Vendu à plus de 30'000 exemplaires en Suisse alémanique, ce «petit bijou» a été traduit en français par Anne Cuneo (l'auteur littéraire suisse qui vend le plus de livres.).
Alex Capus est d'origine française, il parle donc parfaitement le français. Il fait partie des auteurs alémaniques les plus connus et Le Roi d'Olten sera son premier livre traduit en français.
Alex Capus parle de sa ville d'origine, Olten (Suisse orientale ; grand noeud ferroviaire suisse) : de la beauté de la Gare, du parfum de la fabrique de chocolat, des « gaillards » sauvages et des « méchantes » filles, des braves citoyens et de la folie quotidienne qui nous maintient en vie jour après jour.
Une déclaration d'amour du grand narrateur à cette petite ville, étant entendu que de grandes villes comme Zürich, Berlin ou Paris ne sont rien d'autre que dix ou cent fois Olten prise l'une après l'autre.
Au crépuscule du 24 décembre 1534, pendant que dans les familles parisiennes on s'apprêtait à fêter Noël, on pendait place Maubert un homme suspecté d'hérésie dont on brûlait ensuite le corps et les livres: Antoine Augereau, imprimeur, éditeur et graveur de caractères typographyques. Il était accusé d'être l'auteur des Placards contre la messe.
Antoine Augereau était une de ces personnalités à l'autorité naturelle qu'on remarque non pas parce qu'elles veulent se faire remarquer, mais parce qu'elles dépassent du moule commun. C'était un homme de lettres, un érudit, probablement un théologien. Il savait non seulement le latin comme tout un chacun, mais aussi le grec, qu'il écrivait, gravait et publiait. C'était un grand imprimeur, et il a sans doute été un grand pédagogue. Il a créé et transmis les caractères typographiques qui ont - directement ou indirectement - modelé ceux dont nous nous servons encore de nos jours. Il était l'imprimeur (c'est-à-dire l'éditeur) de Marguerite de Navarre, la soeur du roi François Ier.
Les accusations qui lui ont valu d'être condamné étaient infondées, et Antoine Augereau n'était qu'un bouc émissaire.
Comment en était-on arrivé là?
Son histoire est racontée par le plus célèbre de ses apprentis, Claude Garamond (qui, dans un même mouvement, raconte aussi la sienne propre). Il relate la naissance d'Antoine Augereau dans un milieu où se côtoient artisans et quelques-uns des intellectuels les plus brillants des débuts de la Renaissance française, qu'il s'agisse de droit, de médecine ou de mathématiques, son enfance à Fontenay-le-Comte à l'ombre du couvent où a vécu François Rabelais, son apprentissage à Poitiers, son immersion dans le milieu le plus érudit du Paris de son temps, ses discussions avec Geoffroy Tory, Robert Estienne, Clément Marot, avec lesquels il inventera l'usage des accents et de la cédille, ses premiers contacts avec la pensée des humanistes et avec celle de la Réforme naissante. Et enfin, son édition du Miroir de l'âme pécheresse, écrit par la soeur du roi de France, dont les théologiens de la Sorbonne désapprouvent la pensée; comme la Sorbonne, gardienne jalouse d'une orthodoxie qu'elle voudrait figée et sans faille, ne peut pas condamner la soeur du roi, c'est Augereau qui paiera pour elle.
Mais Le maître de Garamond est aussi autre chose: c'est un voyage aux sources de la typographie, de l'imprimerie et de l'édition modernes. C'est le grouillement de la Grand-Rue Saint-Jacques du temps où elle abritait plusieurs imprimeurs par maison. C'est la pensée la plus moderne en train de se forger, une pensée humaniste, loin de tout fanatisme, ouverte, généreuse, qui rêve d'universalité: des hommes et des femmes lui sont à tel point attachés qu'ils sont prêts à mourir pour la défendre. À Antoine Augereau, elle coûtera la vie.
