Philosophie contemporaine
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La modernité est aujourd'hui en péril. Dans les sociétés occidentales, l'universel est supplanté par le triomphe des particularités. Les grands principes, fondés sur les droits de l'homme, par les revendications communautaires. L'esprit scientifique par le règne des croyances, des mythes et des songes.
Partout, la raison s'efface devant la dictature des sentiments et des passions. La pensée commune ne promeut plus que l'essor de l'ego, de la subjectivité et de la quotidienneté comme ultime épopée.
Sur le plan géopolitique, l'empire de l'Occident laisse place au déploiement triomphal des particularités nationales. Ayant perdu le noyau qui l'avait auparavant structuré, le monde se fragmente et voit se multiplier discordes et conflits.
C'est ce tableau accidenté, plein de ruptures et de regrets, que peint Chantal Delsol dans cet ouvrage saisissant, poursuivant la réflexion amorcée dans Le Crépuscule de l'universel.
Un essai lumineux, crucial, indispensable pour qui veut savoir où nous en sommes et où nous allons. -
Le rythme de la vie : Variations sur l'imaginaire postmoderne
Michel Maffesoli
- Cerf
- Lexio
- 13 Février 2025
- 9782204167796
D'une part, le rejet de la politique, le mépris pour la presse, le refus du débat d'idées. De l'autre, l'explosion des réseaux sociaux, le culte de l'apparence physique, le règne du plaisir, du débordement, voire du chaos. Serait-ce là l'émergence d'une nouvelle barbarie ? Bien au contraire, affirme Michel Maffesoli.
Par-delà ses excès, ce renversement des valeurs nous invite à retrouver le rythme de la vie au plus profond de nos existences. Délivré des carcans du rationalisme, notre imaginaire renoue avec la sensibilité. Notre identité redevient multiple. Décryptant les idéologies postmodernes et les transmutations épochales, convoquant les sagesses d'hier comme les mythes d'aujourd'hui, c'est une leçon dionysiaque que le penseur du tribalisme nous offre ici.
Un hymne à la vie. -
Après la Seconde Guerre mondiale et la chute du mur de Berlin, nous avons cru à la victoire définitive de notre vision du monde, caractérisée par l'individualisme libéral, le cosmopolitisme et la démocratie des droits de l'homme. Mais depuis le tournant du siècle, plusieurs cultures mondiales s'opposent clairement et fermement aux principes occidentaux considérés jusque-là comme universels. La démocratie est décriée ou dégradée, et l'autocratie nommément défendue, en Chine et à Singapour, dans certains pays musulmans, en Russie. En outre, apparaissent au sein même de l'Occident des gouvernements dits populistes ou illibéraux, opposés au libéralisme et à l'individualisme postmodernes. Ce débat conflictuel déployé tant sur le plan occidental que sur le plan mondial traduit un nouvel assaut de la vision du monde traditionnelle, holiste, face à la vision progressiste et individualiste.
Des deux côtés fleurissent les excès. En Occident, l'humanisme classique transformé en humanitarisme. En face, des cultures parfois devenues des idéologisations de leurs traditions. C'est un énième épisode, mondialisé, de la discorde entre les modernes et les anti-modernes : ce qu'on a appelé au xxe siècle la « guerre des dieux ». -
La haine des juifs : entretiens avec Danielle Cohen-Levinas
Jean-Luc Nancy, Danielle Cohen-Levinas
- Cerf
- 25 Mai 2022
- 9782204150804
Jean-Luc Nancy nous a quittés avant la publication de ce livre d'entretiens auquel il tenait. Il porte sur l'antisémitisme et le rejet des Juifs. Pourquoi hait-on les Juifs ? Comment le judaïsme a-t-il survécu à la pulsion d'extermination ? Comment vivre avec l'antisémitisme quand on est juif ?
