Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Prix
Zulma
-
Alba rentre d'un colloque de linguistes à l'étranger. Passionnée par les langues minoritaires et par la puissance évocatrice des mots, elle est aussi relectrice-correctrice, et le manuscrit d'un jeune poète l'attend, un ancien étudiant avec lequel elle a eu une aventure. En atterrissant à Reykjavík, elle s'interroge sur tous ses voyages dans les coins les plus reculés du monde. Combien d'arbres lui faudrait-il planter chaque année pour compenser son empreinte carbone ? Des langues sont en voie d'extinction, mais en Islande les arbres ont déjà disparu.
Sur un coup de tête, elle achète un terrain de sable noir et de lave, au fin fond de l'Islande aride et désertique, avec une maison délabrée. Rien n'est censé pousser là, mais Alba décide de passer à l'action. Elle change de vie, quitte la ville et les cercles littéraires pour planter des bouleaux, cultiver un potager. Elle se lie aux villageois et accueille Danyel, un jeune réfugié.
Ode à la langue islandaise et au retour à la nature, Éden est un roman plein de fraîcheur, tout en simplicité et en délicatesse. -
Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile. D'un réalisme sans affèterie, tout l'art d'Audur Ava réside dans le décalage de son personnage, candide, cocasse et tendre. Cette insolite justesse psychologique, étrange comme le jour austral, s'épanouit dans un road movie dont notre héros sort plus ingénu que jamais, avec son angelot sur le dos.
-
Islande, 1963 - cent quatre-vingt mille habitants à peine, un prix Nobel de littérature, une base américaine, deux avions transatlantiques, voilà pour le décor. Hekla, vingt et un ans, emballe quelques affaires, sa machine à écrire, laisse derrière elle la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík avec quatre manuscrits au fond de sa valise. Il est temps pour elle d'accomplir son destin : elle sera écrivain.
Sauf qu'à la capitale, on lui conseille de tenter sa chance à l'élection de Miss Islande au lieu de perdre son temps à noircir du papier. Entre deux petits boulots, Hekla se réfugie chez Ísey, amie d'enfance convertie en mère de famille par un amour de vacances. Ou auprès de Jón John, fils illégitime d'un soldat américain qui rêve de quitter son île pour vivre de stylisme et de l'amour d'un autre homme...
Avec la sensibilité, l'humour et la délicatesse qui lui sont si personnels, Auður Ava Ólafsdóttir interroge dans son sixième roman la relation de deux pionniers qui ne tiennent pas dans les cases, prisonniers d'un monde lilliputien et conservateur. Miss Islande est un magnifique roman sur la liberté, la création et l'accomplissement.
-
Sud de l'Iran, 1997. Une silhouette fantomatique au milieu des marais vient chaque jour porter ses soins aux palmiers calcinés. Sur une route poussiéreuse écrasée de soleil, un homme est en route.
Autrefois Naval et Rassoul avaient tout pour être heureux, un fils qui illuminait leur existence, bientôt une fille, un bon poste pour lui à la Société nationale du Pétrole. Mais dans cette région dévastée par la guerre avec l'Irak, tout a basculé. Autour de Naval, les hommes sont tous morts, les frères, les pères, et surtout son fils dans le bombardement de Khorramchahr. De nouveau enceinte, tous ses espoirs se fondent sur l'enfant à naître, comme si un nouveau garçon allait remplacer celui disparu. Car ce ne peut être qu'un garçon. Lorsque Rassoul rentre d'une mission de trois mois au Koweit, Naval a accouché, et il tombe dès le premier regard fou d'amour pour ce fils-providence. Pourtant, Naval semble au bord de la folie, prête à basculer. Que s'est-il passé pendant son absence ?
Sensible et tout en nuances, La Mère des palmiers nous plonge dans un récit où affluent les souvenirs. Nasim Marashi croise ici l'intime et le réel avec une poésie infinie. -
Une professeur de lettres anglophones, contrainte de quitter l'université de Téhéran pour avoir refusé de porter le voile, réunit sept de ses étudiantes pour des cours clandestins de littérature, dans l'intimité de son salon, en pleine République islamique des années 1990. Sept jeunes femmes qui sont pour certaines conservatrices et religieuses, d'autres laïques et progressistes, voire ont déjà été emprisonnées. Ensemble, étudiantes et professeur vont lire et parler de Gatsby de Fitzgerald, Lolita de Nabokov, Orgueil et préjugés de Jane Austen... en s'interrogeant : ces romans sont-ils subversifs, ou est-ce le fait de les lire, en Iran, en 1995, qui est subversif ?