"L'imprimeur est loué pour la précision, la propreté de l'impression, pour la pureté de la correction, et tout ce qui s'ensuit", disait Francesco d'une voix courroucée. "Faut-il encore qu'il s'approprie les louanges qui appartiennent à des hommes qu'on a laissés dans l'oubli, quoiqu'on leur ait l'obligation de ce que l'Imprimerie a de plus beau? Aujourd'hui, tout le monde admire mon italique, mais moi, on ne sait plus que j'existe. Il y a même des gens pour penser qu'il a été gravé par Alde, comme si ce savant penseur savait faire cela. Je m'étonne que tous ceux qui s'extasient sur le mérite des imprimeurs ne disent mot des graveurs en caractères; pourtant, l'imprimeur, ou plutôt le typographe, n'est au graveur que ce qu'un habile chanteur est à un bon compositeur de musique."
La jeune femme regarde Agent Evangelos qui répète en lui-même «Parce que je vous ai menti, parce que Polina ment, comme Alisa Model, comme ment la direction, comme mentent les gardes-frontières, comme mentent les migrants lors de leur interrogatoire, comme je me mens à moi-même, comme tout le monde ici en Grèce ment.» Agent Evangelos aurait pu poursuivre l'interrogatoire. Mais une question lui est venue, sans qu'il sache trop pourquoi :
Qu'est-ce que vous savez de la crise, Polina ?
Quoi ?
Oui, vous avez dit que vous aviez moins de clients en raison de la crise. Qu'est-ce que vous vouliez dire ?
Il y a moins d'hommes qui appellent, à cause de la crise.
Oui, je comprends, je comprends bien. Mais la crise en Grèce, vous en savez quoi ?
Un jour, j'étais au Park Hotel et j'ai entendu des cris et des explosions, cela venait de la rue. Je suis sortie voir ce qui se passait et j'ai vu des gens partout, il y avait une manifestation et des jeunes se battaient avec la police. À la télévision, j'ai suivi les nouvelles et j'entends beaucoup de gens dire que c'est une fiction, tout ça, la crise.
Comment ça, une fiction ?
Ils disent ça, les Grecs, à la télévision, ils disent que la crise c'est une fiction, quelque chose qui n'existe pas, je ne sais pas moi, une invention.
Et vous, Polina, qu'est-ce que vous en pensez ?
Ils disent que la crise, c'est dans la tête et je crois qu'ils ont raison.
Après Le Patient du docteur Hirschfeld, le nouveau roman de Nicolas Verdan. Un roman «noir» qui nous embarque en Grèce, pays en proie à une crise économique sans précédent et où sévissent la corruption et le trafic d'êtres humains.
Le Mur grec, c'est l'histoire trouble de la construction d'une frontière de barbelés sur les bords de l'Evros, le fleuve marquant la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie. Ce roman est le fruit de deux ans d'investigations en Thrace orientale et à Athènes. La narration littéraire rend ici compte d'une réalité observée lors de reportages sur le terrain. Les personnages sont fictifs, mais leur profil et leur histoire s'inspirent très précisément d'authentiques rencontres de Nicolas Verdan avec des membres de l'agence européenne en charge de la lutte contre l'immigration clandestine, de la police grecque et des réseaux de prostitution en Grèce. Le mur grec est désormais construit. Il n'empêche pas les mots de passer.
Fasciné par le raid américain, je demandai à Catherine Young, dans les années soixante, d'explorer pour moi les archives des institutions des États-Unis où elle séjournait. Il en est résulté un ensemble qui n'est naturellement pas exhaustif, mais qui témoigne de l'histoire intervenue dans un de ces épisodes tumultueux, l'exploration et le contrôle d'un continent.
Je venais de lire le livre d'Alexis de Tocqueville qui, en 1837, dans De la démocratie en Amérique, a dressé l'inventaire de ce qui était en cours et en a imaginé l'avenir de manière exemplaire. Ces photographies, mises en page excellemment par Édith Bianchi, en témoignent ici.
