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En arrivant à New York pour effectuer un stage dans une institution culturelle française, Alice s'attendait à vivre un quotidien exaltant. C'était avant la déception et le retour à la réalité : son job l'ennuie à mourir, et être une jeune Française aux États-Unis est moins facile qu'elle ne l'imaginait. Ainsi, le jour où elle rencontre Léonore - l'héritière d'une famille riche - et ses deux admirateurs dévoués, Ben et Nathan, Alice est fascinée. Léonore, Ben et Nathan ont un point commun. Étudiants en photographie aux dents longues, ils ont élaboré une théorie qui, selon eux, marquera l'histoire artistique : la «photographie réelle». Pour vivre plus intensément, être leur amie et appartenir au groupe, Alice est prête à beaucoup de choses, y compris à devenir leur muse. Mais occuper ce rôle n'est pas sans risque, surtout quand on a affaire à des extrémistes de l'art... Est-elle sûre, d'ailleurs, de les connaître vraiment ? Porté par une construction subtile, Les négatifs ausculte les mécanismes de l'emprise et la façon dont nos idéaux peuvent se dévoyer, et nous pose une question : quelle part de nous-mêmes sommes-nous prêts à abdiquer par conformisme ?
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Alors qu'il approche de la trentaine, Cyrus Shams est perdu. Il ignore son identité profonde, partagé entre l'Iran, où il est né, et les États-Unis, où il est arrivé avec son père quand il était encore un nourrisson. Il a passé sa vie à lutter : contre le souvenir de sa mère, morte en 1988 dans un avion abattu par l'armée américaine alors qu'il survolait le golfe Persique ; contre les épais mystères et les non-dits de son histoire familiale ; contre sa dépendance à l'alcool et aux drogues. À présent, il est sobre, et bien décidé à écrire un recueil de poèmes sur un sujet qui lui est cher : les martyrs. Quand il apprend qu'une artiste mourante se livre à une performance au Brooklyn Museum, il sait qu'il doit se rapprocher d'elle pour mener à bien son projet. Mais ce qu'il pensait être une quête littéraire le mènera, bien malgré lui, à mettre au jour des secrets de famille dont il était loin de mesurer l'ampleur. Construit comme une fascinante mosaïque, Martyr ! embrasse différents lieux et époques, de l'Iran des années 80 aux États-Unis d'aujourd'hui. Ce roman original aux thématiques contemporaines est aussi un hymne lumineux à tout ce qui peut nous permettre de trouver un sens à notre vie : la foi, l'art, l'amitié, et les relations humaines.
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Le narrateur de Tirer est un homme traqué, un homme en fuite. Un danger semble le cerner de partout, ayant pour origine des événements troubles qui se sont déroulés à différentes «époques» de son passé. Alors qu'il cherche à se soustraire à un destin qui se referme toujours plus sur lui, cet homme voyage dans ses souvenirs, revisite les moments évanouis de son existence pour comprendre ou inverser le cours des événements qui l'assaillent. Mais la mémoire est un labyrinthe dont on ne peut s'échapper si facilement. Avec Tirer, Alexandre Valassidis poursuit une oeuvre subtile et poétique faite d'atmosphères, de brume et de murmures.
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«C'est plutôt ridicule d'avoir pour modèle un homme comme mon père et professeur de français en plus, non, mon modèle c'était Schwarzenegger, c'était Conan le Barbare comme tout le monde.» Dans un monologue cavalcadant, un homme nous raconte son histoire : la solitude de l'adolescence et la difficulté à aborder une fille, les relations tendues avec un père envahissant, une mère transparente, une ville périphérique où il n'y a rien à faire. En bref : l'horizon limité d'une existence promise à un ennui incommensurable. Pourtant, un jour, tout va changer pour lui. Le jour où il voit pour la première fois Arnold Schwarzenegger au cinéma. Il le sait, il le comprend, il vient de trouver un sens à sa vie : il lui faut prendre toujours plus de muscle et devenir une «machine de guerre». Nul doute qu'en réalisant un tel projet il deviendra l'homme le plus viril du monde, à même de séduire toutes les femmes. Victor Malzac fait parler un homme en proie à la misère sentimentale et sexuelle - et dépeint du même coup toutes les injonctions qui pèsent sur les garçons pour qu'ils deviennent des hommes. Drolatique, curieusement tendre et électrisant, Créatine est le premier roman d'un poète qui sait muscler ses phrases comme personne.
