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Philosophie généralités
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Ce volume contient l'intégralité du texte des Mythologies et environ 120 illustrations.
Parues en 1957, les Mythologies de Roland Barthes constituent un cas à part dans l'édition : depuis plus de cinquante ans, elles ont eu des centaines de milliers de lecteurs ; attachées à saisir une époque, elles n'ont pourtant pas pris une ride. Bref, les Mythologies sont désormais inscrites dans notre patrimoine littéraire.
Pourquoi illustrer les Mythologies ? Avant tout parce que leur objet est très souvent visuel. On sait l'intérêt que Barthes portait à la photographie. Son regard sur la presse (Paris-Match, Elle), la publicité, etc. est tout aussi omniprésent dans le livre. Ce volume entend donc donner à voir l'univers visuel de Barthes, le texte caché en quelque sorte.
Le résultat est fort, surprenant, parfois drôle.
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La sagesse expliquée à ceux qui la cherchent
Frédéric Lenoir
- Le Seuil
- Expliqué À ...
- 8 Novembre 2018
- 9782021369595
« Tu aspires sans doute, ami lecteur, à une vie réussie. Non pas nécessairement à réussir dans la vie, mais à mener une existence bonne et heureuse. Depuis toujours, partout dans le monde, des hommes et des femmes nourrissent cette aspiration et travaillent à la mettre en oeuvre. Tous estiment que ce qui donne sens à notre vie, c'est de grandir en humanité. Je suis pour ma part convaincu que cet idéal philosophique de sagesse reste l'objet d'une quête on ne peut plus actuelle, car nous ne sommes pas sur terre seulement pour assurer notre sécurité matérielle, nous divertir et consommer ».
Comment être soi et s'accorder au monde ? Devenir plus aimant et vertueux ? Trouver le chemin de la libération intérieure ? Grandir dans la joie et trouver la sérénité ? Autant de questions auxquelles Frédéric Lenoir, lui-même en quête de sagesse depuis l'adolescence, répond avec sincérité et simplicité, nous conduisant à sa suite sur les traces de ses inspirateurs, tels Épicure, Epictète, le Bouddha, Tchouang-tseu, Montaigne, Spinoza ou Etty Hillesum, s'inspirant même de la sagesse des enfants.
Un livre lumineux et dense comme la sagesse.
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Il faut défendre la société ; cours au Collège de France, 1976
Michel Foucault
- Le Seuil
- Hautes Études
- 27 Février 1997
- 9782020231695
Dans le cours de 1976, « Il faut défendre la société », Michel Foucault s'interroge sur la pertinence du modèle de la guerre pour analyser les relations de pouvoir.
Michel Foucault en définit deux formes : le pouvoir disciplinaire, qui s'applique sur le corps par le moyen des techniques de surveillance et des institutions punitives, et ce qu'il appellera désormais le « bio-pouvoir », qui s'exerce sur la population, la vie et les vivants. Analysant les discours sur la guerre des races et les récits de conquête (notamment chez Boulainvilliers), Michel Foucault dresse la généalogie du bio-pouvoir et des racismes d'État. La logique des rapports entre pouvoir et résistance n'est pas celle du droit mais celle de la lutte : elle n'est pas de l'ordre de la loi mais de celui de la stratégie. La question est dès lors de savoir s'il convient de renverser l'aphorisme de Clausewitz et de poser que la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens.
Le cours présenté ici a été prononcé de janvier à mars 1976 au Collège de France, c'est-à-dire entre la sortie de Surveiller et Punir et celle de La Volonté de savoir. Il inaugure la publication des cours de Foucault au Collège de France, établie sous la direction de François Ewald et d'Alessandro Fontana, dans la collection « Hautes Études ».
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« J'ai longtemps pensé que l'acte de consentir relevait de l'intimité la plus grande, mélange de désir et de volonté dont la vérité gisait dans un moi profond. Lorsque j'ai entendu ce mot consentement dans des enceintes politiques, Parlement européen, débats télévisuels, discussions associatives, j'ai compris qu'il pénétrait l'espace public comme un argument de poids.
