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alain madeleine perdrillat
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L'indispensable motif
Jean Chavot, Alain Madeleine-Perdrillat, Louis Pailloux
- Conference
- En Regard
- 5 Mars 2025
- 9791097497699
En deux textes conjoints et un entretien avec l'artiste, un éclairage inédit sur une oeuvre contemporaine. 63 illustrations en couleur
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Deux femmes raconte l'histoire d'une image qui, affleurant à la mémoire de l'artiste, ne cesse en même temps de se diffracter. Le livre de Farhad Ostovani donne à contempler une série réalisée à partir d'une intrigante photographie de sa mère et de sa grand-mère, photographie datant de son enfance iranienne. Retravaillant avec ses outils de peintre un certain nombre de photocopies de cet instantané sans prétention artistique, il en propose des «?variations?», quasiment musicales, qui approfondissent le mystère de ces deux présences, et de cet instant suspendu, qui semble s'être détaché du cours du temps. Comme le remarque avec justesse l'écrivain et historien de l'art Alain Madeleine-Perdrillat, «?en soumettant l'image première, figée et décevante, à différents traitements possibles, [Farhad Ostovani] la rend à la vie et approfondit le mystère de cet instant suspendu?». Au fil des variations, on est envoûté par un calme étrange, semblable à celui qu'on peut trouver dans les tableaux de James McNeill Whistler ou d'Edward Hopper, calme étrange qui règne dans ce qui ressemble à une chambre, une chambre d'hôtel peut-être, où ces deux figures féminines, dans leurs robes à fleurs, ne se regardent pas et semblent emportées dans une rêverie silencieuse et sans fin. Que recherche l'artiste, auprès de ces deux femmes, qui semblent à la fois si proches, tant la quotidienneté de la scène nous donne l'impression d'en faire partie, et si lointaines, le passage de la photographie à des photocopies de qualité médiocre donnant le sentiment que quelque chose s'efface?? Peut-être à déjouer une hantise autant qu'à retrouver une présence bienveillante, celle de sa grand-mère, dont il dresse le portrait dans un texte elliptique et délicat : « Quand nous n'arrivions pas à dormir ou que nous faisions de mauvais rêves, nous pouvions aller nous réfugier auprès de grand-mère pour dormir. Elle dormait sur un matelas à même le sol. » Comme le souligne Jeanne Dorn au cours d'un entretien éclairant qui accompagne cette édition, Deux femmes s'inscrit pleinement dans «?l'art de la série?» propre à Farhad Ostovani, dont on peut se rappeler que les autres motifs de prédilection sont les montagnes, les raisins, les fleurs, les horizons, un Bacchus dans un parc de Nervi, le jardin d'Alioff. Cet art de la série, on peut le comprendre, précise-t-elle, «?comme un renoncement au chef d'oeuvre traditionnel au profit d'une patiente approche du réel dans son instabilité toujours fugace et sa signifiance précaire.?»
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Lucy Vines ; quatre études critiques
Homero Aridjis, François Lallier, Alain Madeleine-Perdrillat, Jean-Paul Michel
- William Blake & Co
- 21 Octobre 2011
- 9782841031917
Il faut fermer les yeux pour les ouvrir dans les yeux dégrisés de Lucy Vines.
Dégrisés car revenus de tout et d'ailleurs où règne le mal. Ils nous donnent à voir des créatures, femmes dépouillées et pensives et quelques-uns de leurs enfants. A les regarder avec insistance on pénètre dans cette contrée silencieuse où, disait Apollinaire, règne la bonté. Et Lucy Vines prend dans sa peinture le risque de la bonté. Sa manière à rebours, le choix des supports, des formats et des fonds, la perfection de sa facture, tout, chez Lucy Vines, manifeste une exigence intranquille.
Que le poète mexicain, Homero Aridjis ait réussi à la présenter accompagnée des textes du poète Jean-Paul Michel, et de ceux de Alain Madeleine-Perdrillat et de François Lallier, était d'autant plus nécessaire que, difficile à apprivoiser, l'oeuvre de Lucy Vines s'enfuit quand on l'approche de trop près. Mais contemplée, "elle nous atteint physiquement", ces mots sont de Borges, "comme la proximité de la mer".