Autant de questions, et bien d'autres, que ces entretiens soulèvent : les origines de l'antisémitisme, sa singularité irréductible, le rôle du christianisme dans sa constitution, la distinction entre antijudaïsme et antisémitisme, l'impensé que l'exclusion des Juifs représente dans l'histoire de la philosophie, le cas Heidegger depuis la sortie des Cahiers noirs, le phénomène de banalisation, les questions théologico-politiques, ou encore le renouveau de l'antisémitisme. La haine des Juifs semble être un fait civilisationnel avéré, que Jean-Luc Nancy analyse ici sous la forme d'un dialogue sans concession avec Danielle Cohen-Levinas. -
Heidegger : Pensée de l'être et origine de la subjectivité
Maxence Caron, Jean-françois Marquet
- Cerf
- Nuit Surveillee
- 1 Mars 2005
- 9782204077323
Ce livre est à l'heure actuelle et tout simplement le seul ouvrage d'ensemble sur la pensée de Heidegger.
Si beaucoup tentent aujourd'hui, avec plus ou moins de bonheur, d'utiliser en sens unique l'incontournable lexique heideggerien et, même en s'en voulant les contradicteurs, présupposent ainsi en cette oeuvre puissante une unité fondamentale, la possibilité de cette unité demeure paradoxalement la paralysante zone d'ombre interdisant encore l'accès au plus grand monument de la pensée contemporaine. Tout se passe comme si la longévité de Heidegger avait suffi à le rendre classique.
Face à une pensée qui est devenue, consciemment ou non, une constante référence pour chacun, il était donc urgent de donner enfin à un auteur classique une monographie classique le concernant. Les études sur Heidegger sont fournies mais dispersées, épaisses mais éparses. Confronté à l'éclatement des recherches concernant une couvre elle-même tout à la fois monothématique et singulièrement éparse, cet ouvrage met en évidence et en couvre la cohérence qui maintient en un tout les multiples affluents du fleuve heideggerien.
Constamment tourné vers ce que l'histoire de la pensée a légué de plus essentiel, Heidegger ne cesse néanmoins d'appeler le lecteur à ce que cette immense tradition pane encore de décisif pour notre avenir.
C'est pourquoi un ouvrage qui entend restituer la cohérence de cette pensée retrace par la même occasion la totalité du chemin emprunté par la philosophie depuis son commencement, et séjourne au coeur de chacune des étapes de cette somptueuse histoire. Des présocratiques à Platon, d'Aristote à Descartes, de Kant à Nietzsche et Husserl en passant par Fichte et Hegel, cette étude regarde s'organiser l'imperturbable méditation de Heidegger d'abord dans sa confrontation avec les grandes époques de la pensée occidentale, puis dans sa teneur propre.
La parole heideggerienne est réputée difficile.
Une monographie qui entend être lisible ne peut se contenter de paraphraser la langue de l'auteur qu'elle choisit. C'est la raison pour laquelle Maxence Caron choisit - comme pour conjurer Babel et en accord avec l'esprit qui anime les oeuvres de Heidegger-de laisser la parole poétique accompagner la pensée. On croisera ainsi sur le chemin de l'explication des figures telles que celles de Mallarmé ou de Rimbaud : on lira également Supervielle, Rilke, Hugo, saint Jean de la Croix, Michaux, Claudel, Novalis, Valéry, saint John Perse, Péguy, Char, et bien entendu Hôlderlin dont la pensée heideggerienne a peut-être voulu ne devenir que la conscience.
En suivant le chemin de Heidegger, nous accédons à la dernière grande pensée de l'histoire et avançons pas à pas au côté de celui qui a éperdument voulu retrouver la " magnificence du Simple.
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Raison instrumentale , désenchantement du monde , narcissisme contemporain : le philosophe Charles Taylor reprend ces trois thèmes dominants du malaise de la modernité. À l'écart des redondances de la mode et des facilités de la critique, il montre pourquoi l'éthique de la réalisation de soi, noyau consistant de l'individualisme, recèle une aspiration dont les présupposés bien compris seraient en fait incompatibles avec l'instrumentalisme et l'égoïsme possessif.
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Comment le désamour de la réalité se cache sous les fausses lucidités.
Quand Chantal Delsol dénonce le véritable mal du siècle : notre désamour de la réalité.
Le xxe siècle a été dévasté par les totalitarismes qui, espérant transfigurer le monde, n'ont abouti qu'à le défigurer. Et si ces illusions ne nous avaient pas quittés ? En effet, tout en rejetant avec force le totalitarisme comme terreur, il semble que nous ayons poursuivi les tentatives de transfiguration.
