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Roger Munier
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"De temps à autre.
Les nuages accordent une pause.
à ceux qui contemplent la lune".
Bashô.
Le haïku, admirablement mis en lumière par Yves Bonnefoy dans sa préface, est un poème en trois vers dont l'origine est presque aussi ancienne que la poésie japonaise traditionnelle. Parmi les nombreux auteurs présents dans ces pages, quatre grands noms, qui ont ponctué l'histoire du haïku, se détachent: Bashô (1644-1694), Buson (1715-1783), Issa (1763-1827) et Shiki (1866-1902).
À l'égal des autres arts du Japon, tels que l'arrangement des fleurs, l'art des jardins, le tir à l'arc ou le théâtre Nô, le haïku est beaucoup plus qu'un poème sur un instant privilégié. Ce qu'il propose est une expérience proche du satori ou de l'illumination. -
Le parcours oblique
Roger Munier
- Les Compagnons D'Humanite
- Bibliotheque De L'existence
- 21 Septembre 2023
- 9782493296177
Comme une exploration du visible, une rencontre du sensible, Le Parcours oblique est un chemin sur lequel se rencontrent la puissance du langage et celle du monde. Navigation poétique et philosophique, cet essai singulier se compose de voix plurielles qui toutes se font l'écho d'une dimension oubliée qui résonne encore au contact du verbe. Comme des variations poétiques, les textes qui composent cet ouvrage (« Du commencement », « Le parcours oblique », « Face à face », « La déchirure », « Le pays », « Du silence ») nous initient à la poésie de Char, de Reda, Guillevic, Rilke, de Bonnefoy et de Rimbaud. Commencer un tel Parcours, c'est plonger aussitôt dans la présence du monde que seule la poésie fait sentir :
« L'art donne figure. La poésie, dans l'attention qu'elle impose à une voix issue du fond, du sommet, de partout, de nulle part, perçue néanmoins dans l'ici le plus instant, est vécue comme un saisissement. Une dimension des choses se rend présente, une hauteur, une profondeur, comme un axe qui les traverse. [...] Que se passe-t-il? Probablement ceci : le monde se lève en son présent. Il se ramène à son commencement... » (R. Munier) -
J'attends, je n'attends vraiment, je n'attendrai jamais que Le Visiteur qui jamais ne vient, du Vishnu Purana.
Cette attente est ce que je dis ici. Elle prend d'innombrables formes. Car le Visiteur qui jamais ne vient peut et doit être attendu en tout. Il n'est réel qu'en cette attente, mais il est réel alors : en elle, pour ainsi dire, il vient. Il est le sens qui se diffère, l'espoir ou la vision qui s'offrent autant qu'ils se dérobent, la sérénité, en un mot, de l'attente quin'est qu'attente mais s'illumine comme attente.
Le Visiteur qui jamais ne vient est le tissu même de nos jours.
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Le contour, l'éclat
Roger Munier
- Les Compagnons D'Humanite
- Bibliotheque De L'existence
- 23 Mars 2023
- 9782493296092
L'oeuvre de Roger Munier est inédite. Au croisement du poétique et du philosophique, il nous laisse témoin d'une parole où le réel lui-même, comme de l'intérieur, semble vouloir se dire.
Dans ce magnifique texte, l'auteur nous plonge dans les vacillations de l'existence; au seuil de notre finitude la voix du poète-philosophe en dessine les contours, ravinement du Rien qui appelle et laisse résonner l'éclat, une déflagration : il y a.
