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Le Seuil
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Qu'est-ce que la politique ?
Hannah Arendt, Muriel Frantz-Widmaier
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 6 Novembre 2014
- 9782020932288
Hannah Arendt entreprend dans les années 1950, à la demande de son éditeur allemand, la rédaction d'un ouvrage sur la politique. Les textes qui composent ce grand projet, qui n'a finalement jamais abouti, revêtent un intérêt capital pour la compréhension de l'oeuvre tout entière : ils ont été écrits à une période charnière au cours de laquelle ont été rédigés les ouvrages majeurs de la philosophe.
À ces textes réunis dès 1995 sous le titre Qu'est-ce que la politique ? s'ajoute ici un ensemble de textes inédits en français, écrits par Arendt en anglais en 1953-1954, qui se situent dans la lignée de La Crise de la culture et reprennent les grands jalons de notre tradition philosophique politique, de Platon à Marx.
Cette nouvelle édition critique, sous la direction de Carole Widmaier, confère, sans artifice et sans systématicité excessive, une unité à des aspects de la pensée d'Arendt qui, dans le reste de son oeuvre, sont à peine effleurés ou traités séparément les uns des autres. En mettant ces textes en perspective en les confrontant à des ouvrages fondamentaux d'Arendt ( Les Origines du totalitarisme, La Crise de la culture, Condition de l'homme moderne, La Vie de l'esprit, etc.), elle apporte un nouvel éclairage sur l'oeuvre de la philosophe allemande.
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La cause est entendue : l'homme n'est pas son corps, il est un esprit ou un moi qui n'est lié que subsidiairement à celui-ci ; il appartient à un ordre de réalités plus élevé. Il est un étranger dans le monde et n'y traîne qu'une existence diminuée. La révolution scientifique du xviie siècle nous a enseigné une fois pour toutes que seules existent les particules de la physique et que le monde des sens se réduit à une apparence. Désormais, les promoteurs de l'IA et du transhumanisme nous promettent un avenir radieux où nous serions délivrés d'une partie de cette enveloppe de notre système nerveux central, dépourvue de valeur, car ne véhiculant aucune information exploitable sous forme d'algorithmes qui pourrait augmenter nos capacités par l'interface avec la machine.
Ce livre nous invite à rompre avec ces évidences. Il cherche à lever les obstacles théoriques qui semblent nous interdire de considérer notre corps comme étant nous-mêmes et la perception comme une saisie directe des choses dans leur réalité, indépendante de notre esprit. Déployant une réflexion sur les principes, il voudrait nous faire prendre conscience de ce que nous sommes à la fois dans le monde et du monde, en sorte que notre destin est inexorablement lié avec le sien.
Aujourd'hui plus que jamais, la tâche de la philosophie n'est pas de nous permettre de transcender notre environnement sensible mais de nous ramener à lui et de nous aider à y reprendre place en méditant « notre condition merveilleusement corporelle », comme dit Montaigne.
Claude Romano enseigne à Sorbonne-Université et à ACU Melbourne. Il a reçu le grand prix de philosophie de l'Académie française en 2020 pour l'ensemble de son oeuvre. Il a récemment publié Être soi-même (Gallimard, 2019) et L'Identité humaine en dialogue (Seuil, 2022). -
Les Lumières à l'âge du vivant
Corine Pelluchon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 7 Janvier 2021
- 9782021425017
Comment défendre les Lumières aujourd'hui ? Leur idéal d'émancipation a-t-il encore un sens ?
On ne saurait se borner à invoquer un esprit des Lumières immuable dans un contexte marqué par le réveil du nationalisme, les crises environnementales et sanitaires et l'augmentation des inégalités. Faire face au danger d'effondrement de notre civilisation sans renoncer à la rationalité philosophico-scientifique, mais en tenant compte de notre dépendance à l'égard de la nature et des autres vivants : telle est la démarche qui fonde ce livre. Pour combattre les anti-Lumières qui souhaitent rétablir une société hiérarchique ou théocratique et répondre aux accusations des postmodernes qui suspectent tout universalisme d'être hégémonique, il faut donc proposer de nouvelles Lumières. Celles-ci supposent de revisiter l'histoire des Lumières, mais aussi de lutter contre l'amputation de la raison qui a été réduite à un instrument de calcul et d'exploitation.
