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PUF
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Continuer de vivre ou décider d'en finir, c'est une question d'opportunité plutôt que de principe : telle est la leçon d'Épicure, des stoïciens et de Montaigne. Encore faut-il être vivant pour en décider. L'opportunité de vivre est donc première (puisque toutes les autres la supposent), aux deux sens du mot « opportunité » : comme ce qui convient au moment ou aux circonstances, et comme occasion favorable (le kairos des Anciens). L'opportunité de mourir est par nature exceptionnelle (elle ne peut se concrétiser qu'une fois). C'est donc l'opportunité de vivre qui est la règle, par nature quotidienne, et qui requiert tous nos soins. Et c'est l'objet même de la philosophie, celle qui ne nous apprend à mourir, comme disait Montaigne, que parce qu'elle nous apprend d'abord à vivre. Il n'est pas vrai, malgré Camus, que le suicide soit le seul « problème philosophique vraiment sérieux ». Mais que vaudrait une philosophie qui n'aiderait pas à juger - non une fois pour toutes mais en fonction des circonstances - que la vie, comme disait encore Camus, « vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue » ?
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« Les douze articles ici rassemblés entrent dans la série de ce que j'appelle, pensant à Schubert, mes impromptus : des textes brefs, résolument subjectifs, écrits sur le champ et sans préparation (comme dit le Dictionnaire de Littré), qui s'adressent au grand public et sont le plus souvent, malgré l'éventuelle légèreté de l'écriture, d'une tonalité quelque peu grave ou mélancolique. C'est encore le cas dans ce recueil, et d'autant plus, s'agissant de ce dernier point, que la plupart de ces minuscules essais (pour reprendre cette fois le mot de Montaigne) portent sur des sujets en effet sombres ou douloureux : le pessimisme, le tragique, la mort des enfants, le handicap, l'agonie, le bagne, le suicide, l'euthanasie... J'ose croire qu'ils ne seront pas pour autant cause de tristesse, mais aideront plutôt à accepter, si possible joyeusement, la part, en toute vie, de deuil, de chagrin ou de détresse. C'est la joie qui est bonne, mais d'autant plus méritoire et belle qu'elle est souvent difficile.
À l'exception du dernier, qui est de très loin le plus long, tous ces textes ont été (ou seront, pour deux d'entre eux) publiés ailleurs, dans des ouvrages collectifs ou à titre de préface ou postface. On trouvera en fin de volume la date et le lieu de leur publication passée ou à venir. Ils sont tous ici revus, corrigés, parfois sensiblement augmentés. Merci aux auteurs ou éditeurs qui les ont suscités ou accueillis.
Quant au dernier texte, qui est inédit, il ne doit d'exister qu'aux lecteurs (et plus souvent aux lectrices) qui m'ont expressément demandé de l'écrire. Qu'ils en soient eux aussi remerciés. » -
Des vertus, on ne parle plus guère.
Cela ne signifie pas que nous n'en ayons plus besoin, ni ne nous autorise à y renoncer. mieux vaut enseigner les vertus, disait spinoza, que condamner les vices : mieux vaut la joie que la tristesse, mieux vaut l'admiration que le mépris, mieux vaut l'exemple que la honte.
Il ne s'agit pas de donner des leçons de morale, mais d'aider chacun à devenir son propre maître, comme il convient, et son unique juge.
Dans quel but ? pour être plus humain, plus fort, plus doux. vertu c'est puissance, c'est excellence, c'est exigence. les vertus sont nos valeurs morales, mais incarnées, autant que nous le pouvons, mais vécues, mais en acte : toujours singulières, comme chacun d'entre nous, toujours plurielles, comme les faiblesses qu'elles combattent ou redressent. il n'y a pas de bien en soi : le bien n'existe pas, il est à faire et c'est ce qu'on appelle les vertus.
Ce sont elles que je me suis données ici pour objet : de la politesse à l'amour, dix-huit chapitres sur ces vertus qui nous manquent (mais point totalement : comment pourrions-nous autrement les penser ?), et qui nous éclairent.
