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Pluriel
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Richard Sennett se penche, dans cet essai, sur les ruptures qu'introduit le nouveau capitalisme par rapport aux aspirations libertaires des années soixante. À l'éclatement des bureaucraties et des contraintes répond désormais la fragmentation de la vie sociale et des êtres humains. Et à la dissociation du pouvoir et de l'autorité, sur un plan politique, correspond, sur un plan économique, la fracture entre la réussite personnelle et le progrès social. En d'autres termes, nous assistons à une véritable dérive non progressiste de la culture néo-capitaliste. L'individu à l'ère de la fragmentation est ainsi soumis à trois pressions considérables : être capable de se définir à travers de constantes mutations professionnelles et en l'absence d'institutions susceptibles de donner un sens à la vie ; rester à la hauteur dans une société où le talent n'a plus sa place et où les compétences deviennent rapidement obsolètes ; être friand de nouveauté au lieu de se souvenir du passé. Sennett parie sur une révolte contre cette culture de la superficialité, où le consumérisme tient lieu de politique et les gadgets de mesures sociales.
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Respect : De la dignité de l'homme dans un monde d'inégalité
Richard Sennett
- Pluriel
- 11 Mars 2011
- 9782818501573
Respect s'inscrit dans la lignée du Travail sans qualités. A l'analyse de la perte de repères dans un monde marqué par la flexibilité répond ici une réflexion sur la construction de l'identité fondée sur la notion de respect. A quelles conditions le respect, à commencer par le respect de soi, peut-il subsister dans une société fondée sur l'égalité des chances mais où les inégalités s'accroissent ? Tout en multipliant les exemples empruntés à l'urbanisme ou à l'univers du travail, Richard Sennett n'hésite pas à délaisser les voies classiques de la sociologie en cherchant des réponses dans ses propres souvenirs et en s'interrogeant sur ses réactions par rapport à ceux que sa réussite sociale a laissés derrière lui. Ainsi cerne-t-il trois facteurs qui sapent le respect : l'inégalité des talents, la dépendance des adultes et les formes dégradantes de compassion. Il montre notamment que les politiques de l'Etat providence ont échoué parce qu'elles ont administré des aides en perpétuant une culture du mépris envers les plus déshérités - une « culture d'assisté ». Face à ce constat, Richard Sennett réintroduit une notion que l'on croyait obsolète : le respect mutuel. Pour y parvenir, la contrainte est triple. Il faut encourager le respect de soi par-delà les inégalités sociales en réintroduisant dans le travail salarié les qualités propres au travail artisanal ; imaginer une culture de la réussite où la haute idée que l'on a de soi-même n'aurait pas pour contrepartie obligée le mépris des subordonnés ; et renoncer à la politique sociale du « protocole compassionnel » afin de forger de véritables liens, qui ne soient ni d'assistance ni de dépendance, mais de réciprocité. Les conclusions de Richard Sennett possèdent une dimension politique, au sens fort du terme. La « méritocratie humaniste » qu'il prône fera grincer des dents parce qu'il accepte les inégalités tout en estimant que seul un désir d'égalité peut rendre celles-ci non seulement supportables mais utiles : l'inégalité sans désir d'égalité est génératrice de sentiment de dépendance et de honte ; accompagnée d'un désir d'égalité, elle engendre le respect partagé.