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L'air est lourd autour de nous. La vieille Europe s'engourdit dans une atmosphère pesante et viciée. Un matérialisme sans grandeur pèse sur la pensée, et entrave l'action des gouvernements et des individus. Le monde meurt d'asphyxie dans son égoïsme prudent et vil. Le monde étouffe. - Rouvrons les fenêtres. Faisons rentrer l'air libre. Respirons le souffle des héros.
La vie est dure. Elle est un combat de chaque jour pour ceux qui ne se résignent pas à la médiocrité de l'âme, et un triste combat le plus souvent, sans grandeur, sans bonheur, livré dans la solitude et le silence. Oppressés par la pauvreté, par les âpres soucis domestiques, par les tâches écrasantes et stupides, où les forces se perdent inutilement, sans espoir, sans un rayon de joie, la plupart sont séparés les uns des autres, et n'ont même pas la consolation de pouvoir donner la main à leurs frères dans le malheur, qui les ignorent, et qu'ils ignorent. Ils ne doivent compter que sur eux-mêmes ; et il y a des moments où les plus forts fléchissent sous leur peine. -
La France traverse actuellement une période d'élaboration. De toutes parts, éclatent les singuliers et profonds changements qui s'opèrent dans les manières de penser, comme aussi les tendances à jeter les bases de nouvelles croyances. Et c'est, pour tout être pensif, un émouvant et magnifique spectacle que de voir l'élite du pays tra- vailler avec vigueur, fermeté et constance à l'instauraon de notre Science et de notre Art futurs.Est-elle prochaine la solution résultante de ces nobles efforts ? Oui, semble-t-il. Ce qui le fait présager, c'est d'abord la nouvelle conception du monde que nous commençons à avoir ; c'est ensuite l'accumulation des matériaux propres à édifier un art original et vraiment national.
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Il est, au Museo Nazionale de Florence, une statue de marbre, que Michel-Ange appelait le Vainqueur. C'est un jeune homme nu, au beau corps, les cheveux bouclés sur le front bas. Debout et droit, il pose son genou sur le dos d'un prisonnier barbu, qui ploie, et tend sa tête en avant, comme un boeuf. Mais le vainqueur ne le regarde pas. Au moment de frapper, il s'arrête, il détourne sa bouche triste et ses yeux indécis. Son bras se replie vers son épaule. Il se rejette en arrière ; il ne veut plus de la victoire, elle le dégoûte. Il a vaincu. Il est vaincu. Cette image du Doute héroïque, cette Victoire aux ailes brisées, qui, seule de toutes les oeuvres de Michel-Ange, resta jusqu'à sa mort dans son atelier de Florence, et dont Daniel de Volterre, confident de ses pensées, voulait orner son catafalque, - c'est Michel-Ange lui-même, et le symbole de toute sa vie.
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"Fêtes et Chansons Anciennes de la Chine" est un ouvrage de Marcel Granet, un sinologue et ethnologue français, publié en 1945. Cet ouvrage se distingue par son exploration des aspects culturels et sociaux de la Chine ancienne à travers l'étude des fêtes et des chansons.
Marcel Granet examine les célébrations rituelles et les festivités traditionnelles chinoises, mettant en lumière leur rôle dans la structuration de la vie sociale et religieuse. Il explore comment ces cérémonies festives reflètent les valeurs, les normes et la cosmologie chinoises, offrant ainsi un aperçu précieux de la mentalité de la société chinoise ancienne.
En se penchant également sur les chansons anciennes, Granet propose une analyse des paroles, de la musique et des contextes sociaux de ces compositions. Il explore comment la musique et la poésie étaient intégrées dans les rituels, les fêtes et la vie quotidienne, contribuant ainsi à la compréhension de l'expression culturelle et artistique de la Chine antique.