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Vincent Bebert : la peinture toujours recommencée
Alain Madeleine-Perdrillat
- El Viso
- 10 Mars 2022
- 9788412346824
Vincent Bebert, né en 1980, suit son mouvement intérieur qui le pousse vers la peinture et la nature. Le monde du dehors, la nature, lui apparaissent comme des défis à relever. Il a posé tout son « barda » dehors et a travaillé avec jubilation en Bavière, dans les Alpes, au bord de l'Atlantique ou en Ardèche, au pont d'Aleyrac... En lutte avec les éléments, avec la pluie, le vent, l'espace et aussi avec lui-même. Les échanges entretenus avec des « aînés » durant son cheminement l'ont nourri, notamment avec Alexandre Hollan depuis 2005 et avec Sam Szafran de 2013 à 2019. Plusieurs galeries parisiennes lui ont consacré des expositions personnelles. Cette résidence d'été à la Fabrique du Pont d'Aleyrac permet de découvrir ses dernières toiles. Alain Madeleine-Perdrillat, historien de l'art, analyse et décrit avec attention le travail de ce peintre de plein air dans une tradition de « la peinture toujours recommencée ».
« Partout se perçoit une véhémence, sinon même une sorte d'acharnement de l'artiste, non à l'égard du motif, qui paraît n'importer que secondairement, mais avec la peinture elle-même, comme si celle-ci l'emportait irrésistiblement, sans qu'il cherche à lui opposer beaucoup de résistance... » Alain Madeleine-Perdrillat.
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Marlyne Blaquart ; la vie simple, peintures
Alain Madeleine-Perdrillat, Jérôme Thélot
- Conference
- En Regard
- 20 Août 2020
- 9791097497224
Peintre de paysages et de natures mortes, Marlyne Blaquart pratique un art discret, et l'on voudra bien se souvenir que cet adjectif, à côté de son sens courant comme de son sens étymologique de « discernement », peut signifier « qui témoigne de retenue, de réserve ». La nature qu'elle représente paraît intacte, presque toujours exempte de tout signe qui rappellerait l'activité humaine : pas de routes, à peine des chemins, pas de poteaux télégraphiques ou électriques, pas de véhicules - et quand un bâtiment paraît, c'est au loin ou noyé dans la verdure. Pour autant, ces paysages sont très réels, décrits avec précision, aucunement oniriques.
On retrouve cette justesse dans les natures mortes de l'artiste, pour lesquelles un seul fruit suffit souvent, la composition important moins que la recherche d'une certaine qualité de présence par la saisie de subtiles variations de couleurs : d'une sorte d'évidence sensuelle qui accomplirait parfaitement l'acte de peindre.
Les deux auteurs de ce livre s'attachent à comprendre le sens d'une telle recherche, qui assurément paraît hors des sentiers battus aujourd'hui.
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Bacco di Nervi
Alain Lévêque, Alain Madeleine-Perdrillat, Farhad Ostovani
- L'Atelier Contemporain
- 19 Avril 2019
- 9791092444919
En 2008 le peintre Farhad Ostovani découvre une sculpture de Bacchus dans un jardin à Nervi - bien que fort endommagée, c'est un émerveillement pour l'artiste qui réalisera une suite de plus de 40 oeuvres : des portraits de ce jeune homme peints et dessinés sur une base photographique.
Cet ouvrage réunit l'ensemble des oeuvres réalisées, ainsi que, en sus d'un texte de l'artiste contant son rapport à ce Bacchus, deux essais d'Alain Lévêque et Madeleine- Perdrillat.
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Le destin artistique fulgurant de Nicolas de Staël - à peine vingt ans de production picturale - trouve sa correspondance exacte dans son écriture. Rien de plus saisissant que le langage du peintre tel que capté par sa plume à l'intention de ses amis.