Je voyais bien que la raison du consentement, utilisée pour défendre le port du foulard, ou exercer le métier de prostituée, s'entourait de principes politiques avérés, la liberté, la liberté de choisir, la liberté offerte par notre droit ; et la résistance, la capacité de dire non à un ordre injuste. Car dire « oui », c'est aussi pouvoir dire « non », l'âpreté de l'établissement d'un viol nous le rappelle méchamment.
J'ai beaucoup cherché, des années durant, à identifier les lieux de l'autonomie des femmes contemporaines. Ce travail sur le consentement m'entraîne, désormais, dans la pensée du lien, du mouvement de l'un vers l'autre des êtres, de chacun des êtres que nous sommes. Par là commence, ainsi, la construction d'un monde. »
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Trois visées philosophiques traversent cette suite d'études. Selon la première, est cherché pour le soi un statut qui échappe aux alternances d'exaltation et de déchéance qui affectent les philosophies du sujet en première personne : dire soi n'est pas dire je. Tenu pour le réfléchi de toutes les personnes grammaticales - comme dans l'expression : le souci de soi -, le soi requiert le détour d'analyses qui amènent à articuler diversement la question qui ? Qui est le locuteur de discours ? Qui est l'agent ou le patient de l'action ? Qui est le personnage du récit ? A qui est imputée l'action placée sous les prédicats du bon ou de l'obligatoire ?
Deuxième visée : l'identité que suggère le terme «même» est à décomposer entre deux significations majeures : l'identité-idem de choses qui persistent inchangées à travers le temps, et l'identité-ipse de celui qui ne se maintient qu'à la manière d'une promesse tenue.
Enfin, c'est l'antique dialectique du Même et de l'Autre qui doit être renouvelée si l'autre que soi-même se dit de multiples façons ; le «comme» de l'expression «soi-même comme un autre» peut dès lors signifier un lien plus étroit que toute comparaison : soi-même en tant qu'autre.
P. R.
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Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien Tome 1 ; la manière et l'occasion
Vladimir Jankélévitch
- Le Seuil
- 1 Janvier 1980
- 9782020053891
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien1. La manière et l'occasion« Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. Titre énigmatique... Quelque chose - ou presque rien - reste hors prise et remet la pensée en mouvement. »Marcel Neusch, La Croix« Une voix merveilleuse, une des plus précieuses et des plus singulières de notre temps. »Catherine Clément, Le Matin« Jamais on n'a écrit de philosophie comme ça. »Michèle Le Doeuff, Libération« Moraliste actuel, à la mesure des inquiétudes de notre temps, de ses urgences... »Christian Delacampagne, Le MondeVladimir Jankélévitch (1903-1985)Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier.
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" qu'est-ce que la musique ? se demande gabriel fauré à la recherche du " point intraduisible ", de la très irréelle chimère qui nous élève " au-dessus de ce qui est.
". c'est l'époque oú fauré ébauche le second mouvement de son premier quintette, et il ne sait pas ce qu'est la musique, ni même si elle est quelque chose ! il y a dans la musique une double complication, génératrice de problèmes métaphysiques et de problèmes moraux, et bien faite pour entretenir notre perplexité. car la musique est à la fois expressive et inexpressive, sérieuse et frivole, profonde et superficielle ; elle a un sens et n'a pas de sens.
La musique est-elle un divertissement sans portée ? ou bien est-elle un langage chiffré et comme le hiéroglyphe d'un mystère ? ou peut-être des deux ensemble ? mais cette équivoque essentielle a aussi un aspect moral : il y a un contraste déroutant, une ironique et scandaleuse disproportion entre la puissance incantatoire de la musique et l'inévidence foncière du beau musical. " v. j.
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Depuis quatre mille ans, la culture chinoise - la plus ancienne aujourd'hui parmi les cultures vivantes - offre l'image d'une remarquable continuité. Pourtant, c'est à travers une histoire faite de ruptures radicales, de profondes mutations mais aussi d'échanges avec d'autres cultures, que la Chine a vu naître des pensées aussi originales que celles de Confucius et du taoïsme, et assimilé le bouddhisme avant d'engager à l'ère moderne un dialogue, décisif pour le temps présent et à venir, avec l'Occident. Force est de constater cependant que la plupart des Occidentaux demeurent dans l'ignorance de cette tradition intellectuelle qui n'a fait l'objet que de présentations partielles ou partiales. On se contente souvent d'en retenir certains aspects religieux ou de la réduire à une simple sagesse.Anne Cheng, qui a déjà publié au Seuil une traduction des Entretiens de Confucius qui fait autorité, nous donne ici une synthèse magistrale, utile au curieux comme à l'étudiant. L'évolution de la pensée chinoise y est retracée depuis la dynastie des Shang au deuxième millénaire avant notre ère jusqu'au mouvement du 4 mai 1919 qui marque à la fois la rupture avec le passé et le renouveau d'une pensée qui n'a pas dit son dernier mot.
