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JEAN-MARIE SAINT-LU
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Quelques années après la Grande Panne, un groupe d'une douzaine de personnes, pour la plupart âgées ou blessées lors de la Troisième Guerre mondiale, vit barricadé entre les murs de l'Institut Pere Mata, l'ancien hôpital psychiatrique de Reus, en Espagne. Ils sont entrés en résistance et survivent, sans électricité, sans eau, sans ravitaillement ni Internet ou téléphone. Pour des raisons géostratégiques et militaires, la péninsule ibérique est en cours d'évacuation. La date limite pour quitter le territoire approche, il n'y a presque plus personne dans le pays, et aucun espoir pour ceux qui ont décidé de rester...
Parmi les reclus, un vieil écrivain de 89 ans vient de se fouler la cheville. Au programme de sa convalescence : jouer aux échecs, apprendre par coeur les décimales du nombre Pi... et écrire son journal sur les pages vierges des livres mités récupérés dans la bibliothèque de l'institut par la jolie docteure Lourenço. Le récit de ces derniers jours, pour quelle postérité ? Qui sait. Nous l'avons bien entre les mains...
Défi plein de fantaisie et d'autodérision, Reus, 2066 joue avec les frontières poreuses entre fiction et réalité. Bizarreries, obsessions et petits (ou grands) travers humains dressent une dystopie subtile et réjouissante. -
L'instant décisif
Pablo Martín Sánchez
- La Contre Allee
- La Sentinelle
- 19 Septembre 2017
- 9782917817698
Moi et les gens de ma génération, les enfants de la Transition, nous avons grandi heureux dans les années 90, avec l'illusion que cela avait été un chemin de roses, sans violence. Depuis, nous avons découvert les ssures du conte (...). Pablo Martín Sánchez C'est le roman d'un seul jour comme le Ulysse de Joyce ou 24 heures dans la vie d'une femme de Zweig Le récit se déroule sur 24 heures et débute le 18 mars 1977, le jour de naissance de l'auteur, à minuit. Nous sommes à Barcelone, peu de temps avant les premières élections démocratiques depuis la dictature ; l'année la plus violente de la Transition. Cette année-là, il y eut plus de mille manifestations, plus de 4000 arrestations et, entre autres, la tuerie d'Atocha.
Un roman polyphonique Avec une structure narrative divisée en 6 parties, chacune habitée par les voix de 6 personnages, L'instant décisif retrace une journée d'incertitude où chaque protagoniste aff ronte une situation qui transformera sa vie.
Parmi ces 6 personnages, entre lesquels se tissent des relations subtiles, on compte une petite fi lle de 11 ans qui vit mal l'école, un enseignant et une étudiante en journalisme, un chef d'entreprise corrompu, mais aussi un chien et un tableau. « Je voulais la voix de quelqu'un qui avait vécu tout le XXème siècle et j'ai pensé qu'un tableau, ce serait parfait. » Pour parachever ce portrait d'une société convulsive qui, de surcroît, est minée par le fl éau des vols de bébés, s'ajoute un septième personnage, un foetus, qui n'a pas de voix propre. Ponctuellement, au fi l de la journée, le narrateur lui annonce les événements qui vertèbrent les autres histoires et jalonnent les 24 heures de ce jour qui s'avère être celui sa naissance.
Un lecteur impliqué Particulièrement dynamique, l'alternance des voix narratives génère également des blancs que le lecteur est alors invité à combler par lui-même. Pour l'auteur, une façon de dire que « l'ensemble des mémoires crée un récit. Qu'il n'est pas de vérité unique. Que l'Histoire est un récit, et que le roman peut apporter une grande part dans ce jeu. » Ce qu'en dit le
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Heureuses nouvelles sur avions en papier
Juan Marsé
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 9 Février 2023
- 9782267052312
Un été dans un quartier populaire de Barcelone, à la fin des années 1980. Bruno, adolescent solitaire, gagne quelques sous pendant ses vacances en apportant les journaux à sa voisine, Madame Pauli, une vieille dame excentrique dont l'appartement est tapissé de photos en noir et blanc. Avec ces journaux, Mme Pauli confectionne des avions en papier, sur lesquels elle écrit des messages pleins d'espoir avant de les lancer du haut de son balcon. À quels anonymes ou fantomatiques destinataires s'adressent ces messages ? Bruno va peu à peu percer les secrets de la vieille dame : son passé de danseuse en Pologne, et la tragédie qui l'a obligée à fuir son pays.