L'oeuvre de Granet, "Fêtes et Chansons Anciennes de la Chine", est reconnue pour sa contribution significative à l'ethnologie chinoise et à la compréhension profonde de la vie culturelle dans la Chine ancienne. -
Trois maîtres : Michel-Ange, Titien et Raphaël : Un essai d'Alexandre Dumas sur trois grands maîtres de la Renaissance italienne
Alexandre Dumas
- Shs Editions
- 29 Janvier 2023
- 9791041929290
On connaît le grand romancier, on connaît moins le critique et l'historien de l'art. Alexandre Dumas, en grand connaisseur et admirateur de l'Italie, propose ici les biographies de trois grands maîtres de la Renaissance italienne: MichelAnge, Titien et Raphaël. Formidable conteur d'histoires, Dumas transmet son admiration pour les hommes et les oeuvres qu'il aime dans son style savoureux qui redonne vie au passé.
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L'humanité dépose incessamment son âme en une Bible commune.
Chaque grand peuple y écrit son verset. Ces versets sont forts clairs, mais de forme diverse, d'une écriture très libre, - ici en grands poèmes, - ici en récits historiques, - là en pyramides, en statues. Un Dieu parfois, une cité, en dit beaucoup plus que les livres, et, sans phrase, exprime l'âme même. Hercule est un verset. Athènes est un verset, autant et plus que l'Iliade, et le haut génie de la Grèce est tout dans Pallas Athènè. Il se trouve souvent que c'est le plus profond qu'on oublia d'écrire, la vie dont on vivait, agissait, respirait. Qui avise de dire : mon coeur a battu aujourd'hui. Ils agirent ces héros. A nous de les écrire, de retrouver leur âme, leur magnanime coeur dont tous les temps se nourriront. -
L'école française de peinture, à laquelle on revient tant et si juste- ment aujourd'hui, paraît avoir subi le contre-coup simultané de l'indifférence, de l'oubli ou de l'enthousiasme. La mode qui, malheureusement, pervertit le goût quand elle le rend exclusif pour une époque, prend un tel empire sur nos collectionneurs qu'on pourrait dire que le jugement s'obscurcit au lieu de se fortifier chez la plupart de ceux qui la suivent en aveugles. Le nombre des amateurs est grand, celui des connaisseurs l'est peu. Il est facile de concevoir que restreint est le nombre des connaisseurs, car pour mériter ce titre, il faut, pendant de longues années, se livrer à des études spéciales et attentives, voyager, comparer, méditer, et tous ne sont pas capables, pour plus d'une raison, de ces efforts réunis. Si le titre d'amateur revient cher dans les ventes, il coûte peu à prendre et moins encore à prouver.
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L'impressionnisme : son histoire, son esthétique, ses maîtres
Camille Mauclair
- Shs Editions
- 30 Mars 2023
- 9791041918973
Extrait : Il ne nous sera pas donné en cet ouvrage d'écrire une histoire complète de l'impressionnisme français, et d'y enclore tous les détails attachants qu'elle pourrait comporter, et par elle-même, et à cause du temps si curieux où son évolution s'est déroulée: les proportions de ce livre nous engageront seulement à résumer le plus clairement et le plus simplement possible les idées, les personnalités et les oeuvres d'un considérable groupe d'artistes qui n'ont pu être bien connus à cause de plusieurs conditions, et sur lesquels de graves erreurs ont été trop souvent formulées. Ces conditions sont très évidentes; d'abord, les impressionnistes n'ont pu se montrer aux Salons, soit que les jurys leur en refusassent l'entrée, soit qu'ils s'abstinssent de leur propre volonté. Ils ont, sauf de très rares exceptions, exposé toujours à l'écart, dans des galeries particulières où un public très restreint les connut: toujours attaqués et pauvres jus- qu'en ces dernières années, ils n'eurent aucun des bénéfices de la publicité et de la gloriole. Enfin, c'est depuis très peu de temps que l'admission au Musée du Luxembourg de la collection Caillebotte, incomplète, mal présentée d'ailleurs, permet au public de se faire une idée sommaire de l'impressionnisme; et pour achever l'énumération des obstacles, il