L'objectif des Lumières à l'âge du vivant et de leur projet d'une société démocratique et écologique est bien de destituer le principe de la domination - une domination des autres et de la nature à l'intérieur et à l'extérieur de soi qui traduit un mépris du corps et de la vulnérabilité.
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Faire ensemble : Reconstruction sociale et sortie du capitalisme
Franck Fischbach
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 31 Octobre 2024
- 9782021532623
Si, dans la société précapitaliste, les moyens de subsistance étaient assurés collectivement, l'entrée dans la modernité industrielle a profondément bousculé ce modèle en séparant deux types d'activité pourtant liées: les activités de production économique et les activités de reproduction sociale, qui englobent le soin (la médecine et le care en général, l'éducation...), improprement appelées improductives et injustement dévolues aux femmes.
Cette désunion moderne va bien au-delà des genres assignés et la violence capitaliste, dans ce qu'elle recèle d'éminemment individualiste, cristallise les dissensions entre les générations, les milieux sociaux, entre les humains et le reste des vivants. Pourtant, il est évident que les relations interpersonnelles et affectives doivent être considérées
comme nécessaires, notamment pour la sphère économique.
Visant le coeur des contradictions du capitalisme, l'auteur porte un regard critique sur cet appauvrissement du lien social et propose une réflexion concrète sur les possibilités d'un travail vivant, un « faire ensemble », comme condition de possibilité du « vivre ensemble ».
Ou comment le faire doit se penser non uniquement dans sa forme productive, mais aussi dans sa dimension pratique, comme condition d'une libération collective. -
La société des affects ; pour un structuralisme des passions
Frédéric Lordon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 19 Septembre 2013
- 9782021119831
Après avoir longtemps refusé d'y toucher, les sciences sociales découvrent que la société marche aux désirs et aux affects. Mais quand on voit que l'économie, bien dans sa manière, poursuit son fantasme de science dure en s'associant maintenant avec la neurobiologie, on devine que le risque est grand que le " tournant émotionnel " porte à son comble le retour à l'individu et signe l'abandon définitif des structures, institutions, rapports sociaux, par construction coupables de ne pas faire de place aux choses vécues.
Comment articuler les émotions des hommes et le poids de détermination des structures ? Comment penser ensemble ces deux aspects également pertinents, et manifestement complémentaires, de la réalité sociale - que rien ne devrait opposer en principe ? Tel est le projet de " structuralisme des passions " que Frédéric Lordon expose dans ce livre brillant et roboratif. Mobilisant les textes de Spinoza, mais aussi de Marx, Bourdieu et Durkheim, il s'efforce de penser la part passionnelle des structures du capitalisme et de leurs crises historiques successives.
Économiste devenu philosophe, Frédéric Lordon s'attache au fond par ce travail à la " réfection de nos sous-sols mentaux ". Parce que la destruction du socle métaphysique de la pensée libérale est un préalable indispensable à la transformation politique des structures.
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La condition anarchique ; affects et institutions de la valeur
Frédéric Lordon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 4 Octobre 2018
- 9782021406801
Disons les choses d'emblée : la condition anarchique ici n'a rien à voir avec l'anarchisme qui intéresse la théorie politique. Lue étymologiquement, comme absence de fondement, an-arkhé, elle est le concept central d'une axiologie générale et critique. Générale parce qu'elle prend au sérieux qu'on parle de « valeur » à propos de choses aussi différentes que l'économie, la morale, l'esthétique, ou toutes les formes de grandeur, et qu'elle en cherche le principe commun. Critique parce qu'elle établit l'absence de valeur des valeurs, et pose alors la question de savoir comment tient une société qui ne tient à rien.
Aux deux questions, une même réponse : les affects collectifs. Ce sont les affects qui font la valeur dans tous les ordres de valeur. Ce sont les affects qui soutiennent la valeur là où il n'y a aucun ancrage. Dans la condition anarchique, la société n'a que ses propres passions pour s'aider à méconnaître qu'elle ne vit jamais que suspendue à elle-même.