Une égale exigence de lucidité, d'engagement absolu - jusqu'à en mourir - traverse sa pratique de peintre et ses méditations sur son art - pour lui égales jusqu'à s'y confondre avec sa perception quotidienne de la vie. De lettre en lettre, ses formulations d'une intuition et d'une beauté frappantes, ses raccourcis vertigineux, son rythme de phrase trépidant, haletant, comme habité déjà par l'urgence de trouver, de créer, avant l'inévitable, n'ont pas d'équivalent au XXe siècle parmi les textes d'artistes. Le génie de l'écrivain De Staël autant que celui du peintre a fasciné ses interlocuteurs. Et quels interlocuteurs ! René Char, Georges Braque, les historiens de l'art André Chastel et Denys Sutton.
Le présent ouvrage propose pour la première fois une lecture couplée de ces deux aspects de l'expression du météore De Staël : sa peinture, et - versant inconnu - son écriture. Au coeur de la création. -
Le voyage immobile
André Boubounelle, Arnaud Clément, Alain Madeleine-Perdrillat
- Conference
- En Regard
- 4 Mars 2022
- 9791097497385
La peinture d'André Boubounelle se caractérise par un style discret, élégant, profond. Quel que soit le lieu représenté - paysage de France, d'Italie ou des États-Unis, ville ou campagne, mer ou montagne -, le spectateur y reconnaît ce style caractéristique que manifeste la soixantaine d'oeuvres reproduites dans ce livre : un amour de la matière même du tableau, travaillée avec un savoir-faire dont peu de peintres sont encore dépositaires. Ou bien la recherche d'une harmonie picturale passant par un jeu entre le figuré et l'abstrait, et par une unité chromatique dominante qui prête aux tableaux une lumière tamisée. Le voyage immobile interroge cette harmonie et le processus créatif qui la fait naître. L'artiste livre, dans un entretien où transparaît son amour de l'art et son souci de le rendre compréhensible pour tous, un témoignage touchant sur son métier. Ce commentaire, lu au miroir de ses oeuvres, sera une précieuse leçon de peinture, tant pour le futur artiste que pour les curieux qui veulent savoir ce qu'est l'art vivant et actuel, par delà les confusions des discours à la mode sur l'art contemporain. Mais cette leçon est simple, et invite avant tout à libérer le regard que nous portons sur les tableaux, pour nous rendre plus capables de nous en nourrir.
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De longues absences : Suivi de 13 poèmes de l'hiver en Corrèze
Alain Madeleine-Perdrillat
- Dogana
- 2 Novembre 2004
- 9782940055395
Si le poème peut parfois encore avoir un sens, parler, toucher sans feinte, c'est parce que le regard qu'il traduit, l'écoute qu'il transmet sont puisés au plus proche des êtres, au plus vif de la vie. Aucune esbroufe dans ces vers de Madeleine-Perdrillat, pas d'explication, juste un mouvement de la langue, des images assemblées en quelques mots simples, cruels, à partir de la désolation, de la solitude dont on semble ici toucher le fond. Mais dans ces conditions les figures dessinées prennent un relief surprenant : c'est nous, ce sont tous ceux qui nous ont quittés, chaque jour, et qui reviennent parfois, dans leur violence et leur beauté, quand le coeur cède, admet enfin de céder à l'infinie faiblesse qui nous fonde.
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Laurent de la Hyre ; la mort des enfants de Béthel
Alain Madeleine-Perdrillat
- Invenit
- Ekphrasis
- 30 Juin 2011
- 9782918698227
Alain Madeleine-Perdrillat met son érudition au service dʼune peinture exposée au musée des beaux-arts dʼArras, un tableau de Laurent de La Hyre, La Mort des enfants de Béthel (1653). Le titre est incertain mais quʼimporte, car si la scène apparaît faussement édulcorée, cʼest que de La Hyre sʼest attaché à peindre une « impression poétique » de la mort, seule représentation possible de son caractère inéluctable et mystérieux. Alain Madeleine-Perdrillat exprime avec justesse son émotion devant ces ruines et ces corps sans vie qui, sʼils suggèrent la fuite du temps, conservent à jamais la mémoire des défunts.
