Si mettre un pied devant l'autre est un jeu d'enfant, la marche est bien plus que la répétition machinale d'un geste anodin : une expérience de la liberté, un apprentissage de la lenteur, un goût de la solitude et de la rêverie.
Frédéric Gros, dans cette version entièrement nouvelle, revue, corrigée, augmentée, et agrémentée d'illustrations d'Alain Boyer de Marcher, une philosophie, explore, en compagnie d'illustres penseurs en semelles, les mille et une façons de marcher.
Nietzsche, Rimbaud, Rousseau, Thoreau, Kierkegaard, Nerval, Hölderlin, Kant, Gandhi et bien d'autres, chacun à leur façon nous le disent : marcher n'est pas un sport, pas même un loisir, encore moins un divertissement : marcher est un art, marcher est un exercice spirituel, une ascèse.
Marcher, une philosophie : un livre merveilleux qui ravira autant les randonneurs compulsifs que les incurables sédentaires, ceux que Nietzsche appelait les « culs-de-plomb ».
« La honte est l'affect majeur de notre temps. On ne crie plus à l'injustice, à l'arbitraire, à l'inégalité. On hurle à la honte. » Frédéric Gros.
On peut avoir honte du monde tel qu'il est, honte de ses propres richesses face à ceux qui n'ont rien, honte de la fortune des puissants lorsqu'elle devient indécente, honte de l'état d'une planète que l'humanité asphyxie, honte des comportements sexistes ou des relents racistes.
Ce sentiment témoigne de notre responsabilité. Il n'est pas seulement tristesse et repli sur soi, il porte en lui de la colère, une énergie transformatrice. C'est pourquoi Marx proclame que la honte est révolutionnaire.
Dans cet essai qui prolonge la réflexion de son livre Désobéir, Frédéric Gros, convoquant notamment Primo Levi et Annie Ernaux, Virgine Despentes et James Baldwin, explore les profondeurs d'un sentiment trop oublié de la philosophie morale et politique.
Nous vivons une époque dangereuse pour la démocratie, une époque qui creuse les écarts entre gagnants et perdants. En cause, l'idéal de la méritocratie qui, généralement associé au fonctionnement régulier des institutions démocratiques, à l'autonomie et à la liberté des citoyens, et à une certaine forme de justice sociale, apparaît fondamentalement vicié et in fine inégalitaire, conduisant les sociétés occidentales à une véritable « tyrannie du mérite ». La conséquence est un mélange de colère et de frustration qui a alimenté les protestations populistes et la polarisation extrême - le Brexit au Royaume-Uni, comme l'élection de Donald Trump aux États-Unis, était un verdict sans appel, qui traduit les inquiétudes, les frustrations et l'exaspération suscitées par des décennies d'inégalité croissante, et une mondialisation qui ne profite qu'aux élites tout en donnant aux citoyens ordinaires le sentiment d'être démunis.
Face aux écueils d'une méritocratie qui engendre excès d'orgueil et humiliation, Michael J. Sandel rappelle qu'il est plus que jamais nécessaire de revoir notre position vis-à-vis du succès et de l'échec, en prenant davantage en compte la part de chance qui intervient dans toutes les affaires humaines et en prônant une éthique de l'humilité plus favorable au bien commun.
Après l'immense succès de Justice, Michael J. Sandel, professeur renommé de philosophie politique à l'Université de Harvard, examine avec force les maux et les nouveaux défis auxquels se trouvent confrontées nos sociétés actuelles.
Ce que montre ce petit et grand livre, c'est que le handicap se situe toujours à la croisée entre un organisme et une société, entre une déficience, qu'elle soit innée ou acquise, et un environnement, sur lequel on peut et doit agir. On ne vit pas tout seul, ni hors du monde ou de la Cité.