Ceux qui veulent encore remplacer ce monde s'opposent aujourd'hui à ceux qui veulent le défendre et le protéger ; les démiurges s'opposent aux jardiniers. Dans cet essai cinglant et sans compromis, Chantal Delsol définit ainsi le projet de la modernité tardive : une émancipation totale de la réalité et un désamour du passé. -
Jamais les droits de l'homme n'ont été aussi maltraités. On les invoque à tout bout de champ. Pour justifier des dérives politiques, des interventions militaires, des prérogatives communautaristes. On les galvaude, on les tord, on les vide de leur substance. Ce grand traité classique de Guy Haarscher rompt avec la confusion dominante.
Déroulant leur fil historique qui balance entre individualisme et universalisme, entre justice et force, entre raison et tradition, il renoue avec leur sens premier. Une méthode sûre pour retrouver la vérité de notre humanité contre tous les fanatismes.
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De l'Antiquité à aujourd'hui en passant par le Moyen Âge, voici la grande histoire inédite de la loi naturelle dont le concept anime le débat contemporain sur l'éthique et la bioéthique. Un panorama indispensable.
On dit que la nature est en danger. Que notre nature humaine est menacée. Que nos démocraties périclitent.
Aurions-nous transgressé une " loi naturelle " sans laquelle tout ce qui vit se dénature ? Sur fond de catastrophe, des philosophes d'apocalypse nous assurent que oui. Mais quel contenu donnent-ils à cette loi naturelle qui, sous couvert d'intuition universelle, fut si souvent instrumentalisée par les puissants ? La question est d'autant plus actuelle que l'informatisation des normes nous englue dans un monde fabriqué.
Pour enrichir ce débat, Élisabeth Dufourcq en explore les origines antiques et les reconstructions médiévales, en terre d'islam comme en chrétienté. Elle retraduit du latin des textes oubliés qui, dès les origines, plaidaient en faveur d'un esprit de recherche plus que de certitude. Un esprit d'observation plus que de scolastique. Une sympathie qui nous engage et conduit à ce naturel qui nous appelle depuis la nuit des temps.
Novateur et passionnant. -
Aux origines des sciences modernes ; l'Eglise est-elle contre la science ?
Remi Sentis
- Cerf
- 5 Novembre 2020
- 9782204137621
La foi aurait-elle persécuté la raison ? Dénonçant ce mythe facile, c'est en philosophe des sciences que Rémi Sentis réécrit l'histoire des relations en réalité passionnées entre l'Église et l'Académie. Un travail visionnaire qui éclaire le présent par le passé. À savourer.
La foi contre l'intelligence, l'inquisition contre l'expérimentation, mais aussi Galilée ou Copernic contre Dieu : la légende noire d'une exclusion réciproque entre Révélation et Science tient-elle face à la description des avancées scientifiques durant les trois siècles précédant Newton ? Non, répond Rémi Sentis en se fondant sur l'histoire. Toutes les relations entre l'Église et la science montrent au contraire un rapport autrement complexe et, surtout, infiniment plus fécond, singulièrement au regard de l'anatomie, de l'astronomie, de la physique, de la chimie ou de l'alchimie. Alors que la science semble toujours en recherche de conscience, et que les scientifiques cherchent des modèles d'explication intégrant la dimension mystérique de la vie et de l'univers, il convient d'approfondir un dialogue en rappelant qu'en fait, celui-ci n'a jamais cessé.
Les sciences modernes ne seraient-elles pas nées dans un creuset chrétien ? Un magnifique traité de l'anti-préjugé, un voyage extraordinaire dans les pas de nombreux historiens des sciences, un appel à voir plus loin. -
Le premier livre fulgurant d'un jeune philosophe de 21 ans qui revisite de fond en comble le monothéisme et ressuscite comme jamais la figure d'Abraham. Un événement.
Comment naît une religion ? Quelles épreuves doit-elle traverser pour transposer la foi d'un fondateur spirituel en une structure sociale orchestrée autour du sacré ? Par quels processus parvient-elle à faire fructifier son héritage et à s'imposer comme liaison des hommes avec Dieu ? À quel prix la religion peut-elle devenir l'affaire d'un peuple ?