faut dire qu'il n'existe à peu près aucune photographie d'oeuvres impressionnistes dans le commerce Camille Mauclair n'est pas un historien de l'art, mais un polygraphe inépuisable qui a laissé plus de cent ouvrages et plusieurs milliers d'articles. Toutefois il a écrit des livres et des articles d'histoire de l'art qui, sans avoir un statut scientifique reconnu, illustrent néanmoins un mode de diffusion fondamental pour la discipline. Lui-même ne se serait jamais défini comme historien de l'art, quoiqu'il ait signé un « catalogue raisonné » de Greuze, mais comme « écrivain d'art », appellation qui eut cours chez les symbolistes ; de plus, comme critique, il estimait pouvoir rédiger ce qu'il appelait des « études d'art ancien », tout autant que des « études d'art moderne » : ces deux expressions recouvrent ainsi son oeuvre d'historien qui, malgré sa facilité et parfois sa médiocrité, mérite de figurer ici, comme reflet d'une approche de l'histoire de l'art issue de la période symboliste et comme témoin d'un moment où se mettent en place de nombreuses collections de vulgarisation qui assurent à la discipline une nouvelle forme de socialisation, parallèle à son institutionnalisation universitaire.
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Il est une locution moderne qui me paraît fausse de tous points: les Arts décoratifs. Qu'entend-on par là? Où commencent et où finissent les arts décoratifs? Les métopes du Parthénon, la voûte de la Sixtine appartiennent-elles à l'art décoratif puisque ces oeuvres sont incontestablement des oeuvres d'art et qu'elles sont destinées à décorer des édifices, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur? L'oeuvre d'art cesse-t-elle d'être décorative quand elle est isolée et qu'elle n'est pas dépendante d'un monument, comme est un tableau ou une statue dont la place n'est pas désignée d'avance et qu'on peut mettre indifféremment dans un salon, une galerie, un boudoir?
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Dissertations historiques, artistiques et scientifiques sur la photographie
Ken Alexandre
- Shs Editions
- 1 Mai 2023
- 9791041923106
L'avant-propos est, pour un livre, la carte de visite qui précède toute présentation. L'auteur y met ses titres et ses qualités et explique, en ter mes choisis, le sentiment qui a inspiré l'oeuvre et le but qu'il veut at- teindre. S'il est dans ses heures de franchise ingénue souvent, douloureuse quelquefois, il avoue qu'en racontant le drame mouvant de la passion et de la vie, c'est son coeur qu'il effeuille page à page; et s'il y traite des choses d'art, il confesse que, lorsque le feu de l'inspiration matinale envahit l'âme, le froid raisonnement de la critique ne saurait l'éteindre, mais que nul effort n'alluma jamais la flamme de l'art sur le front de ce- lui qui ne portait pas en lui-même le sentiment du beau. Si un peu d'orgueil et quelques illusions se trouvent mêlés à ces aveux, qu'on le lui par- donne. L'orgueil de ses illusions est souvent la seule force qui soutienne l'artiste et l'écrivain dans la lutte. C'est de bonne foi qu'ils cherchent le beau ou le vrai ; c'est de bonne foi qu'ils croient le posséder.
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" La production théorique de Jean Epstein, publiée ou inédite, est immense et globalement méconnue. Son rapport aux sciences notamment n'a été que peu traité et mérite une attention particulière car, en plus d'être prégnant dans l'ensemble de ses textes et lectures, il est étroitement lié à sa conception du cinéma. La lyrosophie est une notion qui permet à Epstein d'interroger son époque par le biais des relations entre arts, sciences, techniques et différents courants philosophiques. C'est surtout un livre fondateur de sa pensée théorique. Mais la lyrosophie est davantage une hypothèse qu'un concept. Pouvant être perçue comme une forme de « cosmogonie », un ensemble de mythes et de pensées reliées visant à la création d'un monde (dont la Kabbale) elle porte l'idée de la création d'un monde nouveau, déjà là et encore à construire."
