Les mots de « complot », « conspiration » : les reprendre, tenter de retracer leur genèse, comprendre leur résurgence et leurs métamorphoses. Pour essayer d'entendre et penser ce qui les fait être ce qu'ils sont : récupérables par ce qu'il y a de pire.
Le dossier porte sur les développements du capitalisme sur le continent Africain, et privilégiant comme site d'observation l'Afrique Australe, en particulier l'Afrique du Sud et le Mozambique, et l'Ethiopie. La recherche sur les régions concernées s'est largement actualisée dans le monde anglophone ces dernières années, tout en restant marginale ou peu connue en France.
PHILITT propose une réflexion sur les modes de vie contemporains. Quelles sont les nouvelles aliénations ? Que peut bien signifier renouer avec une supposée authenticité ? Comment comprendre cette volonté nouvelle de ralentir ? Allons-nous vers un retour à l'essentiel ou vers une société désincarnée où le relationnel est détruit ? Faut-il formuler une nouvelle définition de l'homme et de la culture ?
La crise écologique et l'épuisement des ressources naturelles ne sont pas des aspects accessoires du mode de production capitaliste et ne peuvent pas être évités en établissant un capitalisme plus « sage », modéré, vert, durable ou circulaire.
Il ne paraît pas possible aujourd'hui de comprendre la crise écologique, en tant qu'imbrication entre l'évolution technologique et le capitalisme, si l'on ne tient pas compte des contraintes pseudo-objectives qui dérivent de la valorisation de la valeur et qui poussent à consommer la matière concrète du monde pour satisfaire les exigences abstraites de la forme-marchande.
« Faire corps » sonne comme une promesse de réconciliation. Mais comment se lancer dans une telle quête à partir de nos corps individuels et solit aires, quand ces derniers sont si vacillants ? Quand ils sont à la fois ce qui nous définit et ce qui nous rend étranger à nous-même ? Peut-être que pour « fairecorps », il faut commencer par se jouer de lui. C'est en tous cas à de telles expérimentations que se sont prêtés les auteurs et artistes qui ont contribué à ce numéro. À travers une vingtaine de textes, ils ontpensé la souffrance du corps aliéné, l'émancipation par la métamorphose, la revanche du corps sans organes, le retour au corps par la biologie ou le bouddhisme, mais aussi le travail du corps par la main créatrice de l'artiste, ou par celle de l'amoureux.Avec la participation d'Olivier Py, Catherine Malabou, Marc Ballanfat et Ulla von Brandenburg.
Il y a de bonnes raisons pour se sentir révolté, indigné, angoissé face à l'état du monde. Quant aux causes plus profondes de ce qui nous arrive, on en parle beaucoup moins sur le marché des opinions. Comprendre ces causes est pourtant la première condition pour un agir qui ne s'épuise pas dans l'immédiat. Ce qui manque cruellement, ce sont des efforts cohérents pour comprendre la réalité à travers une théorie critique de la totalité capitaliste.
La "critique de la valeur" , inspirée par Marx mais sans s'y limiter, procède d'une critique radicale du travail et de l'argent, de la marchandise et de la valeur marchande, de l'Etat et du patriarcat, du sujet moderne et des idéologies de crise. C'est ce qu'explore les articles publiés dans Jaggernaut. Il y a de bonnes raisons pour se sentir révolté, indigné, angoissé face à l'état du monde. Quant aux causes plus profondes de ce qui nous arrive, on en parle beaucoup moins sur le marché des opinions.
Comprendre ces causes est pourtant la première condition pour un agir qui ne s'épuise pas dans l'immédiat. Ce qui manque cruellement, ce sont des efforts cohérents pour comprendre la réalité à travers une théorie critique de la totalité capitaliste. La "critique de la valeur" , inspirée par Marx mais sans s'y limiter, procède d'une critique radicale du travail et de l'argent, de la marchandise et de la valeur marchande, de l'Etat et du patriarcat, du sujet moderne et des idéologies de crise.