Entreprendre une généalogie de la religion, c'est assigner à la philosophie la tâche d'une démarche démystifiante : il s'agit de considérer la religion non comme résultat d'une histoire, mais comme source de celle-ci et comme processus. Dans cet essai, Nathan Devers se propose de relire la Bible, à travers elle et contre elle . Il revisite la trajectoire qui mène de l'inspiration solitaire d'Abraham à la révélation universelle de Moïse - et il s'attache à montrer qu'à cet égard, la religion, symbiose de l'idolâtrie et de son propre refus, se déploie dans la nostalgie d'un rendez-vous manqué avec Dieu. -
Les Nietzschéens et leurs ennemis : pour, avec et contre Nietzsche
Pierre-André Taguieff
- Cerf
- 22 Avril 2021
- 9782204142656
La pensée du philosophe, le style du pamphlétaire : c'est à la manière de Nietzsche que Taguieff dénonce ses héritiers de droite et de gauche, modernes et postmodernes, totalitaires ou libertaires. Un festival de lucidité, une relecture de 150 ans de fictions qui se sont voulues des rêves et qui ont tourné au cauchemar.
Nietzsche aura été le philosophe du siècle. Parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Retournant contre le prophète de Dionysos le marteau philosophique que lui-même employait pour ébranler les idoles, Pierre-André Taguieff livre avec acuité, verve et élégance une relecture inédite, iconoclaste et critique de l'histoire de la pensée contemporaine, de ses incohérences et de ses abîmes. Il explore le vaste continent des écrits nietzschéens et antinietzschéens qui continuent d'inspirer et de diviser les philosophes, les écrivains et les artistes, notamment face à la question de la décadence et à celle du nihilisme.
Comment comprendre la fascination récurrente exercée par Nietzsche et sa pensée ? Qu'ont en commun les nietzschéens de droite et les nietzschéens de gauche ? Pourquoi puisent-ils au même fond de métaphores, de paraboles, d'images survoltées pour les surinterpréter ? Comment comprendre cette bataille d'appropriations qui semblent contradictoires mais qui se rejoignent souvent dans le même culte de la force et de la destruction ?
Cet essai est déterminant pour lever nos cécités sur le plus enthousiasmant et le plus aveuglant des philosophes. Un exercice de lucidité qui marque un tournant dans la pensée française et européenne. -
Dans ce livre savant et moqueur, Pierre-André Taguieff passe au scalpel l'idéal moderne par excellence, celui d'émancipation, qui exalte, mobilise et aveugle depuis longtemps les Modernes. Le temps est venu de soumettre à un examen critique sans complaisance cette notion qui fait partie du prêt-à-penser dont se sont emparés les utopistes et les démagogues de toutes obédiences.
Comment expliquer que cette notion banale ait pu devenir un thème philosophique et politique majeur depuis la fin du XVIIIe siècle, sous la forme du projet universaliste de l'émancipation du genre humain comme sous celle de l'autonomie croissante de l'individu ? Taguieff analyse la formation philosophique de l'idée d'émancipation, explore ses usages politiques et dissèque ce qu'il appelle l'« émancipationnisme », produit de la corruption idéologique de cette idée-force. Car l'émancipation comme projet global appelle une critique fondamentale : ce qui est rejeté subrepticement, voire diabolisé, ce sont les attachements, les fidélités, les enracinements, les mémoires particulières, donc la transmission. Il s'agit d'un programme de refonte anthropologique, visant à créer l'« homme nouveau », chimère d'une société mondiale d'individus également émancipés.
La généalogie d'une idée floue, pour penser librement le monde de demain.
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Que signifie pour un vivant de donner la mort ? Pourquoi ces actes se multiplient-ils en France et en Europe ? Bible, philosophie, économie : ce sont tous les savoirs qui sont convoqués dans cet ouvrage pluriel rassemblant entre autres André Comte-Sponville et Fabrice Hadjadj.
Alors que le suicide est dépénalisé depuis plus de deux siècles dans nos pays, inciter une personne à se supprimer ou y contribuer activement est d'ordinaire puni par la loi et réprouvé par l'éthique. Démêler ce paradoxe et rendre plus intelligible un acte qui ne le sera peut-être jamais est le but de cet ouvrage.