Elles découvrent avec passion le pouvoir de la fiction et ses répercussions sur leur vie personnelle, leurs péripéties, leur quotidien sous la République islamique.
Paru en 2003 aux États-Unis et 2004 en France, Lire Lolita à Téhéran provoqua une déflagration. Vingt ans plus tard, il n'a rien perdu de sa pertinence. -
Il se souvient de la villa qui donnait sur la mer, et de son opulent jardin : il y soignait iris et cattleyas, trompettes des anges, glaïeuls et pulmonaires. Gardien de ses meilleures années, témoin discret et impartial, le vieux jardinier raconte : le jeune couple, beau et fortuné, leurs amis toujours plus nombreux, les baignades et les après-midi langoureux. Le nouveau voisin. L'Espagne des années 1920 rayonnait pour eux d'insouciance et d'oisiveté. Ils semblaient s'amuser de tout, et pourtant leur monde s'effritait. Les grandes fêtes qui laissaient le jardin fleuri dévasté n'en étaient-elles pas le présage ?
Dans un fascinant mélange d'émotion et de détachement, un savoureux luxe de détails et de non-dits, se déroule comme un mélodrame au ralenti. Le Jardin sur la mer est le roman inédit, délicat et éblouissant, de la grande dame des lettres catalanes. -
À son retour d'un éprouvant voyage - il a la phobie des avions - un écrivain turc renommé se voit proposer en héritage un bien étrange legs : sur les hauteurs verdoyantes de Dragos, quartier d'Istanbul qui surplombe le Bosphore, l'attend la Maison aux livres, une bibliothèque de plus de trente mille ouvrages, rassemblés dans un écrin de verre au milieu d'un vaste domaine arboré. À l'écart, un petit cabanon invite à la lecture et la contemplation. Flatté, déjà séduit mais inquiet, l'heureux élu doit-il accepter l'héritage ? Peut-il le refuser ? Et pourquoi lui ? Obsédé par le dilemme, l'écrivain passionné par les livres tisse un subtil lacis de réflexions sur son histoire, sa relation à l'écrit, son lien aux autres et à l'autre.
Dans le dédale des rayonnages, livre après livre, notes après notes, se dessine le parcours d'un unique lecteur, le mystérieux donateur et l'architecte de cette fascinante bibliothèque. Comment ne pas succomber à un tel trésor ? Mais l'envoûtante Maison aux livres, comme un système solaire où gravitent lunes et planètes, prend bientôt toute la place, ogresse prête à dévorer ce qui reste des nuits...
Une ode à la lecture, au livre, à la bibliothèque - une exquise et délicate déclaration d'amour. -
Trainspotter : L'aventure de la trans-iranienne
Ehsan Norouzi
- Zulma
- Littérature
- 3 Avril 2025
- 9791038703513
Arrivé au mitan de sa vie, le narrateur, fasciné par les trains, se lance depuis Téhéran dans une quête saugrenue. Le voilà lancé dans un périple d'un an à suivre les rails aux quatre coins de l'Iran mais surtout en son coeur. Dans des terres sauvages, désertiques ou montagneuses, peuplées d'ours et de panthères, il mène l'enquête et recueille les témoignages truculents de tous ces ferrovipathes, ces « fous du rail », qui ont contribué à l'aventure de la trans-iranienne tout au long du XXesiècle - des aiguilleurs nonchalants aux vieux conducteurs d'anciennes locomotives à vapeur, d'astucieux ingénieurs aux chefs de gare désoeuvrés.
Et notre Sherlock Holmes du rail n'hésite pas à remonter le temps. Car l'histoire du rail iranien n'a rien d'anecdotique : elle est indissociable de celle du pays - du pari moderniste de Reza Shah à l'aide décisive apportée aux Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale sur le front de l'Est, en passant par la compétition acharnée des grandes nations dans l'espoir de remporter des chantiers.
