Philosophie
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Longtemps, les femmes n'ont été que des corps, définies par leurs fonctions sexuelle et maternelle. La révolution féministe les a délivrées de ce carcan, mais elle a aussi dévalorisé le corps féminin. N'est-il pas pourtant le noeud singulier de notre rapport à nous-même et au monde ?
À partir d'une relecture de Simone de Beauvoir, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie propose de le saisir sous ses deux aspects : lieu de la domination masculine et vecteur d'une pleine émancipation. Sa pensée progresse au fil d'une exploration de ces événements corporels qui scandent la vie des femmes, de l'enfance empêtrée à la ménopause invisibilisée, de la honte adolescente à la découverte de la jouissance, de l'épreuve du réel maternel aux ravages de la violence sexuelle. Au fil de ces étapes, où l'écriture en première personne résonne avec les voix plurielles des femmes, l'autrice pose les jalons qui leur permettront de reprendre possession de leurs corps, jusqu'au plus intime d'elles-mêmes. Son féminisme incarné s'attaque au socle même du patriarcat et renouvelle, à l'écoute des luttes les plus contemporaines, les fondements théoriques du féminisme.
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Le Tao-tö-king ou « La Voie et sa Vertu » est attribué à Lao-tzeu qui serait, selon la tradition chinoise, un contemporain un peu plus âgé de Confucius. C'est l'un des ouvrages les plus traduits dans le monde. Son obscurité concise et sa force poétique ont suscité d'innombrables commentaires et interprétations inspirées. Terme important de la pensée chinoise ancienne, Tao peut prendre des sens assez différents selon le contexte. L'originalité de Lao-tzeu ou de sa postérité est d'en avoir fait le principe de spontanéité commun à toutes choses, en même temps qu'un idéal de pleine vacuité jamais atteinte.
Ce texte « philosophique » a joué un rôle particulièrement important dans l'histoire de la civilisation chinoise. Aussi, cette nouvelle édition reprend les 81 textes brefs qui composent ce recueil, riches en aphorismes et paradoxes, illustrés d'estampes chinoises minutieusement choisies. -
« Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison », disait Albert Camus, et nous sommes nombreux à ressentir la même chose aujourd'hui, tant l'air devient proprement irrespirable. Les réseaux sociaux sont un théâtre d'ombres où le débat est souvent remplacé par l'invective : chacun, craignant d'y rencontrer un contradicteur, préfère traquer cent ennemis. Au-delà même de Twitter ou de Facebook, le champ intellectuel et politique se confond avec un champ de bataille où tous les coups sont permis. Partout de féroces prêcheurs préfèrent attiser les haines plutôt qu'éclairer les esprits.
Avec ce livre, Jean Birnbaum veut apporter du réconfort à toutes les femmes, tous les hommes qui refusent la «brutalisation» de notre débat public et qui veulent préserver l'espace d'une discussion aussi franche qu'argumentée. Pour cela, il relit les textes de quelques intellectuels et écrivains qui ne se sont jamais contentés d'opposer l'idéologie à l'idéologie, les slogans aux slogans. Renouer avec Albert Camus, George Orwell, Hannah Arendt, Raymond Aron, Georges Bernanos, Germaine Tillion ou encore Roland Barthes, ce n'est pas seulement trouver refuge auprès de figures aimées, qui permettent de tenir bon, de se tenir bien. C'est surtout retrouver l'espoir et la capacité de proclamer ceci : dans le brouhaha des évidences, il n'y a pas plus radical que la nuance.
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La sagesse expliquée à ceux qui la cherchent
Frédéric Lenoir
- Le Seuil
- Expliqué À ...
- 8 Novembre 2018
- 9782021369595
« Tu aspires sans doute, ami lecteur, à une vie réussie. Non pas nécessairement à réussir dans la vie, mais à mener une existence bonne et heureuse. Depuis toujours, partout dans le monde, des hommes et des femmes nourrissent cette aspiration et travaillent à la mettre en oeuvre. Tous estiment que ce qui donne sens à notre vie, c'est de grandir en humanité. Je suis pour ma part convaincu que cet idéal philosophique de sagesse reste l'objet d'une quête on ne peut plus actuelle, car nous ne sommes pas sur terre seulement pour assurer notre sécurité matérielle, nous divertir et consommer ».