C'est ce qu'explore les articles publiés dans Jaggernaut.
De tous les dialogues que la phénoménologie a entretenus avec les différents courants et mouvements de pensée, celui avec le marxisme n'aura pas été le moins fécond. Si les débats ont parfois pris une tournure conflictuelle et si les tentatives de synthèse entre ces deux traditions ont pu apparaître comme le produit de circonstances non philosophiques, l'on ne peut que constater depuis un siècle le caractère récurrent du projet consistant à articuler marxisme et phénoménologie - signe peut-être d'une affinité insoupçonnée entre ces deux traditions de pensée. L'objectif de ce numéro de la revue Alter est non seulement de faire retour sur la diversité et la richesse des tentatives historiques d'articulation de la phénoménologie et du marxisme mais aussi et surtout d'accompagner les recherches contemporaines qui contribuent à la dynamique de ces questionnements et donnent à ce projet une nouvelle actualité.
Le nom de Georg Lukács a récemment refait surface dans l'espace public suite à la fermeture de ses archives à Budapest ; force est de constater, pourtant, que l'oeuvre du philosophe hongrois reste peu étudiée, ou de manière sélective, en la réduisant aux essais réunis en 1923 sous le titre Histoire et conscience de classe, qui eut de fait un effet décisif sur tout un pan de la pensée critique du XXe siècle, de l'école de Francfort aux situationnistes en passant par l'opéraïsme italien ainsi que le marxisme et l'existentialisme français. Il n'en reste pas moins que l'oeuvre de Lukács ne s'est pas arrêtée en 1923 et qu'elle peut faire l'objet de bien d'autres appropriations historiennes, politiques, philosophiques et esthétiques.
D'un point de vue historique, l'implication directe de Lukács dans son siècle, que ce soit dans l'éphémère République hongroise des Soviets, dans l'Union soviétique des années 1930-1940 ou dans l'insurrection de Budapest reste largement à étudier, de même que son rôle dans le marxisme français de l'après-guerre. Au niveau politique, l'analyse des réflexions consacrées par Lukács au rôle de la subjectivité dans l'histoire, à l'articulation entre des formes d'organisation hétérogènes (parti, coalition, conseils, syndicats) et aux conditions de leur démocratisation devrait aider la recherche contemporaine de nouvelles formes d'émancipation à sortir de l'abstraction dans laquelle elle reste souvent confinée. D'un point de vue philosophique, l'analyse de la confrontation de Lukács avec certaines des figures et des courants intellectuels les plus importants de son temps (du néo-kantisme au positivisme logique en passant par Sartre, ou Foucault) permet de transformer les enjeux de la discussion contemporaine. Parmi ces enjeux, les efforts consacrés par le dernier Lukács à la formulation d'une « ontologie de l'être social » fera ici l'objet d'une attention particulière.
C'est à cette richesse thématique, disciplinaire et conceptuelle de l'oeuvre de Lukács qu'entend rendre justice ce dossier de la revue Actuel Marx, qui incluera des extraits de correspondance et traduction d'archives inédites en français
Le dossier comprend 6 textes sur la notion de milieu envisagée dans ses différents sens (environnement, ambiance, atmosphère, « être au monde », Umwelt, Zentrum, Mitte, etc.).
Cette notion, objet de nombreuses analyses contemporaines, en écologie notamment, est un concept philosophique à part entière, objet d'un intérêt très ancien dans les pensées japonaises et d'un intérêt plus récent chez des philosophes contemporains comme Bruce Bégout, qui parle à juste titre de « tournant atmosphérique ». Les 6 articles du dossier tenteront de faire le point sur cette constellation de notions et de montrer sa fécondité philosophique et spirituelle, avec un texte inédit du philosophe japonais Nobuo Kioka, traduit et commenté par l'orientaliste Augustin Berque, et des articles de Bruce Bégout, Pierre Souq, Vincent Gérard et Alain Petit.
