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Sciences humaines & sociales
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Les grandes déconvenues : La renaissance, Sumatra, les frères Parmentier
Romain Bertrand
- Seuil
- L'univers Historique
- 1 Mars 2024
- 9782021545319
On dit que la France, au XVIe siècle, a manqué son rendez-vous avec le Monde, puisqu'elle n'aurait pris aucune part à l'épopée de l'exploration des sociétés lointaines - flirtant avec le Brésil, mais boudant l'Asie. Pourtant, deux capitaines dieppois, Jean et Raoul Parmentier, conduisent jusqu'à l'île de Sumatra, en 1529, deux nefs de fort tonnage. Ils en ramènent des plaies, des bosses et un peu de poivre. Aujourd'hui oubliée, leur navigation fut érigée au XIXe siècle en preuve incontestable d'une contribution française glorieuse à la geste des Grandes découvertes. C'est toute la Renaissance occidentale qui aurait débarqué, sous pavillon tricolore, en Insulinde. La fable est flatteuse pour l'idée que nous nous sommes longtemps faite de nous-mêmes comme de pionniers, voire de missionnaires de la « modernité ». Il n'est pas certain qu'elle résiste à l'examen. Menée en archives et dans les méandres des chroniques, l'enquête oblige à s'intéresser d'un même mouvement au monde des marins normands et à celui des négociants malais, à la cour de François Ier et à celle du sultan de Tiku, à la poésie mariale du « Puy » de Rouen et à celle des maîtres de mystique musulmans. Ce qui se joue alors le long du troisième parallèle, lorsque les Dieppois font relâche à Sumatra, ne se comprend qu'à condition de rouvrir les portes de la comparaison - entre l'Europe et l'Asie du Sud-Est aussi bien qu'entre le savoir des « gens de mer » et celui des érudits. En nous aidant à contempler, défardées, nos grandes déconvenues, cette traversée nous invite à penser la « modernité » au pluriel et la Renaissance au conditionnel.
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Le détail du monde ; l'art perdu de la description de la nature
Romain Bertrand
- Points
- Points Histoire
- 4 Février 2022
- 9782757892602
Les mots nous manquent pour dire le plus banal des paysages. Vite à court de phrases, nous sommes incapables de faire le portrait d'une orée. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi. Au temps de Goethe et de Humboldt, le rêve d'une « histoire naturelle » attentive à tous les êtres, sans restriction ni distinction aucune, s'autorisait des forces combinées de la science et de la littérature pour élever la « peinture de paysage » au rang d'un savoir crucial. La galaxie et le lichen, l'enfant et le papillon voisinaient alors en paix dans un même récit. Ce n'est pas que l'homme comptait peu : c'est que tout comptait infiniment. Des croquis d'Alfred Wallace aux « proêmes » de Francis Ponge, des bestiaires de William Swainson aux sonnets de Rainer Maria Rilke, ce livre donne à entendre le chant, aussi tenace que ténu, d'un très ancien savoir sur le monde - un savoir qui répertorie les êtres par concordances de teintes et de textures, compose avec leurs lueurs des dictionnaires éphémères, s'abîme et s'apaise dans le spectacle de leurs métamorphoses.
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L'histoire à parts égales ; récits d'une rencontre, Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècles)
Romain Bertrand
- Points
- Points Histoire
- 25 Septembre 2014
- 9782757844533
S'il n'a jamais été autant question d'« histoire-monde », c'est souvent la même histoire du monde qui s'écrit : celle de l'Europe et de son expansion en Afrique, en Asie et aux Amériques. Comme si les sociétés extra-européennes se trouvaient toujours réduites à leur rapport à l'Europe.
Pour Romain Bertrand, il n'est d'autre remède à cet européocentrisme obstiné qu'une histoire à parts égales, tramée avec des sources qui ne soient pas seulement celles des Européens. C'est ce qu'il propose dans ce texte, en offrant le récit détaillé des premiers contacts entre Hollandais et Javanais au tournant du XVIIe siècle.
Lorsque les vaisseaux de la Première Navigation de Cornelis de Houtman jettent l'ancre dans la rade de Banten, à Java, en juin 1596, ce n'est pas à un monde « primitif » qu'ils ont affaire. Le lecteur découvre au contraire une société complexe et cosmopolite, maillée de lieux de débats politiques et religieux intenses et sophistiqués, qui font étrangement écho à ceux qui ont alors cours en Europe.
