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Circe
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38 ficelles, tours et autres passes pour garder raison à tout prix en ayant objectivement tort ou comment terrasser son adversaire en étant de plus mauvaise foi que lui. Un court traité à l'usage de quiconque croit sincèrement aux dividendes de la pensée. Rédigé à Berlin en 1830-31, ce traité fut publié pour la première fois en 1864. Il est suivi dans la présente édition d'une postface de Franco Volpi.
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S'estimant proche de la mort, un roi décide de partager en trois son royaume, afin d'en doter ses filles : Goneril, Régane et Cordélia. Lors d'une vaste cérémonie où se décident à la fois le partage et les noces des trois héritières, il exige de chacune qu'elle lui fasse une déclaration d'amour qui scellera toutes ces donations. Mais alors que les deux premières le flattent avec ostentation et démesure, la troisième tient des propos raisonnable qui mettent le vieillard en fureur et l'amènent à maudire sa préférée...
Qu'elle est la morale de Lear ? Apparemment il y en a deux, celle du fou l'exprime : Ne renonces pas au pouvoir ! Ne partage pas ton pays ! L'autre morale est comprise implicitement dans l'histoire : donne ton pays à qui tu veux ; mais n'attends pas qu'il te rendra heureux.
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En l'an 2013, dans un monde que les magnats de l'industrie dominent, éclate une épidémie qui, en peu de temps, fait disparaître toute la race humaine. Soixante ans après, dans le décor apocalyptique d'une Californie retournée à l'âge de pierre, un vieil homme, l'un des rares survivants - très longtemps persuadé d'avoir seul survécu - , devant une poignée de gamins sauvages - les petits-fils des autres survivants - réunis autour d'un feu après la chasse quotidienne, raconte comment la civilisation s'en est allée en fumée quand l'humanité, sous le prétexte que l'on ne pouvait arrêter l'épidémie, s'est dépêchée de revenir, dans une frénésie de perversité, à des degrés inimaginables de cruauté et de barbarie. La peste écarlate est l'un des grands textes visionnaires de Jack London qui, ici encore, anticipe des thèmes qui deviendront obsédants un siècle plus tard.
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Parmi les quelque mille sept cent poèmes qu'a légués Emily Dickinson à la postérité, plusieurs centaines traitent indirectement ou directement du sentiment amoureux et dessinent la trajectoire de vie d'une amante incessante et inquiète. Le décor de toutes ces amours, explicites ou allusives, fut probablement limité aux parois d'un cerveau et aux quatre murs d'une maison de famille. La poétesse vécut un peu plus d'un demi-siècle de célibat, même si elle entretint avec plusieurs hommes, mentors littéraires mais aussi amants impossibles, une abondante correspondance. Emily imagine un ou plusieurs hommes à l'horizon de ses désirs inassouvis, mais « la porte de chair impatiente » ne s'est peut-être jamais entrouverte devant ses pas.
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Dans une première partie, nous assistons à la naissance du fils tant désiré du pêcheur Olai et sa femme Marta. Le garçon s'appel-lera Johannes et il sera pêcheur comme son père. La deuxième partie, qui occupe l'essentiel du roman évoque ce qui semble d'abord être une journée dans la vie de Johannes devenu vieux. Mais des indices nous font pressentir quelque chose d'insolite : Johannes se sent plus alerte, et le monde lui apparaît comme baigné d'une lumière inhabi-tuelle.
Et quand il descend vers la grève où est amarré son bateau, il aperçoit son ami Peter, mort depuis des années... Après la douleur et le foisonnement du diptyque Melancholia,Fosse semble s'orienter vers une sorte de sérénité et vers une plus grande simplicité. Certes, la structure du roman est complexe, notamment dans la deuxième partie avec ses effets de montage alterné; les références mythiques y sont nombreuses, et l'écriture est partout marquée par les répétitions si caractéristiques de l'auteur.