Qu'en ont dit les grands penseurs, des stoïciens jusqu'à saint Augustin, Thomas d'Aquin, Hume, Kant ou Émile Durkheim ? Et aujourd'hui, que peuvent nous apprendre le psychiatre et le travailleur social, le théologien et le médecin en soins palliatifs, ou encore l'économiste, qui lève ici le voile sur un tabou occidental ? Car le suicide d'une personne questionne les valeurs sur lesquelles reposent nos démocraties, comme la dignité humaine, la liberté ou la solidarité. Un livre indispensable à toute discussion raisonnable sur l'euthanasie, l'aide au suicide et la prévention d'actes suicidaires. -
Notre temps est marqué par les bouleversements sans doute les plus importants que l'humanité ait jamais connus, et cela dans tous les domaines : les sciences, les techniques, l'environnement, la société, la morale et les moeurs, l'économie, la politique, le droit, etc.
Or nous pouvons prendre la mesure de ce qui est en train de se passer par le seul biais des modifications linguistiques, à la fois terminologiques et sémantiques. Certains mots ont été inventés pour désigner des objets, des représentations, des vécus, des processus, des actions, des images, des formes, qui soit n'existaient pas, soit étaient négligés auparavant. D'autres mots ont changé de signification.
D'abus à woke, ce Dictionnaire du temps présent définit, de manière raisonnée et critique, quatre cent quarante-cinq termes qui configurent nos discours et nos représentations du monde, de 1960 à nos jours.
Face à une pléthore d'informations qui contribuent à rendre notre monde opaque au lieu de l'éclairer, à lui retirer du sens au lieu de lui en donner, ce Dictionnaire a pour ambition de constituer à la fois un répertoire et un guide. -
Un dictionnaire de plus de 600 entrées. Amitié, Arendt, Atome, Balzac, Beckenbauer, Cézanne, Christianisme, Communisme, Consommation, Critique de la raison pure, Descartes, Économie, Enfant, Enseignement, Éthique, Europe, Féminité, Génétique, Geste, Habiter, Humour, Japon, Joie, Keats, Langue française, Mai 1968, Mathématique, Mort de Dieu, Ordinateur, Parménide, Parti nazi, Pensée juive, Poésie, Pudeur, Racisme, Rhin, Sécurité, Sexualité, Shoah, Socrate, Stravinsky, Technique, Théologie, Tolstoï, Traduction, Utilité, Zvétaieva...
Avec la collaboration de : Adéline Froidecourt, Alexandre Schild, Cécile Delobel, Dominique Saatdjian, Fabrice Midal, Florence Nicolas, François Fédier, François Vezin, Gérard Guest, Guillaume Badoual, Guillaume Fagniez, Hadrien France-Lanord, Ingrid Auriol, Jean Bourgault, Jean-Claude Gens, Jürgen Gedinat, Massimo Amato, Maurizio Borghi, Pascal David, Peter Trawny, Philippe Arjakovsky, Pierre Jacerme, Stéphane Barsacq, Stéphane Zagdanski.
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L'homme peut-il atteindre au sublime sans s'anéantir ? Ou se sublime-t-il en renonçant à l'extrême pour trouver dans l'art le dépassement du sacrifice inutile ? Entre vie et mort, le manifeste théorique d'un philosophe contemporain majeur qui a exploré toutes les expressions limites.
Le bonheur est-il dans la jouissance ou dans l'espérance ?
La jouissance est le plaisir infini. L'espérance est l'attente d'un bonheur infini. Pour le poète-philosophe Schiller, la jouissance exclut l'espérance et l'espérance exclut la jouissance. Mais est-ce si sûr ?
À partir d'une étude des pensées du marquis de Sade et de Thérèse d'Àvila, Patrice Guillamaud montre que la véritable jouissance est dans l'espérance elle-même.
L'unité de la jouissance et de l'espérance, c'est le bonheur paradoxal de la renonciation. Le bonheur est la béatitude dans le renoncement, l'accomplissement dans la relativisation d'une aspiration à l'absolu.