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Le long remord de la conquête : Manille-Mexico-Madrid ; l'affaire Diego de Avila (1577-1580)
Romain Bertrand
- Seuil
- L'univers Historique
- 1 Octobre 2015
- 9782021174663
Manille, 1577, le jeune Diego de Avila comparaît devant le gouverneur Francisco de Sande dans le cadre d'un procès d'Inquisition. Qu'a-t-il donc fait qui puisse ainsi faire trembler le pouvoir local ? Ensorcelé peut-être par des servantes indigènes, l'enfant qui vit avec son oncle dans le couvent des Augustins a rêvé qu'aux Enfers un siège était réservé pour le gouverneur. La rumeur circule à Manille dans les arrière-cours et les cuisines et jusqu'au cour du gouvernement municipal. Francisco de Sande ne peut le supporter.
À travers cette histoire extraordinaire, dont tous les détails sont romanesques et qui agit à la façon de ces traceurs chimiques qui défient l'opacité des chairs, Romain Bertrand dévoile tout le paysage social de la Conquête et en défait le conte.
Car qu'est-ce que la Conquête, sinon des commencements incertains qui voient les Espagnols en lutte les uns contre les autres et taraudés déjà par le remords, ignorant tout d'un univers cosmopolite dont le cour bat plus loin, être conquis plus qu'ils ne le conquièrent par le monde philippin et ses magies ?
Romain Bertrand, directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales (CERI), est notamment l'auteur de État colonial, noblesse et nationalisme à Java : la Tradition parfaite (2005), Mémoires d'Empire. La controverse autour du « fait colonial » (2006) et de L'Histoire à parts égales. Récits d'une rencontre, Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècle) (Seuil, 2011, "Points Histoire", 2014 ; Grand Prix des Rendez-vous de l'histoire de Blois 2012).
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Indonésie : la démocratie invisible ; violence, magie et politique à Java
Romain Bertrand
- Karthala
- Recherches Internationales
- 1 Novembre 2003
- 9782845863224
Après la démission du président Suharto, en mai 1998, l'Indonésie a fait l'expérience simultanée d'une spectaculaire libéralisation politique et de formidables poussées de violence sociale.
La transition modèle a vite tourné au cauchemar. Est-ce à dire que le pays s'engage dans la voie d'une " régression ", d'un " retour à la sauvagerie ", comme on l'entend parfois dire ?
En réalité, la société indonésienne n'a peut-être jamais été aussi politisée qu'aujourd'hui. Dans les provinces, les régions, les villages, de nouvelles formes d'action collective se dessinent et des débats font rage, qui souvent culminent dans le conflit.
Les pratiques de l'invisible sont un puissant révélateur de l'envers du décor de la transition, et notamment de la violence du pouvoir.
Elles ont une signification éminemment politique. Les accusations de sorcellerie permettent au " petit peuple " des faubourgs et des hameaux d'obliger un notable à faire amende honorable de son arrogance, voire de ses exactions. A Jakarta même, dans les couloirs du palais présidentiel et les bureaux des partis politiques, mages, sorciers et devins renommés font office d'éminences grises pour les dirigeants.
L'invisible est omniprésent dans l'Indonésie de la Reformasi.
Mais le répertoire mystique du politique est un langage secret, marqué du sceau de l'insinuation et du sous-entendu. En le décodant, en décrivant les manières spécifiques de vivre et de dire le pouvoir à Java, cet essai propose une lecture originale de la Réforme indonésienne, à un moment où l'actualité internationale fait se tourner les regards vers l'archipel. Il revêt aussi une portée comparative en fournissant une méthode de substitution à la " transitologie ", cette science décriée des transitions démocratiques.