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Alexandre Hollan
Yves Bonnefoy, Alain Madeleine-Perdrillat, Yannick Mercoyrol
- Somogy
- 5 Avril 2013
- 9782757205228
Né en Hongrie en 1933, Alexandre Hollan est l'auteur d'une oeuvre abondante, considérée aujourd'hui comme l'une des plus singulières du tournant des XXe et XXIe siècles. À partir de sa première exposition personnelle en 1978, l'artiste se consacre à un travail sur le motif qui élit deux modèles exclusifs : les arbres et les natures mortes, qu'il préfère nommer « vies silencieuses ». Ce partage de l'oeuvre recoupe celui entre mouvement (les arbres) et immobilité (les natures mortes), mais également deux directions de l'art contemporain: celle de Rothko, dédiée à la couleur, et celle de Morandi, dont Hollan a pu dire qu'il était son «père » artistique. L'artiste revendique une recherche personnelle, liée à une réflexion proprement plastique : alternance du trait et de la forme ; travail sur les « réseaux » d'énergie des arbres ou des objets peints ; saisie de la présence vitale des éléments par différentes techniques picturales : lavis, fusains, acrylique, et différents supports : papiers, toiles, bannières. Son travail oscille ainsi entre visible et invisible, s'efforçant de peindre la sensation de celui qui regarde, opposée à la simple perception des signes extérieurs du monde. En retrait d'un monde toujours plus frénétique, détourné des objets usuels et vieillis ou des paysages sans lustre monnayable, Hollan donne également par son travail une leçon de patience et de ténacité qui fait lentement surgir un autre ordre de la réalité, plus profond, plus sourd, et plus intense. / Alexandre Hollan was born in Hungary in 1933. His prolific work is viewed today as one of the most singular in the late 20th and early 21st centuries. From his first solo exhibition in 1978, he elected to work from nature, on two subjects exclusively: trees and the still lifes he prefers to term «silent lifes». These two sides of his work are paralleled by research into movement (the trees) and immobility (the still lifes), as well as two directions in contemporary art: Rothko, dedicated to color, and Morandi, whom Hollan has called his artistic «father». Yet Hollan asserts his personal research, his own formal thinking into alternation of line and form, into exploring the «networks» of energy in trees and painted objects, and seizing their living presence through the use of various pictorial techniques -washes, charcoal, acrylic- and various supports such as paper, canvas and silk banners. Oscillating between the visible and invisible, his work endeavors to paint the beholder's feelings rather than only a perception of the outward signs of the world. Drawing back from an evermore frenzied world whose focus has shifted away from well-worn everyday objects or landscapes without the sheen of salability, Alexandre Hollan's work is also a lesson in patience, and the tenacity that slowly brings about another order of reality, one that is deeper, more secret and more intense.
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Entretiens avec Claude Garache
Marie Du Bouchet, Florian Rodari, Alain Madeleine-Perdrillat
- Éditions Hazan
- 19 Mai 2010
- 9782754104029
Ces dernières années des critiques, des poètes, tels Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, ont consacré des publications à l'oeuvre de Claude Garache. Dans ce volume, pour la première fois, l'artiste s'exprime lui-même sur son approche de praticien : ce travail si particulier de Garache, centré sur des matériaux concrets, l'huile, le pastel, le fusain, l'eau-forte, qui a un rapport immédiat avec l'espace et la lumière. Sa formation , auprès du sculpteur Coutin, son attirance pour les maître anciens comme Degas et Bonnard, son admiration pour la fluidité exceptionnelle de Monet, entre perception et expression, y son abordés tout comme son itinéraire original dès les années cinquante, en plein triomphe de l'abstraction, dans la voie de recherches par la forme et le sujet comparable à celle de Giacometti. Le choix d'une palette réduite au rouge y fait l'objet d'une longue méditation, doublée d'une sorte de profession de foi en une couleur des plus fortes, des «plus sonores » : « il faut qu'il y ait un fort échange avec la lumière, ce que permet le rouge vermillon.» Le but de toute sa vie, dont il n'a jamais varié, c'est « placer des formes avec de la couleur dans une certaine géométrie, mais une géométrie spatiale, qui repose sur une logique intrinsèque au corps, dans ses équilibres et dans ses aplombs, pour que ce soit vraisemblable. Je ne veux pas de faux gestes par exemple. Je veux qu'il y ait une pesanteur, une suggestion du mouvement. L'équilibre est une phase entre deux instants de déséquilibre contrôlés. Dans l'absolu je voudrais même que ce soit aussi rigoureux que chez Fouquet, une géométrie non représentée, une précision invisible, mais éprouvée par votre regard. » Claude Garache nous dévoile les secrets de sa création, « ces choses muettes » dont parlait Poussin, inlassablement reprises sur la toile (souvent plus d'une année), à la recherche de l'accord, qui requièrent la patience et la tenacité de toute une vie.