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Cette édition des Méditations reprend la traduction faite à partir du texte latin, publié en 1641, par le duc de Luynes et revue par Descartes avant sa première édition française en 1647. Le livre se compose de six Méditations suivies des Réponses aux objections. Ces dernières avaient été sollicitées par Descartes « pour faire que tout ce en quoi le lecteur pourrait trouver de la difficulté, se trouve éclairci par mes réponses.» (Lettre à Mersenne, 21 janvier 1641).
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Ce livre entend donner consistance à la notion de « microvoyage », dont on parle de plus en plus de nos jours, et qui va à l'encontre du tourisme de masse. Il s'agit de tout une variété de pratiques : promenade, excursion, équipée, virée, flânerie, randonnée, balade, errance, escapade. Nul besoin de partir à l'autre bout de la planète pour ressentir la beauté qui nous entoure. Tout est là, à proximité, et nous ne savons pas le voir. Le livre est divisé en trois grandes parties : - la première montre les différentes étapes qui ont conduit l'auteur à devenir lui-même un microvoyageur, c'est-à-dire un passionné des « expéditions de proximité » ; - la deuxième partie présente une dizaine de « maîtres » du microvoyage, de Jean-Jacques Rousseau à Jean Rolin, en passant par Jean Giono, Louis Aragon, Guy Debord, Peter Handke ou Virginia Woolf ; - la troisième partie prend la forme d'un manifeste en dix propositions : le microvoyage comme art d'être présent au monde et d'accéder à la poésie du quotidien.
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En 1619, deux navires corsaires vendent des captifs africains sur les rivages de la toute récente colonie anglaise de Virginie, en Amérique du Nord. Quatre siècles plus tard, en 2019, l'événement est commémoré aux États-Unis comme récit africain-américain des origines de la nation, un an avant les pèlerins du Mayflower , 157 ans avant la Déclaration d'Indépendance. Un récit des origines qu'il nous faut décrypter, mais aussi à inscrire dans le contexte de mondialisations successives.
Ce moment, méconnu du public français, ne peut être compris sans être inclus dans les circulations atlantiques des premières décennies du XVII e siècle, dans un monde où les rapports de force entre puissances impériales sont reconfigurés, façonnant les connexions entre humains, marchandises, idées et capitaux.
De 1619 à 2019, la construction, la promotion et la discussion d'un lieu de mémoire constitue un bon observatoire des débats politiques et sociaux qui animent les États-Unis de ce début de XXI e siècle, mais aussi leurs répercussions globales à une époque de mondialisation des luttes mémorielles.
Du national au transnational, une date-charnière permet ainsi de questionner l'écriture de l'histoire, l'intelligibilité donnée au passé, sa construction, ses usages et les débats qu'elle suscite.
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Pendant ces années au service de l'état florentin, Machiavel n'a « ni dormi ni joué ». C'est dans Le Prince qu'il met à profit son expérience pour conseiller les souverains sur la manière de devenir prince et de le rester. Un traité politique dont la postériété est immense. En reconstituant la logique propre de la syntaxe, en respectant la cohérence du lexique, les traducteurs ont retrouvé le rythme si particulier de la prose machiavélienne qui a tant fait pour le succès de ce « petit » ouvrage. On trouvera, dans cette édition : une introduction qui rappelle les enjeux politiques et théoriques du contexte d'écriture ; une lecture suivie du Prince qui donne pour chaque chapitre les principales lignes interprétatives ; un bref dictionnaire des personnages et événements historiques cités ; et une bibliographie.
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Critique de la raison pure marque un tournant dans l'histoire de la philosophie, une mutation dans l'interrogation philosophique : déplacer l'investigation d'une recherche en termes de vérité vers une recherche en termes de sens, comme réflexion sur les conditions de pensabilité d'un fait. Parce qu'elle entreprend de fonder une philosophie entendue selon un concept « cosmique », c'est-à-dire un système de connaissances ordonnées à ce qui intéresse tout le monde, la Critique nous fait pénétrer dans un XVIIIe siècle pour lequel rien de ce qui est humain n'est étranger au philosophe. Dans les sujets qu'elle aborde, comme dans les exemples qu'elle prend, la Critique est conduite à parler de tout. Grand inventeur de concepts, Kant se refuse à l'obscurité. Sa langue est technique, mais elle l'est dans un but de clarification. Ses innovations sont sémantiques, mais non lexicales. Son écriture a le souci d'allier constamment réflexivité et conséquence. Son lecteur s'en trouve formé autant qu'informé. C'est peut-être l'ultime vertu de la Critique : disposer son lecteur à pouvoir, par après, penser contre elle, mais grâce à elle.