Non le travail n'est pas une nécessité naturelle, éternelle, qui aurait toujours existé, c'est une forme sociale négative et destructrice de l'agir, dont l'avènement est concomitant de celui du capitalisme et qui fait abstraction de tous les contenus concrets des activités hétérogènes pour mieux les réduire à la forme vide de contenu d'une simple dépense abstraite d'énergie humaine - le travail abstrait - qui se représente sous la forme de l'argent. Le travail n'a toujours été que le support vivant de l'automouvement de l'argent, alias, le rapport-capital. Qui veut se débarrasser du capital doit commencer par se débarrasser du travail.
Sous différents angles, historique, théorique, féministe, psychanalytique, littéraire ou anthropologique, ce numéro explore et scrute l'horizon d'une nouvelle critique catégorielle du travail dans la théorie critique et les mouvements sociaux.
Parler de Dieu sans faire polémique, en rire sans blasphémer et proposer des angles inédits, autant de contraintes passionnantes pour créer un sommaire spirituel et iconoclaste : des rappeurs évangélistes, une immersion chez les spirites, un rodéo rédempteur aux États-Unis, la tentation de Dieu à l'adolescence, un reportage dans les couloirs du Vatican ou encore des souvenirs de Bénarès. Un numéro à lire religieusement.
Partout, nulle part, sur nos écrans, ailleurs... Où sont les philosophes ? Sous ses dehors quelque peu provocateurs, la question recouvre une interrogation plus profonde : le nouveau monde qui prend forme sous nos yeux suite à la pandémie de Covid-19 offre-t-il encore une place à l'exercice philosophique ? Et si oui, dans quelles conditions ? Dans l'Antiquité, ils déambulaient la paume de la main tournée vers le sol ou le doigt pointé vers le ciel, selon leur optique. Certains, se mettant volontairement au ban de la société, vivaient entourés de quelques chiens ; des siècles plus tard, d'autres redresseront le tonneau qui tenait lieu d'abri aux précédents pour s'y jucher et haranguer Billancourt au porte-voix. Plusieurs auront passé leur existence retranchés dans une tour d'ivoire, oeuvrant pour la postérité ; mais il s'en trouve, chaque soir, de plus soucieux du présent, tout disposés à passer devant les caméras pour s'exprimer à chaud sur les événements qui feront l'opinion de demain. Partout, nulle part, sur nos écrans, ailleurs... Où sont les philosophes ? Sous ses dehors quelque peu provocateurs, la question recouvre une interrogation plus profonde : le nouveau monde qui prend forme sous nos yeux suite à la pandémie de Covid-19 offre-t-il encore une place à l'exercice philosophique ? Et si oui, dans quelles conditions ? Nous avions à coeur de la poser à une époque qui nous rappelle que, si le primum vivere est un impératif quotidien pour notre corps, le deinde philosophari demeure quant à lui le garant de la survie de notre conscience. Fidèle à ses origines, la Revue générale se veut une publication d'inspiration humaniste, ancrée en Belgique mais ouverte sur le monde. Elle convie à s'exprimer des spécialistes issus du monde académique ainsi que des personnalités publiques actives dans les domaines de la politique, de l'économie, de la littérature, des sciences, des arts, de la spiritualité et de la religion, etc. Avec les contributions de David Banon, Jean-Baptiste Baronian, Jean Blavier, Pascal Chabot, Éric Clémens, André Comte-Sponville, Guy Delhasse, Charles Delhez, Luc Dellisse, Francis Delpérée, Renaud Denuit, François De Smet, Amélie d'Oultremont, Michel Dupuis, Christopher Gérard, Marc Hanrez, Jean-François Kervégan, Jean Lacroix, Michel Lambert, Alexandre Lansmans, François-Xavier Lavenne, Jean Leclercq, Alain Leterre, Philippe Leuckx, Béatrice Libert, Louis Morès, Gérald Purnelle, Frédéric Saenen, Bernard Spee, Bernard Stevens, Rahel Teicher, Louise Van Brabant, Ursula von der Leyen, Philippe Van Parijs Avec un hommage à Pierre-Guillaume de Roux
Articles Manuel Alejandro SERRA PEREZ. - Articulación del aspecto inmanente y transcendental del esse en el tomismo contemporáneo Alain PANERO. - " Penser en durée " : Fontenelle pour éclairer Bergson Pietro TERZI. - L'esprit collectif entre philosophie scientifique et sociologie : Brunschvicg contra Durkheim Quentin GAILHAC. - " Quelque chose qui n'est pas de ce monde ". oeuvre d'art musicale et objet esthétique chez Roman Ingarden Analyses et comptes rendus (Histoire de la philosophie : XVIIIe-XXe siècles) par M.