Ce livre de sagesse est aussi un livre de citoyenneté, qui donne à penser, donc aussi à débattre, autant qu'à admirer. Anne-Lyse Chabert, comme écrivain et comme philosophe, se veut le porte-parole de tous ceux, parmi nous, qui sont confrontés au handicap, et spécialement « de ceux qui ne peuvent souvent pas dire, qui ne sont donc pas vraiment écoutés ». Ouvrage d'utilité publique, qui s'adresse à tous, qui nous aide à comprendre, qui nous pousse à réfléchir, à discuter, à agir peut-être.
André Comte-Sponville
Le capitalisme est-il moral ? Nul ne peut se soustraire à la question puisque aucun d'entre nous n'échappe ni à la morale ni au capitalisme.
Par son travail, son épargne et sa consommation, chacun participe à un système économique que les uns justifient et que d'autres condamnent au nom de concepts éthiques. Deux démarches intellectuelles que le philosophe André Comte-Sponville passe au crible de l'analyse lucide.
Une grille de lecture étonnamment claire, qui débouche sur un appel à la responsabilité.
Comment se comporter dans une civilisation qui menace de s'effondrer ? En lisant les Romains dont la philosophie s'appuie sur des exemples à suivre et non sur des théories fumeuses.
Sagesse est un genre de péplum philosophique dans lequel on assiste à la mort de Pline l'Ancien et à des combats de gladiatrices, à des suicides grandioses et à des banquets de philosophes ridicules, à des amitiés sublimes et à des assassinats qui changent le cours de l'histoire. On y croise des personnages hauts en couleur : Mucius Scaevola et son charbon ardent, Regulus et ses paupières cousues, Cincinnatus et sa charrue, Lucrèce et son poignard. Mais aussi Sénèque et Cicéron, Épictète et Marc Aurèle.
Ce livre répond à des questions très concrètes : quel usage faire de son temps ? Comment être ferme dans la douleur ? Est-il possible de bien vieillir ? De quelle façon apprivoiser la mort ? Doit-on faire des enfants ? Qu'est-ce que tenir parole ? Qu'est-ce qu'aimer d'amour ou d'amitié ? Peut-on posséder sans être possédé ? Faut-il s'occuper de politique ? Que nous apprend la nature ? À quoi ressemble une morale de l'honneur ?
Dans l'attente de la catastrophe, on peut toujours vivre en Romain : c'est-à-dire droit et debout.
Que se cache-t-il aujourd'hui derrière l'expression « bons sentiments », résolument péjorative et dépréciative, reflet d'un état d'esprit contemporain qui semble refuser toute place aux émotions et à la sensibilité ?
Il est de bon ton, aujourd'hui, de parler à tout propos et pour s'en moquer de « bons sentiments ». Mériam Korichi s'interroge sur les raisons de ce rejet dans le monde des médias, des intellectuels, des historiens, des artistes, notamment.
Afin de retracer et de cerner l'origine de ce sens négatif, elle entreprend un voyage dans l'histoire de la langue commune et philosophique : comment en est-on venu à donner à ces mots un sens contraire à ce que, littéralement, ils sembleraient vouloir dire.
Le dénigrement systématique des bons sentiments par l'usage courant - aujourd'hui la chose du monde la mieux partagée, de l'homme de la rue à l'Académicien, en passant par l'homme politique et le philosophe - sonne comme une contradiction, un paradoxe que cette enquête stimulante se propose d'examiner, en redonnant sa juste place à la sentimentalité.
Dans une France devenue multiculturelle, rien ne paraît désormais plus difficile que de se rassembler autour d'un « bien commun » moral, politique et spirituel. Quelles valeurs pour nous réunir ? La perplexité se concentre au niveau de notre école : si un enseignement moral et civique (EMC), quelle définition donner au terme de « morale » ?
En s'interrogeant sur trente valeurs essentielles, Abdennour Bidar, l'auteur de Plaidoyer pour la Fraternité, montre que les différents héritages humanistes d'Orient et d'Occident, qu'ils soient littéraires, philosophiques ou religieux, nous apportent de précieux éléments de réponse relatifs aux grandes interrogations de la condition humaine : Qu'est-ce qu'être fraternel ? Exprimer sa compassion ? Être juste ? Agir avec droiture ? S'efforcer de pardonner ? Se montrer courageux ? Faire preuve d'esprit critique ? Cultiver le sens du beau ? Grandir en humanité ?
