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Jacqueline Chambon
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Prohaska, artiste allemand invisible, photographie et filme les images les plus insoutenables des horreurs du Troisième Reich et plus tard les massacres et désastres dont le monde n'est pas avare : enfants morts de faim en Extrémadure au temps du franquisme, carnages sous les dictatures d'Amérique du Sud. Mais l'art peut-il aller si loin, ne devient-il pas un complice du mal en s'en faisant le témoin, et dans l'effroi que suscite la vision de l'insoutenable n'y a-t-il pas une part de voyeurisme voire d'obscures jouissances ?
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« Leurs voix étaient graves mais diaphanes, comme le murmure d'un ruisseau. Ils formaient un groupe qui se faisait appeler Les Arracheurs, se déclaraient responsables de l'introduction d'aiguilles dans les aliments et prévenaient que leurs sabotages seraient de plus en plus terribles. Leur objectif, disaient-ils, était vieux comme le monde, terroriser, et leur détermination ne faiblirait pas avant qu'ils aient institué un régime de panique constante. Ils ne réclamaient rien en échange. Ils se contentaient de la nudité des faits. Ils recherchaient simplement la peur pour la peur ; ils prétendaient seulement effrayer ; ils ne se fondaient sur aucun credo politique ou religieux, aucune idéologie : ils se disaient puissants parce qu'ils n'incarnaient pas d'autre drapeau que celui de faire le mal dans toutes les vies aisées, fausses, contingentes ».
Sous l'apparence d'un thriller, et avec un implacable sens du suspense, Ricardo Menéndez Salmón fait monter l'angoisse jusqu'à l'insupportable en déclinant les formes les plus perverses et les plus dangereuses de la folie meurtrière des hommes dans le monde sans repères et sans limites qui est le leur. Une fable universelle et fulgurante, aux racines du mal.
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Dans un futur que l'auteur nomme "Nouvelle Histoire", notre monde s'est réduit à un archipel où vivent les "Originels" et d'où sont exclus les "Étrangers". Le Narrateur est chargé de surveiller la station météorologique de l'île Réalité et, plus encore, d'interdire à tout bateau étranger d'accoster, sous le contrôle d'une entité, dont on ne sait si elle est physique ou symbolique. Il connaîtra deux autres sortes de contrôle : l'Académie du Rêve, un paradis artificiel chimique, et Aurora, un lieu métaphysique qui lui apprendra l'importance du jeu.
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Balancín est un clown célèbre qui se produit sur toutes les scènes du monde avec Verlaine, sa bien-aimée. Le clown Macolieta gagne péniblement sa vie en égayant les goûters d'anniversaire d'enfants riches. Balancín souffre du dos et doit être opéré. Macolieta, consolé par deux joyeux drilles à l'humour salvateur, devient chaque jour moins agile et rêve de rejoindre Sandrine.
Chacun écrit dans un cahier bleu l'histoire inventée de sa vie. Très vite on ne sait plus lequel est le personnage et lequel est l'auteur. S'agit-il d'une double vie qui serait deux possibilités d'une même existence ? Peut-être nos héros jouent-ils avec les facettes de leur vie et de leurs amours avant qu'elles n'éclatent comme ces ballons multicolores avec lesquels ils jonglent pourtant si habilement ?
Écrit avec une légèreté érudite, ce roman nous ravit par la description de numéros d'une poésie aérienne au prix de souffrances cachées sous des facéties parfois héroïques.
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La fin d'un couple à travers la mort de leur fils, le récit de l'enfance imaginée de Jésus et le voyage d'une femme vers une île sont les trois fragments d'une histoire qui conduit au même étonnement : le fait aussi merveilleux qu'énigmatique que toujours, d'une manière ou d'une autre, la vie s'invente un chemin.
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J. C. Llop fait resurgir une ville engloutie ? la Palma des années 1960 et 1970 ? en lui tendant le miroir déformant de la ville du XXIe siècle où le climat se tropicalise, où certains quartiers ressemblent à Fez ou à Shanghai et où la cathédrale est envahie par la faune aquatique de Miquel Barceló. Il trace la mémoire sentimentale de ce Palma où se promenaient Jean Seberg et Joan Miró, où patrouillaient les Marines et où l'on écoutait Lou Reed.