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- S'il n'a jamais été autant question d'" histoire-monde ", c'est souvent la même histoire du monde qui s'écrit : celle de l'Europe et de son expansion en Afrique, en Asie et aux Amériques. Comme si les sociétés extra-européennes se trouvaient toujours réduites à leur rapport à l'Europe. Pour Romain Bertrand, il n'est d'autre remède à cet européocentrisme obstiné qu'une histoire à parts égales, tramée avec des sources qui ne soient pas seulement celles des Européens. C'est ce qu'il propose dans ce texte, en offrant le récit détaillé des premiers contacts entre Hollandais et Javanais au tournant du XVIIe siècle. Il montre que l'Europe ne détenait alors aucun avantage sur les sociétés du monde insulindien, que ce soit en matière de compétences nautiques et cartographiques, de grand négoce ou de technologies militaires. Lorsque les vaisseaux de la Première Navigation de Cornelis de Houtman jettent l'ancre dans la rade de Banten, à Java, en juin 1596, ce n'est pas à un monde " primitif " qu'ils ont affaire. Le lecteur découvre au contraire une société complexe et cosmopolite, insérée depuis des décennies dans des réseaux de commerce à grande distance, maillée de lieux de débats politique et religieux intenses et sophistiqués, qui font étrangement écho à ceux qui ont alors cours en Europe. Magnifiquement écrit, ce livre ambitieux propose une lecture radicalement nouvelle, symétrique, des rapports entre l'Occident et l'Orient et de leur point de rencontre.
- Romain Bertrand, directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales (CERI), est notamment l'auteur de État colonial, noblesse et nationalisme à Java : la Tradition parfaite (2005), Mémoires d'empire. La controverse autour du " fait colonial " (2006).
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Savoir/agir : memoires d'empire ; la controverse autour du fait colonial
Romain Bertrand
- Croquant
- Savoir/agir
- 6 Septembre 2006
- 9782914968201
Cet essai retrace l'histoire des débats et des mobilisations autour de la loi du 23 février 2005 sur le « rôle positif » de la colonisation française, qui a pavé la voie à la montée en puissance du thème des « guerres de mémoire ». Il s'interroge à cette fin aussi bien sur les stratégies des députés de la majorité, qui ont voté et défendu ce texte, que sur le discours et les tactiques des organisations militantes qui ont réclamé son abrogation. Revenant en détail sur les relations clientélaires entre les élus et les associations de « rapatriés » d'Algérie, il s'efforce de mettre au jour les processus politiques - non pas exceptionnels mais terriblement ordinaires - qui ont concouru à la « mise en controverse » du « fait colonial ». Chemin faisant, il montre de quelle façon l'argument de la « République coloniale » brandi par les Indigènes de la République et les associations du mouvement autonome de l'immigration a été dévoyé pour imposer une grille de lecture spécifique des « émeutes urbaines » d'octobre-novembre 2005 - référées non plus à des problèmes concrets d'exclusion et de discrimination appelant une action (et une auto-critique) des pouvoirs publics, mais à d'élusifs ressentiments mémoriels. Il dresse de la sorte l'inventaire des mécanismes, et surtout des conséquences, de l'émergence d'un nouvel espace de débat où la « question (post)coloniale » en vient à éluder la « question sociale ».
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état colonial, noblesse et nationalisme à Java ; la tradition parfaite
Romain Bertrand
- Karthala
- 2 Avril 2005
- 9782845866379
La formation de l'Etat à Java, du XVIIe au XXe siècle, est inséparable de celle de la noblesse de robe des priyayi.
L'exercice de l'autorité en est venu à se dire et à se vivre dans les termes propres à la façon priyayi de se penser et de penser le monde social. La relation de domination s'est énoncée selon un langage mystique. Celui-ci pose l'existence d'un envers invisible du réel, et donc d'une manière spécifique d'acquérir et de mettre en oeuvre, par la pratique de l'ascèse, un pouvoir sur soi et sur autrui. Les scribes des palais ont élaboré une "vision" de Java comme ordre social idéal, comme domaine moral inaltérable.
Ils ont affirmé l'existence d'une "façon javanaise" de (bien) faire les choses: une "tradition parfaite" enserrant la vie sociale dans une litanie de règles de conduite, porteuses d'un rapport particulier de soi à soi. C'est sur cette " vision " de Java que les premiers hérauts du nationalisme anticolonial, en majorité issus du milieu priyayi, ont pris appui pour doter la nation à naître d'une théorie antidémocratique de l'Etat.