Ce livre est aussi un manifeste qui introduit de manière pédagogique à une nouvelle philosophie. Il s'agit de penser le réel tel qu'il est et tel qu'il ne l'a jamais été. Il s'agit de penser le réel comme étant lui-même une pluralité irréductible et tolérante d'espérances. -
Extrapolant les leçons du confinement, Pierre Cassou-Noguès nous offre le plus saisissant mythe contemporain sur ce point de bascule où, contagieusement, la fiction prend le pas sur la réalité. Une leçon de philosophie sur la contamination de l'étrangeté et de la peur, de la machine et de la régulation qui se lit comme un roman.
La réalité ressemble à un film parce que notre monde se modèle désormais sur la fiction. Telle est, pour Pierre Cassou-Noguès, l'une des leçons de la pandémie et du confinement.
Virusland ne désigne pas une région du globe, mais une forme de vie qui se propage par contagion. Quitte à muter localement, elle touche indistinctement les régimes politiques, renvoie à une science qui se prétend univoque, modifie nos gestes, nos habitudes, notre rapport aux corps, au " normal ", au moral et à l'immoral. Fondée sur l'image d'une guerre contre un ennemi invisible, elle nourrit un sentiment de peur et d'étrangeté que redoublent la restriction drastique de nos libertés et les appareillages toujours plus complexes de surveillance, de communication et de distraction.
Recourant aux oeuvres classiques et futuristes, tenant avec humour et profondeur, le journal d'un Robinson contemporain, Pierre Cassou-Noguès interroge le mauvais rêve dans lequel nous avons été plongés pour savoir s'il n'est pas promis à devenir notre quotidien.
Un exercice époustouflant de philosophie qui se lit comme un roman. -
Le robot et la pensée ; contre-philosophie de l'homme-machine
Pascal Marin
- Cerf
- 10 Octobre 2019
- 9782204135634
Comment trouver des mots simples et de poids pour dire ce qui fait de nous des humains, dans une culture où prospèrent les promesses d'immortalité du transhumanisme et la figure froide du robot ?
Renvoyant dos à dos technophobie et technolâtrie, cette enquête d'anthropologie radicale progresse par des chemins insolites jusqu'à atteindre à l'ironie d'un constat paradoxal : ce pouvoir technicien, qui nous fascine parce qu'il semble sans limites, aurait pour cause le rapport intime que l'homme entretient depuis toujours avec le raté, la panne, le bug, bref tout ce qui peut mettre justement une machine en défaut.
Un traité philosophique, un manuel de combat. -
Anima et animus au XXIe siècle ; Jung, la crise spirituelle contemporaine et nous
Bernard Hort
- Cerf
- Patrimoines
- 6 Novembre 2019
- 9782204137126
Cet essai évoque la portée spirituelle de l'oeuvre du célèbre psychologue et théoricien de la culture Carl Gustav Jung (1875-1961). Son approche, qui demeure largement sous-exploitée, peut en effet éclairer les racines profondes de la crise de civilisation que traverse l'Occident, et, partant, aider à préc iser les défi s qui s'imposent au christianisme contemporain. Dans cette perspective, le présent ouvrage se concentre sur les bouleversements de la relation au masculin et au féminin qui caractérisent notre culture. C'est ainsi qu'il examine d'abord le destin du récent protestantisme en faisant ressortir plusieurs enjeux majeurs de son fonctionnement anthropologique. Il étudie ensuite la montée contemporaine des idéologies politiquement correctes et évoque leurs connexions avec un féminisme anglo-saxon souvent radicalisé dans sa relation à la symbolique sexuée. Il analyse enfi n le débat relatif à la théorie du genre et en propose une mise en perspective originale. Rédigé dans un style précis et sans concession, courageusement voué à des questions dont l'urgence ne cesse de croître, cet essai ne constitue pas un pamphlet mais une réflexion éclairante.
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Dans l'ordre du coeur ; du paradoxe à la parabole
Francis Jacques
- Cerf
- 10 Octobre 2019
- 9782204135672
Les raisons du coeur que la raison ignore ne seraient-elles pas les meilleures ? Levant notre amnésie sur le plus humain de nos organes, ce livre nous ré-enfante comme des êtres d'abord d'intuition et de sensibilité. Le testament vivant d'un grand philosophe.
On déplore le manque d'éducation du coeur. Qu'attend-on pour en préciser la logique et la rhétorique ? Notre éducation est trop informative, pas assez transformative. Trop centrée sur l'acquisition et l'échange des informations, pas assez sur les valeurs de tendresse et de fraternité.