N'y a-t-il pas une contradiction dans l'oeuvre d'Arendt ? On y trouve une description critique du totalitarisme national-socialiste, mais aussi l'apologie de Heidegger érigé, malgré son éloge de la « vérité interne et grandeur » du mouvement nazi, en roi secret de la pensée.
L'étude des Origines du totalitarisme montre qu'Arendt développe une vision heideggérienne de la modernité. Dans Condition de l'homme moderne, la conception déshumanisée de l'humanité au travail et le discrédit jeté sur nos sociétés égalitaires procèdent également de Heidegger.
En outre, des lettres inédites montrent qu'Arendt a décidé de marcher sur les pas de Heidegger avant leurs retrouvailles de l'année 1950. Il s'agit d'une adhésion intellectuelle, irréductible à la seule passion amoureuse, et qui mérite d'être prise au sérieux.
Certes, Arendt ne partage pas l'antisémitisme exterminateur de Heidegger confirmé par ses Cahiers noirs. Que devient cependant la pensée, instrumentalisée dans l'opposition - nouveau mythe moderne - entre Heidegger, le « penseur » retiré sur les hauteurs neigeuses de sa hutte de Todtnauberg, et Eichmann, l'exécutant sans pensée, le « clown » muré dans sa cage de verre ?
Il était une fois un enfant pauvre de Souabe. Par la seule force de sa pensée et l'acharnement, de son travail personnel, il devint mondialement célèbre et conquit l'intelligentsia de l' "ennemi héréditaire", la France. Comment Heidegger a-t-il pu occuper, durant plus d'un demi-siècle, la position privilégiée de philosophe à la mode et de maître à penser à Paris, capitale de l'intelligence et de la culture ?
Malgré l'abondance des traductions, des interprétations et des interventions polémiques, on n'avait jamais tenté d'écrire en français l'histoire complète de la réception, singulièrement mouvementée et imprévisiblement féconde, de la pensée sans doute la plus originale du XXe siècle.
Récit et analyses s'articulent pour retracer les phases principales d'une aventure intellectuelle multiforme nullement réductible à une réception passive et où l'on retrouve les grandes figures intellectuelles du dernier demi-siècle, de Sartre à Ricoeur, de Lacan à Char, de Levinas à Derrida. Document et témoignage, cette fresque historique et philosophique entend aussi offrir des instruments critiques pour enrichir le débat sur la portée d'une pensée toujours controversée.
L'étonnante réception de la pensée. de Heidegger en France se poursuit et ne cesse de s'enrichir de nouvelles précisions ou interprétations. Les Entretiens menés par Dominique Janicaud viennent compléter son Récit, premier volume de Heidegger en France.
D'abord recueillis à titre d'apports documentaires, ces dialogues ont révélé leur intérêt propre, leur vivante diversité, leur portée historique et philosophique.
Entre les deux cas extrêmes du doyen des interlocuteurs, Walter Biemel, étudiant de Heidegger dès les années quarante, et la cadette, Nicole Parfait, auteur d'une thèse sur l'engagement politique du Maître, le lecteur verra s'étager les représentants de générations et de sensibilités fort différentes : admirateurs, détracteurs, traducteurs, érudits, écrivains, interprètes d'aspects très variés de l'oeuvre (les incidences politiques bien entendu, mais aussi l'histoire de la métaphysique, l'éthique, la poésie, la critique littéraire, l'herméneutique, l'esthétique, la théologie).