Mais pour que le Java éternel des poètes de cour devienne la condition du discours nationaliste, il fallait que le langage de la "tradition parfaite" cesse d'être une illusion collective et soit passible d'usages proprement instrumentaux. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'Etat colonial néerlandais en Insulinde était devenu producteur et certificateur d'un " savoir sur Java ". Concurrençant l'imaginaire de la "tradition parfaite", ce dernier avait permis aux priyayi de développer un rapport réflexif et stratégique à leur propre trajectoire identitaire.
Cherchant à lutter contre cette représentation coloniale de Java, mais aussi à se la réapproprier, les priyayi se sont alors assujettis à leur règle morale sur un mode inédit. Auparavant, il n'était possible que d'être priyayi. Il était maintenant possible de le paraître, de jouer à l'être. A travers l'histoire de la constitution morale de la noblesse de robe des priyayi, et bien au-delà du seul cas javanais, cette somme magistrale renouvelle la recherche sur la situation coloniale, l'historicité de l'Etat, la contingence du nationalisme et la subjectivité politique.
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L'exploration du monde : une autre histoire des grandes découvertes
Romain Bertrand, Hélène Blais, Collectif
- Points
- Points Histoire
- 24 Novembre 2023
- 9782757897768
Voici une histoire par dates, allant du VIIe au XXe siècle, qui rend compte des profonds renouvellements qui ont transformé notre vision de ce qu'on appelait autrefois les « Grandes Découvertes ». Les dates canoniques, revisitées à l'aune d'une réflexion critique, alternent avec des dates moins connues mais pas moins déterminantes.
Il s'agit de déconstruire le discours qui, associant entrée dans la modernité et exploration du monde, en réserve le privilège à l'Europe. On découvre des amiraux ottomans, des navigateurs chinois et des pilotes arabes dans le musée de l'histoire globale enfin décentrée. Prenant le contre-pied d'un récit héroïque, l'ouvrage donne à voir les échecs autant que les réussites, les naufrages dans les estuaires et les entrées triomphales dans les cités soumises.
Ce sont donc à la fois une autre histoire du monde et une autre histoire de l'Europe qui se dévoilent au fil de près de 100 récits d'aventures proposés par 85 des meilleurs historiennes et historiens de ces questions. -
L'exploration du monde ; une autre histoire des grandes découvertes
Collectif, Romain Bertrand
- Seuil
- L'univers Historique
- 3 Octobre 2019
- 9782021406252
Voici une histoire par dates du VIIe au XXe siècle, riche en surprises, qui rend compte des profonds renouvellements qui ont transformé notre vision de ce qu'on appelait autrefois les « Grandes Découvertes ». Les dates « canoniques », revisitées à l'aune d'une réflexion critique sur les raisons de leur élection par les chronologies officielles, alternent avec les dates « décalées » qui font surgir des paysages et des personnages méconnus. Il est ici question de détricoter le discours qui, associant exploration du monde et « entrée dans la modernité », en réserve le privilège et le bénéfice à l'Europe, et, pour ce faire, de documenter d'autres voyages au long cours - extra-européens. Il est également question, prenant le contre-pied d'une histoire héroïque des expéditions lointaines qui en attribue le mérite à quelques singularités, de rappeler qu'il faut beaucoup d'illusions, et plus encore d'intérêts, pour faire un « rêve », et que Christophe Colomb n'aurait jamais appareillé sans les vaisseaux des frères Pinzón.
Il s'agit ainsi de substituer des lieux, des instants et des visages aux cultures en carton-pâte et aux croyances en papier mâché ; de donner à voir les échecs autant que les réussites, les naufrages dans les estuaires de la même façon que les entrées triomphales dans les cités soumises ; d'inclure amiraux ottomans, navigateurs chinois, interprètes nahuatls et pilotes arabes dans le musée imaginaire de l'histoire globale ; de mettre en lumière tout un petit peuple d'assistants et d'auxiliaires, de sherpas et de supplétifs (que serait Magellan sans le Malais Enrique ? ou Cortés sans la Malinche ?) ; de passer outre une histoire au masculin en rendant droit de cité aux voyageuses et aux exploratrices ; et enfin de prêter une égale attention aux êtres et aux choses, sachant que, s'il faut une nef pour traverser un océan, une vague ou un bacille suffisent à la vider de ses occupants.