Comment être soi et s'accorder au monde ? Devenir plus aimant et vertueux ? Trouver le chemin de la libération intérieure ? Grandir dans la joie et trouver la sérénité ? Autant de questions auxquelles Frédéric Lenoir, lui-même en quête de sagesse depuis l'adolescence, répond avec sincérité et simplicité, nous conduisant à sa suite sur les traces de ses inspirateurs, tels Épicure, Epictète, le Bouddha, Tchouang-tseu, Montaigne, Spinoza ou Etty Hillesum, s'inspirant même de la sagesse des enfants.
Un livre lumineux et dense comme la sagesse.
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Il faut défendre la société ; cours au Collège de France, 1976
Michel Foucault
- Le Seuil
- Hautes Études
- 27 Février 1997
- 9782020231695
Dans le cours de 1976, « Il faut défendre la société », Michel Foucault s'interroge sur la pertinence du modèle de la guerre pour analyser les relations de pouvoir.
Michel Foucault en définit deux formes : le pouvoir disciplinaire, qui s'applique sur le corps par le moyen des techniques de surveillance et des institutions punitives, et ce qu'il appellera désormais le « bio-pouvoir », qui s'exerce sur la population, la vie et les vivants. Analysant les discours sur la guerre des races et les récits de conquête (notamment chez Boulainvilliers), Michel Foucault dresse la généalogie du bio-pouvoir et des racismes d'État. La logique des rapports entre pouvoir et résistance n'est pas celle du droit mais celle de la lutte : elle n'est pas de l'ordre de la loi mais de celui de la stratégie. La question est dès lors de savoir s'il convient de renverser l'aphorisme de Clausewitz et de poser que la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens.
Le cours présenté ici a été prononcé de janvier à mars 1976 au Collège de France, c'est-à-dire entre la sortie de Surveiller et Punir et celle de La Volonté de savoir. Il inaugure la publication des cours de Foucault au Collège de France, établie sous la direction de François Ewald et d'Alessandro Fontana, dans la collection « Hautes Études ».
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La cause est entendue : l'homme n'est pas son corps, il est un esprit ou un moi qui n'est lié que subsidiairement à celui-ci ; il appartient à un ordre de réalités plus élevé. Il est un étranger dans le monde et n'y traîne qu'une existence diminuée. La révolution scientifique du xviie siècle nous a enseigné une fois pour toutes que seules existent les particules de la physique et que le monde des sens se réduit à une apparence. Désormais, les promoteurs de l'IA et du transhumanisme nous promettent un avenir radieux où nous serions délivrés d'une partie de cette enveloppe de notre système nerveux central, dépourvue de valeur, car ne véhiculant aucune information exploitable sous forme d'algorithmes qui pourrait augmenter nos capacités par l'interface avec la machine.
Ce livre nous invite à rompre avec ces évidences. Il cherche à lever les obstacles théoriques qui semblent nous interdire de considérer notre corps comme étant nous-mêmes et la perception comme une saisie directe des choses dans leur réalité, indépendante de notre esprit. Déployant une réflexion sur les principes, il voudrait nous faire prendre conscience de ce que nous sommes à la fois dans le monde et du monde, en sorte que notre destin est inexorablement lié avec le sien.
Aujourd'hui plus que jamais, la tâche de la philosophie n'est pas de nous permettre de transcender notre environnement sensible mais de nous ramener à lui et de nous aider à y reprendre place en méditant « notre condition merveilleusement corporelle », comme dit Montaigne.
Claude Romano enseigne à Sorbonne-Université et à ACU Melbourne. Il a reçu le grand prix de philosophie de l'Académie française en 2020 pour l'ensemble de son oeuvre. Il a récemment publié Être soi-même (Gallimard, 2019) et L'Identité humaine en dialogue (Seuil, 2022). -
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Les anormaux - cours au college de france, 1974-1975
Foucault Michel
- Le Seuil
- 18 Mars 1999
- 9782020307987
Prononcé au Collège de France de janvier à mars 1975, le cours sur « Les Anormaux » poursuit les analyses que Michel Foucault a consacrées depuis 1970, et surtout dans « Il faut défendre la société », à la question du savoir et du pouvoir : pouvoir disciplinaire, pouvoir de normalisation, bio-pouvoir.