Crise des valeurs, perte des valeurs,retourde la morale. Sommes-nous irrémédiablement livrés au relativisme moral, au repli communautaire dans une société éclatée, à la fin de l'universel, ou bien, pour éviter le pire, doit-on prêter l'oreille aux appels à une restauration autoritaire de l'ordre ? Examinant la pertinence du concept de valeur et son apparition dans l'histoire de la philosophie, notamment au prix d'un certain effacement de l'idée ancienne du Bien, mesurant les chances qu'offre cette notion moderne et ses limites dans un monde où chaque communauté revendique la particularité de sa culture, Paul Valadier, jésuite, professeur de philosophie morale à Paris (centre Sèvres) et à Lyon (Université catholique), apporte une importante contribution au débat qui agite notre temps. Evoquer les valeurs dans la réflexion morale, c'est souligner l'engagement d'une liberté, mais aussi courir le risque de laisser penser à la toute-puissance d'un individu atomisé et source unique de la vie éthique. S'il n'est guère possible de se passer du concept de valeur pour penser la décision morale, Paul Valadier ne se prive pas pour autant d'en faire une analyse critique. Bien comprise, la morale des valeurs porte en elle la réconciliation par le haut de la morale du Bien et de celle marquée par le désir.
A une époque où les moyens de communication n'ont jamais été aussi nombreux, s'interroger sur l'origine de notre solitude et sur ses conséquences paraît incontournable. Qu'elle soit vécue sous le mode de l'abandon ou de l'exclusion, qu'elle soit sociale, familiale ou conjugale, la solitude impose un face-à-face avec soi-même qui génère souvent bien plus de panique que de bien-être. Les réflexions et expériences personnelles des personnalités qui dialoguent ici avec Marie de Solemne accompagnent notre redécouverte de ce mode d'être singulier qui, avec l'état amoureux, est sans doute le mieux partagé par tout être humain.
Sans aucun doute, nous aimons l'amour. Même si l'homme n'a jamais cessé de l'épier, de le chanter, de l'espérer ou de le fuir, l'amour reste toujours à découvrir, à réapprendre, lui qui, à la seconde où il nous comble, persiste à nous échapper, sentiment fugace et éternel. Marie de Solemne, le philosophe André Comte-Sponville, le physicien Étienne Klein et le théologien Jean-Yves Leloup en explorent ici les paradoxes. Qu'est vraiment l'amour ? Un sentiment, ou plutôt une énergie pure déposée là, dans un repli du temps... Puise-t-il ses forces dans l'espérance, ou trouve-t-il son expression la plus poignante et la plus joyeuse quand il n'attend aucune réponse de l'être aimé ?
Faute de terre en friche, d'île déserte ou de territoire vierge à habiter, plus rien ne sépare aujourd'hui les hommes.
Nous sommes donc tous voisins.
Figure actuelle de l'altérité, le voisin n'est pas l'ami. On accueille l'ami chez soi tandis que l'on aborde le voisin sur le pas de sa porte. Le voisin n'est pas non plus le prochain, mais il l'a supplanté dans nos sociétés sécularisées. Il peut même devenir l'ennemi : au mieux, il n'inspire que froide indifférence, au pire, il suscite le déchaînement de la plus extrême violence.
Le voisinage est un lien par le lieu. Nous ne nous comportons pas de la même manière selon que nous avons affaire à un voisin d'en face, un voisin d'à côté, un voisin d'en haut ou un voisin d'en bas.
Savoir comment vivre et interagir avec son voisin sans tomber dans les pièges ravageurs du face-à-face constitue le principal défi d'une éthique du voisinage nécessaire dans une société de masse où, serrés les uns contre les autres, nous devons trouver le moyen de coexister.
La question du langage est l'un des enjeux essentiels de la philosophie aujourd'hui dans les débats qui agitent les relations entre le Vieux Continent et les États-Unis. Face à ce qu'il est convenu d'appeler la transformation pragmatique de la philosophie, c'est-à-dire la réduction de tout discours à ses effets de langage sur les partenaires sociaux, Jacques Poulain oppose une réhabilitation de la philosophie du jugement. Spécialiste des écoles de pensée anglo-saxonnes, américaines mais aussi allemandes, il montre les dangers d'aveuglement contenus dans l'abandon de toute logique philosophique. Affrontant le diagnostic porté par Wittgenstein sur la philosophie, il remet le jugement de critique philosophique au travail en le préservant des rêves scientistes ainsi que de toute rechute dans le pseudo-savoir des règles de langage.