On ne reprochera certainement pas à Amalia de pécher par paresse : que d
... Ce texte m'a touchée pour plusieurs raisons. Tout baigne dans une atmosphère tragique et onirique, filée de quelques vers de Keats et de Wordsworth, en anglais, cette langue cadencée qui doit combler la musicienne que vous auriez voulu être. Evénements et non-événements se déroulent dans une merveilleuse demeure anglaise au jardin extraordinaire, lieu par excellence de la fiction, paradis de l'imaginaire. La dame de l'histoire s'appelle Jade Chichester. Elle a une mère, Grace, et une fabuleuse grand-tante, Margareth, qui voyage aux quatre coins de la terre. Un lien quand même entre ce texte inclassable - peut-on parler d'un conte ? - et vos autres romans : le thème de la filiation mère-fille. Abordé ou ébauché par vos narratrices, Aude, Laurence et Iona, il est ici l'objet central de Jusqu'à pareil éclat, dans une construction subtile qui suggère tour à tour la présence et l'absence, l'amour et la haine, l'image et la substance. Dans vos romans, l'importance de ce thème se devinait. La relation entre vos narratrices et leur mère y apparaissait comme une révolte tronquée par la pitié des filles, conscientes de ce qu'avait été le destin non maîtrisé des mères. Dans vos romans la relation mère-fille est caractérisée par le mensonge et la nécessité de se protéger mutuellement. Elle est une relation vouée aux apparences derrière lesquelles peuvent se cacher une lucidité voire un cynisme terribles. En inscrivant ce thème dans un conte, très loin de l'urgence des récits à la première personne, vous l'élevez au niveau du mythe et du symbole. Jusqu'à pareil éclat est une oeuvre émouvante parce qu'elle indique que la tradition au féminin dont Alice Rivaz déplorait l'absence commence à exister...
Guerre et Lumières.
Pièces choisies 1984-2010.
Deux pièces vers l'Histoire et la guerre : Nationalité française (1984/1989) ; Kennel Club (2000).
Quatre pièces vers les Lumières et Voltaire : Staël (1989/1992) ; Feu Voltaire- Monsieur le Multiforme (1993) ; Candide (2009) ; Notre jardin (2010), en collaboration avec Michel Beretti.
Les cinq premières pièces ont été commandées à l'auteur et créées par Hervé Loichemol. La dernière est encore inédite.
Quand on dit savoir-vivre, politesse, bienséance, code social, certains entendent atmosphère guindée, contrainte, artificielle, empreinte d'hypocrisie.
Il s'agirait aussi de préoccupations dépassées et ringardes. Notre société d'aujourd'hui serait bien au-delà (ou au-dessus) de ces questions surannées. Le succès, depuis plus de trois ans, de ma chronique hebdomadaire du Temps dément absolument cette analyse. Toutefois, les sciences humaines nous ont apporté de nouveaux instruments et un nouveau regard. Il ne s'agit plus d'être uniquement normatif, de dire " cela se fait, cela ne se fait pas", mais d'essayer de comprendre pourquoi.
D'essayer aussi de tenir compte de l'évolution des règles dans le temps et de différences dans l'espace. Ces règles font maintenant l'objet d'études très sérieuses dans plusieurs universités. Mon regard, certes, ne prétend absolument pas arriver au niveau de la recherche sociologique. Mais c'est ma passion pour l'être humain dans tous ses états qui est à l'origine de mon intérêt pour ces questions de vie sociale, et ma démarche n'est pas loin de celle qui m'a, naguère, amenée à écrire quelques romans.
Car le savoir-vivre est loin de n'être qu'une simple liste de conventions sociales surannées. Il constitue la base de la vie sociale. " Comprendre la politesse, comment et pourquoi elle fonctionne, savoir ce qui la sous-tend et à quoi elle sert, c'est pénétrer au coeur même des cultures, et c'est aussi comprendre la logique profonde qui préside aux relations humaines."
La vie est comme la liberté.
On n'en mesure jamais si bien le prix que lorsqu'elle est menacée. Atteinte par le cancer, l'auteur d'Une cuillerée de bleu combat sa maladie en l'écrivant. Parcours en dents de scie entre l'espoir, l'abattement, et surtout des instants d'une lucidité nouvelle car chaque jour désormais compte et qu'il n'y a plus de place pour les masques et les alibis. D'où vient le mal Qui m'a faite telle que je suis aujourd'hui On déchiffre les runes de l'enfance, de la jeunesse, des premières amours.