Bref et poignant, ce roman est l'avant-dernier écrit par Juan Marsé, il est à la fois un récit d'apprentissage, l'histoire d'une amitié improbable, et une fable sur le besoin de réenchanter le quotidien pour combattre les ombres du passé. -
Un jour de désoeuvrement, Pablo Martín Sánchez tape son nom dans un moteur de recherche. Par le plus grand des hasards, il se découvre un homonyme au passé héroïque : un anarchiste, condamné à mort en 1924. Férocement intrigué, il se pique au jeu de l'investigation et cherche à savoir qui était... Pablo Martín Sánchez le révolutionnaire.
Happé, l'auteur se fond dans cette destinée tourbillonnante et picaresque, alternant le récit d'une épopée révolutionnaire dans le Paris des années 1920 où les faubourgs de Belleville abritent d'ardents imprimeurs typographes, et celui d'une jeunesse aventureuse en Espagne jusqu'à les faire converger en un dénouement... tragique.
Épique, virevoltant, espiègle et foisonnant, L'anarchiste qui s'appelait comme moi dresse le portrait à la fois réaliste et rêvé des utopies montantes du tournant du XXe siècle, dans l'esprit des grands romans populaires où l'amitié, la trahison, l'amour et la peur sont les rouages invisibles qui font tourner le monde.
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A Paris, au Latina, on danse le tango. Luis invite Ana à danser. Elle est française et elle aime le
tango avec autant de passion qu'elle déteste la patrie de ses parents, l'Argentine. Il est argentin de
passage à Paris pour une dernière tentative d'échapper à une crise économique et psychologique.
Un projet de film sur le tango, dirigé par Luis avec Ana comme conseiller technique, va les réunir.
Ce projet leur fait découvrir leurs ancêtres et l'histoire de l'Argentine depuis la fin du XIXe siècle. Le
tango nous conduit des quartiers populaires de La Boca aux salons parisiens, du grand propriétaire
au compositeur de musique, sur fond de vagues d'émigration successives, de conflits sociaux, de
développement des richesses des estancieros, d'arrivée de la modernité avec la naissance de la
radio... avec l'évolution du tango, devenu lui-même personnage de ce roman bâti sur cette relation
viscérale que tous les personnages entretiennent avec lui.
Sur une trame de feuilleton vécue par des personnages attachants et hauts en couleur, l'auteur
écrit une oeuvre littéraire forte où le fantastique est présent pour revendiquer la force vitale de
l'amour et de la danse. Tango recrée l'histoire d'une ville et d'une musique à travers la saga de
deux familles, aux deux bouts de l'échelle sociale. Un cocktail explosif d'amours, de luttes, de joies
et de trahisons, et une danse dangereuse et sensuelle qui les réunit en une étreinte.
Avec l'habileté d'une bonne danseuse, Elsa Osorio change de temps ,de narrateurs, d'espace,
comme on change de cavalier, et son écriture communique au lecteur le vertige de la danse,
l'ivresse de la musique mêlée à la sensualité et au mouvement.
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Dans le dos noir du temps
Javier Marias
- Rivages
- Litterature Etrangere Rivages
- 26 Février 2000
- 9782743606459
"Je ne suis pas le premier, je ne serai pas le dernier écrivain dont la vie est enrichie, ou condamnée, à cause de ce qu'il a imaginé ou écrit." Mais peut-être personne n'a vu sa réalité envahie par la fiction comme Javier Marias, ni un auteur se diluer autant dans ses propres pages, ni se convertir en un héritier d'un royaume légendaire qui cependant figure sur les cartes. L'auteur de ce "faux roman" était loin d'imaginer qu'avec "Le Roman d'Oxford" il allait mettre en marche un monde qui gisait endormi ou qui ne transitait que par "le dos noir du temps".