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Éthique de la considération
Corine Pelluchon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 11 Janvier 2018
- 9782021321593
Pourquoi avons-nous tant de mal à changer nos styles de vie alors que plus personne ne peut nier que notre modèle de développement a un impact destructeur sur le plan écologique et social ni douter de l'intensité des violences infligées aux animaux ?
Relever ce défi implique de combler l'écart entre la théorie et la pratique en développant une éthique des vertus. Au lieu de se focaliser sur les principes ou sur les conséquences de nos actes, celle-ci s'intéresse à nos motivations concrètes, c'est-à-dire aux représentations et aux affects qui nous poussent à agir. Quels traits moraux peuvent nous conduire à être sobres et à avoir du plaisir à faire le bien, au lieu d'être constamment déchirés entre le bonheur et le devoir ?
L'éthique de la considération prend sa source dans les morales antiques, mais elle rejette leur essentialisme et s'appuie sur l'humilité et sur la vulnérabilité. Alors que Bernard de Clairvaux fait reposer la considération sur une expérience de l'incommensurable supposant la foi, Corine Pelluchon la définit par la transdescendance. Celle-ci désigne un mouvement d'approfondissement de soi-même permettant au sujet d'éprouver le lien l'unissant aux autres vivants et de transformer la conscience de son appartenance au monde commun en savoir vécu et en engagement. La considération est l'attitude globale sur laquelle les vertus se fondent au cours d'un processus d'individuation dont l'auteur décrit les étapes.
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Histoire de la philosophie de Thomas d'Aquin à Kant
Martin Heidegger
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 10 Novembre 2023
- 9782021421545
Au semestre d'hiver 1926-1927, tandis que Heidegger est en train d'achever son maître-livre Être et Temps, il dispense un cours qui offre une grande traversée dans l'histoire de la philosophie. Celui-ci constitue à bien des égards le laboratoire de l'ouvrage.
Heidegger y trace en effet un chemin entre la métaphysique moderne et la théologie médiévale, en avançant l'idée que la doctrine moderne de l'être qui se déploie autour du « Je » cartésien doit se comprendre à partir de la doctrine de saint Thomas. Le philosophe scolastique apparaît lui-même comme le point de consolidation de la métaphysique antique, entièrement refondue dans le cadre de la théologie chrétienne. Heidegger entreprend ensuite une analyse - inédite dans son oeuvre - de l'Éthique de Spinoza, faisant émerger le spinozisme comme la seule philosophie moderne, avant Hegel, qui soit parvenue à penser l'être absolument.
Tout en corrigeant l'idée que Heidegger aurait exclu Spinoza de sa compréhension de la métaphysique, ces leçons représentent également un document de premier ordre pour reconstituer la genèse de sa réflexion : ce serait pour pallier les lacunes d'une métaphysique au sein de laquelle l'être est rabattu sur la substance ou le sujet que le philosophe se serait vu confronté à la nécessité de tenter un nouveau commencement pour la pensée. -
Quand dire, c'est faire
John langshaw Austin
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 24 Mai 2024
- 9782021560299
Quand dire, c'est faire est un ouvrage majeur de philosophie contemporaine et fait figure de « classique ». Dans ce texte vif et fondateur, Austin a montré comment le discours peut « faire ». À rebours d'une grande partie de la tradition, il a révolutionné l'approche du langage en introduisant les concepts d'« énoncé performatif » et « d'acte de discours ». Le déplacement théorique qu'opère l'ouvrage en mettant au jour les différentes formes d'actions accomplies par le langage scelle en effet l'originalité et l'importance tant philosophiques qu'historiques de ce texte pour la pensée en général : découvrir ce que le langage accomplit et ainsi ce que nous accomplissons en tant qu'individu parlant, agissant du fait même de parler, au sein d'une société, c'est comprendre la responsabilité de nos paroles.