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La popularité de Heinrich Heine (1797-1856), ce « romantique défroqué » comme il se qualifiait lui-même, repose en grande partie sur ses poésies consacrées à l'amour qui, en raison de leur grande musicalité, ont inspiré d'innombrables compositeurs. Reprenant avec virtuosité tous les codes du romantisme, Heine opère toutefois une rupture par rapport à la morale étriquée de la Restauration et du Biedermeier qui domine dans les pays germaniques après le Congrès de Vienne. Exilé à Paris jusqu'à la fin de sa vie, adepte de la « réhabilitation de la chair » prônée par le saint-simonisme, Heine reprend et bouleverse les codes de la poésie amoureuse dont il élargit le vocabulaire jusqu'au trivial.
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" quelle horrible puissance m'a poussée vers vous ? la faiblesse attirée par la force ? celle qui tombe vers celui qui monte ! ou était-ce l'amour ? l'amour, ça ? vous savez ce que c'est, l'amour ? "
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"...
Et à côté du poisson il y a le tableau que Lars a peint, un homme à cheval, et puis quelque collines, et tout est peint en jaune et en marron, et un jour Lars lui a couru après et il lui a donné ce tableau, et elle ne lui a peut-être même pas dit merci, se dit Oline, et d'ailleurs elle a dû penser que ce n'était grand-chose, ce tableau, ce n'était que des gribouillages, a-t-elle dû penser, mais elle l'a quand même pris et elle l'a accroché là, au petit coin, et il est resté là pendant toutes ces années, se dit Oline, et petit à petit elle a fini par le trouver beau, et elle croit même qu'elle comprend ce que Lars a voulu exprimer avec ce tableau, oui elle le comprend, mais de là à le dire ! de là à dire ce qu'il a voulu exprimer ! ça elle n'y arrivera pas, et de toute façon elle aurait tort de vouloir le dire, car si elle pouvait le dire ça n'aurait servi à rien que Lars ait peint ce tableau, bien sûr, se dit Oline, mais le tableau il est beau, même si ce n'est que du gribouillage, le tableau est beau, parce que c'est Lars qui l'a peint, c'est un beau tableau, voilà ce qu'elle pense, et si quelqu'un d'autre que Lars l'avait peint, elle ne l'aurait sûrement pas trouvé beau, se dit Oline, mais maintenant elle le trouve si beau, ce tableau, qu'elle a presque les larmes aux yeux quand elle le regarde...
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C'est une nouvelle et une fable animalière à la fois, qui est l'une des histoires les plus connues de Keller : Le chat Miroir se bat pour sa survie après la mort de sa maîtresse et ne conclut donc qu'un funeste pacte avec le sorcier de la ville de Seldwyla, M. Pineiss.
Celui-ci a besoin de la graisse d'un chat pour sa sorcellerie et il propose à Spiegel de bien le nourrir, mais dès qu'il sera assez gros, Pineiss l'abattra. Le matou est intelligent et à la fin Pineiss est le pigeon dans l'affaire: Miroir lui donne une belle femme avec une riche dot, mais celle-ci se révèle être une vieille sorcière hideuse le soir de son mariage....
Et heureusement la boule de poils est plus intelligente que le sorcier ! -
Au tomber de la nuit se présente comme une suite d'Insomnie et des Rêves d'Olav. Nous y découvrons la vieille Ales, fille d'Alida. À travers elle, nous apprenons ce qu'il est advenu d'Alida et d'Asle, le couple qui a sacrifié sa conscience à son amour. Asle a été pendu à Bjørgvin. Alida a suivi son compatriote Åsleik ; avec son jeune fils Sigvald, elle est retournée à Dylgja, le village qu'Asle et elle avait fui autrefois.
Insomnie, Les Rêves d'Olaf et Au tomber de la nuit forment un triptyque qui a en tant que tel obtenu le grand prix de littérature du Conseil nordique en 2015.
Dans les trois romans on rencontre une écriture très épurée, minimale, répétitive avec d'infimes variations. La langue est banale, l'intrigue est pauvre, quasiment absente, l'ensemble paraît très simple.
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« C'est à peine si nous sommes les collaborateurs de notre amour, et c'est par cela même qu'il restera au-dessus des dangers banaux. Tâchons de connaître ses lois, ses saisons, son rythme et la marche des constellations à travers son vaste ciel étoilé. » Rilke dessine à travers sa poésie amoureuse une géographie universelle de l'amour, des premiers regards échangés à la douleur de l'absence. Au-delà de l'expérience intime, à côté des grands poèmes métaphysiques où s'inscrit une métaphysique de l'amour, le poète s'adresse dans les poèmes réunis dans ce volume à la Bien- Aimée : femme multiple et unique, pensée (mais non rêvée), extrêmement proche et extrêmement lointaine en même temps, dans la fi gure de laquelle s'opère la transmutation du discours amoureux en discours poétique.