C'est à partir de multiples sources, théologiques, juridiques et médicales, que Foucault aborde le problème de ces individus « dangereux » qu'on appelle, au XIXe siècle, les « anormaux ». il en définit les trois figures principales : les monstres, qui font référence aux lois de la nature et aux normes de la société, les incorrigibles, pris en charge par les nouveaux dispositifs de dressage du corps, et les onanistes, qui alimentent, depuis le XVIIIe siècle, une campagne visant à la mise en discipline de la famille moderne.
Les analyses de Foucault prennent comme point de départ des expertises médico-légales qu'on pratique encore dans les années 1950. Il esquisse ensuite une archéologie de l'instinct et du désir, à partir des techniques de l'aveu dans la confession et dans la direction de conscience. Il pose ainsi les prémisses historiques et théoriques de travaux qui seront repris, remaniés, réélaboré dans son enseignement au Collège et dans les ouvrages ultérieurs. Ce cours représente donc une pièce essentielle pour suivre les recherches de Foucault dans leur formation, leurs prolongements et leurs développements.
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Philosophie, éthique et politique ; entretiens et dialogues
Paul Ricoeur
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 20 Avril 2017
- 9782021353327
On retrouve dans ces entretiens, réalisés entre 1981 et 2003, les grands thèmes ricoeuriens : « l'homme capable », la justice et ses conflits, l'action éthique et politique dans la Cité humaine, le sens de la guerre, la force du compromis, la question du mal, les nouvelles questions politiques et morales (l'écologie, la bioéthique). Une curiosité : l'entretien entre Paul Ricoeur et Michel Rocard quand il était Premier ministre. Il s'agit de questions toujours actuelles, qui se posent et se reposent en permanence dans nos démocraties mal portantes. La méthode fait ici partie du contenu : presque toujours sont noués un contexte politique (la fin des idéologies et la séduction des solutions purement techniques), la mise en avant d'institutions (qui inscrivent les questions dans la durée), l'imagination ou l'utopie d'un avenir meilleur. Comme le dit Michaël Foessel, Paul Ricoeur, éducateur politique, ne cesse de rappeler à tous « la pression constante que la morale de conviction exerce sur la morale de responsabilité ». En ce temps de basses eaux démocratiques et d'expansion des populismes, ce rappel des principes de l'action politique et de leurs raisons n'est pas seulement utile : il est absolument nécessaire.
Paul Ricoeur (1913-2005) est une des grandes figures de la philosophie française contemporaine.
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Spectres de Marx : L'État de la dette, le travail du deuil
Jacques Derrida
- Le Seuil
- 8 Novembre 2024
- 9782021568509
En 1993, quatre ans après la chute du mur de Berlin, et en plein triomphe de la démocratie libérale, Jacques Derrida donne une conférence intempestive sur l'héritage de
Marx à l'université de Californie. Spectres de Marx en est le texte augmenté.
Il n'est pas question d'un ralliement tardif au marxisme mais d'un retour de Marx et de tous ceux qui l'ont habité sous forme de spectres dans le nouvel ordre du monde. Il s'agit d'une déconstruction, fidèle à un certain esprit du marxisme, du moins à l'un d'entre eux car il y en a plus d'un. La réconciliation est possible entre une idée devenue
spectrale et un apprendre à vivre enfin, entre un temps disjoint et un temps de longue durée. Pour veiller à l'avenir et penser ce qu'il peut encore advenir, il faut laisser ou rendre la parole aux fantômes ; ils nous rappelleront toujours à notre responsabilité.
Prise de position, geste politique, propos de résistance à l'État mondial, déconstruction du droit international. Tout y est. Lire Spectres de Marx trente ans après sa parution, c'est aussi s'entretenir avec le spectre de Jacques Derrida, saisir l'idée d'une possible révolution à venir. Cette nouvelle édition est augmentée d'un débat inédit avec Étienne
Balibar, tenu le 1er février 1994 au Collège international de Philosophie, de corrections in-texte ultérieures à la première édition, de Jacques Derrida lui-même, et d'extraits de correspondances. -
Trois visées philosophiques traversent cette suite d'études. Selon la première, est cherché pour le soi un statut qui échappe aux alternances d'exaltation et de déchéance qui affectent les philosophies du sujet en première personne : dire soi n'est pas dire je. Tenu pour le réfléchi de toutes les personnes grammaticales - comme dans l'expression : le souci de soi -, le soi requiert le détour d'analyses qui amènent à articuler diversement la question qui ? Qui est le locuteur de discours ? Qui est l'agent ou le patient de l'action ? Qui est le personnage du récit ? A qui est imputée l'action placée sous les prédicats du bon ou de l'obligatoire ?