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«L'ouvrage comporte trois parties nettement délimitées par leur thème et leur méthode. La première, consacrée à la mémoire et aux phénomènes mnémoniques, est placée sous l'égide de la phénoménologie au sens husserlien du terme. La deuxième, dédiée à l'histoire, relève d'une épistémologie des sciences historiques. La troisième, culminant dans une méditation sur l'oubli, s'encadre dans une herméneutique de la condition historique des humains que nous sommes.Mais ces trois parties ne font pas trois livres. Bien que les trois mâts portent des voilures enchevêtrées mais distinctes, ils appartiennent à la même embarcation destinée à une seule et unique navigation. Une problématique commune court en effet à travers la phénoménologie de la mémoire, l'épistémologie de l'histoire, l'herméneutique de la condition historique : celle de la représentation du passé.Je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donne le trop de mémoire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire - et d'oubli. L'idée d'une politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués.»Paul Ricoeur
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Les Lumières à l'âge du vivant
Corine Pelluchon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 7 Janvier 2021
- 9782021425017
Comment défendre les Lumières aujourd'hui ? Leur idéal d'émancipation a-t-il encore un sens ?
On ne saurait se borner à invoquer un esprit des Lumières immuable dans un contexte marqué par le réveil du nationalisme, les crises environnementales et sanitaires et l'augmentation des inégalités. Faire face au danger d'effondrement de notre civilisation sans renoncer à la rationalité philosophico-scientifique, mais en tenant compte de notre dépendance à l'égard de la nature et des autres vivants : telle est la démarche qui fonde ce livre. Pour combattre les anti-Lumières qui souhaitent rétablir une société hiérarchique ou théocratique et répondre aux accusations des postmodernes qui suspectent tout universalisme d'être hégémonique, il faut donc proposer de nouvelles Lumières. Celles-ci supposent de revisiter l'histoire des Lumières, mais aussi de lutter contre l'amputation de la raison qui a été réduite à un instrument de calcul et d'exploitation.
L'objectif des Lumières à l'âge du vivant et de leur projet d'une société démocratique et écologique est bien de destituer le principe de la domination - une domination des autres et de la nature à l'intérieur et à l'extérieur de soi qui traduit un mépris du corps et de la vulnérabilité.
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" le monde de la perception, c'est-à-dire celui qui nous est révélé par nos sens et par l'usage de la vie, semble à première vue le mieux connu de nous, puisqu'il n'est pas besoin d'instruments ni de calculs pour y accéder, et qu'il nous suffit, en apparence, d'ouvrir les yeux et de nous laisser vivre pour y pénétrer.
Pourtant ce n'est là qu'une fausse apparence. je voudrais montrer dans ces causeries qu'il est dans une large mesure ignoré de nous tant que nous demeurons dans l'attitude pratique ou utilitaire, qu'il a fallu beaucoup de temps, d'efforts et de culture pour le mettre à nu, et que c'est un des mérites de l'art et de la poésie modernes (j'entends par là l'art et la pensée depuis 50 ou 70 ans) de nous faire redécouvrir ce monde oú nous vivons mais que nous sommes toujours tentés d'oublier.
" m m-p.
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Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien Tome 2 ; la méconnaissance, le malentendu
Vladimir Jankélévitch
- Le Seuil
- 1 Janvier 1980
- 9782020053907
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien2. La méconnaissance. Le malentendu« La lueur timide et fugitive, l'instant-éclair, le silence, les signes évasifs - c'est sous cette forme que choisissent de se faire connaître les choses les plus importantes de la vie. Il n'est pas facile de surprendre la lueur infiniment douteuse, ni d'en comprendre le sens. Cette lueur est la lumière clignotante de l'entrevision dans laquelle le méconnu soudainement se reconnaît. Plus impalpable que le dernier soupir de Mélisande, la lueur mystérieuse ressemble à un souffle léger... »V. J.Vladimir Jankélévitch (1903-1985)Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier.