Plus qu'un récit de voyage, plus qu'un livre d'histoire, c'est avant tout dans le train de la formidable aventure de la trans-iranienne que Trainspotter vous invite à monter ! Et Ehsan Norouzi nous contamine : son ton espiègle et érudit, ses anecdotes savoureuses et passionnantes nous émerveillent et nous conduisent à travers les déserts du sud et les Monts Elbourz, du golfe Persique à la mer Caspienne, dans un rêve de train palpitant et passionnant. -
Un aiguilleur de chemins de fer vit en ermite aux confins de paysages enneigés, avec pour seuls compagnons les loups, et leur confrontation perpétuelle, jusqu'à ce qu'une passagère saute d'un train... Un mari insatisfait croit prouver sa virilité en s'inventant des conquêtes, dévastant une épouse bien réelle. Un jeune homme cherche à se démarquer de son père en vouant un amour absolu à sa femme, qui ne voit d'autre issue pour lui échapper que de s'immoler par le feu. Quant au musicien Aziz bey, nous ne serions pas surpris de le croiser par une nuit blanche dans les bars animés d'Istanbul, tant la vie de ce joueur de tambûr singulier et authentique, qui veut croire en l'amour, est mise à nu dans toute sa douceur et ses faiblesses, toute son humanité.
Les six nouvelles de La Passagère des neiges évoquent le pouvoir destructeur du sentiment amoureux ou de l'impossibilité de l'amour. L'écriture d'Ayfer Tunç excelle à imprégner ses personnages d'une fragilité et d'un sens bouleversant de la mélancolie. Saisissant. -
Si seulement elle était née ailleurs, aux États-Unis ou en Scandinavie ! Elle aurait envoyé balader sa mère... Mais dans les Balkans, on n'échappe pas à sa famille. Résultat des courses, la voilà embarquée dans la vieille Golf déglinguée du cousin Stojan pour assister aux funérailles de tante Stana. Sauf que rien ne se passe comme prévu, entre tonton Loir accroché à sa bouteille d'eau-de-vie, la Popesse, fausse dévote au regard diabolique, et Mileva qui tire à boulets rouges sur tous les convives... Ils n'ont qu'une idée en tête : récupérer une part du magot pour se sortir de leur bourbier.
Roadtrip déjanté et parfaitement maîtrisé, Dans le fossé pousse la saga familiale au comble de l'extravagance et de l'absurdité. Un petit bijou d'humour noir. -
Dans le vacarme ordinaire d'un réveillon à Reykjavík, entre feux d'artifice et bouchons de champagne, Maria n'entend rien de ce que Floki, son mari, lui annonce. Grave décision longtemps mûrie : il la quitte pour un autre. Car la personne qu'il aime n'est autre que son collègue à l'Institut de recherche mathématique où ils mènent tous deux des investigations sur la théorie du chaos. Jusqu'à cette heure précise, Maria était encore une jeune femme rayonnante, flanquée d'adorables jumeaux, dans l'impeccable félicité de sa petite famille.
Passé la stupeur et le désarroi commence pour la narratrice l'enchaînement quasi inéluctable des états psychologiques liés à la séparation. Mais dans la nuit de l'hiver polaire, Perla est là, charitable voisine d'à peine un mètre vingt, co-auteur de romans policiers et conseillère conjugale. Comme les lutins des sagas, Perla surgit à tout moment de son appartement de l'entresol pour secourir fort à propos la belle géante délaissée, dont les mésaventures répondent étrangement au traité sur le bonheur matrimonial qu'elle est en train d'écrire...
-
Qui ne connaît pas un de ces inventeurs géniaux dont la découverte reste à jamais inconnue, empêchée ou censurée ? Phily-Jo est de ceux-là. Sa machine à énergie libre, la FreePow, est révolutionnaire. Si visionnaire et dérangeante que la mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère pour ses proches. Meurtre ou suicide ? Est-ce le combat de David contre Goliath, une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ?
Dans un infernal jeu de poupées gigognes, les héritiers et disciples de Phily-Jo se lancent tour à tour dans une quête de vérité qui les mène au coeur du Texas, ses couloirs de la mort et ses champs pétrolifères. Mais qui croire, à la fin ?