Deuxième visée : l'identité que suggère le terme «même» est à décomposer entre deux significations majeures : l'identité-idem de choses qui persistent inchangées à travers le temps, et l'identité-ipse de celui qui ne se maintient qu'à la manière d'une promesse tenue.
Enfin, c'est l'antique dialectique du Même et de l'Autre qui doit être renouvelée si l'autre que soi-même se dit de multiples façons ; le «comme» de l'expression «soi-même comme un autre» peut dès lors signifier un lien plus étroit que toute comparaison : soi-même en tant qu'autre.
P. R.
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La société punitive ; cours au collège de France 1972-1973
Michel Foucault
- Le Seuil
- Hautes Etudes
- 5 Décembre 2013
- 9782021038033
" L'organisation d'une pénalité d'enfermement n'est pas simplement récente, elle est énigmatique. Qu'est-ce qui pénètre dans la prison ? En tout cas, pas la loi. Que fabrique-t-elle ? Une communauté d'ennemis intérieurs. " C'est en ces termes que Michel Foucault dénonce, dans ce cours prononcé en 1973 - et que viendra compléter, en 1975, son ouvrage Surveiller et punir - le " cercle carcéral ".
La Société punitive étudie ainsi comment les sociétés traitent les individus ou les groupes dont elles souhaitent se débarrasser, c'est-à-dire les tactiques punitives, mais aussi la prise de pouvoir sur le corps et sur le temps et l'instauration du couple pénalité-délinquance.
Michel Foucault retrace l'histoire des " tactiques fines de la sanction " dont il distingue quatre modalités : exiler ; imposer un rachat ; marquer ; enfermer. C'est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que se développe une " science des prisons " à fonction corrective et que se construit un discours sur le criminel et son traitement possible, donnant naissance à un schéma de société qui vise à l'absolu du contrôle et de la surveillance. L'ajustement entre le système judiciaire et le mécanisme de surveillance (l'organisation d'une police), entre l'émergence de la richesse et la pratique des illégalismes, entre la force corporelle de l'ouvrier et l'appareil de production s'accomplit ensuite au tournant du XIXe siècle. Foucault démontre donc que ce sont les instances de contrôle para-pénal du XVIIe et du XVIIIe siècle qui ont abouti, in fine, au fonctionnement de la prison, visant à l'élimination du désordre, au contrôle de la distribution spatiale des individus, de leur emplacement par rapport à l'appareil productif.
La Société punitive finit par poser la question, cruciale aux yeux du philosophe, de la validité intrinsèque de la loi pénale. A-t-elle vocation universelle ou se limite-t-elle à la douteuse applicabilité d'une somme de décrets ?
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Beautés de l'éphémère : Apologie des bulles de savon
Pierre Zaoui
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 15 Mars 2024
- 9782021558852
Tous les enfants aiment les bulles de savon, ce jeu qui assume le caractère transitoire de tout ce qui est beau et précieux. Les adultes ne devraient pas qu'en sourire, mais aussi s'en réjouir : elles font réapprendre à aimer ce qui brille sans lendemain.
Pierre Zaoui propose un petit traité sur la vacuité de l'existence, nourri du regard des artistes qui se sont emparés du motif exprimant tantôt la nullité de toute chose ici bas, tantôt le sceau de l'éternelle souffrance. Loin de la Vanité à laquelle la tradition philosophique et théologique l'a souvent réduit, il voit dans cet objet parfait et éphémère, transparent et iridescent, la possibilité d'une très soutenable légèreté de l'être.