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L'imprescriptible ; pardonner ? dans l'honneur et la dignité
Vladimir Jankélévitch
- Le Seuil
- 1 Novembre 1986
- 9782020093835
L'imprescriptible « Le pardon est mort dans les camps de la mort. » Qui a bien pu écrire une telle phrase ? Un philosophe, un Juif, un Français, un moraliste ? Oui, mais surtout un survivant, un survivant mystérieusement sommé de protester sans relâche contre l'indifférence. Sous le titre L'Imprescriptible se trouvent en effet réunis deux textes : Pardonner ? et Dans l'honneur et la dignité, parus respectivement en 1971 et 1948, qui tentent de maintenir « jusqu'à la fin du monde » le deuil de toutes les victimes du nazisme, déportés ou résistants.
Jankélévitch, philosophe de l'occasion, n'a jamais cru bon d'attendre « l'occasion » d'exprimer sa colère et sa pitié. C'était toujours pour lui le moment de rappeler que la mémoire de l'horreur constitue une obligation morale.
Vladimir Jankélévitch (1903-1985) Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier, notamment Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien.
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Imprévue et cependant régulière, toujours nouvelle et toujours intelligible, la mode n'a cessé d'intéresser les psychologues, les esthéticiens, les sociologues. C'est pourtant d'un point de vue nouveau que Roland Barthes l'interroge : la saisissant à travers les descriptions de la presse, il dévoile en elle un système de significations et la soumet à une véritable analyse sémantique : comment les hommes font-ils du sens avec leur vêtement et leur parole ?Ce livre, devenu un classique, est un des exemples les plus brillants d'application de la sémiologie à un phénomène culturel.Roland Barthes (1915-1980)Sémiologue, essayiste, il a élaboré une pensée critique singulière, en constant dialogue avec la pluralité des discours théoriques et des mouvements intellectuels de son époque, tout en dénonçant le pouvoir de tout langage institué. Il est notamment l'auteur du Degré zéro de l'écriture (1953) et de Fragments d'un discours amoureux (1977).
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La condition anarchique ; affects et institutions de la valeur
Frédéric Lordon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 4 Octobre 2018
- 9782021406801
Disons les choses d'emblée : la condition anarchique ici n'a rien à voir avec l'anarchisme qui intéresse la théorie politique. Lue étymologiquement, comme absence de fondement, an-arkhé, elle est le concept central d'une axiologie générale et critique. Générale parce qu'elle prend au sérieux qu'on parle de « valeur » à propos de choses aussi différentes que l'économie, la morale, l'esthétique, ou toutes les formes de grandeur, et qu'elle en cherche le principe commun. Critique parce qu'elle établit l'absence de valeur des valeurs, et pose alors la question de savoir comment tient une société qui ne tient à rien.
Aux deux questions, une même réponse : les affects collectifs. Ce sont les affects qui font la valeur dans tous les ordres de valeur. Ce sont les affects qui soutiennent la valeur là où il n'y a aucun ancrage. Dans la condition anarchique, la société n'a que ses propres passions pour s'aider à méconnaître qu'elle ne vit jamais que suspendue à elle-même.
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Si l'histoire de la philosophie a donné lieu à quelques monuments éditoriaux depuis un siècle, très rares ont été les entreprises synthétiques, accessibles aux néophytes comme aux initiés, et retraçant en un unique volume plus de deux millénaires de débats et de révolutions intellectuels.
C'est le défi de la présente Histoire de la philosophie, somme rédigée par des spécialistes de toutes nationalités, qui offre une présentation avisée et didactique de l'ensemble de la tradition occidentale, des origines à nos jours. Le lecteur y est guidé parmi la pensée et les oeuvres des principaux philosophes, depuis les premiers penseurs de l'Antiquité grecque jusqu'aux auteurs qui réfléchissent aujourd'hui à notre connaissance de la nature, des nouvelles technologies ou au gouvernement de la cité.