Les réponses se précisent, on regagne sur le temps perdu. Cette quête est aussi une conquête qui donne au récit une transparence à laquelle toute écriture devrait tendre. " Attar le parfumeur ", mystique du Moyen Age iranien a écrit : " Il appartient à l'homme, en s'élevant d'un cran, d'inverser le signe d'un événement. " C'est-à-dire tirer un bien d'un mal. C'est l'opération à laquelle on assiste dans ce texte qui m'a touché autant qu'il m'a appris.
En quelques récits, tous ont traversé le parc Manson, rendez-vous des trajectoires absurdes et terrain vague de la folie ordinaire, avant la chute, forcément cruelle.
Ce volume contient :
Gaël Bandelier - Le Taureau versatile.
Benjamin Knobil - Boulettes.
Manon Pulver - À découvert.
Isabelle Sbrissa - Le Quatre Mains.
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En lisant A place du mort ; nous mesurons la reconnaissance que nous devons à son auteur. Parce qu'il donne une forme belle et émouvante à la matière trop informe de nos souvenirs, et parce qu'il nous restitue ainsi la proche présence du confrère ou de l'ami : sa générosité, sa droiture, ses colères toujours possibles, le regard vif sous le haut front, l'expression matoise, la moustache frémissante, ce visage pointu où l'on pouvait reconnaître quelque chose de la fouine, comme si Pascal-Arthur Gonet avait choisi de ressembler à l'animal emblématique de ses grands talents d'enquêteur.
Mais nous sommes aussi émus par tout ce que nous ignorions. Il y a une force bouleversante dans ces pages où Gilbert Salem évoque la sévère dignité avec- laquelle Pascal-Arthur est allé à la rencontre de sa propre fin. A notre reconnaissance devrait pourtant s'en ajouter une autre. Celle de n'importe quel lecteur, aussi éloigné soit-il des cercles journalistiques, qui trouvera dans le livre de Gilbert Salem un récit d'une beauté poignante, où l'amitié qui en occupe le coeur ne cesse de croître par-delà la mort.
A la place du mort est un livre d'écrivain, même si c'est un journaliste qui tient la plume. Michel Audétat, L'Hebdo.
Avec La Corde de mi, Anne-Lise Grobéty revient au roman : cette histoire de rencontres manquées et de paroles perdues a pour protagonistes un luthier et sa fille et pour cadre le haut pays neuchâtelois. C'est une belle histoire de rencontres manquées et de paroles perdues que raconte ici Anne-Lise Grobéty : entre une mère et son fils, entre deux frères séparés contre leur gré, mais surtout entre un père et sa fille, le luthier Marc Favrod et Luce, la narratrice trentenaire, qui ne se réconcilie qu'après sa mort avec cet homme au caractère difficile.
«Bander étroitement/les deux parts de moi-même/serrer dur/le présent le passé » (selon José-Flore Tappy citée en épigraphe), c'est aussi pour Luce s'ouvrir à la possibilité d'un avenir partagé avec Nicola, le peintre italien dont le nom apparaît très tôt, quoique fugacement, dans ce quatrième roman ample et maîtrisé. Après plusieurs volumes de récits et de nouvelles, La Corde de mi marque ainsi le retour de l'écrivain à un genre qu'elle n'avait plus abordé depuis Infiniment plus (1989, réédité en camPoche en 2006).
Malgré toute sa fantaisie et son ironie, la vision du
monde d'Anne-Lou Steininger apparaît plutôt sombre,
marquée au coin de l'aphorisme selon lequel « Au commencement
est la douleur ». Et à la fin un paradis
moderne, « avec fitness, vitrines et pince-fesses », qui
ne se distingue de la vie terrestre que par la couture de
l'habit, aux points délicatement piqués dans la chair...
Ces fables cruelles sont à déguster comme elles ont été
écrites, par petites doses de poison insidieux délicatement
pesées.
Heide, Allemande, mariée en Suisse dès 1935, sait peu de choses sur ce que son frère, membre de la SS, a fait durant la guerre, en Ukraine notamment. Prisonnier des Français à la capitulation, il se marie et participe au miracle économique allemand. Si sa soeur l'a toujours imaginé en brave, elle ne peut s'empêcher de s'interroger en constatant que sa descendance, comme celle de son frère, est frappée de maladies graves ou mortelles.