La bulle n'est pas luxe dérisoire, elle interroge ce que désirer veut dire. Elle n'est pas déni de la mort, mais une manière de l'envisager autrement que sur le mode du pari ou de la tragédie. Car chaque bulle de savon célèbre les noces immémoriales de l'homme et de son ombre. -
Quest-ce que lhistoire ? que font réellement les historiens, de Homère à Max Weber, une fois quils sont sortis de leurs documents et archives et quils procèdent à une « synthèse » ? Font-ils létude scientifique des diverses créations et activités des hommes dautrefois ? Leur science est-elle celle de lhomme en société ?Bien moins que cela ; la réponse à la question na pas changé depuis deux mille deux cents ans que les successeurs dAristote lont trouvée : les historiens racontent des événements vrais qui ont lhomme pour acteur. Lhistoire est un roman vrai.
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Nietzsche : Cours, conférences et travaux
Michel Foucault
- Le Seuil
- Hautes Études
- 31 Mai 2024
- 9782021452853
« Nietzsche et Heidegger, ça a été le choc philosophique ! Mais je n'ai jamais rien écrit sur Heidegger et je n'ai écrit sur Nietzsche qu'un tout petit article ; ce sont pourtant les deux auteurs que j'ai le plus lus », dira Michel Foucault à la fin de sa vie. Puis, il précise : « Je crois que c'est important d'avoir un petit nombre d'auteurs avec lesquels on pense, avec lesquels on travaille, mais sur lesquels on n'écrit pas. »
Les Cours, conférences et travaux sont des témoignages inédits du « travail » de Foucault avec Nietzsche. Ces textes datent des deux grandes périodes de sa vie intellectuelle : d'abord le début des années 1950, quand il s'intéresse à Hegel et à la phénoménologie, ainsi qu'au marxisme. Le jeune Foucault expérimente alors de nouvelles approches pour développer une philosophie fondée sur l'expérience et l'analyse du discours. Ensuite, après la publication des Mots et les Choses en 1966, lorsque Foucault revient avec élan à Nietzsche pour élaborer sa propre méthode généalogique, relançant ainsi son projet d'une histoire de la vérité et du dire vrai.
C'est à travers la confrontation avec Nietzsche que Foucault aura construit sa propre manière de philosopher. Ces Cours, conférences et travaux sont indispensables pour comprendre comment Foucault a lu Nietzsche, en particulier au moment décisif où il le découvre. Ils sont essentiels pour saisir le Nietzsche de Foucault. -
Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien Tome 1 ; la manière et l'occasion
Vladimir Jankélévitch
- Le Seuil
- 1 Janvier 1980
- 9782020053891
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien1. La manière et l'occasion« Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. Titre énigmatique... Quelque chose - ou presque rien - reste hors prise et remet la pensée en mouvement. »Marcel Neusch, La Croix« Une voix merveilleuse, une des plus précieuses et des plus singulières de notre temps. »Catherine Clément, Le Matin« Jamais on n'a écrit de philosophie comme ça. »Michèle Le Doeuff, Libération« Moraliste actuel, à la mesure des inquiétudes de notre temps, de ses urgences... »Christian Delacampagne, Le MondeVladimir Jankélévitch (1903-1985)Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier.
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Du même à l'autre : Deux cours sur Husserl, 1963
Jacques Derrida
- Le Seuil
- Bibliothèque Derrida
- 8 Novembre 2024
- 9782021570892
En 1963, Jacques Derrida consacre deux cours à Husserl dans le cadre de son enseignement à la Sorbonne : « Phénoménologie, téléologie, théologie : le Dieu de Husserl » et « La cinquième des Méditations cartésiennes de Husserl ». Chacun de ces deux textes soigneusement rédigés a les dimensions d'un cours, mené avec une clarté et une maîtrise singulières, mais surtout l'ampleur d'une recherche.
Derrida ne se contente pas d'y exposer les principes fondamentaux de la phénoménologie husserlienne, mais s'interroge sur deux cas-limites - Dieu et autrui - qui risquent de poser un problème à la phénoménologie. Si celle-ci constitue un « retour aux choses mêmes » et n'autorise à parler que de ce qui fait l'objet d'une présentation à la conscience, il n'est pas évident de voir comment elle peut parler de quelque chose comme un alter ego ou un Dieu.
L'examen de ces deux questions permet à Derrida d'éprouver les capacités de la méthode phénoménologique, de souligner sa force, et de montrer jusqu'où elle peut nous mener. Il est aussi l'occasion de montrer l'importance de notre rapport au langage : pour poser différemment certains problèmes métaphysiques traditionnels, et notamment pour comprendre vraiment notre rapport à l'autre (ou à l'Autre), la philosophie doit se mettre à parler autrement qu'elle ne l'a longtemps fait.