BIENENSTOCK, B. BOURCIER, J. CARROY, P. CERUTTI, A. DECLOS, R. DEGREMONT, S. DEPREZ, H. DILBERMAN, J.-M. DURAND-GASSELIN, S. GALABRU, M. KAIL, J.-P. RICHARD, B. STEVENS, J.-L. VIEILLARD-BARON, R. ZAMBIASI Revue des revues par P. CERUTTI, R. DEGREMONT, S. DEPREZ, V. GUILLIN, M. KAIL, D. MERLLIE Notice nécrologique André COMTE-SPONVILLE. - Marcel Conche
La revue Actuel Marx propose de participer à la réélaboration d'une forme de pensée qui articule certaines traditions du marxisme aux autres courants majeurs de la pensée contemporaine. Elle cherche à rendre compte des formes actuelles de référence à Marx, mais aussi des différents débats qui traversent les sciences sociales et les sciences humaines, et cela aussi bien dans le contexte français et francophone que dans le contexte international.
En reconstituant quelques scènes de son enfance et de sa jeunesse, Federico Fellini nous avait fait sentir ce qu'avait été la vie d'une petite ville italienne à l'époque de Mussolini. De façon toute semblable, par une simple juxtaposition de saynètes, Nicolas Grimaldi nous fait sentir ici ce qu'avait été la vie en France entre le Front populaire et Mai 68.
Patocka, comme Fink avant lui, renouvelle la phénoménologie en formulant le programme d'une cosmologie phénoménologique. L'enjeu est d'établir une théorie de l'apparaître qui distingue le domaine des individus apparaissants et le monde lui-même compris comme « champ phénoménal » irréductible à l'étant. Deux thèses sont ainsi posées simultanément : une thèse phénoménologique classique selon laquelle les individus sont en tant seulement qu'ils apparaissent ; une thèse beaucoup plus audacieuse selon laquelle l'apparaître des étants s'effectue par des processus d'individuation qui n'exigent pas en eux-mêmes le concours de la conscience.
Penser un apparaître anonyme en évitant le double écueil de l'idéalisme subjectiviste et du naturalisme où le monde serait réduit à sa teneur matérielle et physique, telle est l'audace à laquelle nous invite la phénoménologie de Patocka.
Avec les contributions de R. Barbaras, Ph. Cabestan, B. Delmotte, A. Deudon, R. Franzini Tibalde, J.-Cl. Gens, S. Gourdain, P. Montebello, K. Novotný, Ch. Pesaresi, P. Souq, Cl.V. Spaak, O. Stanciu et un texte de Bernhard Waldenfels.
Porteuse d'un programme théorique et épistémologique de refondation critique du marxisme, la pensée de Louis Althusser marqua durablement le paysage intellectuel français. Mais la double parution de Pour Marx et Lire le Capital fut aussi saluée en bien d'autres lieux que ceux fréquentés par la marxologie française. Ce dossier d'Actuel Marx propose une cartographie des réceptions et « réinventions » du marxisme althussérien du Japon à Cuba, du Cône sud latino-américain au Maghreb, du Proche-Orient à la Corée du Sud. À un marxisme althussérien souvent jugé, principalement sinon exclusivement, universitaire, ces réceptions « diasporiques » opposèrent des appropriations parfois directement branchées sur des urgences politiques immédiates. À un althussérisme tendu entre critique ambiguë du stalinisme et subversion maoïste, ces circulations excentriques proposèrent des usages d'Althusser permettant de sortir des grandes alternatives idéologiques solidifiées par la guerre froide et la scission de l'internationale communiste. À un marxisme surinvestissant les enjeux épistémologiques d'une relecture de Marx, elles sollicitèrent ses écrits pour repenser les spécificités des luttes paysannes, l'articulation des conflits de classe aux luttes de décolonisation, et les devenirs du marxisme extra-européen hors des formes qu'Althusser pouvait lui-même imaginer ou anticiper.