Cette traduction inédite du texte définitif d'Austin entend rendre en français la subtilité du texte original et tous ses enjeux conceptuels, mais aussi l'humour d'Austin et sa volonté de s'exprimer dans un langage clair et accessible à tous. Voici donc enfin disponible ce qui doit tenir lieu dorénavant d'édition de référence. -
Esthétique de la rencontre ; l'énigme de l'art contemporain
Baptiste Morizot, Estelle Zhong mengual
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 18 Octobre 2018
- 9782021404234
À la croisée de la philosophie, de l'histoire de l'art et de l'esthétique, Esthétique de la rencontre est une enquête sur nos relations à l'art contemporain, et plus largement aux oeuvres d'art : qu'est-ce qui fait qu'il se passe quelque chose devant une oeuvre - ou qu'il ne s'y passe rien ?
Le livre s'ouvre sur une énigme : pourquoi avons-nous si souvent l'impression, dans une exposition d'art contemporain, que les oeuvres sont indisponibles, comme si elles n'étaient pas là pour être appréciées, rencontrées ? Baptiste Morizot et Estelle Zhong Mengual s'attachent dans un premier temps à élucider ce sentiment par une généalogie afin de comprendre le jeu de contraintes historiques qui se sont sédimentées au xxe siècle dans la création contemporaine. Ce constat d'une non-rencontre les amène ensuite à enquêter sur ce qui a lieu quand il se passe quelque chose entre quelqu'un et une oeuvre d'art en ayant recours, pour déplier ce qui se joue dans cet événement si dense en significations et en affects, aux outils philosophiques forgés par Gilbert Simondon.
En chemin, l'ouvrage propose d'approcher de plus près le pouvoir transfigurateur de l'art, et revisite enfin tout un pan de l'art contemporain comme lieu de création de vraies rencontres : celles qui nous font.
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Temps et récit Tome 3 ; le temps raconté
Paul Ricoeur
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 1 Novembre 1985
- 9782020089814
Temps et récit III remet en scène les trois protagonistes de Temps et récit I et II : l'historiographie, la théorie littéraire du récit de fiction et la phénoménologie du temps. Mais le débat se déplace cette fois du travail de configuration temporelle interne au récit, au pouvoir qu'a celui-ci de refigurer, autrement dit d'éclairer et de transformer, l'expérience quotidienne du temps.L'hypothèse mise à l'épreuve par la première section de ce livre est que la phénoménologie, en s'élargissant et s'approfondissant, de saint Augustin à Heidegger, aboutit, en regard de la cosmologie, à une incontournable Aporétique du temps.La seconde section montre comment, à ces impasses de la pensée, la Poétique du récit peut répondre, et qu'elle y parvient plus précisément avec les ressources conjointes - entrecroisées - de l'histoire et de la fiction. Une réponse qui ne saurait résoudre les paradoxes soulevés par la spéculation philosophique, mais leur donne la réplique d'une création réglée, parente de celle naguère explorée dans la Métaphore vive.Un retour critique sur le chemin parcouru dans les trois volumes explore alors les limites que rencontre la fonction narrative dans son ambition à se mesurer aux apories que la phénoménologie du temps découvre et suscite : que le temps soit notre condition même marque une butée devant laquelle toute analyse s'interrompt.
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Le temps de la consolation
Michaël Foessel
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 8 Octobre 2015
- 9782021183382
Un geste ou une parole devraient suffire, et pourtant. Consoler est une activité difficile qui implique de prendre la parole sur une souffrance que l'on ne partage pas, mais à laquelle on cherche à prendre part. Comment, sans la trahir, se frayer un chemin jusqu'à l'intimité de l'autre ? Quels mots employer qui ne suscitent pas le soupçon ? Ces questions relèvent aujourd'hui de la psychologie ou de la religion. Pourtant, la philosophie a longtemps été un baume pour les douleurs humaines. De Platon à Boèce en passant par les stoïciens, la raison s'impose comme la grande consolatrice. En s'appuyant sur cette tradition, ce livre propose dans un premier temps une grammaire de la consolation. Acte social qui mobilise le langage, la consolation dit quelque chose de la condition humaine. Si elle ne résorbe pas la souffrance, elle répond à la « souffrance de la souffrance » qui est solitude, honte ou culpabilité. Le consolateur apprend à vivre au-delà du point où cela semble impossible.Si l'homme est un animal qui a besoin de consolation, il reste que la philosophie moderne semble avoir abandonné le projet de satisfaire ce désir. Nous ne croyons plus qu'il existe un savoir qui, à lui seul, permette d'affronter les tourments de la vie. Cette défiance constitue un événement dont ce livre, dans sa deuxième partie, retrace l'histoire.