Un monde qui contient tout, l'impensable et ce qu'apporte le destin, l'invraisemblance et la drôlerie, l'aventure et l'infortune, une balle perdue à Mexico et une malédiction à La Havane, un pilote mercenaire et borgne de la guerre d'Espagne que la mort se complaît à épargner, et les souvenirs voilés d'un narrateur qui devient de plus en plus mystérieux au fur et à mesure qu'il réfléchit et qu'il raconte.
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Alors qu'il termine l'écriture de son roman Un père étranger, Eduardo Berti reçoit un colis inattendu contenant des photocopies du dossier que son père présenta à son arrivée en Argentine, dans les années 1940. Originaire de Roumanie et fuyant la Seconde Guerre mondiale, son père avait conservé jusque dans sa tombe de nombreux secrets, jusqu'à son véritable nom de famille.
Parmi toutes les révélations que comporte le dossier, la découverte de l'adresse de la maison natale de son père, dans la ville roumaine de Galati, anciennement Galatz, est comme un nouveau point de départ. Une invitation à entreprendre un voyage à la rencontre du pays natal de son père. Parti en Roumanie sans jamais imaginer qu'il naitrait un livre de ce séjour, Eduardo Berti passe de l'autre côté du miroir, et devient l'étranger. Partir à la recherche de cette maison natale fut ainsi le premier pas vers Un fils étranger, comme un écho à Un père étranger.
Dans ce voyage à Galati, l'invention est au coeur de la reconstitution de l'histoire familiale. Pour combler les silences et les zones d'ombres imposées par le père, le fils n'aura d'autres recours que de lui inventer une histoire, et d'accepter ce qui continuera de lui échapper, à l'image de cette fameuse maison familiale, au n°24, qui se trouve peut-être ne pas être celle que l'on pensait y trouver.
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« Pendant des années, je me suis senti défié par le sujet, la mémoire et la réalité du football, et j'ai eu l'intention d'écrire quelque chose qui fût digne de cette grande messe païenne, qui est capable de parler tant de langages différents et qui peut déchaîner tant de passions universelles.
C'est de ce défi et de ce besoin d'expiation qu'est né ce livre. Hommage au football, célébration de ses lumières, dénonciation de ses ombres. Je ne sais pas s'il est tel qu'il voulait être, mais je sais qu'il a grandi en moi et qu'il est arrivé à sa dernière page, et que, maintenant qu'il est né, il s'offre à vous. Et je garde l'irrémédiable mélancolie que nous ressentons tous après l'amour et à la fin de la partie. » -
De Buenos Aires à Madrid, en passant par Paris et le Kent, ce roman nous entraîne au coeur des questionnements sur l'identité, la transmission, l'exil et l'écriture.
Fils d'un immigré roumain installé à Buenos Aires, le narrateur, écrivain, décide de partir vivre à Paris. C'est dans un café qu'il prend l'habitude de lire les lettres que son père lui envoie, se remémorant l'histoire de sa famille.
Quand il apprend que son père est lui aussi en train d'écrire un livre, il se sent dérouté. Et voilà que vient s'intercaler une autre histoire, celle de Józef et de son épouse, Jessie, tous deux installés en Angleterre. Tiens donc, Józef est écrivain lui aussi, d'origine polonaise, exilé en Angleterre : l'immense écrivain Joseph Conrad pourrait bien être le personnage du prochain roman de notre narrateur argentin.
Avec ces histoires qui s'imbriquent, Eduardo Berti tisse une toile particulièrement fine et prenante. Son sens de la formule et son humour créent une narration dynamique qui emporte le lecteur.