Ce sont donc à la fois une autre histoire du monde et une autre histoire de l'Europe qui se dévoilent au fil des 90 récits d'aventures proposés par 80 des meilleurs historiennes et historiens de ces questions.
Directeur d'ouvrage : Romain Bertrand est directeur de recherche au CERI (Sciences Po-CNRS).
Coordination : Hélène Blais est professeure d'histoire contemporaine à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm ; Guillaume Calafat est maître de conférences en histoire moderne à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (IHMC) ; Isabelle Heullant-Donat est professeure d'histoire du Moyen Âge à l'Université de Reims Champagne-Ardenne.
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Faire musée d'une histoire commune ; rapport de préfiguration de la nouvelle exposition permanente du Musée national de l'histoire de l'immigration
Patrick Boucheron, Romain Bertrand, Collectif
- Seuil
- 21 Novembre 2019
- 9782021441239
Pourquoi tant de spécialistes reconnus ont-ils décidé de nous suivre et de nous faire confiance dès la première réunion de notre comité ? Sans doute parce que chacun a senti que ce musée, qui ne saurait être le musée des autres, mais doit au contraire être le musée d'un «nous» moins étriqué et plus respirable, n'est pas non plus un musée comme les autres. Au moment où les débats politiques en France et en Europe sont faussés par des crispations idéologiques qui éloignent sans cesse les discours publics d'une mesure seine et juste de la réalité, c'est sans conteste le musée d'histoire dont nous avons besoin. Et puisqu'on en a besoin, d'influentes forces politiques tenteront encore de faire en sorte qu'il soit bridé dans ses ambitions.
Nous avons choisi de disposer dans l'espace des récits, pour dire ici, maintenant, depuis longtemps, «ça a eu lieu», «ça a lieu là» - il y a lieu de considérer cette histoire. Nous proposons donc ici quelque chose comme une volte-face : par une ruse de l'histoire récente, le Musée national de l'histoire de l'immigration est installé dans le pavillon amiral de l'Exposition coloniale de 1931. Ce piège à regards, chambre noire de l'histoire coloniale, doit désormais se transformer en machine à ouvrir les yeux. Le musée doit investir son lieu car il lui faut affronter son histoire. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'imposer à l'histoire des immigrations une surdétermination coloniale : cette histoire ne peut être que mondiale par vocation et comparatiste par méthode. Il s'agit de prendre la mesure du buissonnement, de la bigarrure dont nous sommes issus. On doit pouvoir s'y retrouver mais pas pour cultiver le petit lopin tranquille des identités.
P. B.
Coordinateurs : Emmanuel Blanchard, Delphine Diaz, Anouche Kunth et Camille Schmoll.
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Cultures d'empires ; échanges et affrontements culturels en situation coloniale
Romain Bertrand, Hélène Blais, Emmanuelle Sibeaud
- Karthala
- Recherches Internationales
- 2 Juillet 2015
- 9782811114015
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Expériences autour de la radicalisation et sa prévention
Romain Bertrand, Tristan Renard, Collectif
- Eres
- Les Dossiers D'empan
- 24 Octobre 2024
- 9782749281520
À partir d'expériences croisées de chercheur.e.s et professionnel.les, cet ouvrage propose une réflexion sur les sensibilités à la radicalisation et à sa prévention dans ses aspects pratiques et théoriques.
Cet ouvrage est né des échanges survenus dans le cadre des activités du CRESAM-Occitanie, (structure régionale ressource en santé mentale qui a pour objectifs l'aide à la compréhension et à la prise en charge des populations engagées dans des processus de radicalisation violente) et du projet Européen Rad2Citizen, qui vise à prévenir la radicalisation, les différentes formes de radicalités et la violence associée sur le territoire de Toulouse Métropole, auprès d'un public jeune, et à favoriser l'accès aux droits et à la citoyenneté. Rassemblant chercheurs et professionnels engagés dans différents secteurs concernés par ces problématiques (État, collectivités locales, psychiatrie, PJJ, milieu pénitentiaire, travail social, Éducation nationale, milieu associatif), il dresse un état des lieux des expériences de la prévention de la radicalisation. Il s'intéresse particulièrement aux manières de travailler et d'éprouver dans ces domaines qui bousculent les acteurs sur le plan professionnel, affectif et moral.