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D'écrivain comblé et adulé, il était devenu un exilé se plaignant auprès de Romain Rolland de ne plus recevoir de courrier. Admirant profondément Montaigne mais aussi Nietzsche, Dostoïevski et Freud, Stefan Zweig souffrait d'être si peu semblable à ses modèles. Il lit et commente passionnément Montaigne pour y trouver la voie de sa liberté intérieure, la force d'assumer son ultime décision.
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Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs
Ilaria Gaspari, Romane Lafore
- PUF
- 4 Mai 2022
- 9782130835479
Les émotions ont mauvaise presse et souffrent depuis toujours d'un préjugé tenace. Les émotions, ce sont les « humeurs », ou encore les « passions » ? passivité de l'âme. Aujourd'hui encore, les hommes, bien souvent, ne doivent pas montrer leurs larmes, tandis que les femmes passent pour hystériques quand elles le font. Pourtant, ce sont nos émotions, ce que nous ressentons, qui nous rendent humains.
À rebours du développement personnel, c'est un guide philosophique des émotions que propose Ilaria Gaspari. Nostalgie, angoisse, gratitude, etc. : les mots que nous mettons sur nos maux ont une histoire, celle de toutes les personnes qui les ont vécues, dites, chantées, étudiées. En s'appuyant sur les plus grands philosophes et la littérature, des récits initiatiques d'Homère à Schopenhauer en passant par Spinoza, Ilaria Gaspari montre que ce qui est le plus intime est aussi universel : les émotions nous inscrivent dans la lignée des hommes.
À travers ce voyage émotionnel dans le temps et la philosophie, à partir de son expérience personnelle, Ilaria Gaspari enjoint à se reconnaître comme émotif afin de ne pas se laisser dominer par elles, ne pas les subir, ni les réprimer, mais les vivre et nous fier à ce qu'elles nous disent. Car c'est l'émotion que nous ressentons qui nous rappelle nos besoins profonds, qui nous rappelle que nous sommes humains. -
L'année 476 marque généralement la fin du monde romain coïncidant avec la destitution du dernier empereur romain d'Occident. Pourtant, les sources contemporaines et postérieures ignorent presque totalement cet événement manifestement secondaire et anecdotique.
Une année beaucoup plus pertinente, aux yeux de l'auteur, est 542 qui se révèle être un vrai tournant historique en raison de la conjonction d'événements politiques, militaires, diplomatiques, religieux et culturels majeurs. Parmi ces événements, il faut noter l'échec de la reconquête de l'Occident romain par Justinien et l'épidémie de peste que subit tout le Bassin méditerranéen et qui touche entre un tiers et deux tiers des Européens.
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Être quelqu'un de bien : Philosophie du bien et du mal
Laurence Devillairs
- PUF
- 25 Septembre 2019
- 9782130818700
On préfère de nos jours parler d'éthique plutôt que de morale. Les deux termes renvoient pourtant à une même réalité. Comment expliquer cette réticence ? Comment expliquer aussi que fleurisse l'expression « c'est une belle personne », qui ne veut rien dire, mais qui exprime ce refus de toute référence à la morale ? Serait-ce parce que la morale rappelle la "leçon de morale", entre punition et contrainte ? Pourquoi est-il si difficile d'être quelqu'un de bien ? Pourquoi nous sentons-nous obligés d'ajouter, lorsque nous disons de quelqu'un qu'il est gentil, que c'est là un compliment ? La gentillesse serait-elle un défaut et la méchanceté un signe d'intelligence, à tout le moins de lucidité ? Qu'est-ce que la méchanceté ?
Philosophie du bien et du mal, des gentils et des méchants, cet ouvrage fait appel, sans jargon mais avec le sérieux requis, aux thèses, souvent radicales, et aux critiques, parfois étonnantes, des philosophes pour interroger notre rapport au bien et au mal, et pour tenter de déterminer ce qui peut faire de nous quelqu'un de bien.