Avec un humour décapant, Qui se souviendra de Phily-Jo ? est le roman de toutes les manipulations -emprise du capitalisme, mensonge, complot, ou pouvoir du récit... Vertigineux et époustouflant ! -
Bhupati consacre sa vie au journal anglophone qu'il a fondé. Il en délaisse sa femme, la belle et jeune Chârulatâ, et confie à son cousin Amal, étudiant qu'il héberge, le soin de la distraire... A sa parution, au tout début du XXe siècle, Chârulatâ scandalise la bonne société bengalie. Aujourd'hui, on admire la critique des moeurs, la très subtile tension érotique et, plus singulièrement, les rapports ici clandestins entre séduction et littérature. Ironie et poésie donnent à cette passion inassouvie le charme fou de l'Inde éternelle. Après Quatre chapitres (2004), Chârulatâ est le deuxième roman de Tagore inédit en français publié chez Zulma.
-
Au moment de déménager, un homme découvre les affaires intimes que sa femme a enfermées dans des boîtes. Il se remémore leur liaison amoureuse, les efforts entrepris pour vaincre sa stérilité, jusqu'à leur installation près d'une clinique. Des scènes de neurasthénie, aussi, qui la plongeaient dans un sommeil prolongé, ou lui faisaient inventer des histoires. Une relation avec une voisine, une autonomie reconquise, l'entraînent un jour à découcher. A-t-elle un amant ? plusieurs ? À présent qu'elle est à l'hôpital psychiatrique, la voici pour lui hors d'atteinte. Deux solitudes n'ont pas réussi à se rejoindre.Sur cette impossible communication entre deux êtres, Eun Hee-kyung n'est pas en reste. Ainsi, la jeune Yeonmi découvre à travers le journal intime de sa soeur aînée l'échec de sa vie amoureuse. À travers celui de sa femme, un mari se voit soudain confronté à une alcoolique dépressive au bord de la folie. Et ces « beaux amants » insatisfaits de leur couple et de leur sort, pourquoi passent-ils leur temps à se donner des rendez-vous qui mènent à la rupture ? Comment faire face au présent toujours miné par le passé ? Sans pitié pour ses personnages, Eun Hee-kyung propose une savante introspection de soi et une approche très feutrée de l'énigmatique nature humaine. Son point de vue féministe, terriblement lucide, renouvelle en profondeur la vision de la société coréenne contemporaine. Un vrai regard de femme libre !
-
Maritsa est médecin. En 1909, elle arrive de Constantinople pour une mission humanitaire dans la région et la voilà hébergée par des soeurs dans un monastère d'Adana. Maritsa les yeux bleus, la surnomment-elles. À la messe du soir, c'est le père Burak qui assure l'office. Plus tard - bien plus tard - il lui dira que ses yeux bleus sont comme un poème.
Leur périple va les mener de citadelle en citadelle. Depuis Adana, où sont perpétués les massacres précurseurs du génocide des Arméniens, vers Alep, puis en caravane jusqu'à Samarcande, ils vont toujours plus loin vers l'est. Ils fuient un empire ottoman qui ne veut plus d'eux, tentant partout où ils passent d'aider, soulager, secourir ceux dont ils croisent la destinée. De cet exil sans fin Maritsa consigne le récit dans ses carnets, n'oubliant jamais les siens, n'oubliant jamais d'où elle vient.
Un magnifique chant d'amour au peuple arménien. -
" Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l'été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. " C'est ainsi que Bjarni Gíslason de Kolkustadir commence sa réponse - combien tardive - à sa chère Helga, la seule femme qu'il aima, aussi brièvement qu'ardemment, du temps de sa jeunesse.
Et c'est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur cantonal du foin dans ces rudes espaces que l'hiver scelle sous la glace, on découvre l'âpre existence qui fut la sienne tout au long d'un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave pétrifiée de sa terre d'Islande, soumis aux superstitions et tout irrigué de poésie, d'attention émerveillée à la nature sauvage.
Ce beau et puissant roman se lit d'une traite, tant on est troublé par l'étrange confession amoureuse d'un éleveur de brebis islandais, d'un homme qui s'est lui-même spolié de l'amour de sa vie.