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Dans Insomnie, Alida et Asle arrivent à Bjørgvin, où Alida donne naissance à un enfant. Dans les Rêves d'Olav, ils quittent la ville. Asle, qui préfère maintenant s'appeler Olav, veut cependant retourner à Bjørgvin pour acheter un cadeau à Alida. Mais les choses vont se passer autrement qu'il ne l'avait rêvé. Les Rêves d'Olav est un récit onirique, inquiétant et claustrophobe, rappelant les paraboles bibliques. C'est aussi une magnifique histoire d'amour entre deux jeunes gens. Une histoire où tout est à la fois simple et grandiose.
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Les poésies d'amour : J.W. Goethe
Johann Wolfgang von Goethe
- Circe
- Poesie
- 3 Février 2022
- 9782842424954
" Le plus étrange de tous les livres / Est le livre de l'amour...", Goethe place cette remarque sous la plume du poète persan, auteur fictif du Divan de l'Orient et de l'Occident, qui célèbre à la fois l'amour et la poésie. Joies, plaisirs, bonheurs fulgurants et éphémères, souffrances amères, blessures, ou peines légères et presque délicieuses - la poésie de Goethe reflète à la fois l'expérience vécue et sa sublimation dans la littérature.
Le choix de poèmes présentés dans ce recueil tente de rendre compte de cette diversité, en proposant à côté de certains incontournables d'autres moins connus, plus personnels ou plus inattendus.
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Le monde que dessine Lorca dans ses poèmes d'amour est un monde fortement érotisé, dans lequel les éléments naturels et animaliers ont une fonction de symbole: frustration érotique de la couleur verte ou de la mer, force instinctive du cheval, érotisme du vent, stérilité et morbidité de la lune, érectilité des plantes, sensualité des fleurs.
Lorca explore ainsi les recoins et les subtilités de l'expérience amoureuse, notamment celle des amours homosexuelles et de « l'accablante tragédie de la physiologie», selon les propres mots du poète. Le conflit entre le désir et la loi apparaît dans toute sa violence et la désespérance qu'il entraîne, et que symbolise la « Pena » andalouse. Pourtant, si l'angoisse vitale et la mort sont très présentes dans ses poèmes, l'amour n'est pas toujours sombre.
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La présente anthologie permet au lecteur de découvrir cinquante et un poèmes, issus de trois recueils de poésie de Park Sangsoon, publiés à Séoul : Le 6 est un arbre, le 7 est un dauphin (1993), Marana, héroïne d'un manhwa pornographique (1996) et La nuit, la nuit, la nuit (2018). Park Sangsoon, l'un des poètes coréens contemporains les plus singuliers, explore un univers insolite où les choses bougent sans cesse et où les hommes, on ne sait pourquoi, continuent de s'effondrer, se briser et s'écraser. Chez lui, rien n'est stable, rien n'est paisible.
Ancrée dans une réalité qu'il a vécue lui-même - la misère, l'oppression sociale sur l'individu -, sa poésie prête l'oreille au bruit produit quand un sujet se décompose.
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La poésie d'Alexandre Pouchkine coule de source, elle est évidente, immédiate, harmonieuse et limpide. Une grande partie de l'oeuvre du génie fondateur de la littérature russe, tout comme sa vie brève et tumultueuse, est placée sous le signe de l'amour, ou plutôt d'amours multiples et variés. Charnel, platonique, passionné, transi, Pouchkine les aura tous connus et célébrés dans ses vers. Et c'est l'amour encore qui causa sa mort suite à un duel. Mais Pouchkine demeure éternellement vivant dans le coeur des Russes et son influence est immense dans son pays et au-delà : « Pouchkine m'a inoculé l'amour, le mot «amour» », affirme Marina Tsvetaeva.