Par leur densité philosophique et leur valeur de témoignage dans la trajectoire d'éloignement progressif de Derrida vis-à-vis de la phénoménologie, ces deux cours dessinent l'identité philosophique de Derrida, à partir de son point de départ husserlien.
Édition établie par Raphaël Authier et Édouard Mehl. -
Qu'est-ce que la philosophie et quel est son rôle aujourd'hui ? Entre juillet et octobre 1966, quelques mois après la parution des Mots et les Choses, Michel Foucault, dans un manuscrit très soigneusement rédigé mais qu'il ne publiera pas, apporte sa réponse à cette question tant débattue.
À la différence de ceux qui, à l'époque, s'attachent à dévoiler l'essence de la philosophie ou à en prononcer la mort, Foucault l'appréhende, dans sa matérialité, comme un discours dont il convient de dégager l'économie eu égard aux autres discours (scientifique, fictif, ordinaire, religieux) qui circulent dans un contexte donné.
Le Discours philosophique propose ainsi une nouvelle manière de faire l'histoire de la philosophie, qui la décentre du commentaire des grands philosophes. Nietzsche y occupe toutefois une place particulière car il inaugure une conjoncture où la philosophie devient une entreprise de diagnostic du présent. Il revient en effet désormais à la philosophie de dire, à partir de l'« archive intégrale » d'une culture, ce qui en fait l'actualité.
Si L'Archéologie du savoir, consacré aux enjeux méthodologiques d'un tel projet, s'y annonce, nulle part autant que dans Le Discours philosophique Michel Foucault n'aura explicité les ambitions de son programme intellectuel. -
Les voyages de l'art
Jacques Rancière
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siècle
- 22 Septembre 2023
- 9782021523942
Le moment où l'art a été identifié comme une sphère d'expérience autonome et installé dans les musées et les salles de concert est aussi celui où s'est imposée à lui la nécessité de sortir de lui-même, de devenir autre chose que de l'art.
La musique a prétendu être plus que l'art des musiciens : la langue de l'esprit ou le drame de l'avenir. L'architecture a voulu construire non plus seulement des bâtiments, mais un monde nouveau et cherché pour cela à s'envoler dans les airs. Les artistes révolutionnaires ont décidé de confectionner non plus des tableaux, mais les formes de la vie nouvelle. Et les performances et installations de l'art contemporain se tiennent sur la frontière indécise du dedans et du dehors, de l'art et de la politique.
En suivant quelques-uns de ces voyages, Jacques Rancière montre aussi comment les vieux maîtres, Kant et Hegel, nous aident à en comprendre les détours. -
Depuis quatre mille ans, la culture chinoise - la plus ancienne aujourd'hui parmi les cultures vivantes - offre l'image d'une remarquable continuité. Pourtant, c'est à travers une histoire faite de ruptures radicales, de profondes mutations mais aussi d'échanges avec d'autres cultures, que la Chine a vu naître des pensées aussi originales que celles de Confucius et du taoïsme, et assimilé le bouddhisme avant d'engager à l'ère moderne un dialogue, décisif pour le temps présent et à venir, avec l'Occident. Force est de constater cependant que la plupart des Occidentaux demeurent dans l'ignorance de cette tradition intellectuelle qui n'a fait l'objet que de présentations partielles ou partiales. On se contente souvent d'en retenir certains aspects religieux ou de la réduire à une simple sagesse.Anne Cheng, qui a déjà publié au Seuil une traduction des Entretiens de Confucius qui fait autorité, nous donne ici une synthèse magistrale, utile au curieux comme à l'étudiant. L'évolution de la pensée chinoise y est retracée depuis la dynastie des Shang au deuxième millénaire avant notre ère jusqu'au mouvement du 4 mai 1919 qui marque à la fois la rupture avec le passé et le renouveau d'une pensée qui n'a pas dit son dernier mot.
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Le pouvoir psychiatrique. cours au college de france (1973-1974)
Foucault Michel
- Le Seuil
- 17 Octobre 2003
- 9782020307697
L'histoire de la folie à l'âge classique faisait l'archéologie du partage selon lequel, dans nos sociétés, le fou se trouve séparé du non-fou.