-
Au doux pays de Frzangzwe, le fossé entre les nantis et les fauchés ne cesse de se creuser. D'un côté, la baronne, secondée par son équipe de bras cassés : Mo, l'homme de main toujours chargé du sale boulot, Mouna la Souris experte en informatique, Hakkon le Brave inséparable de sa hache bien affûtée, le Toubib réchappé de la justice, Zap le naïf. De l'autre côté, l'archimaréchal règne avec ses zeds de camp et son conseiller Gabriel Pipaudi, premier fifrelin du palais, diplômé de la Grande École - promo Machiavel. Et puis il y a la marjorette, Anne-Sophie-Catherine-Elisabeth dite Aneth. Enfermée dans son vase clos gorgé de paillettes et des ors de la république, Aneth rêve d'amour et d'horizons inconnus. Lorsque sa servante Chantal organise une escapade clandestine dans la jungle du réel, tout bascule. Car les deux mondes vont se croiser, alors que grogne la révolte. Retranchés dans leur manoir, la bande de marginaux fomente un coup d'éclat : occuper la Grande Tour F. Pour quoi faire ? La démonter. Quand ? Le 1er mai. Et si la Révolution était en marche ?
-
Dans le brouhaha des rues agitées de Téhéran, Leyla, Shabaneh et Roja sont à l'heure des choix. Trois jeunes femmes diplômées, tiraillées entre les traditions, leur modernité et leurs désirs.
Leyla rêve de journalisme ou de devenir libraire. Son mari, pourtant aimant et attentionné, a émigré sans elle. A-t-elle eu raison de ne pas le suivre et de rester ? Shabaneh est courtisée par son collègue, qui voit en elle une épouse parfaite. Comment démêler si elle l'aime, si elle peut se résoudre à abandonner son frère handicapé, alors qu'elle en est l'unique protection ? Roja, la plus ambitieuse, travaille dans un cabinet d'architectes, et s'est inscrite en doctorat à Toulouse - il ne manque plus que son visa, passeport pour la liberté. Vraiment ?
La solution est-elle toujours de partir ?
En un été et un automne, elles vont devoir décider. D'espoirs en incertitudes, de compromis en déconvenues, elles affrontent leurs contradictions entre rires et larmes, soudées par un lien indéfectible mais qui soudain vacille, tant leurs rêves sont différents. L'automne est la dernière saison est une magnifique histoire d'amour et d'amitié, sensible et bouleversante, profondément ancrée dans la société iranienne d'aujourd'hui, et pourtant prodigieusement universelle. -
L'âme de Kôtarô contemplait la mer
Shun Medoruma, Myriam Dartois-Ako, Véronique Perrin, Corinne Quentin
- Zulma
- Litterature
- 16 Janvier 2014
- 9782843046742
« Un jour, la rumeur s'est répandue qu'on entendait le chant d'une femme sur l'îlot-cimetière. L'endroit suscitait régulièrement ce genre d'histoires venues d'on ne sait où. » Dans ces six nouvelles, la légende est comme un recours en grâce face à l'étrangeté parfois monstrueuse du monde. Ainsi les sanctuaires des forêts sacrées vibrent des danses et des invocations des prêtresses kaminchu, simples paysannes frappées du don de double vue. L'enfant un peu attardé et rêveur voit sans effroi ce que les autres ignorent, car les âmes des disparus n'apparaissent qu'aux coeurs simples. Et les esprits qui circulent autour de nous deviennent très loquaces dès qu'un vivant les distingue, car c'est leur mémoire trop lourde qui les attache au monde.
L'univers de Medoruma Shun tient son pouvoir d'envoûtement de la synthèse lumineuse entre son enfance dans le très singulier Japon d'Okinawa et un fonds de traditions et de croyances toujours vivaces. Traduit pour la première fois en français à la découverte d'Okinawa, comme un autre Japon sous les Tropiques regard de l'enfance, mêlant intime et fantastique.
-
Il n'a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin - d'instinct.
Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d'un hameau perdu, Brabek l'ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l'amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, à la fois soeur, amante, mère. « C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l'effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l'on nomme la civilisation.
Itinéraire d'une âme neuve qui s'éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l'Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l'immense roman de l'épreuve du monde.
-
C'est la belle histoire d'une femme libre et d'un enfant prêté, le temps d'une équipée hivernale autour de l'Islande par la route côtière.
En ce ténébreux mois de novembre islandais, exceptionnellement doux au point de noyer l'île sous les pluies et les crues, la narratrice, qui ne cesse de se tourner elle-même en dérision, voit son mari la quitter sans préavis et sa meilleure amie, Audur, lui demander de s'occuper, pour au moins une saison, de son fils de cinq ans.