Dans cette polémique suscitée par l'essor croissant de la philosophie du langage et de la logique mathématique, ce livre est l'un des rares en France à entreprendre une discussion de fond avec la philosophie anglo-saxonne.
Sommes-nous vraiment entrés, aujourd'hui dans une crise de la raison, comme le prétendent tant de bons esprit ? Faut-il pour autant se résigner à un retour en force de l'irrationnel, devant lequel n'existeraient plus que des savoirs éclatés dont chacun serait soumis à un principe de relativité ? Ou n'existe-t-il pas au contraire un nouveau type de raison qui permettrait de mieux saisir la complexité du réel, sans renoncer pour autant à en rendre compte d'une façon intelligible et réglée ?
Ce livre tend précisément à faire revenir au jour des procédures intellectuelles qui privilégient une pensée du pluriel, des principes d'antagonisme et des logiques de la contradiction et du paradoxe.
Cette raison contradictoire, souvent refoulée par le mode de rationalité dominant, a pourtant été la marque des pensées présocratique et néo-platonicienne, de la révolution de la Renaissance et de la philosophie de la nature romantique.
En se réappropriant cet héritage, dont on sera frappé par l'extrême modernité, la rationalité contemporaine peut renouveler sa propre vitalité, prendre un nouveau départ et découvrir un point de vue à partir duquel on peut à la fois unifier et différencier sciences et philosophie.
Jean-Jacques Wunenburger est professeur de philosophie à l'université de Bourgogne et directeur du Centre de recherche sur l'image, le symbole et le mythe. Spécialiste des rapports entre la raison et l'imaginaire, il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont L'Utopie ou la crise de l'imaginaire et La Fête, le jeu et le sacré.
L'horreur d'Auschwitz et des crimes staliniens n'a mis un terme ni à l'histoire totalitaire, ni à celle des exterminations. Le présent est contaminé. L'actualité apporte chaque jour la preuve que la démocratie triomphante n'est pas incompatible avec la perpétuation, voire l'extension du monde concentrationnaire. Conserver la mémoire ne suffit pas. Il faut, pour l'avenir, passer à une compréhension du XXe siècle marqué plus que tout autre par la déchirure catastrophique du tissu de la civilisation que la démocratie mondialisée ne peut réparer. Alain Brossat, philosophe et enseignant à l'université Paris VIII, a voulu entreprendre cette tâche en relisant Hannah Arendt et Michel Foucault. Analysant la logique des discours concernant les génocides livrés aux émotions, aux jeux de mémoire et aux enjeux politiques, il élabore une histoire comparée des différentes scènes de l'extrême Auschwitz, la Kolyma, Hiroshima.
Les fraises ont-elles le même goût pour tout le monde ? Est-il possible de voyager à travers le temps ? et à quelles fins ? Quelle est la différence entre la gauche et la droite ? Si quelqu'un oublie ses fautes est-il encore coupable ? Qu'est-ce qui s'inverse dans un miroir ? Deux lions derrière les barreaux de leur cage peuvent-ils penser que la cage ne les enferment pas mais, au contraire, garantit le seul espace libre ? Est-ce que tout a un intérêt ? Sur un mode apparemment trivial, Roberto Casati et Achille Varzi donnent vie à quelques-uns des concepts clés de la philosophie : l'identité, le temps, l'autre, le libre-arbitre, les rapports de cause à effet, la conscience, la mémoire, etc.
Les 39 histoires proposées, sous forme de courts dialogues, mettent en scène des situations exemplaires, qui, chaque fois, sont une invitation à penser par soi-même. En maniant l'art du paradoxe, les deux compères montrent que la science exacte ne résout pas tous les problèmes, que la philosophie n'est pas que fumée conceptuelle et que rien n'est jamais donné comme sûr.