Le récit s'achève sur la médicalisation de la folie au début du xixe siècle. le cours que michel foucault consacre à la fin de 1973 et au début de 1974 au " pouvoir psychiatrique " poursuit cette histoire tout en infléchissant le projet : il s'agit ici de dresser la généalogie de la psychiatrie, de la forme propre de " pouvoir-savoir " qu'elle constitue. pour cela impossible de partir de ce que serait un savoir médical sur la folie, inopérant dans la pratique.
On ne peut rendre compte de la véridiction psychiatrique sur la folie qu'à partir des dispositifs et des techniques de pouvoir qui organisent le traitement des fous dans cette période qui va de pinel à charcot. la psychiatrie ne naît pas comme conséquence d'un nouveau progrès dans la connaissance sur la folie mais des dispositifs disciplinaires dans lesquels s'organise pour lors le régime imposé à la folie.
Michel foucault s'est souvent interrogé sur la vanité du discours des psychiatres, que l'on retrouve dans la pratique toujours contemporaine de l'expertise judiciaire. de ce point de vue, le pouvoir psychiatrique poursuit le projet d'une histoire des " sciences " humaines. le cours s'achève à la fin du xixe siècle au moment de la double " dépsychiatrisation " de la folie, dispersée entre neurologue et psychanalyste.
Mais on trouvera dans le résumé du cours que michel foucault devait préparer pour l'annuaire du collège de france l'essentiel de ce qu'il n'avait peut-être pas eu le temps d'exposer dans ce cours. si bien que le pouvoir psychiatrique va jusqu'à proposer une généalogie des mouvements anti-psychiatriques qui ont tant marqué les " sixties " du siècle précédent.
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Faire ensemble : Reconstruction sociale et sortie du capitalisme
Franck Fischbach
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 31 Octobre 2024
- 9782021532623
Si, dans la société précapitaliste, les moyens de subsistance étaient assurés collectivement, l'entrée dans la modernité industrielle a profondément bousculé ce modèle en séparant deux types d'activité pourtant liées: les activités de production économique et les activités de reproduction sociale, qui englobent le soin (la médecine et le care en général, l'éducation...), improprement appelées improductives et injustement dévolues aux femmes.
Cette désunion moderne va bien au-delà des genres assignés et la violence capitaliste, dans ce qu'elle recèle d'éminemment individualiste, cristallise les dissensions entre les générations, les milieux sociaux, entre les humains et le reste des vivants. Pourtant, il est évident que les relations interpersonnelles et affectives doivent être considérées
comme nécessaires, notamment pour la sphère économique.
Visant le coeur des contradictions du capitalisme, l'auteur porte un regard critique sur cet appauvrissement du lien social et propose une réflexion concrète sur les possibilités d'un travail vivant, un « faire ensemble », comme condition de possibilité du « vivre ensemble ».
Ou comment le faire doit se penser non uniquement dans sa forme productive, mais aussi dans sa dimension pratique, comme condition d'une libération collective. -
Les Lumières à l'âge du vivant
Corine Pelluchon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 7 Janvier 2021
- 9782021425017
Comment défendre les Lumières aujourd'hui ? Leur idéal d'émancipation a-t-il encore un sens ?
On ne saurait se borner à invoquer un esprit des Lumières immuable dans un contexte marqué par le réveil du nationalisme, les crises environnementales et sanitaires et l'augmentation des inégalités. Faire face au danger d'effondrement de notre civilisation sans renoncer à la rationalité philosophico-scientifique, mais en tenant compte de notre dépendance à l'égard de la nature et des autres vivants : telle est la démarche qui fonde ce livre. Pour combattre les anti-Lumières qui souhaitent rétablir une société hiérarchique ou théocratique et répondre aux accusations des postmodernes qui suspectent tout universalisme d'être hégémonique, il faut donc proposer de nouvelles Lumières. Celles-ci supposent de revisiter l'histoire des Lumières, mais aussi de lutter contre l'amputation de la raison qui a été réduite à un instrument de calcul et d'exploitation.
L'objectif des Lumières à l'âge du vivant et de leur projet d'une société démocratique et écologique est bien de destituer le principe de la domination - une domination des autres et de la nature à l'intérieur et à l'extérieur de soi qui traduit un mépris du corps et de la vulnérabilité.