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Dogana
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En 1968, le sculpteur Sorel Etrog, né en Roumanie, réfugié en Israël après la guerre, puis installé à New York et à Toronto à partir du début des années 1960, réalise une impressionnante série de fusains, peintures et sculptures à partir du tableau de Picasso, Guernica. À travers cette réinterprétation de la fameuse toile, Etrog évoque le drame vécu par les siens en 1941, lors des pogromes perpétrés par les nazis à Iassi. À l'occasion de l'exposition "Sorel Etrog, Tagets", qui se tiendra à partir du 3 novembre 2022 à Aix-en-Provence, à la Chapelle des Pénitents du Musée Granet où la collection de Jean Planque est déposée, Florian Rodari analyse le thème du Link, thème très tôt adopté par cet artiste dont toute l'oeuvre interroge avec passion les articulations essentielles qui permettent aussi bien au corps qu'à l'esprit de s'exprimer.
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GERARD DE PALEZIEUX a commencé dès l'immédiat après-guerre une oeuvre de peintre, de dessinateur et de graveur à tel point en dehors de tous les circuits de la mode que c'est seulement au cours de ces dernières années qu'un plus large public a enfin pu prendre la mesure de son art, grâce à de nombreuses expositions et à leurs catalogues.
En revanche, très tôt, les meilleurs poètes, en Suisse romande comme en France, ont été attirés par les vertus de cette peinture capable de suggérer avec une sobriété exemplaire une réalité qu'eux-mêmes ne cessaient de poursuivre dans leurs textes. Gustave Roud parle dès 1954 d'une démarche particulière où " tout se concerte... pour parvenir à une lente capture de l'objet par la tendresse et la douceur " ; Maurice Chappaz désigne à plusieurs reprises le peintre comme une sorte de frère en mélancolie, menant dans le silence et la discrétion un combat semblable au sien ; enfin Philippe Jaccottet, l'ami qui a révélé au peintre la lumière de Grignan et de la Haute-Provence, a, au gré de ses Remarques sur Palézieux, admirablement situé cette oeuvre dans ses racines et ses prolongements.
Aujourd'hui, c'est le poète Yves Bonnefoy, auteur de nombreux essais critiques sur la peinture, qui interroge l'art de Palézieux et le replace dans une longue tradition du regard qui nous vient de la Renaissance italienne et perdure chez certains artistes, malgré les ruptures et les professions de foi qui annoncent depuis si longtemps la mort de la peinture de chevalet.
Dans une approche plus biographique, Florian Rodari retrace la géographie intime de Palézieux et explique la récurrence de certains de ses thèmes iconographiques ainsi que le choix des nombreuses techniques de peinture, dessin et gravure, que l'artiste maîtrise souverainement tout en les remettant sans cesse en question. Cet ouvrage est illustré de nombreuses reproductions qui restituent avec une qualité exceptionnelle toutes les subtilités du dessin à la mine d'argent et l'onctuosité des craies, ou encore la profondeur musicale des lavis ; il permet au lecteur de savourer pleinement la gamme des couleurs formant la palette si raffinée de l'aquarelliste.
Du même coup, ce livre démontre de façon évidente la place occupée par cette oeuvre qui s'impose au rang des plus sensibles et des plus cohérentes.
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Un visa donné à la parole ; la Dogana 1981-2011
Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Jacques Réda, Jean-Pierre Lemaire
- Dogana
- 18 Mai 2011
- 9782940055685
Il fallait marquer le coup : La Dogana fête ses trente ans en 2011 ! C'est pourquoi ses animateurs ont décidé de publier, sous le format de la collection des cahiers de proses, un catalogue extrêmement soigné et illustré qui reprend l'ensemble des titres publiés. Chacun de ceux-ci est accompagné d'une brève présentation, confiée soit à l'auteur lui-même soit à un autre poète ami de la maison, histoire d'illustrer les affinités électives existant entre les écrivains ayant publié à cette enseigne et de dégager ce que l'on pourrait nommer l'esprit des Douaniers. En outre, ce volume de 136 pages, préfacé par un des fondateurs des éditions, comprend des textes inédits, à la fois semi-comiques et graves, de certains poètes les plus représentatifs de La Dogana : Jean-Pierre Lemaire, parce qu'il fut le premier auteur à y être publié, Yves Bonnefoy et Philippe Jaccottet parce que tous deux accompagnent l'aventure depuis les limbes, enfin Jacques Réda, parce que c'est lui et que depuis toujours il aime les postes de douane et traverser les frontières.