D'étranges fantasmagories fleurissent sur le non-dit mais c'est Léa, sa belle-fille, durement touchée collatéralement, qui, à force d'obstination, obtiendra une forme de réponse aux questions que tous les protagonistes de cette tragédie se sont un jour posé.
L'épaisseur des choses m'est tombée dessus comme un coup de tonnerre. J'aurais pu comprendre avant, lorsque j'ai passé quelques semaines dans ce qui était alors Leningrad, puis à Varsovie. Mais la bureaucratie était difficile à ignorer, surtout à Leningrad, et j'avais laissé mon irritation prendre le dessus. Pourtant, j'avais fait des rencontres formidables, passé des soirées inoubliables. Mais on était dans une époque où l'URSS était dans la crispation qui a précédé l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev, et mettons que les contraintes faisaient que le reste passait au deuxième plan. Je n'avais jeté qu'un regard distrait sur une société jugée d'avance.
J'avais toujours raisonné comme, implicitement, la pensée dominante me le demandait. Il y avait deux mondes - eux et nous. Nous n'avions peut-être pas parfaitement raison, mais ils avaient absolument tort. Ils persécutaient des populations qui n'attendaient que notre intervention.
Mes quelques expériences dans les pays de l'Est avaient confirmé cette façon de voir (même si je n'avais guère eu de contact avec les populations).
Et puis, je suis allée à Cuba, prête à condamner selon mes schémas préétablis. Je m'étais attendue à des chicaneries à l'arrivée, et j'ai commencé par être servie: le garde-frontière qui a contrôlé mon passeport à l'aéroport de La Havane a exigé de moi que j'aille dans un hôtel de luxe...
Roman librement inspiré de l'histoire du Suisse Walter Stürm, le « roi de l'évasion ».
Thierry Luterbacher, journaliste, auteur de plusieurs romans (dont Un cerisier dans l'escalier, Prix Georges-Nicole 2001 ; Prix Saint-Valentin 2002, entre autres) et artiste peintre, aime les personnages fragiles, dispersés, décalés, jamais tout à fait en accord avec la société, mais qui font de leur mieux, handicapé par sa «maladresse à vivre ».
(Bruno Pellegrino, 24 Heures, Le Passe-Muraille).
(.) Thierry Luterbacher a, selon son éditeur, dû apprendre à «gérer» son succès, mais ses phrases ne tournent pas autour de son nombril. Elles envoient leurs mots à la bataille aux côtés d'écorchés vifs, de doux rêveurs, de marginaux et fréquentent des lieux d'où pourraient surgir Benjamin Malaussène et sa tribu. Elles sont parsemées d'étoiles poétiques ; certaines s'éteignent aussitôt lues, de nombreuses autres demeurent vivaces et scintillantes.
(Elisabeth Vust, 24 Heures)
Ce texte retrace toute la vie (romancée) de John Florio (XVIe-XVIIe), homme de lettres, polyglotte, linguiste, grammarien, lexicographe, traducteur en anglais de Montaigne et de Boccace entre autres, espion au service de la reine Élisabeth Ière. Dans l'esprit d'Anne Cuneo, ce roman forme une triologie avec Le Trajet d'une rivière (Prix des Libraires 1995) et Objets de splendeur (coédité par Denoël).
Et moi le fou qui écrit ce poème Sais-je seulement si les mots m'aiment Je parle mais c'est le vent qui me mène À tournoyer en la sottise humaine Son oeuvre poétique est l'écho d'impulsions tout à fait indépendantes, sauvages même. Viala écrit alors par besoin naturel, il écrit comme il respire, pour cracher ce qui lui pèse, pour libérer des fantasmes dangereusement envahissants. Il y a chez lui une dialectique exemplaire: d'un côté il est l'artisan, le professionnel du théâtre, de l'autre le créateur solitaire, l'écorché vif, pour qui écrire est une nécessité organique.
FRANÇOIS ROCHAIX