L'auteur montre que nous vivons le « temps de la consolation », c'est-à-dire un temps marqué par la perte des modèles communautaires, rationnels et amoureux qui justifiaient l'existence face au pire. Repenser la consolation, c'est éviter le double écueil de la restauration de ces anciens modèles et du renoncement mélancolique au sens.
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Francis Bacon ; logique de la sensation
Gilles Deleuze
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 7 Mai 2002
- 9782020500142
Le livre de Gilles Deleuze sur Francis Bacon est bien autre chose que l'étude d'un peintre par un philosophe. Est-il du reste « sur » Bacon, ce livre ? Et qui est le philosophe, qui est le peintre ? Nous voulons dire : qui pense, et qui regarde penser ? On peut certainement penser la peinture, on peut aussi peindre la pensée, y compris cette forme exaltante, violente, de la pensée qu'est la peinture. Nous nous sommes dit : « Sans doute sera-t-il impossible d'égaler la splendeur de l'édition initiale. Il nous manquera bien des choses, dans le registre du visible. Est-ce une raison pour manquer en outre à notre devoir, qui est que ce grand livre ne cesse pas de circuler, ne disparaisse à aucun prix de la circulation à laquelle il est destiné, celle qui le fait passer, de main en main, chez les amants de la philopeinture, ou de la pictophilosophie ? Chez les perspicaces amants de l'équivalence, en forme de pliure, entre le visible et son revers nominal. » Nous avons donc décidé de republier ce livre dans la collection « L Ordre philosophique », où tout livre a pour fonction d'y faire désordre. Et singulièrement celui-là. Nous ne pouvons que remercier, vivement, de ce désordre par quoi se fait le plus beau de notre Ordre, tous ceux qui ont rendu possible cette (re)publication, et qui nous ont donc permis de faire notre devoir. En quelques mots « Le primat des énoncés n'empêchera jamais l'irréductibilité du visible, au contraire. L'énoncé n'a de primat que parce que le visible a ses lois propres, son autonomie qui le met en rapport avec le dominant, avec l'héautonomie de l'énoncé. C'est parce que l'énonçable a le primat que le visible lui oppose sa forme propre qui se laissera déterminer sans se laisser réduire »
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La surprise : Crise dans la pensée
Natalie Depraz
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 19 Avril 2024
- 9782021551501
J'ai une surprise pour toi ! Le moment de stupéfaction passé, l'esprit se met en mouvement, rationalise. La surprise, cette inconnue des philosophes, cet instantané inassimilable, blanc d'antenne dans l'esprit, sursaut dans le corps, est rapatriée au pays des concepts, étonnement, admiration, événement, altérité, et des philosophes, Platon, Aristote, Descartes, Heidegger, Levinas. Au risque d'y disparaître ?
Que fait la surprise à la philosophie ? Il y a en elle de l'incongru. Prenant le sujet à revers, elle exerce une emprise, là où la philosophie veut interroger sereinement, à distance. La surprise est transformatrice. Elle suscite un autre récit, étranger à l'histoire des herméneutiques du sens. Tournée vers l'avenir, elle est créatrice d'attentes.
Cet ouvrage propose ainsi une histoire de la philosophie ni dialectique ni élitaire. Une histoire des ébauches du sens, des incertitudes du soi. La surprise ouvre le sujet, le déplace au-delà, dans son ouverture politique, théologique, écologique. Aussi, les transcendances collectives, loin d'être des excroissances subjectives, sont la matière de l'ouverture du soi. La surprise est promesse d'horizons impensés, pourtant déjà là. Rendre compte de cette promesse, c'est faire le récit d'un futur présent sous nos yeux, pour qui sait voir.