« Ce qui, dans il y a, est pour une conscience, c'est le y seul, soit la présence d'un présent par elle circonscrite, enclose dans le périmètre que sa prise délimite. La conscience est fragmentaire. Elle n'atteint jamais, et sous un certain angle, qu'un domaine restreint d'il y a : ce qui par elle et pour elle est là. Or, ce qui me requiert, c'est justement le reste, ce qui n'est pas dénombré, situé, non seulement le reste de tous les là explorés, le reste hors de tout là, mais le reste à l'intérieur du là même, ce qui au fond de tout là exploré est l'inexploré et comme tel l'inexplorable. Ce reste qui me nie, s'il est vrai que je ne suis moi que par l'approche partielle qui l'avoue nécessairement comme reste, est l'élément où se déploie proprement il y a. C'est peu de dire que je n'ai pas de prise sur lui. Il m'exclut, en quelque façon me réfute - pour autant que je suis et demeure conscience, intériorité, dedans. Pour autant que je reste je sans plus. Mais alors où est l'issue? En me rendant anonyme et simple, en me ramenant moi-même au niveau d'il y a. » (R. Munier) -
Après une longue formation chez les Jésuites, avec Jean Mambrino, Roger Munier a renoncé à entrer dans la Compagnie de Jésus pour se consacrer à des études philosophiques. Aujourd'hui âgé de 84 ans, il est l'un des écrivains les plus admirés et les plus secrets de notre époque. Un film vient de lui être consacré par Patrick Zeyen, « Roger Munier, le Visiteur », qui sera présenté le 21 octobre 2008 à la Maison de la Poésie à Paris.
À travers ses nombreux livres, Roger Munier a poursuivi une méditation permanente sur notre rapport à Dieu et au Divin. Des ouvrages comme Exode, Dieu d'ombre ou Adam, tous trois parus aux Éditions Arfuyen, ont été des éléments de cette recherche. Il ressent aujourd'hui le besoin de témoigner de son expérience spirituelle sous une forme plus personnelle et plus directe. C'est pourquoi ce livre paraît dans la collection des Carnets spirituels, comme un témoignage profondément contemporain sur la foi d'un homme qui a vécu en étroit compagnonnage avec les Écritures et manifeste aujourd'hui sa manière, profonde et paradoxale, de les vivre.
Pour un psaume : le titre choisi par Roger Munier signifie bien son propos. Il s'agit, modestement, de rassembler des éléments pour une louange, une célébration. En épigraphes deux citations très significatives. La première, de Maître Eckhart : « Tant que l'âme a un Dieu, connaît un Dieu, sait un Dieu elle est loin de Dieu. C'est pourquoi c'est le désir de Dieu de s'anéantir Lui-même dans l'âme, afin que l'âme se perde elle-même. » La seconde, de Mère Teresa : « On me dit que Dieu m'aime - et pourtant la réalité des ténèbres, du froid et du vide est si grande que rien ne touche mon âme. » Dans un bref avant-propos, Munier présente ainsi son ouvrage : « Chacun des fragments ici réunis peut être entendu comme l'ébauche ou la forme en creux d'un verset d'une autre louange. Issue de nos ténèbres, cette louange peut se laisser aisément pressentir. Elle partira d'un constat : celui de la ''mort'' annoncée de Dieu. Mais de quel ''Dieu'' s'agit-il en l'occurrence, sinon d'un Dieu fait de nos désirs et de nos seuls élans, d'un Dieu qu'on pourrait qualifier de ''Dieu des hommes''. Sur cette base reconnue, la louange à venir n'aura d'autre horizon que l'absence amère, mais irradiée en elle-même, du Dieu divin. » La « mort de Dieu » annoncée par les penseurs de la modernité n'était que celle du « Dieu des hommes ». Le « Dieu divin » est bien vivant et proche de nous. C'est précisément à cause de cette extrême proximité que nous ne le voyons pas. Nous voulons le saisir par la pensée, et c'est absolument impossible : « Dieu est si inconcevable que par instants je cesse de croire en Lui. Pourquoi, touchant Dieu, la pensée du monde est-elle à ce point dans l'écart, pourquoi a-t-elle, quand elle s'exerce, un tel pouvoir de dérive ? » L'orgueil des modernes a été de prétendre tout réduire à la raison. Mais, note Munier : « À partir du moment où l'on reconnaît, qu'il y a de l'inconnaissable, quelle objection peut-on faire à Dieu ? Qu'on l'avoue, il n'y a plus qu'un léger pas vers l'adoration. » De ce point de départ Roger Munier pousse sa méditation vers une approche intime et adorante de Dieu qui trouve dans l'expérience même de son ignorance et son indignité le fondement d'une relation forte et vraie.