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Parmi les besoins essentiels de l'homme, il y a celui de se raconter des histoires. Le récit permet de donner du sens à notre existence et est créateur de lien social. La saturation actuelle de mots et d'informations a tendance à corrompre la nature du récit en le transformant en un objet mercantile. C'est ce que dénonce l'auteur dans ce court texte stimulant et incisif.
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Des premiers esclaves africains aux dernières fulgurances électroniques en passant par les prêcheurs de spirituals, les cris du Delta, les 78 tours écorchés, les nuits vaporeuses de Harlem, les hors-la-loi de la 52e rue, les microsillons légendaires, les nonchalances ouatées de la côte ouest, les rebelles de Newport ou les scansions cuivrées du funk, cette grande saga du jazz est une invitation au voyage. Dans le sillage de l'histoire et au gré des courants - gospel, blues, ragtime, new orleans, boogie, swing, be-bop, cool, hard-bop, free jazz, fusion, m'base, rhythm'n' blues, soul, funk, rap - tous les personnages héroïques de la musique afro-américaine sont embarqués dans cet ouvrage de référence.
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L'interprétation du rêve introduit à la fois une nouvelle méthode et une nouvelle théorie. La méthode est celle de l'analyse et des associations ; elle décompose le contenu de rêve manifeste en autant d'éléments ou constituants du rêve pour retrouver, en suivant les cheminements de pensée du rêveur, les pensées de rêve latentes. " L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient de la vie psychique. " (S. Freud) Direction scientifique : Jean Laplanche. Direction de la publication : Pierre Cotet. Notices, notes et variantes par Alain Rauzy. Traduit par Janine Altounian, Pierre Cotet, René Lainé, Alain Rauzy, François Robert. Préface de François Robert.
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La Pensée et le Mouvant est le dernier livre publié par Bergson, en 1934, à près de 75 ans ; et pourtant, il y exprime avec une surprise renouvelée, comme si elle venait de survenir, son intuition la plus originale (et cela, dès le titre même).
C'est un livre animé par une idée unique, une unité plus forte peut-être que jamais ; et pourtant, c'est d'abord un recueil d'essais dont chacun vaut comme une oeuvre décisive à part entière, dont certains (comme l' Introduction à la métaphysique ) ont déjà marqué leur époque, et qui, enfin, ne sont pas reliés entre eux seulement par cette unité de principe, mais aussi par des tensions, non moins profondes.
Ainsi Bergson resserre-t-il encore, plus que jamais, sa pensée ou son intuition, la prenant directement, pour la première fois, comme objet. Il restreint même, en apparence, la portée de ce recueil, en la limitant, dans l'Avant-propos, à une réflexion, rétrospective, sur sa « méthode ». Mais cette ultime concentration est en réalité un ultime élargissement.
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Fragments philosophiques, politiques, critiques, litteraires
Walter Benjamin
- PUF
- Quadrige ; Dicos Poche
- 8 Janvier 2025
- 9782130869733
Ces Fragments sont comme des cahiers où la pensée se dévoile en train de se faire. Ils nous permettent d'entrer dans le laboratoire du philosophe et nous rappellent le caractère hétérogène de son oeuvre. Bien qu'ils présentent parfois la difficulté propre aux notes écrites par quelqu'un qui « se comprend » mais n'a pas encore fait tous les efforts nécessaires pour être compris, on n'ose parler de brouillons tant le propos est d'emblée fermement dessiné et la visée déjà ajustée.
La variété formelle (du petit essai jusqu'au schéma fléché, en passant par l'aphorisme, la liste de mots clés, le bout de conversation rapporté) va de pair avec la pluralité des sujets traités : de Russell à Mickey, de la virilité de Hitler à la théorie des couleurs, tout intéresse Benjamin.
Ces textes sont écrits pour la majeure partie entre 1916 et 1922 et offrent un aperçu singulier sur la période de la formation intellectuelle de l'auteur.
