit-elle traverser pour transposer la foi d'un fondateur spirituel en une structure sociale orchestrée autour du sacré ? Par quels processus parvient-elle à faire fructifier son héritage et à s'imposer comme liaison des hommes avec Dieu ? À quel prix la religion peut-elle devenir l'affaire d'un peuple ?
Entreprendre une généalogie de la religion, c'est assigner à la philosophie la tâche d'une démarche démystifiante : il s'agit de considérer la religion non comme résultat d'une histoire, mais comme source de celle-ci et comme processus. Dans cet essai, Nathan Devers se propose de « relire la Bible, à travers elle et contre elle ». Il revisite la trajectoire qui mène de l'inspiration solitaire d'Abraham à la révélation universelle de Moïse - et il s'attache à montrer qu'à cet égard, la religion, symbiose de l'idolâtrie et de son propre refus, se déploie dans la nostalgie d'un rendez-vous manqué avec Dieu.
On dit que la nature est en danger. Que notre nature humaine est menacée. Que nos démocraties périclitent.
Aurions-nous transgressé une « loi naturelle » sans laquelle tout ce qui vit se dénature ? Sur fond de catastrophe, des philosophes d'apocalypse nous assurent que oui. Mais quel contenu donnent-ils à cette loi naturelle qui, sous couvert d'intuition universelle, fut si souvent instrumentalisée par les puissants ? La question est d'autant plus actuelle que l'informatisation des normes nous englue dans un monde fabriqué.
Pour enrichir ce débat, Élisabeth Dufourcq en explore les origines antiques et les reconstructions médiévales, en terre d'islam comme en chrétienté. Elle retraduit du latin des textes oubliés qui, dès les origines, plaidaient en faveur d'un esprit de recherche plus que de certitude. Un esprit d'observation plus que de scolastique. Une sympathie qui nous engage et conduit à ce naturel qui nous appelle depuis la nuit des temps.
Novateur et passionnant.
La phénoménologie, dans la diversité des approches qui ont été les siennes et à travers les mutations qu'elle a connues, a été l'un des courants principaux de la philosophie du xxe siècle, en particulier en France. Elle a été marquée par les oeuvres considérables de Husserl, son fondateur, et scandée par celles de Merleau-Ponty, Patocka, Jonas, Levinas, Henry, Derrida. À présent, ce courant naguère si influent est à un tournant de son histoire : un moment de crise majeure. La phénoménologie semble à bien des égards avoir épuisé ses possibilités. Elle est en outre remise en cause, et radicalement, par d'autres approches, en particulier réalistes ou analytiques, qui en contestent les fondements et jusqu'au privilège du phénomène. Que reste-t-il de la phénoménologie ? A-t-elle épuisé ses possibilités de renouvellement ?
Cet ouvrage constitue une somme sans équivalent au coeur d'une actualité philosophique déterminante aujourd'hui.
Sous la direction de Avishag Zafrani et Yves Charles Zarka.
Ont contribué à l'ouvrage : Paul Audi, Renaud Barbaras, Bruce Bégout, Gérard Bensussan, Étienne Bimbenet, Philippe Capelle-Dumont, Pierre Guenancia, Frédéric Jacquet, Grégori Jean, Elise Lamy-Rested, Jean-François Lavigne, Jérôme Lèbre, Jean Leclercq, Dorothée Legrand, Eliška Fulinova-Luhanova, Jelson Oliveira, Orietta Ombrosi, Eric Pommier, Charles Ramond, Jacob Rogozinski, Émilie Tardivel, Yves Thierry, Jean Vioulac, Avishag Zafrani, Yves Charles Zarka.