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Le délire d'un espion convaincu que son travail refusé aurait changé le sens de l'Histoire ; l'occasion trahie d'une seconde vie dans une colonie africaine ; les équivoques relations de pouvoir dans le sexe ; les malédictions de l'Europe ; le remplacement de l'amour par la botanique exotique ; une restauratrice d'oeuvres d'art qui évoque sa passion lesbienne ; l'art comme métaphore de l'échec amoureux ; Dickens et Jivago dans un nouveau conte de Noël ; une nouvelle qui est toutes les nouvelles publiées dans le monde...
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Dans des villages espagnols des années 30, trop isolés pour qu´un instituteur y fût nommé, les maîtres d´école étaient recrutés par des villageois au moment des foires. Ils avaient un salaire mais prenaient leurs repas chez les habitants qui les recevaient à tour de rôle. On les appelait catapote, « pique-au-pot ». La Nuit féroce se déroule à cette époque, dans un de ces villages au nom étrange. Le maître d´école est invité à partager une table dans une des maisons du lieu. Mais le terrible meurtre d´une jeune fille fige cette scène et libère la brutalité qui sous-tend ce bourg perdu lorsqu´un groupe d´hommes part à la chasse au meurtrier. Deux innocents fuient, bientôt persécutés par la colère aveugle. Un mal profond, enraciné dans le passé, irréfutable et impassible, gouverne le temps et l´espace dans ce conte noir et métaphysique aux résonances de tragédie grecque.
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Une fois encore, une dernière fois dans sa vie, Eduardo Galeano s'est engagé dans la jungle du monde pour y chasser des anectodes, petites histoires qui font la grande, qu'il a disposées avec amour et humour dans ce livre-testament.
Mais pour la première fois, ce porteur de la voix des autres a ajouté à sa mosaïque des fragments de sa propre vie pour confesser, pourquoi il a écrit des livres, lui qui aurait tant aimé être footballeur.
Ainsi, dans ce livre qu'il nous a laissé avant de nous laisser sans lui, on le voit au milieu des gens qu'il a aimés, de ses lecteurs, de ses contemporains de tous les continents et de toutes les époques.
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Lire Vie et mémoire du docteur Pi c'est s'exposer à vivre une expédition à nulle autre pareille. Impossible de revenir en arrière, impossible de ne pas se perdre. C'est un livre malicieux et fascinant qui emporte les lecteurs dans un voyage fait de mystérieuses rencontres, de missions officielles et d'escapades romantiques. La logique de son monde, familier quoique invraisemblable, est un puzzle que seul le docteur Pi peut résoudre, composé à parts égales de comédie, de poésie et d'absurdité. Pour suivre avec plaisir ce mélange de James Bond et de Buster Keaton, imperturbable et charismatique, astucieux et d'une arrogance discrète, il suffit de suspendre son incrédulité, afin d'aller à la rencontre d'une création littéraire sans équivalent.
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Qu'ont en commun Le Petit Prince, les sombres années de jeunesse de Jürgen Habermas, l'artiste Joseph Beuys, le saxophoniste John Gilmore et Bill Pilgrim, le protagoniste d'Abattoir 5 ?
« Le monde est une pelote de laine », ainsi débute ce livre. Mais comment tournet- il ? Qui tire ses fils ? Il y a ceux qui disent que tout est le résultat d'une grande conspiration : « L'homme n'est jamais allé sur la Lune ; Paul McCartney est mort en 1967 et a été remplacé par quelqu'un qui lui ressemblait ; le Christ n'est pas descendu de la croix, il a eu des jumeaux avec Marie-Madeleine ; Shakespeare est Francis Bacon », etc. Explication, écrit Luis Sagasti, qui est le «résultat d'une extraordinaire paresse intellectuelle. » Mieux vaut, selon lui, parler en termes de secrets, mieux même, en terme d'omissions. Car depuis des milliers d'années la pelote de laine tourne et ses fils se croisent en couches infinies. Alors par où commencer s'il n'est pas facile de trouver le bout ? L'écrivain choisit de tirer un des fils, de le couper d'un coup sec et, en huit textes d'inégales longueurs, de construire une merveilleuse constellation à partir de personnages - Joseph Beuys, Kurt Vonnegut, Antoine de Saint-Exupéry et Jürgen Habermas, mais aussi Matsuo Basho, Marina Abramovic, Ludwig Wittgenstein, Jorge Barón Biza, Sun Ra, Youri Gagarine ou encore Glenn Miller - liés par les fragments les plus curieux de leurs biographies.