On n'admire les marques de la présence du Christ que par les yeux du coeur.
Mais faut-il vraiment en appeler au tiers d'un véritable Ordre du coeur, comme ordre de vérité ?
Pourquoi un ordre de vérité ? Il y a trois ordres de choses : la chair, l'esprit, la volonté ; et trois ordres de discours : philosophique (qui s'adresse à l'intelligence), théologique (à l'intelligence éclairée par la foi), mystique (adressé au coeur).
Le réalisme biblique veut qu'il existe dans le réel une autre dimension entée sur les questions qui engagent l'homme dans l'existence et peuvent la transformer. Au lieu de s'installer sur le terrain métaphysique de l'Être, adoptons une théorie du being dont les éléments ne s'écarteront pas de leur mode d'interroger et de catégoriser. Une philosophie néo-critique de l'interrogation en prend acte. -
Comment s'est inventé le bord de mer ? Avec quelles figures historiques, quels rituels sociaux, quelle littérature ? Quel est le sens de cette construction ? Et comment la décrire ? Car les concepts usuels de la métaphysique sont essentiellement terrestres et sont inadéquats pour traduire le mouvant, le fluctuant, le sans sol. Il faut les y faire jouer à contre-emploi ou les détourner pour les rattacher à ce milieu particulier qu'est la plage. Aussi le bord de mer semble appeler une autre métaphysique, qui reste à élaborer. Un livre polyphonique, construit par fragments, où chacun peut entrer comme il veut, à la saison de son choix, en fonction de son humeur ou de ses goûts, comme on peut passer un week-end à la mer en hiver, ou y rester tout un mois l'été. S'entrecroisent des récits, des scènes de plage, des souvenirs d'enfance ou le portrait de personnages singuliers, avec l'analyse de textes littéraires et des réflexions proprement philosophiques sur les concepts et le statut de la métaphysique.
Ces fragments s'organisent en une chronique retraçant une année au bord de la mer. Une histoire des bords de mer, ou comment un territoire du vide est devenu un petit paradis. Une autre manière de faire de la philosophie.
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Après l'unification politique de l'Europe et la fin de la guerre froide, les guerres du début du XXIe siècle semblent trouver leur principale origine dans des conflits d'ordre culturel.
Il n'est pas étonnant, dès lors, que le débat autour des notions de culture et de civilisation soit caractérisé par une violence qui n'a d'égale que sa confusion. Apporter de la clarté à ce débat, définir les concepts en jeu et, en premier lieu, celui de culture, tel est l'objet de ce livre. En dépit de la multiplicité des formes de culture, une détermination semble commune à toutes : leur lien à l'humain.
Comment définir l'humain ? La distinction de l'animal et de l'humain coïncide-t-elle avec celle entre la nature et la culture ? Faut-il rejeter l'idée d'une culture animale ? Répondre à ces questions nous conduit à critiquer les définitions classiques de l'humain : l'humain comme animal raisonnable et l'humain comme animal doté de langage ; à remettre en cause l'articulation traditionnelle de l'humain au logos, que ce terme soit compris, au sens restreint, comme langage rationnel ou, au sens large, comme langage.
La possibilité de construire une théorie de la culture est à ce prix.
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Notre manière de parler des choses est une part intime de l'expérience que nous en avons. C'est un fait cependant qu'elle se heurte aux obstacles d'une expression en apparence inauthentique. Clichés, lieux communs, proverbes, sentences et tournures toutes faites semblent relever d'une parole impropre, marquée par une dépossession du langage, une aliénation de la subjectivité et une incompréhension du monde.
Mais qu'entend-on véritablement dans cette parole ? Peut-être, dans les multiples figures qu'elle peut revêtir, un fond d'usages, de formules, d'arts de dire, dont il convient de mesurer l'expressivité paradoxale au-delà des préjugés qui nous incitent à nous en défier. Dans la réversibilité du propre et de l'impropre qui les caractérise, le présent ouvrage se propose de décrire les conditions de leur adéquation possible, et parfois inattendue, à l'expérience. C'est ainsi que peut se révéler leur vérité singulière, qu'il nous faut réapprendre à écouter.