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Compendium des quatre branches de la photographie
Belloc Auguste
- Shs Editions
- 1 Mai 2023
- 9791041922543
Nous nous étions promis d'éviter cet écueil et d'aborder directement le sujet de ce nouveau traité. Mais une circonstance toute particulière et toute personnelle nous oblige à modifier notre premier plan et à nous adresser à nos lecteurs, ni plus ni moins que tous les faiseurs d'avant- propos. Toutefois, ce n'est pas en vue de capter leurs suffrages, d'implorer leur indulgence, ou de leur expliquer, en manière de double emploi, ce qu'ils trouveront amplement dans cette publication, que nous nous donnons la licence du discours préliminaire; nous voulons leur parler ici, non de l'ouvrage, mais de son auteur, de sa nouvelle position dans le monde photographique, et, enfin, leur donner communication d'une nouvelle qui intéresse tous les amis de l'art nouveau. Nous ne savons pas si c'est un droit, mais nous sommes bien convaincu que c'est pour nous un véritable de voir.
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La musique francaise (volume 2) - de franck a debussy
Paul Landormy
- Shs Editions
- 24 Septembre 2022
- 9782385081423
Paul Landormy La musique française (volume 2) : De Franck à Debussy Cette trilogie, promenade musicale et historique du critique Paul Charles-René Landormy, nous montre avec érudition l'évolution de la musique au fil des âges, soulignant pour chaque artiste la plus remarquable de ses oeuvres et l'influence qu'a pu avoir son époque et son entourage. Ce premier opus est consacré à la période qui s'étend de la Révolution à Berlioz. Outre des anecdotes sur les musiciens, plusieurs analyses d'oeuvres importantes - en particulier des opéras - nous sont proposées.
Paul Charles-René Landormy est un philosophe, musicologue et critique musical français né le 3 janvier 1869 à Issy-les-Moulineaux et mort à Paris le 17 novembre 1943. Ouvrages : Socrate, Paris, Delaplane, 1901 Descartes, Paris, Delaplane, 1902 Histoire de la musique, Paris, Delaplane, 1910 (a fait l'objet de plusieurs rééditions, revues et augmentées) Brahms, Paris, Alcan, 1920 « Faust » de Gounod : étude historique et critique, analyse musicale, Paris, Mellottée, 1922 Bizet, Paris, Alcan, 1924 La vie de Schubert, Paris, Gallimard, 1928 Albert Roussel (1869-1937), Paris, 1937 Gluck, Paris, Gallimard, 1941 Gounod, Paris, Gallimard, 1942 La Musique française, Paris, Gallimard, 1943-1944 (3 volumes : De la Marseillaise à la mort de Berlioz ; De Franck à Debussy ; Après Debussy) -
La musique francaise (volume 1) - de la marseillaise a la mort de berlioz
Paul Landormy
- Shs Editions
- 24 Septembre 2022
- 9782385081454
Paul Landormy La musique française (volume 1) : De la Marseillaise à la mort de Berlioz Cette trilogie, promenade musicale et historique du critique Paul Charles-René Landormy, nous montre avec érudition l'évolution de la musique au fil des âges, soulignant pour chaque artiste la plus remarquable de ses oeuvres et l'influence qu'a pu avoir son époque et son entourage. Ce premier opus est consacré à la période qui s'étend de la Révolution à Berlioz. Outre des anecdotes sur les musiciens, plusieurs analyses d'oeuvres importantes - en particulier des opéras - nous sont proposées.