Natalie Depraz est philosophe, Professeure à Paris Nanterre. Spécialiste de phénoménologie, elle dialogue avec les champs scientifiques, politiques et littéraires. -
Après la fin du monde ; critique de la raison apocalyptique
Michaël Foessel
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 11 Octobre 2012
- 9782021053678
Notre temps est, dit-on, celui des catastrophes. Sur les nouveaux fronts de l'écologie, du changement climatique ou de la menace nucléaire, les idéologies du progrès ont cédé la place à l'angoisse. Mais la résurgence des thèmes apocalyptiques est bien plus que le symptôme d'une période de crise : dès les XVIe et XVIIe siècles, avec la disparition du cosmos comme ordre hiérarchisé au sein duquel l'homme occupait une position privilégiée, est née une nouvelle inquiétude : celle de devoir vivre " après la fin du monde ". Ce livre voudrait montrer que le plus urgent n'est pas d'éviter la catastrophe à venir, mais de repenser et de réinvestir le monde de manière nouvelle. Michaël Foessel interprète les peurs apocalyptiques actuelles à partir des expériences contemporaines où les sujets se sentent dépossédés du monde : triomphe de la technique sur l'action, du capital sur le travail, du besoin sur le désir. Pour cela, il propose une généalogie de l'idée de " fin du monde " qui distingue deux voies de la modernité : celle qui privilégie la vie et sa conservation, aujourd'hui à l'oeuvre dans la plupart des conceptions écologiques et précautionneuses du réel ; celle qui fait du monde le thème principal de la philosophie en même temps qu'un enjeu politique de premier ordre. Nous sommes désormais face à une alternative : perpétuer la vie ou édifier un monde. Les théories de la catastrophe ne se soucient plus de savoir quel monde mérite d'être défendu. En ce sens, le fait que la fin du monde a déjà eu lieu est une bonne nouvelle : cela nous invite à inventer des espaces pour l'action et à fonder un nouveau cosmopolitisme.
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Au long de ces huit études qui s'appuient aussi bien sur la littérature anglo-saxonne que sur les travaux européens, une progression est suivie qui va du mot à la phrase, puis au discours.
La rhétorique, d'Aristote à Fontanier (mais aussi aux structuralistes), prend le mot pour unité de référence. En ce sens, la métaphore n'est que déplacement et extension du sens des mots; son explication relève d'une théorie de la substitution. Le point de vue sémantique en diffère dès lors que la métaphore est replacée dans le cadre de la phrase elle n'est plus alors une dénomination déviante mais une prédication impertinente.
Émile Benveniste est ici l'auteur qui permet à l'analyse de franchir un pas décisif, avec l'opposition entre une sémiotique pour laquelle le mot n'est qu'un signe dans le code lexical, et une sémantique où la phrase est le porteur de la signification complète minimale. En passant de la phrase au discours proprement dit (poème, essai, philosophie), on quitte enfin le niveau sémantique pour le niveau herméneutique.
Ici, ce qui est en question n'est plus la forme de la métaphore (comme pour la rhétorique), ni son sens (comme pour la sémantique), mais sa référence : référence double, en l'occurrence. La métaphore, en dernier ressort, est pouvoir de redécrire la réalité. Propos qui entraîne la nécessité de bien mettre en place la pluralité des modes de discours, et la spécificité du discours philosophique.
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La traversée des catastrophes ; philosophie pour le meilleur et pour le pire
Pierre Zaoui
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 7 Octobre 2010
- 9782021029833
- Comment survivre à la vie ? Car la vie finit mal, se passe mal aussi parfois, avec ruptures, chagrins, deuils, maladies, et mort. Comment traverser ces catastrophes ? Avec l'aide de la foi, qui donne sens à ce qui n'est que souffrance ? Mais qu'en est-il de l'athée ? S'il veut être cohérent, il ne doit pas chercher à donner un sens à ces souffrances, à leur trouver une justification mais il ne peut faire fond que sur l'absurdité de la vie. Quelle fécondité trouver aux vies abîmées ? Comment penser la mort et la douleur ? Comme ce qui est étranger à la vie, comme ce qui ne la concerne pas. Sans pour autant faire comme si cela n'était rien. Il faudrait donc tenir ensemble la réalité terrifiante du malheur et la valeur absolue de la vie, qui seule importe. Un essai de philosophie athée rigoureuse, qui pose la question essentielle : à quoi bon vivre ?