Dans Le Mot peint (1975), l'écrivain Tom Wolfe imaginait ironiquement le moment où les musées n'exposeraient plus les oeuvres des peintres accompagnées de petits cartels portant des commentaires des critiques, mais accrocheraient sur leurs murs les reproductions agrandies de ces mêmes textes accompagnées de petits cartels où figureraient les reproductions des oeuvres commentées. De fait, la chose s'est réalisée : l'artiste John Baldessari a effectivement exposé une toile intitulée Clement Greenberg (1967-1968), qui ne consiste en rien d'autre qu'en la reproduction d'un texte du critique.
C'était là une étape dans un processus continu d'intellectualisation de l'art dont il s'agira ici d'identifier les divers moments saillants et les formes spécifiques, depuis les premiers textes théoriques sur les arts du dessin à la Renaissance jusqu'à la posture contemporaine de l'artiste en chercheur de sciences sociales.
Il s'agira plus particulièrement d'étudier ce qui a rendu possible les formes les plus contemporaines de cette prolifération discursive, en montrant qu'elles sont nées de la convergence de deux phénomènes distincts qui, au cours du XXe siècle, ont affecté la sphère artistique d'une part et la sphère académique de l'autre. Le premier est la désartification de l'art ; le second, la dé-régulation des sciences humaines.
Au début du 20e siècle, un certain nombre de philosophes ont développé et formé leur propre pensée en dialogue avec les écrits de la psychologie de la Gestalt. Ces engagements ne sont pas seulement essentiels au développement de leur pensée, mais ils ont eu des effets d'entraînement importants, conduisant à un changement de perspective significatif au sein des sciences cognitives, de la linguistique, de la psychologie sociale, de la sociologie et des théories de la perception. La question fut alors - et est toujours - de saisir les caractéristiques les plus saillantes et les plus spécifiques de ce qui fait l'humain, et cette quête a souvent été inspirée par des positions philosophiques, scientifiques, anthropologiques et même politiques très différentes. La publication récente de textes moins connus ou précédemment non disponibles d'auteurs clés met en évidence la complexité des engagements philosophiques, et jette une lumière nouvelle sur les dialogues entre psychologie, philosophie, études du langage et sciences. Nous nous intéresserons principalement à la façon dont les idées de la psychologie de la Gestalt ont été reprises par des philosophes ayant des agendas et des prédilections philosophiques différents, mais aussi par des psychologues sociaux et des sociologues. Et en philosophie justement, la réception de la psychologie de la Gestalt passe notamment par Aron Gurwitsch, D. W. Hamlyn, Maurice Merleau- Ponty et Ludwig Wittgenstein. Les engagements de ces penseurs avec la psychologie de la Gestalt auront une influence sur nombre de disciplines et seront à l'origine de plusieurs mouvements très actifs aujourd'hui : en psychologie, grâce aux travaux de James Gibson sur la perception et de Roger Barker sur la théorie des sites comportementaux (Behaviour Setting Theory) en psychologie écologique ; en sciences cognitives, avec le développement des approches nouvelles de la cognition (e- cognition : embodied, embedded, enactive, and extended ; cognition incorporée, integrée, énactive, étendue) et l'énactivisme ; et en sociologie et psychologie sociale, avec le développement de l'ethnométhodologie et d'autres versions de l'interactionnisme. Chacune de ces perspectives est redevable à la psychologie de la Gestalt, et elles le sont à travers les philosophes qui l'ont abordée. Ces engagements philosophiques ont souvent conduit à des analyses qui ont pris leurs distances par rapport à des explications cognitives et neuroscientifiques au sein de la psychologie, pour aborder les phénomènes de la Gestalt de manière constitutive (Gurwitsch), écologique (Gibson), existentielle (Merleau-Ponty), praxéo-grammaticale (Wittgenstein) et praxéologique (Garfinkel). Dans certains cas, des nouvelles catégories ont été proposées, comme les « Gestalts praxéologiques » de Garfinkel.