Paul Charles-René Landormy est un philosophe, musicologue et critique musical français né le 3 janvier 1869 à Issy-les-Moulineaux et mort à Paris le 17 novembre 1943. Ouvrages : Socrate, Paris, Delaplane, 1901 Descartes, Paris, Delaplane, 1902 Histoire de la musique, Paris, Delaplane, 1910 (a fait l'objet de plusieurs rééditions, revues et augmentées) Brahms, Paris, Alcan, 1920 « Faust » de Gounod : étude historique et critique, analyse musicale, Paris, Mellottée, 1922 Bizet, Paris, Alcan, 1924 La vie de Schubert, Paris, Gallimard, 1928 Albert Roussel (1869-1937), Paris, 1937 Gluck, Paris, Gallimard, 1941 Gounod, Paris, Gallimard, 1942 La Musique française, Paris, Gallimard, 1943-1944 (3 volumes : De la Marseillaise à la mort de Berlioz ; De Franck à Debussy ; Après Debussy) -
La musique francaise (volume 3) - apres debussy
Paul Landormy
- Shs Editions
- 24 Septembre 2022
- 9782385081652
Paul Landormy La musique française (volume 3) : Après Debussy Cette trilogie, promenade musicale et historique du critique Paul Charles-René Landormy, nous montre avec érudition l'évolution de la musique au fil des âges, soulignant pour chaque artiste la plus remarquable de ses oeuvres et l'influence qu'a pu avoir son époque et son entourage. Ce premier opus est consacré à la période qui s'étend de la Révolution à Berlioz. Outre des anecdotes sur les musiciens, plusieurs analyses d'oeuvres importantes - en particulier des opéras - nous sont proposées.
Paul Charles-René Landormy est un philosophe, musicologue et critique musical français né le 3 janvier 1869 à Issy-les-Moulineaux et mort à Paris le 17 novembre 1943. Ouvrages : Socrate, Paris, Delaplane, 1901 Descartes, Paris, Delaplane, 1902 Histoire de la musique, Paris, Delaplane, 1910 (a fait l'objet de plusieurs rééditions, revues et augmentées) Brahms, Paris, Alcan, 1920 « Faust » de Gounod : étude historique et critique, analyse musicale, Paris, Mellottée, 1922 Bizet, Paris, Alcan, 1924 La vie de Schubert, Paris, Gallimard, 1928 Albert Roussel (1869-1937), Paris, 1937 Gluck, Paris, Gallimard, 1941 Gounod, Paris, Gallimard, 1942 La Musique française, Paris, Gallimard, 1943-1944 (3 volumes : De la Marseillaise à la mort de Berlioz ; De Franck à Debussy ; Après Debussy) -
L'art de la mise en scene - essai d'esthetique theatrale : emotions, mediations, reception(s)
Gimello-Mesplomb
- Shs Editions
- 23 Novembre 2022
- 9782385087180
Becq de Fouquières est un nom aujourd'hui totalement oublié des dictionnaires du théâtre ou des bibliographies sur la mise en scène. Pourtant, ce féru d'art dramatique et de scénographie signa en 1884 un véritable coup de maître en publiant, avec L'Art de la mise en scène, le premier essai théorique consacré à l'esthétique de la mise en scène théâtrale, et l'un des rares parus à ce jour sur le sujet. Cette véritable mine d'information paraît alors que la technique de la mise en scène est en passe de devenir un art, lequel jouera un rôle prépondérant dans l'avènement du statut de metteur en scène. En effet, l'émergence de la mise en scène moderne est généralement datée de 1887, année de fondation du Théâtre Libre par André Antoine à Paris. En ce sens, le texte de Becq de Fouquières, paru trois ans auparavant, peut être vu et lu comme un témoignage sur la façon dont la mise en scène était alors pensée en cette époque charnière. Cet essai a aussi conservé toute son actualité. Abonné à la Comédie-Française et à l'Opéra, critique à ses heures, Becq de Fouquières laisse derrière lui l'oeuvre d'un prophète malgré lui de la mise en scène moderne, comme le soulignera bien plus tard l'universitaire et historien du théâtre Bernard Dort. [Avant-propos de Frédéric Gimello-Mesplomb] Extrait : Quel rôle particulier est appelée à jouer la mise en scène dans l'évolution de l'art dramatique ? Jusqu'à présent, il paraît y avoir beaucoup de confusion dans les idées de ceux qui se réclament de l'école réaliste. Les théâtres semblent obéir à une tendance dangereuse qui ne peut aboutir qu'à leur ruine sans profit pour l'art. Cette tendance consiste à transformer la représentation du réel en une sorte de présentation directe, de telle sorte qu'ils cherchent à s'affranchir du procédé artistique de l'imitation et mettent leur ambition à nous intéresser à la vue des objets eux-mêmes. [...] Par conséquent, l'art de la mise en scène ne peut avoir la prétention de prendre le pas sur l'art dramatique. Il ne le pourrait qu'en annihilant celui-ci, ce qui serait contraire à sa propre destination. Il doit donc lui rester subordonné, tout en le suivant forcément et en se préoccupant, à son exemple, du caractère individuel et particulier des objets qu'il évoque à nos yeux.