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"Chaque vers est enfant de l'amour » écrivait Marina Tsvétaïéva. Mais si l'exacerbation amoureuse, l'énergétique passionnelle est e ectivement une des caractéristiques de son oeuvre, ce qui frappe avant tout, au-delà de la liste infi nie des « muses » masculines ou féminines, c'est qu'elle n'est que très peu assimilable à la poésie amoureuse, classique ou moderne. Il s'agit non pas tant de chanter, l'objet de sa passion, son propre sentiment, de mettre en scène l'épiphanie de l'amour ou la sou rance de la séparation, que de fonder sa poésie, donc son être même, sur un « absolu de l'amour »
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La nouveauté radicale d'Akhmatova résidait moins dans la « déferlante amoureuse » de sa poésie que dans une poétique inédite. Ayant « puisé dans la prose russe du dix-neuvième siècle sa sensibilité morale, la vérité des motivations psychologiques », elle fait de chaque poème un fragment de nouvelle ou de roman, une page arrachée à un journal intime, retraçant toutes les phases et situations de l'aventure amoureuse.
«L'héroïne lyrique», comme le notait dès 1923 le poéticien Boris Eichenbaum, est un oxymore incarné, tressant l'émouvant et le sublime au terrestre et à l'effrayant, la simplicité à la complexité, la sincérité à la malice et la coquetterie, la bonté à la colère, l'humilité monastique à la passion et la jalousie ».
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Si la poésie amoureuse, comme le relevait Nadejda Mandelstam, tient une place quantitativement modeste dans l'héritage du poète, on ne saurait la qualifier de « périphérique » pour autant que ces quelques poèmes marquent des jalons essentiels de son parcours. Préparant, lors de son exil à Voronej, une émission radio sur la jeunesse de Goethe, Ossip Mandelstam notait que les femmes aimées avaient été pour le poète allemand « les passerelles solides par lesquelles il passait d'une période à une autre ». Sans doute parlait-il également pour lui-même tant il est frappant que chacune des phases de son oeuvre est encadrée, introduite et close par les quelques poésies que lui inspirèrent les différentes « muses » ...
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Simmel considère l'amour comme le fruit d'une motivation primaire, étrangère à l'opposition entre action égoïste et action altruiste. L'éros abolit toute distance entre le je et le tu, en vertu d'une projection de sentiments qui entraîne la complète solidarité, l'adhésion absolue de l'objet au sujet. L'essence de l'amour est par conséquent unitaire ; elle n'est pas la synthèse de facteurs hétérogènes, bien qu'elle se manifeste via une variété de modes et d'attributs différents : sensualité et sentiment, instinct et affection, attirance et sympathie.
Ainsi interprété, l'amour est avant tout un rapport que l'individu entretient avec lui-même, sorte de défi de réalisation de soi individuel et irrésolu, qui a pour effet une tension érotique continuelle
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Godot dans l histoire
Denis Thouard, François Rastier
- Circe
- Penser Le Theatre
- 7 Avril 2023
- 9782842425029
Une interprétation de la pièce En attendant Godot propre à renouveler l'exégèse beckettienne. Loin d'être des clochards métaphysiques attendant un improbable messie, Vladimir et Estragon sont deux Juifs traqués par l'occupant allemand qui attendent un passeur sur une route du Vaucluse, là même où Beckett s'est réfugié pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Un 15 novembre, dans les rues d'une grande ville, les visages moroses s'illuminent quand tombent les premiers flocons de l'hiver à venir. Témoin de cette métamorphose, Johannes Wachholder, un presque sexagénaire esseulé, démocrate « en des temps de détresse » (Hölderlin), conçoit alors un projet dont il espère qu'il lui permettra de traverser cet hiver qu'il redoute : tenir la chronique des événements de sa rue en y entrelaçant ses souvenirs et, particulièrement, ceux, lumineux, de l'enfance de sa fille adoptive. A-t-il trouvé la formule qui lui permettra de tenir à distance la dépression qui le menace ? Et ce succès, si succès il y a, peut-il désamorcer durablement la profonde mélancolie qui l'habite ?
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Une évocation poétique de l'agitation qui règne à Berlin et de ses métamorphoses et recompositions au gré des vicissitudes de son histoire et de son expansion sur la nature.