Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Guidacci M
-
-
Le retable d'Issenheim ; L'horloge de Bologne
Margherita Guidacci
- Arfuyen
- Neige
- 2 Mai 2024
- 9782845903708
Margherita Guidacci a publié ses deux grands cycles poétiques, Le Retable d'Issenheim (1980) et L'Horloge de Bologne (1981), à un an de distance. Avec le recul du temps les deux font résonner la même éternelle plainte de l'humanité souffrante. On sait que Picasso de passage en Alsace en 1932 avait été très frappé par le Retable d'Issenheim, joyau du Musée d'Unterlinden à Colmar, dont on retrouve nettement l'empreinte dans le Guernica de 1937.
Face au célèbre Retable, Guidacci médite la présence du mal et de la violence dans l'homme à travers les siècles. Car la beauté renversante du grand cycle de peintures de Mathis Grunewald fait apparaître avec d'autant plus de cruauté le cortège de souffrances et de malheurs dont, hier et aujourd'hui, l'homme est tout à la fois la victime et le coupable.
« Confrontons / nos cauchemars, Mathis : lesquels choisirons-nous ? », s'interroge-t-elle. D'un côté, l'humanité du xvie siècle, frappée par les épidémies, les guerres, les famines. Grünewald nous montre les corps mutilés et pourrissants, les visages affolés, les hurlements. De l'autre, le monde moderne, où le mal prend le visage de la guerre et du terrorisme.
Guidacci en prend pour symbole l'attentat à la gare de Bologne, le 2 août 1980, le plus meurtrier en Europe (85 morts et 200 blessés) jusqu'aux attentats de 2015 à Paris (130 morts et 352 blessés). Sur le mur de la gare, l'horloge de Bologne reste aujourd'hui encore bloquée à 10 h 25, l'heure de l'explosion. -
-
-
Le 2 août 1980 au matin, un terroriste inconnu déposa à la gare de Bologne une valise pleine d'explosif.
La détonation eut lieu à 10 h 25 : à cette minute précise les aiguilles de l'horloge de la gare s'immobilisèrent et cette image, reproduite dans tous les journaux, devint comme un symbole du terrible événement. Le jour des Morts, trois mois après le massacre, Margherita Guidacci se trouve à Bologne. " Le 3 novembre, écrit-elle, je fus réveillée par un silence étrange. J'ouvris la fenêtre et vis les toits recouverts d'une épaisse couche de neige.
Tandis qu'immobile je contemplais ce spectacle inattendu, me revint en mémoire la dernière page des Dubliners de Joyce, cette neige qui tombe "sur tous les vivants et sur tous les morts". Et à ce moment même me vint le désir de composer un Requiem pour ceux qui étaient morts dans cette ville. " En cet attentat, le plus meurtrier qui ait jamais été commis en Europe, Margherita Guidacci reconnaît la terrifiante figure de ce siècle qui, à travers guerres, goulags et génocides, a porté la violence jusqu'à des extrémités encore insoupçonnées.
Requiem pour notre temps, requiem pour une histoire tout entière marquée par l'héritage d'un même mal : " De la première étoile de sang naît tout un firmament. "
-