- Enseignant à l'université Paris VII-Diderot, Pierre Zaoui est membre du centre international d'étude de la philosophie française et directeur de programme au Collège international de philosophie. Ses recherches portent notamment sur Spinoza et Gilles Deleuze.
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Écrits logiques et philosophiques
Gottlob Frege
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 1 Octobre 1971
- 9782020027427
Ecrits logiques et philosophiques Dix textes, échelonnés entre 1879 et 1925, qui forment une méditation continue, sur les médications qu'il faut administrer à la langue naturelle pour satisfaire l'idéal d'une «langue formulaire de la pensée pure».Dix textes qui se trouvent aux sources de trois courants essentiels de la pensée contemporaine : le formalisme logique, dont la figure décisive sera Bertrand Russell ; la critique du langage commun, que poursuivra, après Wittgenstein, la philosophie analytique anglo-saxonne ; et la réflexion proprement linguistique.Parmi les apports décisifs de ces essais de Frege, il faut noter la construction d'une logique extensionnelle (avec l'identification du concept et de la fonction) et la mise en place de ce «triplet» de notions : la fonction, essentiellement insaturée, l'argument qui la complète, la valeur (de vérité) que prend la fonction pour cet argument. S'y articule cette distinction valable en tout langage : s'il y a des expressions équivalentes, c'est qu'à la pluralité des sens se conjugue l'unité de la dénotation.
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Traduction nouvelle de Bernard Pautrat.
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Les nourritures ; philosophie du corps politique
Corine Pelluchon
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 8 Janvier 2015
- 9782021170375
Ce livre constitue une tentative originale de construire une "phénoménologie des nourritures", en partant d'intuitions de Levinas sur les dimensions qui inscrivent l'existence individuelle dans un "vivre-de" : dépendances à l'égard du monde, des aliments, d'autrui, qui rompent avec toute image du sujet maître et autonome au profit d'une subjectivité toujours prise dans des relations. Cette philosophie du corps implique de réviser l'approche de "l'être-là" étrangement "désincarné" que l'on trouvait, notamment, chez Heidegger.
C. Pelluchon entend tirer toutes les conséquences politiques de cette phénoménologie qui se développe ainsi en une philosophie de l'écologie. Mais cette écologie ne se cache pas d'être une construction politique et sociale, un "nouveau contrat social" qui revendique l'héritage des Lumières (Locke, Rousseau...). Le livre aborde aussi la question de la transformation de la démocratie dans un sens plus délibératif, capable de faire place à ces exigences de justice de long terme, envers les générations futures, les animaux, etc.
L'ouvrage explore ainsi des phénomènes très peu abordés par la philosophie et qui affectent cependant la vie d'un grand nombre de personnes aujourd'hui : la faim, mais aussi la malnutrition, l'anorexie et la boulimie. D'autre part, il tranche avec une grande part de la pensée critique contemporaine en assumant une vision ouverte à la pluralité discursive et joyeuse, une apologie du goût et du plaisir de manger.
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De l'interprétation ; essai sur Freud
Paul Ricoeur
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 1 Mai 1965
- 9782020027281
EssaisPeut-on écrire sur Freud sans être ni analyste ni analysé ? Non, s'il s'agit d'un essai sur la psychanalyse comme pratique vivante ; oui, s'il s'agit d'un essai sur l'oeuvre de Freud comme document écrit, auquel la mort de son auteur a mis un point final : une interprétation d'ensemble de notre culture, qui a changé la compréhension que les hommes ont d'eux-mêmes et de leur vie.Or, cette interprétation, précisément, est tombée dans le domaine public, tombée jusqu'au bavardage. Il appartient dès lors au philosophe de la justifier, c'est-à-dire d'en déterminer le sens, la légitimité et les limites.Comme le montre Paul Ricoeur, seule une méditation sur le langage peut fournir une structure d'accueil à l'exégèse freudienne de nos rêves, de nos mythes et de nos symboles. Et cette exégèse, en s'articulant elle-même à une réflexion «archéologique» sur le sujet, fait en retour éclater la philosophie du sujet, dans ses expressions naïves et prématurées.Le présent ouvrage ne se borne donc pas aux débats d'un philosophe avec Freud ; il libère l'horizon d'une recherche : la lecture de Freud devient l'instrument d'une ascèse du «je», délogé des illusions de la conscience immédiate.