Il pénètre en outre au coeur des grandes joutes culturelles, religieuses, scientifiques ou politiques auxquelles les philosophes ont pris part ; celles-là mêmes au sein desquelles la philosophie s'est élaborée, renouvelée et ne cesse de poursuivre son questionnement.
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La société des affects ; pour un structuralisme des passions
Frédéric Lordon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 19 Septembre 2013
- 9782021119831
Après avoir longtemps refusé d'y toucher, les sciences sociales découvrent que la société marche aux désirs et aux affects. Mais quand on voit que l'économie, bien dans sa manière, poursuit son fantasme de science dure en s'associant maintenant avec la neurobiologie, on devine que le risque est grand que le " tournant émotionnel " porte à son comble le retour à l'individu et signe l'abandon définitif des structures, institutions, rapports sociaux, par construction coupables de ne pas faire de place aux choses vécues.
Comment articuler les émotions des hommes et le poids de détermination des structures ? Comment penser ensemble ces deux aspects également pertinents, et manifestement complémentaires, de la réalité sociale - que rien ne devrait opposer en principe ? Tel est le projet de " structuralisme des passions " que Frédéric Lordon expose dans ce livre brillant et roboratif. Mobilisant les textes de Spinoza, mais aussi de Marx, Bourdieu et Durkheim, il s'efforce de penser la part passionnelle des structures du capitalisme et de leurs crises historiques successives.
Économiste devenu philosophe, Frédéric Lordon s'attache au fond par ce travail à la " réfection de nos sous-sols mentaux ". Parce que la destruction du socle métaphysique de la pensée libérale est un préalable indispensable à la transformation politique des structures.
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Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien Tome 3 ; la volonté de vouloir
Vladimir Jankélévitch
- Le Seuil
- 1 Janvier 1980
- 9782020053914
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien3. La volonté de vouloir« L'oiseau n'est pas un docteur ès sciences qui puisse expliquer pour ses confrères le secret du vol. Pendant qu'on discute sur son cas, l'hirondelle, sans autres explications, s'envole devant les docteurs ébahis... Et de même il n'y a pas de volonté savante qui puisse expliquer à l'Académie le mécanisme de la décision : mais, en moins de temps qu'il n'en faut pour dire le monosyllabe Fiat, l'oiseau Volonté a déjà accompli le saut périlleux, le pas aventureux, le vol héroïque du vouloir ; la volonté, quittant le ferme appui de l'être, s'est déjà élancée dans le vide. »V. J.Vladimir Jankélévitch (1903-1985)Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier.
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Le hasard et la nécessité ; essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne
Jacques Monod
- Le Seuil
- 1 Octobre 1970
- 9782020028127
"Il est imprudent aujourd'hui, de la part d'un homme de science, d'employer le mot de "philosophie", fût-elle "naturelle" dans le titre (ou même le sous-titre) d'un ouvrage. C'est l'assurance de le voir accueilli avec méfiance par les hommes de science et, au mieux, avec condescendance par les philosophes. Je n'ai qu'une excuse, mais je la crois légitime : le devoir qui s'impose, aujourd'hui plus que jamais, aux hommes de science de penser leur discipline dans l'ensemble de la culture moderne pour l'enrichier non seulement de connaissances techniquement importantes, mais aussi des idées venues de leur science qu'ils peuvent croire humainement signifiantes. L'ingénuité même d'un regard neuf (celui de la science l'est toujours) peut parfois éclairer d'un jour nouveau d'anciens problèmes... Cet essai ne prétend nullement exposer la biologie entière mais tente franchement d'extraire la quintessence de la théorie moléculaire du code... Je ne puis que prendre la pleine responsabilité des développements d'ordre éthique sinon politique que je n'ai pas voulu éviter, si périlleux fussent-ils ou naïfs ou trop ambitieux qu'ils puissent, malgré moi, paraître : la modestie sied au savant, mais pas aux idées qui l'habitent et qu'il doit défendre."Jacques Monod
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Histoire de la philosophie de Thomas d'Aquin à Kant
Martin Heidegger
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 10 Novembre 2023
- 9782021421545
Au semestre d'hiver 1926-1927, tandis que Heidegger est en train d'achever son maître-livre Être et Temps, il dispense un cours qui offre une grande traversée dans l'histoire de la philosophie. Celui-ci constitue à bien des égards le laboratoire de l'ouvrage.