Soucieux d'évoquer les autres collections créées au cours des ans - de critique littéraire, de peinture et même de musique - des contributions ont été demandées à d'autres écrivains de La Dogana, comme Frédéric Wandelère, Pierre-Alain Tâche ou Alain Madeleine-Perdrillat afin qu'ils évoquent librement l'un ou l'autre de ces domaines. Enfin, nous n'avons pas oublié ceux qui permettent que les textes que nous éditons parviennent à leurs lecteurs, les libraires : c'est pourquoi nous avons recueilli le témoignage de l'une d'entre eux, Muriel Bonicel, animant les rayons de Tschann à Paris.
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Gregorio Calvi di Bergolo a bâti obstinément une oeuvre qui se sera uniquement préoccupée de traduire la vérité du spectacle qui se déployait à ses yeux - portraits, natures mortes, vues de villes et paysages - et qui se dérobait pourtant sans cesse au souci qu'il avait d'en percer le secret.
Né à Turin en 1904, Calvi séjourne quelques années à Paris, mais revient dans sa ville natale, dont le décor compte beaucoup pour lui. Son réalisme se fonde sur une technique éprouvée durant de longues années dans un travail de copie d'après les maîtres et dans de nombreuses recherches pour obtenir un matériau et une technique qui sachent répondre à un besoin fortement développé chez lui de durer. Sa vision de la capitale piémontaise, du dessin de ses rues et de ses places, puis de la campagne environnante, est marquée par l'exemple rigoureux de la photographie et de ses cadrages.
Dès 1964, ses tableaux sont traversés par un souffle nouveau, que certains ont voulu rapprocher de la poésie métaphysique de son aîné Giorgio De Chirico, mais qui, en vérité, résulte d'un regard traduisant une extrême attention au mouvement de la lumière sur les choses, à la surface des terres, aux ombres dans les ciels changeants. Au cours de cet oeuvre ultime, conçu entre 1964 et 1975 environ, le peintre met en scène, dans de grands paysages nobles et désolés, une relation au temps et à l'inquiétude qui reflète cette rapide dépossession des territoires communs et ce rétrécissement de l'espace auxquels notre époque se trouve confrontée et assiste impuissante.
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Cet ouvrage paraît à l'occasion de l'exposition en hommage à Pietro Sarto présentée au Musée Jenisch de Vevey au printemps 2022. En regard des nombreuses planches illustrées, les textes, dus à Florian Rodari et à Pietro Sarto lui-même, entament le dialogue autour des principaux thèmes abordés par l'artiste au cours de sa vie : notamment son adoption de la perspective aérienne, technique picturale qui témoigne de la volonté de l'artiste de se placer au coeur du monde plutôt que simplement face à lui. Peintre-graveur au sens propre du terme, Sarto n'a cessé d'interroger parallèlement les procédés de l'eau-forte et ceux de la peinture à l'huile, passant librement de l'un à l'autre afin d'en expérimenter les pouvoirs respectifs et de tirer de leurs croisements des solutions susceptibles de renouveler sa vision. C'est que, dans l'esprit de ce questionneur impénitent, toute oeuvre est nécessairement en chemin, continuellement. En outre Sarto a régulièrement associé sa pratique de la gravure à l'édition de livres. Au cours de ses propres lectures - de Dante, Victor Hugo, Charles Ferdinand Ramuz - il a découvert de surprenantes visions du monde qui s'apparentent à celle qu'il développe dans son art depuis toujours. Autant de vertiges, d'affrontements entre l'ombre et la lumière qui permettent de féconder et enrichir sa propre approche.
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Catalogue de l'exposition présentée de mai 2017 à janvier 2018 à la Chapelle des Pénitents / Granet XXe, dans le cadre du dépôt de la Fondation Planque au Musée Granet d'Aix-en-Provence. Cet ouvrage est paru afin d'accompagner et saluer les dons faits par les deux artistes, Claude Garache (1929-2023) et Alexandre Hollan (1933), à la Fondation Jean et Suzanne Planque en l'honneur du collectionneur. Deux essais de Florian Rodari (Du côté de Garache et Du côté de Hollan) accompagnent la reproduction des tableaux et dessins constituant ce don qui marque l'admiration que ces deux artistes avaient sans cesse manifesté à l'égard de la collection réunie par le Vaudois.
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Ouvrage de 88 pages, imprimées en deux parties est consacré aux estampes d'une part et aux peintures récentes de Jean Lecoultre. Plusieurs essais, signés Christophe Gallaz et Florian Rodari, questionnent l'approche de cet artiste vaudois, créateur d'une oeuvre dérangeante, solitaire et définitivement inclassable. Le monde dans lequel se déplace le regard de Jean Lecoultre relève de l'art du cinéma, où hiatus brutaux, changements de focale, plans découpés ou superposés traduisent la vitesse et la violence présentes au coeur des villes et dans un siècle cultivant le choc des images. À ce constat clinique, son crayon et ses pinceaux opposent toutefois une approche des matières, des tissus et des corps d'une délicatesse et d'une vulnérabilité extrêmes qui renforcent le trouble exercé sur l'oeil.