Il fait ainsi de Bellas artes une incroyable et étonnante histoire sur la place du récit dans l'expérience humaine, qui procure à son lecteur un intense plaisir intellectuel.
Alors ce livre bref, d'une écriture condensée, précise et musicale, séduit et emporte ses lecteurs avec le charme d'une poétique et subtile conversation.
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D'allumettes et d'écailles
Berta Marsé
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 12 Mai 2022
- 9782267046199
À la sortie d'un concert où elle s'était rendue avec une voisine de son âge, Yésica, quinze ans est enlevée. La disparition de l'adolescente secoue Sant Antoni, le quartier populaire de Barcelone dans lequel les deux jeunes filles ont grandi. Pendant des années, on ne trouve aucune trace d'elle, laissant Désirée traumatisée par les circonstances de la perte de sa camarade.
Jusqu'au jour où cette dernière réapparaît vivante. Brisée, elle refuse catégoriquement de raconter l'enfer qu'elle a vécu.
Seule Désirée, qui ne l'aimait pourtant pas beaucoup, semble la comprendre.
Des années plus tard, Désirée participe à un atelier d'écriture au centre pénitencier de Wad-Ras. Peu à peu elle révèle aux autres prisonnières captivées ce qui s'est véritablement passé.
D'allumettes et d'écailles se lit avec le suspense addictif d'un roman policier et la tension glaçante d'une histoire d'horreur, en renouvelant les codes de ces genres littéraires. Toute l'attention est concentrée sur les victimes, sur la vie quotidienne de deux adolescentes ordinaires secouées par la terreur.
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1949. Une prostituée est retrouvée morte dans la cabine du projectionniste d'un cinéma de quartier populaire de Barcelone. L'assassin, le projectionniste lui-même, est arrêté et condamné. Son procès est marqué par une particularité :
S'il reconnaît avoir tué la jeune femme, et la façon dont il l'a fait - strangulation avec des morceaux de pellicule -, il est en revanche incapable d'expliquer pourquoi il l'a fait, chose d'autant plus intrigante que, sans qu'elle fût sa maîtresse, il éprouvait de l'amour pour elle. Cette particularité lui vaut, durant son internement, un traitement « médical » particulièrement agressif, digne des médecins nazis, auquel ne manque que la lobotomie.
1982. Un écrivain, qui ressemble comme un frère à Marsé, qui a écrit des romans qui sont ceux de Marsé, mais qui ne s'appelle pas Marsé, est engagé par un producteur de cinéma pour écrire le préscénario d'un film tiré du fait divers ci- dessus évoqué. Il aura comme principal informateur l'assassin lui-même, libéré après avoir accompli sa condamnation.
Le roman est donc le récit des rencontres quasi quotidiennes que le narrateur-protagoniste a chez lui avec l'assassin libéré. Au cours de ces entretiens, souvent interrompus par les interventions intempestives - très drôles - de la femme de ménage cinéphile de l'écrivain, celui-ci essaiera de démêler l'écheveau bien embrouillé de la mémoire de son informateur, et dont on ne sait trop si elle est vraiment oublieuse ou si c'est lui qui se livre à une manipulation de ses souvenirs.
On retrouve dans ce livre tous les thèmes principaux de l'univers de Marsé, ici concentrés autour du cinéma, dont il est un fin connaisseur. On y trouve aussi le petit monde de la Barcelone populaire des années 1940, période la plus noire du franquisme triomphant et vindicatif. Ces années sont celles où se déroulent certains des grands romans de l'auteur, qui n'hésite pas ici à évoquer littéralement quelques épisodes et quelques personnages desdits romans, créant par là chez le lecteur une illusion très séduisante.