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L'Histoire de l'art est une vaste fresque qui va de la préhistoire jusqu'aux premières années du XX° siècle. Commencée en 1909, terminée en 1927, plusieurs fois remaniée, la totale nouveauté de l'entreprise d'Élie Faure a été d'introduire un genre nouveau devenu populaire et indispensable aujourd'hui : le livre d'art où chaque commentaire peut être comparé aux oeuvres elles-mêmes, la juxtaposition et la confrontation des images justifiant l'audace des rapprochements qui parfois paraissent insolites. Entreprise tout à fait nouvelle à l'époque, elle n'a été, Malraux mis à part, ni égalée, ni dépassée aujourd'hui. Cette édition du cinquantenaire comporte des éléments inédits : - une présentation de l'homme et de l'oeuvre, en tête de L'art antique - un dossier constitué de lettres, d'articles, de variantes, de textes divers, à la fin de chaque volume.Ces éléments établis par Martine Chatelain-Courtois, responsable des Cahiers Élie Faure et grande spécialiste de son oeuvre, sont d'un immense intérêt. Ils permettent une lecture entièrement nouvelle, nous aident à saisir l'évolution de l'auteur, le font revivre au fil des ans et des itinéraires de ses voyages.
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On sait de quelle suite d'aventures picaresques fut produit ce glorieux chef-d'oeuvre : La Flûte Enchantée Dans un temps où la sensibilité règne partout, qu'on imagine ce qu'une nature ainsi douée devait produire en musique. Mozart n'eut pas d'égal. Son être tout entier n'est que sensitivité, au point que les facultés d'observation, d'entendement, d'imagination, sembleraient, chez lui, n'exister uniquement que pour donner à la chose ressentie la forme et l'expression d'une oeuvre d'art. L'émotion le gagnait au moindre prétexte, sa propre musique tirait des larmes de ses yeux. Du bestial Monostatos au prince Tamino, de l'humble initié du temple d'Isis au divin Sarastro, de Papagena à la reine de la Nuit, tragique sous son diadème d'étoiles, tous paraissent pénétrés du souffle de cette incomparable musique.
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Ce livre manquait, et rien n'y manque. Il épuise momentanément un grand sujet, le plus grand peut-être qui s'offre à la critique musicale et la défie. C'est en musicien d'abord, et en musicien consommé, que l'écrivain anglais écrit de musique. Il parle véritablement des symphonies de Beethoven et non point à propos des symphonies ou à côté. Rien de ce qui les constitue ne lui est étranger ; rien ne lui est indifférent de ce qui les touche. Les étudiant l'une après l'autre et dans l'ordre chronologique, il en considère d'abord l'organisme et comme l'être spécifique : les thèmes, les rythmes, les timbres. Entre ces éléments premiers il observe ensuite quels rapports s'établissent ; quelles réactions, quels développements s'ensuivent, en quel sens, dans quel ordre et vers quelle fin. Puis, du fond et de la substance même il passe aux accessoires et aux alentours. Il recherche les antécédents, parfois aussi les conséquences. Curieux des origines, il ne l'est pas moins des analogies. Constamment il rapproche et il compare. Commentateur de formes illustres, il aime à s'en faire l'historien, et leur fortune autant que leur beauté l'intéresse. Il n'omet ni une ébauche, ni une copie, ni même une variante, et jusque dans l'essai, l'effort, dans les corrections et les retouches, il épie les secrets du génie et ceux du travail, qui parfois se confondent. Dates de composition et d'exécution, questions de temps et de lieu, mode et format de publication, dédicaces et prix de vente, hasards et caprices, erreurs et retours de l'opinion, tout est consigné, contrôlé dans ce complet répertoire ; pas un détail n'y fait défaut et tous les documents y font preuve. En un mot, l'érudit qu'est M. Grove n'ignore des symphonies de Beethoven rien de ce qu'on peut en savoir.