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La question Sartre : Sartre par Badiou
Alain Badiou, Pascale Fautrier
- PUF
- Perspectives Critiques
- 15 Janvier 2025
- 9782130834168
Les textes sur Sartre d'Alain Badiou, associés à l'enquête de Pascale Fautrier, ont pour ambition de rouvrir le dossier « Sartre philosophe de l'émancipation et de l'engagement ». Il s'agit de réveiller ce vieux mort du XX e siècle qu'on a voulu embaumer en inoffensif grantécrivain-voyageur-qui-s'est-toujours-trompé-en-politique. L'idée est de le relire au prisme de la réinvention critique (de la reprise créatrice) qu'en a proposée la philosophie d'Alain Badiou - sans rien céder de l'engagement axiomatique pour l'égalité. Soit : Marx avec Descartes pour penser un sujet « infini » non personnel, possiblement collectif et pas seulement politique ; Platon plutôt qu'Aristote pour aborder une pensée (pratique) qui ne soit ni néant pur trouant l'être ni idéalité autonome transcendante ; Heidegger et la phénoménologie pour ouvrir la possibilité existentielle des êtres-événements plutôt que la soumission à l'ordre-Un d'un Être-Nature ; Kant avec Lacan pour l'audace de la décision éthique comme radicalité axiomatique.
Cet ouvrage propose un regard neuf sur une figure incontournable du XX e siècle.
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Antifascisme, humanisme et écologie
Igor Krtolica, Romain Gary
- PUF
- Classiques De L'Écologie
- 30 Avril 2025
- 9782130879381
En 1956, Romain Gary obtint son premier prix Goncourt avec Les Racines du ciel . Ce livre fut considéré comme « le premier roman écologique » parce qu'il raconte l'histoire d'un individu qui prend la défense des éléphants d'Afrique. Romain Gary s'enorgueillissait ouvertement du titre de « premier écologiste de France ». Cependant, son oeuvre littéraire avait jusque-là surtout été animée par des thématiques politiques, à commencer par l'après-coup de la lutte antifasciste pendant la Seconde Guerre mondiale, à laquelle Gary avait lui-même directement participé comme aviateur de la France libre. Mais quel lien pouvait-il bien y avoir entre la lutte antifasciste et l'écologie, entre les horreurs de la guerre et la défense des éléphants ? Pour Gary, le lien était clair, et il lui donna justement un nom dans Les Racines du ciel : « l'affaire homme ». L'affaire homme, c'est la contradiction fondamentale de l'humanisme européen, cet idéal de civilisation qui, depuis la Renaissance, a suscité aussi bien d'immortelles créations de l'esprit que les violences barbares les plus mortifères. Au milieu du XX e siècle, lorsque cette contradiction devient définitivement intenable, Gary estime qu'est devenue nécessaire une transformation profonde de l'humanisme : des rapports de l'homme à la nature, aux animaux et aux autres, mais aussi des valeurs qui l'animent. Les rapports de domination et le virilisme de la puissance doivent désormais céder leur place au besoin universel de protection et de tendresse. Les Racines du ciel est le roman de cette reconfiguration.
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Le Tao-te king , « Livre (king) de la Voie (tao) et de la Vertu (te) », l'ouvrage fondateur du taoïsme philosophique, est attribué à Lao Tseu. Selon la légende, Lao Tseu aurait rencontré Confucius et lui aurait tenu des propos obscurs, ce qui aurait fait dire à ce dernier que Lao Tseu était « insaisissable comme un dragon ». Entre légende ou réalité, nul ne peut trancher. Mais reste un livre sacré, lui aussi sibyllin, que Marcel Conche, grand philosophe contemporain, a traduit et commenté pour nous, afin d'éclaircir la Voie taoïste de la sagesse.
Les éclaircissements apportés permettent enfin de comprendre et d'assimiler les principes de la philosophie taoïste et font du Tao-te king un livre accessible digne de figurer parmi les classiques de la philosophie antique. Le Tao-te king enrichit la pensée occidentale de points de vue différents, d'un autre âge et d'une autre aire culturelle, qui peuvent nous aider à penser les problèmes de notre temps et de notre culture.
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Publiée en 1788, la Critique de la raison pratique s'inscrit dans le prolongement de la Critique de la raison pure (1781) et des Fondements de la métaphysique des moeurs (1785). Elle est aussi l'expression des conditions subjectives de la moralité et l'explication de la loi morale.