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Philosophie des expériences radicales
Stéphane Madelrieux
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 4 Novembre 2022
- 9782021483345
Nos expériences ordinaires suffisent-elles à donner un sens à nos vies ? N'y a-t-il pas au contraire des expériences exceptionnelles, rares, supérieures, qui rompent avec l'ordinaire et nous font toucher quelque chose de plus profond, de plus réel, d'absolu ? Les philosophes de l'expérience radicale soutiennent en effet qu'il existe une différence de nature entre deux grands types d'expériences : d'un côté, les expériences pratiques, habituelles, empiriques, qui nous maintiennent dans un régime d'apparences ; de l'autre, des expériences privilégiées, telles que l'extase mystique, l'effusion érotique ou l'exaltation de la fête, transformant l'individu qui les traverse, le transportant dans un espace et un temps propres, imposant de nouvelles valeurs et dévoilant le fond des choses par-delà les apparences.
Stéphane Madelrieux analyse la philosophie française au prisme de cette recherche des expériences radicales en y distinguant deux voies : celle de l'expérience pure, mise en oeuvre par Bergson, Wahl et Deleuze, et celle de l'expérience-limite, qu'ont poursuivie jusqu'au bout Bataille, Blanchot et Foucault. Dans cet effort pour développer une nouvelle philosophie de l'expérience, les penseurs français rencontrent une autre tentative contemporaine et du même genre, celle du pragmatisme américain, dont ils s'inspirent parfois mais qui pourrait bien fournir les instruments de leur critique la plus décisive. -
Verite et methode. les grandes lignes d'une hermeneutique philosophique
Hans-georg Gadamer
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 3 Avril 1996
- 9782020194020
Vérité et méthode (1960) vient plus de trente ans après l'etre et temps de heidegger (1927).
Dans l'intervalle, le problème est devenu moins de prolonger l'élan de la pensée de heidegger que de la retourner pour faire face aux sciences " humaines " - geisteswissenschaften. s'il importe de sortir entièrement à leur propos de la " querelle des méthodes ", c'est que la mise à distance qu'opère tout traitement " méthodologique " a déjà commencé de ruiner le fondamental rapport d'appartenance qui nous relie au domaine dans lequel le regard scientifique découpe sont objet.
Et que la compréhension portée par cette appartenance peut seule revendiquer la " vérité ".
Le livre de gadamer est l'expression de ce combat que se livrent la " vérité " et la " méthode ". l'auteur poursuit la lutte dans les trois champs successifs de notre lien esthétique aux oeuvres d'art, de notre lien historique aux héritages du passé, de notre lien langagier à l'ordre des signes et, à travers eux, à l'être-dit des choses.
(la traduction présentée ici est celle du texte définitif, qui occupe la totalité du premier tome des gesammelte werke de gadamer, paru en allemagne, en (1986).
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L'invention de l'idéal et le destin de l'Europe
François Jullien
- Le Seuil
- L'ordre Philosophique
- 10 Septembre 2009
- 9782020976176
Idéal est un mot d'Europe : il s'y retrouve d'une langue à l'autre, seule diffère la façon de le prononcer.
Or qu'en advient-il quand on sort d'Europe, notamment quand on passe en Chine ? Car il n'est pas banal d'avoir isolé dans la vie de l'esprit cette représentation unitaire, détachée de l'affectif, qu'on appelle « idée ». Il l'est encore moins d'avoir imaginé reporter sur elle, promue en « idéal » séparé du monde, la fixation du désir : au point de faire de cette abstraction le mobile d'une humanité prête à s'y sacrifier.
Cet idéalisme platonicien - il est vrai - nous a lassés. Mais on redécouvrira à neuf, le considérant de Chine, quelle invention audacieuse il a été ; et, plus encore, quelle dramatisation de l'existence un tel coup de force a su inspirer. Or, sur cette scène de l'idéal, le rideau ne viendrait-il pas de tomber ? Ou que devient une « Europe » rompant avec l'Idéal ?