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marc mecreant
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«Sans rien changer à sa pose parfaitement protocolaire, la femme, tout à coup, ouvrit le col de son kimono. Mon oreille percevait presque le crissement de la soie frottée par l'envers raide de la ceinture. Deux seins de neige apparurent. Je retins mon souffle. Elle prit dans ses mains l'une des blanches et opulentes mamelles et je crus voir qu'elle se mettait à la pétrir. L'officier, toujours agenouillé devant sa compagne, tendit la tasse d'un noir profond. Sans prétendre l'avoir, à la lettre, vu, j'eus du moins la sensation nette, comme si cela se fût déroulé sous mes yeux, du lait blanc et tiède giclant dans le thé dont l'écume verdâtre emplissait la tasse sombre - s'y apaisant bientôt en ne laissant plus traîner à la surface que de petites taches -, de la face tranquille du breuvage troublé par la mousse laiteuse.»
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Dites-nous comment survivre à notre folie
Kenzaburô Oe, Marc Mecreant
- Folio
- Folio
- 23 Janvier 1996
- 9782070394784
Deux drames marquent ces quatre nouvelles : la guerre - Kenzaburô Ôé avait dix ans en 1945 -, et la naissance, en 1964, de son fils anormal qui lui a révélé le véritable chemin de la vie. Si les récits de Kenzaburô Ôé ne sont jamais totalement autobiographiques, tous en revanche prennent naissance dans son expérience personnelle.Dans Gibier d'élevage, l'auteur décrit l'impact sur les esprits, dans un village montagnard, de la présence d'un prisonnier noir américain. Dans Dites-nous comment survivre à notre folie, nous ont contés les efforts d'un père pour nouer avec son fils handicapé mental des relations aussi étroites et fines que possible. La dernière nouvelle est l'un des textes les plus déconcertants et les plus complexes de ce romancier qui fut couronné par le prix Nobel en 1994.
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En pleine guerre, un avion américain s'écrase dans les montagnes japonaises. Le rescapé est aussitôt fait prisonnier par les villageois. Or il est noir... Aux yeux du jeune enfant naïf et émerveillé qui raconte cet épisode, sa nationalité, sa race, sa langue n'en font pas un étranger ou un ennemi, mais une simple bête dont il faut s'occuper.Un extraordinaire récit classique, une parabole qui dénonce la folie et la bêtise humaines.
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Histoire secrète du sire de Musashi
Jun'ichirô Tanizaki, Marc Mecreant
- Folio
- Folio
- 9 Février 2012
- 9782070446032
Le seigneur de Musashi passe pour vertueux.
Tanizaki, transformé en historien, s'attache à rétablir la vérité qui est tout autre. Dans son enfance, le héros a assisté à une scène bouleversante : dans la salle obscure d'un château, où il est retenu comme "otage d'honneur", il surprend de jolies femmes, en train de maquiller et de classer des têtes coupées de guerriers ennemis. L'enfant remarque alors une tête particulièrement saisissante, que l'on surnomme « tête de femme », c'est-à-dire une tête dont on a arraché le nez pendant le combat.
C'est le point de départ d'une hantise et d'un fantasme. Le roman raconte une vie tout entière employée à reconstruire cette image de l'enfance, et le Roman de Genji sert de toile de fond à ce récit d'une extraordinaire violence.
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Errances dans la nuit
Shiga Naoya, Marc Mecreant
- Gallimard
- Continents Noirs
- 6 Novembre 2008
- 9782070772773
Errances dans la nuit est le roman unique de Shiga Naoya (1885-1971), contemporain de Tanizaki Junichiro désormais bien connu en Occident. l'ouvre de Shiga Naoya, elle, très resserrée et, en un sens, plus discrète et confidentielle, illustre à la perfection la conception individualiste du récit dit " récit du Je " (Shishôsetsu), prônée en particulier par le groupe Shirakaba (Le Bouleau) en réaction contre les excès d'un certain " naturalisme ". Soutenues par un style d'une inimitable pureté, à la fois simple et concis, des nouvelles fort nombreuses assuraient déjà à l'auteur une place prépondérante dans l'histoire littéraire du Japon ; mais lui-même considérait comme son oeuvre dominante ce roman unique, d'élaboration lente et publié en deux fois - en 1921 et 1937. Malgré l'affleurement inévitable, ici et là, d'événements personnels vécus, Errances dans la nuit n'est aucunement un roman autobiographique, et l'auteur insistait beaucoup là-dessus. S'y déroulent au ralenti, image après image, comme sur une peinture en rouleau, le drame douloureux et les soubresauts d'un jeune romancier dont la vie d'homme et d'artiste se trouve déchirée par deux crises successives d'où il émerge difficilement et cruellement éprouvé. " Lune des grandes oeuvres du demi-siècle ", selon René Sieffert.