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Il a vingt-huit ans, voit la trentaine se profiler à l'horizon, et il n'est pas très à l'aise avec l'idée d'être adulte. Pour la première fois depuis dix ans, Ulysse revient dans la ville de son adolescence, Bécon-les-Bruyères, ville de banlieue parisienne où les rails de Transilien côtoient le bitume, où les quartiers cossus se mêlent aux gros supermarchés. Voyage mélancolique ? Non, plutôt sentimental : dans quelques heures, il a rendez-vous avec Pauline, son amour de lycée, qu'il n'a jamais revue. En attendant, il arpente les rues de Bécon-les-Bruyères et traîne dans sa mémoire. Au terme de cette journée, peut-être trouvera-t-il des raisons de changer de vie. Nourrie de lectures classiques comme du rythme du rap français, la langue du Lapin crépite et pulse à la cadence d'une punchline par ligne. C'est vif, enlevé, et furieusement contemporain.
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Un homme quitte Buenos Aires pour s'établir dans les grandes plaines argentines. Là-bas, il consacre ses journées à créer un potager d'où il compte tirer sa nourriture quotidienne. Éloigné de tout et de tous, il essaye de se fuir lui-même, mais plus le temps passe, plus les bribes de son passé remontent à sa conscience et se mêlent aux observations qu'il consigne chaque jour dans ses cahiers. Aux petits et grands tracas du travail de la terre se juxtaposent des épisodes issus de son histoire familiale, la contemplation détaillée de la nature et, surtout, les traces laissées par une rupture très douloureuse avec son ex-compagnon, Ciro. Les plaines est le roman d'un deuil amoureux, d'une lente reconstruction, comme une célébration apaisée de la beauté du monde, et le récit d'une quête : celle d'un lieu où vivre pleinement. Description d'une solitude au coeur des vastes paysages de la pampa, c'est aussi une bouleversante déclaration d'amour aux histoires qu'on se raconte et qu'on raconte pour se relier aux autres.
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Situées dans les marges de la globalisation, les nouvelles d'Après le soleil ouvrent une brèche vers d'autres univers et brouillent notre rapport au réel : à Cancun, un groupe de jeunes hommes sont au service des touristes, et exécutent toutes leurs volontés - la nuit, néanmoins, ils explorent les mystères de l'existence dans de curieuses cérémonies ; à Copenhague, une rencontre inattendue entraîne un informaticien dans une spirale où la spéculation financière devient érotique ; l'effondrement d'un triangle amoureux dans une ville anglaise conduit les personnages à tomber dans une addiction particulièrement dangereuse et hypnotique ; dans le désert du Nevada, un homme en deuil trouve une machine qui vient peut-être d'une autre planète... Les personnages d'Après le soleil ont des désirs ardents, mais s'affrontent à des réalités décevantes, bassement transactionnelles. Ils cherchent à communiquer, à trouver un but à leur vie dans un monde où tout s'est déréalisé au point de ne plus avoir de sens. Juxtaposant le grotesque, l'hyperréalisme et le fantastique - «comme s'il regardait le monde à travers un filtre ultraviolet», ainsi que l'écrit un critique danois -, Jonas Eika a inventé de nouvelles façons de raconter des histoires pour une époque où les anciennes ne suffisent plus.
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Ils ont un bel appartement à la décoration soignée. Un job qu'ils aiment. Des amis intéressants. Une vie amoureuse stable. Bref, ils ont tout pour être heureux, et d'ailleurs ils le sont. Vraiment ?Un couple d'Italiens s'installe à Berlin. Webdesigners, ils explorent à fond la vie d'expatriés que leur offre la capitale allemande. Elle correspond en tout point à ce qu'ils avaient rêvé et aux images de réussite qui saturent les réseaux sociaux. Mais derrière le vernis, derrière l'apparente «perfection» de leur existence bien rangée, quelques grains de sable commencent à apparaître et menacent peut-être de faire dérailler la machine. Très vite, alors que la gentrification fait rage dans la ville, le malaise les gagne. La vie est rarement «comme sur les images», et ces personnages risquent fort de le comprendre tôt ou tard...Dans Les perfections, Vincenzo Latronico scrute en entomologiste cruel les moindres contradictions de ses héros pris entre impuissance et perte de sens. Pas sûr que la génération des millennials sorte grandie de ce roman, qui peut aussi être lu comme un hommage aux Choses de Perec à l'heure d'Instagram.