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«Opus incertum est un terme d'architecture désignant un mode d'assemblage de pierres irrégulières s'enchâssant les unes dans les autres, de manière à former un tout continu : dallage extérieur, mur ou soubassement de façade. Il s'applique assez bien à l'ensemble de pensées au jour le jour ici réunies. Elles s'ajoutent les unes aux autres dans un certain désordre, mais qui n'est pas sans un mouvement secret gouvernant leur venue, comme un dallage qui peu à peu s'ébauche. Mais l'opus évoqué est aussi incertain, cette fois au sens second du terme. Il n'est qu'en marche et parfois dans la nuit. Non pourtant sans quelque lueur, au passage. Joubert le laisse entendre, lorsqu'il écrit de ses propres pensées : "Locke dit que 'les maximes n'éclairent pas'. - Non, mais elles guident, elles dirigent, elles sauvent aveuglément."» Roger Munier.
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«Le monde humain est un domaine gardé. Nous y évoluons suivant nos humeurs, avec prudence ou folie, mais sur une aire balisée. C'est le territoire habitable où nous sommes chez nous. Mais ce territoire a des marges, des confins indécis où le réel accoutumé n'a plus la même assiette. C'est une incursion dans certaines de ces marges que ce livre propose. Elle peut permettre à une autre dimension des choses d'affleurer, que masque le plus souvent le cadre étroit de nos conduites. Le Paradis n'est peut-être fermé que parce qu'un monde clos commence à ses portes. Qu'on sorte de l'enceinte et ce monde peut redevenir matière d'extase, départ d'extase...» Roger Munier.
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Être et son poème (L') : Essai sur la poétique d'André Frénaud
Roger Munier
- Encre Marine
- 11 Janvier 1993
- 9782909422046
André Frénaud est sans doute le poète le plus métaphysique de sa génération. Non que sa poésie soit plus qu'une autre chargée de pensée, même si les préoccupations éthiques y sont plus manifestes qu'ailleurs. C'est sa démarche poétique elle-même qui se révèle métaphysique, dans la mesure où tout poème de Frénaud, quels qu'en soient presque le contenu ou l'intention, est en son fond poème de l'être.
Le présent essai tente de dégager cette dimension ontologique de l'oeuvre du poète. Elle est strictement poétique, non philosophique et encore moins dialectique. On a cru déceler en elle un héritage hégélien. Il me semble plus vrai d'y retrouver un écho heideggérien, même s'il ne s'agit là que d'une rencontre, non d'une reconnaissance explicite. La pensée poétique de Frénaud s'affirme, en tout cas, comme l'une des plus fortes et originales de ce temps. -
«Le su est ce qu'on sait ou croit savoir. L'insu est ce qui nous échappe, hors du su, mais aussi bien en lui. Le su qui nous entoure est notre appui dans l'incertain. Mais il n'est que de surface. Seul l'insu touche à la profondeur. C'est lui que j'interroge au long des jours, en tentant de relever ses traces dans le quotidien le plus banal ou dans ces instants soudains qui ébranlent notre présence au monde. Retrouver cet insu enfoui, le déchiffrer dans le su lui-même, hors du rassurant savoir, me semble être la première, sinon la plus sûre tâche de la littérature.» Roger Munier.
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A un certain âge, il faut se préparer à l'éternité. Ou au néant.
Car on peut aussi se préparer au néant.
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Entre l'aphorisme et la poésie, Roger Munier entreprend de «dire le rien plutôt que de ne rien dire». Tous ces textes éclair font allusion à une expérience indicible, mais que Roger Munier s'acharne à dire. C'est la démarche même des mystiques, qui essaient de parler de ce dont on ne peut parler. L'aspect fragmentaire de l'oeuvre épouse la mobilité de cette recherche. Peu de détails touchant la vie intime, mais par endroits des allusions retenues, des instantanés d'impressions vécues, des ébauches de description de la nature qui ont toujours un pouvoir d'évocation. On pense à Heidegger, aux haïkus aussi (Munier en a d'ailleurs traduits). Le moins du monde est un de ces livres sur lequel le lecteur éprouve le besoin de revenir.
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