« Il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme » écrivait en 2003 le théoricien politique Fredric Jameson dans la New Left Review.
Ce numéro consacré aux « Lieux de l'utopie » paraît dans un contexte politique, économique, social et écologique qui laisse de plus en plus paraître les impasses du modèle de production dominant. Cela modifie-t-il et de quelle manière la place et le rôle de la fiction utopique, toujours corrélée à une prise de conscience que l'ordre des choses ne peut demeurer en l'état ?
L'aspiration à « faire utopie » ici et maintenant entend être une réponse à l'urgence, face à l'inertie des manières de penser et d'agir. Les « utopies réelles » et les « utopies concrètes » qui ont cours aujourd'hui en certains lieux du monde offrent-elles des imaginaires alternatifs susceptibles d'élargir le champ des possibles ? À quelles conditions peuvent-elles conserver leur dimension utopique et ne pas se transformer en un modèle contraignant, statique et clos sur lui-même ?
Corps, postures, procédures : à travers ces trois termes, on pourra répertorier des technologies de l'ordre caractérisant notre époque mais surtout définir des écarts, des échappées ou des décentrements. C'est ainsi que le philosophe Giorgio Agamben décrit la situation actuelle en démontrant l'impasse de la relation entre État et terrorisme, que Marie-José Mondzain bouleverse notre représentation des corps dans l'espace commun tandis que les philosophes Daniel et Alexandre Costanzo, dans un hommage à la cinéaste Chantal Akerman, décrivent la façon dont ses personnages déplacent, bousculent, réinventent le monde. Et si par ailleurs, l'historien Philippe Artières nous plonge dans l'univers de la prison ou que Frank Smith, à travers un poème objectiviste, restitue des séances d'interrogatoires à Guantánamo, il revient à l'écrivain Manuel Joseph de nous proposer le portrait d'un homme, dans son appartement, livré à sa pathologie de l'ordre, du nettoyage - une pathologie dans laquelle on reconnaît peu à peu notre société. Ce sont là quelques-uns parmi les paysages que propose ce numéro de la revue De(s)générations : des tableaux, des situations, des scènes de la pensée qui déplacent notre rapport aux choses et au monde.
Dossier : Heidegger et les « Juifs » Martin Heidegger, l'un des plus grands philosophes du XXème siècle, était-il antisémite ? La question est soulevée une nouvelle fois par la publication des notes personnelles du philosophe réunies dans les fameux Cahiers noirs et parues à titre posthume en Allemagne l'année dernière.
Comment lire et que faire de l'héritage de Heidegger après les révélations de ces Cahiers noirs ? La question fait l'objet d'un débat passionné dans le monde philosophique.
Mais ce numéro spécial n'entend pas traiter uniquement des rapports de Heidegger avec le fait juif, ni, davantage, de son antisémitisme. Il s'agit de considérer ou de reconsidérer la figure de l'un des philosophes les plus considérables du XXème siècle et de poser la question : en quoi et pourquoi le judaïsme demeure-t-il pour Heidegger de l'ordre d'une dette impensée ? La fascination de nombreux philosophes français tels Sartre, Levinas ou Derrida pour le penseur allemand a-t-elle fait son temps ? Et faudrait-il, comme le plaident certains, renoncer à lire Heidegger ?
Ce numéro spécial reprend l'essentiel des contributions au colloque qui s'est tenu à Paris, à la BNF et au Centre Culturel irlandais, les 22, 23, 24 et 25 janvier 2015.