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Julio, professeur de littérature aux États-Unis, vit loin de son pays natal. Il reçoit un jour une lettre d'un genre un peu spécial dans laquelle il apprend qu'une de ses amies, l'écrivaine Aliza Abravanel, vient de mourir et qu'elle a exigé, comme dernière volonté, que Julio édite son ultime manuscrit. Elle y raconte, entre autres, le destin de son père, un homme fasciné par l'oeuvre d'un anthropologue ayant lutté contre la disparition des cultures indigènes, et qui a travaillé sur Nueva Germania, une colonie nazie (bien réelle) fondée par la soeur de Nietzsche au coeur de la jungle paraguayenne. L'édition de ce texte et l'éclaircissement des mystères qu'il renferme emmèneront Julio (et le lecteur) dans une communauté d'artistes en Argentine, une ville oubliée du Guatemala, en Amazonie et aussi, bien sûr, à Nueva Germania. Construit comme un fascinant jeu de miroirs ou une chasse au trésor, Austral s'interroge sur ce qui survit de nous malgré les bouleversements de l'histoire, sur la nécessité de la mémoire et de l'écriture dans un monde qui court à sa perte, sur les traces et les voix qui demeurent, recouvertes par l'oubli. Avec ce roman polyphonique tressé d'innombrables récits, Carlos Fonseca confirme sa place parmi les écrivains hispaniques les plus marquants de sa génération.
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Deux personnages en rupture avec le monde errent dans la nuit : un premier roman poétique et hypnotique par un jeune poète belge « Toute cette époque, c'était des jours comme aujourd'hui. Des jours du ventre mou de l'été. Où le ciel s'a aisse. En se couvrant de longues traînées mauve et noir. De grandes $eurs tristes. ».
Nous sommes dans une ville au nom inconnu, probablement quelque part dans le Nord. Dans un décor où règnent la langueur et l'ennui, où des immeubles sombres barrent l'horizon, on apprend la disparition d'un jeune homme, Dylan, dans des circonstances propres à susciter toutes les interrogations. S'agit-il d'une fuite, d'une fugue, d'un meurtre ? Pour donner un sens à l'absence, son meilleur ami retrace ce qu'il sait de Dylan, approfondit son mystère, raconte ces heures qu'ils ont passées tous les deux à errer au coeur de la nuit et qui ont peu à peu scellé leur amitié. Ces nuits à ne rien se dire, à observer. Jusqu'au jour où les deux jeunes hommes se surprennent à faire un détour dans leur itinéraire...
Au moins nous aurons vu la nuit est un livre fait d'ambiance, de brume, où les mystères semés sur le chemin ne sont pas certains d'être résolus. Entre rêve et réalité, entre récit et prose poétique, c'est le portrait émouvant et hypnotique de deux êtres qui cherchent désespérément à habiter le monde, comme un hommage au cinéma et au roman noir. -
En 1994, alors que l'épidémie de sida fait rage et qu'il est encore un jeune adolescent, Mathias tombe sur un documentaire télévisé consacré aux «patchworks des noms» : des rectangles faits de chutes de tissus que les proches des victimes cousent pour illustrer et honorer la mémoire de leurs morts. Pour le jeune homme, c'est un choc : la beauté de ce rituel, sa valeur symbolique et politique le marquent à jamais.Des années plus tard, il a envie de raconter cette histoire : la sienne, mais aussi celle des activistes qui ont lutté pour que le silence ne recouvre pas les existences fauchées par la maladie. Cousu pour toi est un texte-patchwork qui mêle récit, autofiction et journal de bord. L'auteur s'interroge : Comment naît-on à son désir quand autour de soi l'amour semble indissociable de la mort ? Comment la mémoire des tragédies se transmet-elle ? Comment en hérite-t-on ?Cousu pour toi raconte comment le sida a modelé des identités, des aspirations - comment, en somme, il est venu se tisser dans la trame de nos vies.
