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Antoine Wauters
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«Il s'efforçait de rire. Et eux aussi riaient, ne se doutant pas un seul instant du gouffre que cache parfois le rire d'un père.» Syrie. Un vieil homme rame à bord d'une barque, seul au milieu d'une immense étendue d'eau. En dessous de lui, sa maison d'enfance, engloutie par le lac artificiel el-Assad en 1973. Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d'un masque et d'un tuba, il plonge - et c'est sa vie entière qu'il revoit, ses enfants au temps où ils n'étaient pas encore partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, son premier amour, sa soif de liberté.
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«Et, fermant les yeux, nous rêvons de ce jour où il y aura, à la place du pullulement infini, des ministres des chemins de montagne, des ministres des rues jolies et à enjoliver, des ministres de la sieste pour tous. Des ministres de l'importance du songe, de la musique et des mots.» À travers douze récits de résistance et d'espoir, Antoine Wauters donne une voix à ceux que la société réduit au silence. Ceux qui souffrent d'Alzheimer et fuguent en pleine nuit pour retrouver la liberté et les lieux de leurs souvenirs. Ces jeunes venus voir la mer pour fuir la grisaille de leur banlieue, et à qui la police interdit de se baigner. Tous prennent ici la parole, comme une arme contre les excès d'une époque qui menacent notre humanité.
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«Ne voulant pas nous voir souffrir, ni nous montrer qu'elles souffrent, elles nous retirent ni plus ni moins du monde, nos mères, elles nous coupent l'horizon.» Un enfant et sa mère vivent sur une colline, dans un pays du Proche-Orient. Alors que la guerre a emporté le père, ils voudraient se blottir l'un contre l'autre, s'aimer et se le dire. Mais la mère, terrifiée à l'idée de perdre son fils, l'a caché dans le grenier. Pour tromper l'ennui, le garçon s'évade dans des rêveries, des jeux solitaires. Quand les combats reprennent, il est envoyé en Europe où une autre femme l'attend, convaincue qu'il l'aidera à vaincre ses propres fantômes.Ce roman, cruel et tendre à la fois, est avant tout le formidable cri d'un enfant qui, à l'étouffement qui le menace, oppose un désir farouche de vivre.
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Dans un pays dont on ignore le nom, où se succèdent des dictateurs qui tentent de le moderniser, une soeur et son frère jumeau vivent à la ferme de leurs parents, au milieu des plaines. Marcio travaille aux champs avec le père, un homme violent, tandis que Léonora s'occupe de la maison avec sa mère. Ils ont douze ans à peine et leur complicité semble totale, leurs jeux interdits irrépressibles. Mais un soir, alors que leurs corps se rapprochent doucement dans le fenil, le père surgit et voit se confirmer ce qu'il a toujours suspecté. Tandis qu'un nouveau coup d'État vient de se produire, les parents décident de séparer les jumeaux. Commence alors un combat long et incertain, celui de la réinvention de soi et de la quête obstinée de liberté. Véritable hymne à la désobéissance, Pense aux pierres sous tes pas est également un cri d'espoir. Et d'amour fou.