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Quoi qu'il en soit...
Alain Madeleine-Perdrillat, Jean-Yves Cousseau
- Art 3 - Galerie Plessis
- Stenope
- 1 Juin 2023
- 9782909417530
: Quoi qu'il en soit marque l'opposition entre deux choses liées ou entre deux aspects d'une même chose Quoi qu'il en soit du refoulement, le désir laisse des traces. Elles peuvent être tardives, comme cette toile de son père que Jean Yves Cousseau a choisie pour boucler une série photographique consacrée au fatum. Dans l'aveu d'un désir de peinture longtemps tu, cette toile esquisse « un autoportrait en paysage ». Autoportrait de celui qui s'efface, de ce père qui n'est plus et qui s'était saisi pour lui-même dans l'effacement. Mais portrait du fils aussi qui a choisi d'être photographe, à savoir : celui qui rend visible tout en restant caché. Sans être effacé, Jean Yves Cousseau n'est jamais là qu'en creux dans ses photographies...
La naissance de Quoi qu'il en soit s'arrime au même punctum de la disparition qui est aussi rencontre de deux projets parallèles. L'un porte sur ce père, ouvrier cheminot qui a osé la peinture à la fin de sa vie. À son départ à la retraite, il avait demandé un appareil photographique pour l'offrir à son fils dont il avait toujours soutenu la vocation, de l'entrée aux Beaux-Arts aux vernissages d'exposition qu'il ne manquait jamais. À sa mort, Jean Yves Cousseau avait découvert sa peinture, et notamment cet autoportrait de l'addendum réalisé à partir d'une photographie aujourd'hui disparue.
L'autre projet semble sans lien avec le premier : né de Petite épopée urbaine, livre d'artiste créé en 2013, il rassemble des photographies que Jean Yves Cousseau a placées en séries pour établir, comme par métonymie, une relation du tout de l'image à sa partie. Plus récemment, disposant ces images côte à côte, les travaillant par déchirures, est apparue la récurrence de silhouettes d'hommes qui ne sont pas celles de son père, mais qui réactivent le souvenir de la photographie perdue, modèle de l'autoportrait peint. Comme l'écrit Alain Madeleine-Perdrillat dans son poème, « celui qui marche de dos » porte un nom sans visage. C'est alors que les deux projets ont fusionné en un livre palindrome : du point d'arrivée au point de départ, et réciproquement. Ce point trouve une autre définition dans La Chambre claire, lorsque Barthes définit le punctum : Car punctum, c'est aussi : piqûre, petit trou, petite tache, petite coupure - et aussi coup de dés. Le punctum d'une photo, c'est ce hasard qui, en elle, me point (mais aussi me meurtrit, me poigne) Les photographies de Jean Yves Cousseau connaissent la piqûre : celle du temps qui parsème arbitrairement les gris de ses pointes sépia. À certains endroits, les petites taches s'intègrent au récit de l'image photographique : elles viennent ici nourrir des pigeons, là dessiner des allées de graviers. À d'autres, le mouchetage est tel qu'il recouvre l'image et lui ajoute une seconde vie : celle organique des cellules qu'un microscope aurait grandies, celle d'un ocre mycélium qui aurait gagné la partie. Ne croyons pas qu'elles ne soient que le fruit du hasard : Jean Yves Cousseau les travaille en leur imposant la géométrie des formes élémentaires : on discerne parfois le triangle et le cercle.