Pourtant la chance sourit à l'amie d'Audur : elle gagne un chalet d'été et une petite fortune au loto. À la suite de sa rupture, elle aurait préféré accomplir un voyage consolateur à l'étranger mais, bonne nature, elle est incapable de refuser quoi que ce soit à qui que ce soit, hommes ou femmes. Elle partira tout de même, pour un tour de son île noire, avec Tumi, le fils d'Audur, étrange petit bonhomme, presque sourd, mutique, et avec de grosses loupes en guise de lunettes.
Roman d'initiation s'il en fût, l'Embellie ne cesse de nous enchanter par cette relation de plus en plus cocasse, attentive, émouvante entre la voyageuse et son minuscule passager. Ainsi que par sa façon incroyablement libre et allègre - on pourrait dire amoureuse - de prendre les fugaces, burlesques et parfois dramatiques péripéties de la vie, sur fond de blessure originelle. Et l'on se glisse dans l'Embellie avec une sorte d'exultation complice qui ne nous quitte plus, longtemps après en avoir achevé la lecture.
Il y a chez la grande romancière islandaise - dont on garde en mémoire le merveilleux Rosa candida - un tel emportement rieur, une telle drôlerie des situations comme des pensées qui s'y attachent, que l'on cède volontiers à son humour fantasque, d'une justesse décapante mais sans cruauté, terriblement magnanime. Vrai bain de jouvence littéraire, ses romans ressemblent à la vie.
-
Se décrivant lui-même comme un « homme de quarante-neuf ans, divorcé, hétérosexuel, sans envergure, qui n'a pas tenu dans ses bras de corps féminin nu - en tout cas pas délibérément - depuis huit ans et cinq mois », Jónas Ebeneser n'a qu'une passion : restaurer, retaper, réparer. Mais le bricoleur est en crise et la crise est profonde. Et guère de réconfort à attendre des trois Guðrún de sa vie - son ex-femme, un joli accident de jeunesse, sa fille, spécialiste volage de l'écosystème des océans, et sa propre mère, ancienne prof de maths à l'esprit égaré, collectionneuse des données chiffrées de toutes les guerres du monde... Doit-il se faire tatouer une aile de rapace sur l'omoplate ou carrément emprunter le fusil de chasse de son voisin pour en finir à la date de son choix ?
Autant se mettre en route pour un voyage sans retour à destination d'un pays abîmé par la guerre, avec sa caisse à outils pour tout bagage et sa perceuse en bandoulière.
Ör (« Cicatrices ») est le roman poétique et profond, drôle, délicat, d'un homme qui s'en va - en quête de réparation.
-
Les Jango sont décidément impayables. Ils viennent depuis l'autre côté de la fron- tière cultiver le sésame, le blé et le sorgho, on les reconnaît à leur élégance tape-à- l'oeil un peu décatie, et à leur sens de la fête, dès que les moissons sont finies : tous leurs gains y passent, à s'enivrer de marissa et de femmes. Les Jango sont l'aristo- cratie des travailleurs de la terre à al-Hilla, qui est pour eux le centre du monde.
C'est là que deux vieux amis décident de poser leurs valises. La Maison de la Mère, mi-logeuse, mi-maquerelle, les accueille à bras ouverts. Et avec elle, Wad Amouna, homme à tout faire raffiné et véhicule des cancans locaux, Safia, mythe vivant sur laquelle courent les plus folles histoires, la douce et tendre Alam Gishi...
Dans les effluves de café grillé, de chicha parfumée et de gomme arabique, se joue une comédie humaine dont les Jango, « sages à la saison sèche et fous à la saison des pluies, sont les héros ».
Jusqu'au jour où le monde moderne et ses bras armés fait intrusion chez ces princes de la terre...
La puissance romanesque d'Abdelaziz Baraka Sakin tient sans doute à ce regard à la fois tendre et sans concession : dans Les Jango, on parle librement de religion, de sexe, de littérature et de contrebande. Les Jango est un magnifique hommage à toutes les libertés.
-
Ecrit en yiddish en 1943 dans le camp de Vittel et miraculeusement sauvé, le Chant du peuple juif assassiné est un témoignage unique sur la barbarie nazie et le ghetto de Varsovie. C'est aussi et surtout un chef-d'oeuvre absolu qui interpellera à jamais les générations futures par sa beauté littéraire comme par sa bouleversante humanité.