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Inventaire d'inventions (inventées)
Eduardo Berti, Monobloque
- La Contre Allee
- La Sentinelle
- 18 Novembre 2017
- 9782917817711
Quelque part entre le fameux Catalogue des objets introuvables de carelman, le Dictionnaire des lieux imaginaires de Manguel, et un inventaire à la manière oulipienne, Eduardo Berti s'émerveille de multiples inventions dont recèle la littérature comme le pianocktail de Boris Vian, le Baby HP - un engin capable de transformer en force motrice l'inépuisable vitalité des enfants - du mexicain Juan José Arreola, le GPS sentimental d'Hervé Le Tellier, la Kallocaïne de l'écrivain et pacifiste suédoise Karin Boye, le superficine - sorte de pommade miraculeuse qui s'applique sur les murs et qui a pour effet de rendre les pièces plus spacieuses - du polonais Sigismund Kryzanowski...
Des textes courts pour en imaginer des fonctions secondaires et en tenter la description. A quoi pourraient bien ressembler la machine à arrêter le temps, les boucles d'oreille-réveil, le traducteur chien-humain, le livre infini, la machine à prier, l'appareil de critique littéraire, l'effaceur de mémoire ...
Eduardo Berti est épaulé par le collectif Monobloque qui en produit les esquisses.
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Entre le délire et la responsabilité historique que lui impose son origine, Son Altesse Impériale triomphe dans l'Espagne franquiste en escroquant tous ceux qui rêvent d'ajouter à leur nom un titre de noblesse qui les avalise socialement, aussi absurde que soit le titre et aussi mensongère que soit la reconnaissance qu'elle leur apporte.
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Bolaño sort des toilettes, la Mort en jean et en tee-shirt frappe à la porte, Némésio naît le jour où Armstrong marche sur la lune. Avec le bien nommé Frictions, puzzle littéraire borgesien et jubilatoire, Pablo Martín Sánchez, provoque des rencontres insolites, se joue des genres pour mettre en scène univers décalés et mystérieux, nous entraîne au devant de chutes aussi vertigineuses et terribles qu'elles peuvent être joyeuses et saisissantes.
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« En un certain sens, cette « vie différente » de l'écrivain majorquin ne l'est pas tant que cela, car y apparaissent de nombreux motifs souvent présents dans ses livres : les généalogies, les lectures, les voyages, les épiphanies quotidiennes et aussi la langue superficiellement simple de toutes ses oeuvres. [...] Dans leur double circulation - de la littérature à la vie, et de la seconde à la première -, ses poèmes confirment l'un de ses principaux thèmes : l'absence de frontière entre les deux. La poésie de José Carlos Llop met en évidence l'incapacité à concevoir une vie qui n'a pas été influencée par les lectures qui en ont traversé le cours et à imaginer ces lectures sans la biographie qui les a transformées. » Patricio Pron, écrivain.
« Dans la poétique de José Carlos Llop, l'amour et l'écriture sont de forces égales en terme de révélation, en ce qu'ils montrent quelque chose de différent de ce qui est déjà connu, en ce qu'ils dévoilent ce qui était déjà là comme vérité, même sans être dit, et qui est l'essence même de la création, sa fondation. Et cela est exprimé dans les poèmes de José Carlos Llop sans le recours à un langage difficile, mais avec des mots et une syntaxe simples, presque sur le ton confiant d'une conversation. Et si la mémoire revient souvent dans ces poèmes - Proust n'y apparaît pas par hasard - , elle ne se teinte jamais de nostalgie, et les souvenirs n'évoquent pas tant ce qui a été perdu que ce qui est vivant, dans le présent. » El Cultural.
« José Carlos Llop - le secret le mieux gardé, mais aussi le plus précieux de la littérature européenne contemporaine. » Olivier Mony, critique.
« ... je n'aime pas la nostalgie. Mais la vie est une succession de pertes. Une manière d'éviter de perdre complètement, c'est d'écrire. » José Carlos Llop.