Ferdinand Alquié, dans son texte d'introduction, rappelle les sources kantiennes (Leibniz, Wolf, Rousseau), le processus de construction du sujet moral, l'intérêt du sujet connaissant la possibilité d'un usage synthétique de la raison pure pratique sur le chemin de l'impératif catégorique, le rôle de la liberté à l'articulation de la volonté bonne et de la loi. Telles sont les voies d'accès au souverain bien « synthèse de la raison théorique et de la raison pratique, de la raison déterminant la nature et de la raison parant la loi ».
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L'histoire de l'ivresse est l'histoire d'une fascination oscillant entre exaltation romantique et dénonciation scandalisée - entre l'esthétisation et la moralisation. Pourtant, nombreux sont ceux qui, de tous temps et dans toutes les cultures, ont refusé cette alternative pour plutôt s'interroger sur ce que l'ivresse fait - sur les puissances insoupçonnées qu'elle recèle. De la Bagdad du IXe siècle au New York du XXe, de la France médiévale au Japon de l'ère Meiji, poètes, philosophes, écrivains, alchimistes ou simples ivrognes ont exploré, de manière souvent vacillante et imbibée, ce que l'ivresse change dans le domaine de l'art comme dans celui de la science, dans celui de la politique comme dans celui de l'éthique - et jusqu'à celui de l'être. Cheminant en compagnie de Abû Nûwas, Nakae Chômin, Rabelais, Dorothy Parker, Zhang Xu et de nombreux autres, Laurent de Sutter propose une traversée des transformations que l'ivresse propose, à la recherche d'une vérité nouvelle, ne tenant plus sur ses pieds que de manière hésitante : une vérité ivre, ridiculisant la police millénaire de la sobriété.
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La Poétique de l'espace explore, à travers les images littéraires, la dimension imaginaire de notre relation à l'espace, en se focalisant sur les espaces du bonheur intime. Le « philosophe-poète » que fût Gaston Bachelard entend ainsi aider ses lecteurs à mieux habiter le monde, grâce aux puissances de l'imagination et, plus précisément, de la rêverie. Aussi l'ouvrage propose-t-il tout d'abord une suite de variations poético-philosophiques sur le thème fondamental de la Maison, de celle de l'être humain aux « maisons animales » comme la coquille ou le nid, en passant par ces « maisons des choses » que sont les tiroirs, les armoires et les coffres.
Il ouvre de la sorte une ample réflexion sur l'art d'habiter le monde, impliquant une dialectique de la miniature et de l'immensité, puis du dedans et du dehors, qui s'achève par une méditation des images de la plénitude heureuse, condensant les enjeux anthropologiques, métaphysiques et éthiques de cette oeuvre sans précédent.
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Le féminisme en héritage : Incidences intimes et transmission familiale d'une lutte politique
Camille Masclet
- PUF
- 23 Avril 2025
- 9782130853329
Le féminisme change-t-il la vie ? Ressurgie dans le sillage du mouvement #MeToo, cette question se pose à chaque grande vague de mobilisation féministe.
Dans les années 1970, les mouvements féministes qui clament que « le privé est politique » aspirent précisément à changer la vie des femmes. Le corps, la sexualité, le couple, les tâches domestiques, l'éducation des enfants, sont autant de sujets dont les féministes se saisissent alors pour les politiser. Les transformations sociales et politiques engendrées par ces mobilisations sont aujourd'hui connues et célébrées comme des acquis. Moins spectaculaires et plus difficiles à saisir, les révolutions intimes qu'elles ont entraînées à l'échelle individuelle, chez les femmes qui ont rejoint le mouvement féministe, sont davantage restées dans l'ombre. Sont-elles parvenues à se libérer de certains carcans sous l'effet de cet engagement ? Quel écho la contestation du patriarcat a-t-elle eue sur leur sexualité et leurs relations de couple ? Comment ont-elles élevé leurs enfants ? Leurs filles et leurs fils sont-ils devenus féministes à leur tour ?
À partir d'une enquête sociologique inédite, le livre examine l'empreinte laissée par la politisation du privé sur la vie de ces féministes ordinaires et sur celle de leurs enfants. Il offre une perspective nouvelle sur les effets à long terme de ce mouvement historique et sur sa contribution au changement social, qui éclaire en retour les mobilisations féministes contemporaines.