« Les questions que pose Heidegger à propos de la nature et du sens de l'existence sont capitales et contraignantes.En les posant encore et toujours, il a amené au centre d'une perspective nouvelle et radicalement provocatrice de nombreuses régions du comportement humain, de l'histoire sociale, et de l'histoire de la pensée. Son projet, probablement avorté, de créer un nouvel idiome, de délivrer le langage de présuppositions métaphysiques ou scientifiques , largement non réfléchies et souvent illusoires, est fascinant et d'une extrême importance. Son diagnostic d'une aliénation et d'un avertissement de l'homme dans une écologie dévastée était prophétique, et il n'a pas été dépassé en sérieux et en cohérence.La réévaluation heideggerienne du développement et du sens ambigu de la métaphysique occidentale de Platon à Nietzsche est profondément stimulante, quand bien même on ne l'accepterait pas. Elle nous force littéralement à tenter de repenser le concept même de pensée. Seul un penseur majeur peut provoquer de façon si créatrice.Grâce à la présence de Heidegger parmi nous, l'idée que le questionnement est la piété suprême de l'esprit et l'idée étrange que la pensée abstraite est, éminemment, l'excellence et le fardeau de l'homme, ont été affirmées. »George SteinerCet essai, magistralement clair, demeure la meilleure introduction à l'oeuvre de Martin Heidegger.George Steiner est l'auteur d'une oeuvre considérable. Parmi ses essais les plus récents, citons Grammaires de la création, Maîtres et disciples, Les livres que je n'ai pas écrits.
Qu'y a-t-il de plus étrange et de plus inquiétant qu'une ombre ? Elle est impossible à saisir et beaucoup de grands peintres n'ont pas réussi à la domestiquer.
Pourtant, l'ombre a été la clé de très grandes découvertes scientifiques : les éclipses, la distance entre la Terre, la Lune et le Soleil, la forme et la dimension de la Terre, la structure du système solaire. Pour démontrer que la réflexion sur l'ombre est en partie à l'origine de la pensée occidentale, depuis l'extraordinaire mise en scène de la Caverne de Platon, Roberto Casati fait revivre les principales énigmes qui ont fasciné les hommes depuis l'Antiquité.
Problèmes théoriques, philosophiques ou astronomiques tels que : Thalès a-t-il vraiment calculé la hauteur des pyramides à partir de leur ombre ? Pourquoi Dante est-il surpris de voir son ombre au Purgatoire ? Comment serait un monde sans ombre ? D'Ératosthène à Galilée, des astronomes arabes aux mathématiciens modernes, des peintres grecs à Léonard de Vinci, Roberto Casati raconte l'histoire du " club de l'ombre ".
Avec un véritable sens du paradoxe, du rebondissement et du cocasse, mais aussi du petit fait vrai qui aide à comprendre et à mémoriser les problèmes soulevés, Roberto Casati invite le lecteur à redécouvrir sous un jour original quelques-uns des plus grands penseurs de l'humanité.
Le titre m'a été suggéré par leibniz et sa confessio philosophi (la profession de foi du philosophe) - de là la conclusion de ce livre : " ce que je crois ".
Il s'agit de mes " convictions vécues " essentielles, non de mes opinions, lesquelles peuvent varier en fonction de mon humeur, des données et des événements. andré comte-sponville a voulu, en effet, aller à ce qui lui semblait essentiel, et ses questions ont été judicieusement choisies pour m'amener à parler à coeur ouvert. bien que ne les ayant jamais anticipées, je les ai parfois pressenties - les intérêts d'andré et sa philosophie m'étant suffisamment connus.
Malgré tout, elles ont toujours comporté un élément de surprise : de là le charme de cet entretien, où j'eus un peu l'impression d'aller à l'aventure. j'ai été sincère, trop peut-être, mais je préfère une image vraie à une image retouchée et embellie. marcel conche.