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Alors qu'il pédale comme un dératé dans les rues de Lille pour livrer toujours plus de repas chauds, le narrateur de Client mystère est percuté par une voiture. S'il sort de l'accident sain et sauf (avec un bras mal en point), il se retrouve néanmoins «indisponibilisé» par les algorithmes de l'application pour laquelle il travaillait. Et donc, sans ressources.C'est alors qu'il entend parler d'un métier curieux:les «clients mystères», des particuliers mandatés par les entreprises pour jouer aux clients afin d'évaluer les performances des employés à leur insu. Notre héros devient donc l'un de ces hommes invisibles à la solde du management contemporain.Client mystère dépeint avec tension et vivacité le monde du travail au temps de l'ubérisation:dictature de l'algorithme, culte de l'efficacité, déshumanisation progressive des interactions sociales, consumérisme débridé... autant de thématiques explorées dans ce roman, récit d'un passage à l'ennemi - avec toutes les conséquences que cela peut entraîner.
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«Il y a dans cette collection une page qui n'est pas blanche - du moins pas entièrement. Elle porte une phrase ; c'est tout, une seule - une seule phrase. Et cette unique phrase contient tout. Tout.»Petite, elle surprend les conversations énigmatiques de sa grand-mère excentrique. Adolescente, elle a le béguin pour l'un de ses professeurs, elle écrit des nouvelles au dos de ses cahiers d'école. Étudiante précaire, elle travaille à la caisse n°19 d'un supermarché et reçoit de la part d'un client un livre qui va changer le cours de son existence. Adulte, elle tente d'alimenter au mieux son goût de la liberté.«Elle», c'est la narratrice de ce récit, qui revisite les moments forts de sa vie, ceux qui ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui : une femme, une lectrice, une autrice. Le point commun entre tous ces instants ? Le livre, l'attrait puissant de ses phrases, la littérature et la façon dont les mots débouchent sur une vie nouvelle.Dans un style moderniste, Caisse 19 explore les vases communicants que sont la vie et l'art, et constitue un formidable hommage aux créatrices.
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Ago, un jeune homme au passé trouble, fascine tous les «adorateurs» qui gravitent autour de lui. Avant de mourir tragiquement dans un accident d'avion, celui-ci a connu la passion avec trois hommes : Monsieur V, Flint et Proust.À l'histoire qu'Ago a vécue avec Monsieur V (un homme âgé qui l'accueille chez lui et dont Ago va prendre soin) se mêle l'autre fil narratif de ce roman : la rencontre, dix ans plus tard, à New York, de Flint et de Proust. Ensemble, ils cherchent à savoir quelle fut la vérité de leur amant insaisissable. Mais comment mettre au jour ce qui se dérobe sans cesse ? Comment même l'atteindre ? Si Ago est un astre, il est peut-être, finalement, un soleil noir.22H fait exploser les codes du roman traditionnel et mélange à loisir les temporalités, les espaces, les scènes. Procédant par échos, par variations, par jeux de voix, c'est un texte qui explore les scénographies et les cérémonies du désir, de l'amour, de la mort.
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Alors qu'il arrive au seuil de la trentaine, un ex-adolescent des années 2000 est insatisfait de sa vie terne : il s'ennuie dans son travail de téléconseiller, fréquente une femme qu'il a connue lors d'un Erasmus en Angleterre avant de s'en désintéresser et vit dans un sentiment croissant de flottement et d'irréalité. Son seul exutoire : la fascination qu'exerce sur lui Anna, sa demi-soeur d'une famille recomposée. Il sent partout sa présence et éprouve le besoin toujours plus vif de renouer avec elle. Un jour, il trouve un moyen de la surveiller en permanence ; son obsession prend alors le pas sur tous les aspects de son quotidien - au risque de mettre au jour ses zones d'ombre. Écrit dans une langue étonnante de maîtrise et de maturité, récit d'une obsession trouble, Anna partout dépeint l'état de nos vies quand la frontière entre réel et virtuel s'effrite et que les violences se révèlent. C'est aussi un formidable roman-puzzle où la pièce manquante réside peut-être dans l'esprit d'un narrateur plus qu'incertain...
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