Heidegger y trace en effet un chemin entre la métaphysique moderne et la théologie médiévale, en avançant l'idée que la doctrine moderne de l'être qui se déploie autour du « Je » cartésien doit se comprendre à partir de la doctrine de saint Thomas. Le philosophe scolastique apparaît lui-même comme le point de consolidation de la métaphysique antique, entièrement refondue dans le cadre de la théologie chrétienne. Heidegger entreprend ensuite une analyse - inédite dans son oeuvre - de l'Éthique de Spinoza, faisant émerger le spinozisme comme la seule philosophie moderne, avant Hegel, qui soit parvenue à penser l'être absolument.
Tout en corrigeant l'idée que Heidegger aurait exclu Spinoza de sa compréhension de la métaphysique, ces leçons représentent également un document de premier ordre pour reconstituer la genèse de sa réflexion : ce serait pour pallier les lacunes d'une métaphysique au sein de laquelle l'être est rabattu sur la substance ou le sujet que le philosophe se serait vu confronté à la nécessité de tenter un nouveau commencement pour la pensée. -
Longtemps indisponible, le Montesquieu de Jean Starobinski n'est pas seulement son premier essai, publié en 1953. C'est un livre que le critique jugeait essentiel, au point de le reprendre et le prolonger en 1994. Si Montesquieu l'a ainsi accompagné toute sa vie, c'est qu'il est un penseur sans cesse actualisé par l'histoire, qu'il est l'homme de la « modération », cette « attitude qui rend possibles la plus vaste ouverture sur le monde et le plus large accueil ».
Comme le montre Martin Rueff dans sa préface inédite, entendre l'appel à la modération de Montesquieu en 1953 revenait à chercher une voix de la raison alors que l'on peinait à prendre la mesure du chaos et des exterminations de la Seconde Guerre mondiale tout en entrant dans la guerre froide et les guerres d'indépendance. En 1994, cet appel prenait encore un autre sens tandis que le mur de Berlin venait de tomber et que les (dés)équilibres géopolitiques se modifiaient. Le lire aujourd'hui ouvre de nouvelles perspectives : pour Jean Starobinski, « l'idée de modération, chez Montesquieu, implique une perpétuelle vigilance ».
À travers le portrait sensible d'un « homme de bibliothèque » et « infatigable liseur », penseur mais aussi vigneron, tout autant attaché à ses terres que voyageur, écrivain de la « rapidité discontinue », Jean Starobinski explicite une pensée centrale du siècle des Lumières, toute de raison et de liberté, de réflexion et d'action. -
Philosophe éprouvé par la vie, cherchant dans les textes les vérités nécessaires à « la construction de soi » et puisant en eux l'élan spirituel de la joie, Alexandre Jollien nous offre le troisième volet d'une quête spirituelle exigeante et sincère. Comment se libérer des passions et des attachements qui entravent la joie de vivre et d'être soi ? se demande-t-il.
Recourant à la forme intime du Journal, le philosophe se met à nu, non pour s'exhiber mais pour ausculter l'insatisfaction, la honte de son corps, la colère... qui résistent aux paroles vraies d'un Spinoza, d'un Montaigne ou d'un Sénèque dont il est pourtant imprégné. Son âme nue face au miroir, il explore le paradoxe qu'il y a à être considéré comme un maître de vie et à être soi- même d'une fragilité absolue, ou encore sa dépendance affective à l'égard de ceux qui le célèbrent. La nudité du philosophe devient alors épreuve : celle que lui font subir son sentiment d'impuissance et sa cruelle fascination pour le corps des autres hommes, sur qui il projette la perfection dont il se sent privé. Cette émouvante méditation témoigne du difficile chemin pour être soi, pour se tenir en joie. Mais peu à peu l'expérience éprouvante de la nudité se transforme en celle, rayonnante, du dénuement spirituel, qui n'est autre que disponibilité à la joie. Alexandre Jollien s'y dévoile davantage, et le lecteur le quitte plus attaché encore à ce souffle spirituel et philosophique qui fait sa marque.