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Des études comme celles-ci[1], chronologiques, et pour ainsi dire successives, montrent bien les dangers du dogmatisme et la fragilité des systèmes préconçus. Elles font voir aussi dans l'histoire de l'art, surtout dans l'histoire d'un sentiment dans l'art. La difficulté de trouver un fil conducteur qui jamais ne se rompe ou ne se dérobe, qui relie sans détours et sans erreurs les époques et les écoles. De l'amour surtout, le plus ancien, mais le plus changeant de nos sentiments, il est impossible de ramener les variations à une marche constante, à un progrès régulier. A peine se risquerait-on à dire que les anciens compositeurs voyaient et montraient de l'amour surtout l'élément sentimental ; que les modernes en ont montré plus souvent l'élément sensuel. Il suffit, pour apercevoir cette transformation générale, de rappeler des noms que ne séparent pas seulement les années : Gluck et Gounod, par exemple.
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La musique est l'art moderne par excellence. Née à la fin du XVIIe siècle, elle grandit obscurément pendant le siècle suivant ; le siècle dernier vit son progrès magnifique, et le nôtre est témoin de sa gloire. Après que l'architecture, la sculpture et la peinture, ces rameaux plus précoces du génie humain, avaient donné leurs fruits, il fallait qu'une branche nouvelle jaillit et se chargeât de fleurs. L'éclosion de la musique est récente, et son développement peut sembler presque contemporain à nos yeux, devant lesquels reculent de plus en plus aujourd'hui les horizons de l'histoire, Quelque deux cents ans, quelque cent ans même ont vu la naissance de la musique, et sa renaissance, deux phénomènes entre lesquels les lois de l'esprit mettent d'ordinaire plus de distance.
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Monsieur, La Revue, qui parle de tant de choses, et qui en parle si bien, s'occupe rarement de la province, surtout au point de vue des arts. Est-ce de sa part dédain de grand seigneur, et pense-t-elle, comme beaucoup de gens, qu'il n'y a d'activité intellectuelle, d'esprit, de goût et d'aimables loisirs qu'à Paris, et que hors de ce centre merveilleux tout est perdu fors l'honneur, l'ennui, l'agriculture et les mécaniques ? Est-il vrai, comme je l'entends dire depuis longtemps, qu'une nation compacte, de plus de trente millions d'habitants, est condamnée à recevoir d'une seule et grande cité, que les hasards de l'histoire lui ont donnée pour capitale, toute sa vie spirituelle ?
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Après avoir cherché Dieu, nous allons chercher la nature dans la musique[1]. A la musique, tout l'univers se donne, les choses comme les êtres. Le monde du dedans et le monde du dehors lui appartiennent ; les sensations et les sentiments sont de son domaine et dans son obéissance. Entre la nature et la musique, il est des affinités certaines ; pour l'oreille autant que pour les yeux, la création est harmonie. Dans les flots, les vents, les bois, au fond des vallées et sur les cimes, le matin et le soir, il y a des voix qui chantent, qui permettent que la musique écoute et redise leurs chants.
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S'il n'est jamais indifférent de savoir ce que de grands penseurs, les plus grands, auxquels rien d'humain n'est étranger, ont pensé de la musique, Frédéric Nietzsche est peut-être celui dont le « cas » musical, pour parler son propre langage, est le plus digne de nous intéresser et même de nous émouvoir.