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Souvenirs de la guerre récente
Carlos Liscano
- Belfond
- Litterature Etrangere Belfond
- 15 Février 2007
- 9782714442437
Dans la lignée des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature latino-américaine, un roman magnifique sur l'aliénation de l'individu et les paradoxes de la liberté et de l'enfermement.
Une écriture dépouillée, un imaginaire absurde et poétique inspirés du Désert des Tartares. Une nuit, un jeune homme est arrêté et enrôlé pour une guerre dont personne ne sait rien. Dans un camp isolé, il commence son entraînement militaire. Successivement affecté à la garde d'un rocher, puis au ramassage du crottin, il est ensuite promu gratte-papier et traduit des brochures sur les pneumatiques pour véhicules de montagne, sur le mobilier pour maisons de bord de mer, ainsi que le mode d'emploi d'une fusée.
La vie s'écoule. On proclame férié le jour de changement d'uniforme, les hommes décernent un prix du plus beau jardin potager... Assis à son bureau, le narrateur s'invente une nature rêvée, et s'échappe dans des forêts d'arbres imaginaires... Les jours et les années passent, mais l'ennemi reste invisible...
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Ton visage demain (fievre et lance) t1
Javier Marías
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 29 Avril 2004
- 9782070713448
Qui est réellement Sir Peter Wheeler ? Ce sympathique professeur retraité d'Oxford, spécialiste de la guerre d'Espagne, que le narrateur et protagoniste de cette histoire a tant de plaisir à fréquenter ? Ou plutôt un homme hanté par d'obscurs souvenirs et qui garde peut-être un secret inavouable ? Il arrive que l'on découvre soudain que ceux qu'on aime et qu'on croyait connaître cachent, en réalité, bien des mystères. Jaime ou Jacobo ou Jacques Deza, l'ancien lecteur espagnol du Roman d'Oxford, retourne en Angleterre après plusieurs années d'absence et retrouve le vieux professeur Wheeler lors d'une soirée mondaine - les high tables des universitaires britanniques. Il discerne peu à peu dans le passé de son collègue des zones d'ombre qui éveillent sa curiosité et qu'il va s'employer à éclairer. Mais c'est toute sa vie qui va basculer ce soir-là lorsque Wheeler le présentera à l'étrange Mr Tupra et qu'il apprendra qu'il partage avec lui et quelques autres un don rare, une qualité énigmatique : la capacité de lire en profondeur dans la conscience d'un homme et de savoir à l'avance à quoi resemblera, demain, tel visage aujourd'hui si proche, si familier. Javier Marias tisse dans ce roman une histoire dense et passionnante qui, en empruntant ses ressorts aux meilleurs romans d'espionnage, est aussi, comme l'ensemble de son oeuvre, une vaste méditation sur l'essence de la nature humaine et sur les rapports entre la vérité et le langage.
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Enfants des jours ; un calendrier de l'histoire humaine
Eduardo Galeano
- Lux Canada
- Orphee
- 19 Novembre 2015
- 9782895962083
Faisant fi des frontières et du temps, chaque page de ce livre raconte une histoire tirée de la longue biographie de l'humanité. Mosaïste chevronné, Eduardo Galeano nous livre 366 instantanés qui rendent hommage à des anonymes ou ressuscitent héroïnes et héros oubliés. Un livre des jours pour ne pas oublier et pour apprendre à trier le grain de l'ivraie dans l'étourdissante succession des événements du passé. Un livre à o rir au jour de l'an et à lire tous les jours de l'an.
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« Le Portier » est le texte à la fois le plus extravagant et le plus désespéré de Reinaldo Arenas, une fable moderne où l'on ne sait ce qui l'emporte, du tragique du propos ou de la drôlerie du récit. Dernier roman écrit avant son suicide, ce texte est aussi son dernier acte de rébellion et surtout un éloge passionné de la quête de liberté. Un voyage métaphorique et rédempteur, à l'image de celui qu'a entrepris l'écrivain, pour qui il n'y avait pas de frontières entre la réalité et l'imagination, le vrai et le faux, le correct et le punissable. Entre l'art et la vie.