Qu'est-ce qu'un « propos » ? Un article de journal, souvent inspiré par l'actualité, mais à visée au moins partiellement philosophique. C'est confronter sa pensée au monde, dans ce qu'il a de plus changeant, de plus inquiétant, en s'adressant au plus vaste public. Et chercher un peu d'éternité, dans l'histoire en train de se faire. Cela vaut-il la peine ? Il m'a semblé que oui. L'actualité, si souvent décevante ou effrayante, est aussi une incitation à penser. On n'en a jamais trop - et cela guérit, parfois, de la déception comme de la peur. Le réel est à prendre ou à laisser. La philosophie aide à le prendre. Mieux vaut penser que se lamenter. Mieux vaut agir que trembler.
Toute philosophie est un combat.
Son arme ? La raison. Ses ennemis ? La bêtise, le fanatisme, l'obscurantisme. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ? Le tout, avec l'homme dedans. Ou l'homme, mais dans le tout. Son but ? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c'est tant mieux : les philosophes ont bon appétit !
Philosopher pour tous, sans préparation, sans précaution, et dans la langue commune : tel était le pari d'Alain, dans ses célèbres Propos. Tel est celui d'André Comte-Sponville, dans les siens. La philosophie, pour lui, est le contraire d'une tour d'ivoire ; elle n'existe que dans le monde, que dans la société, et d'autant mieux qu'elle s'y confronte davantage. Écrire dans les journaux, c'est penser dans la Cité, comme il convient, et pour elle. Ces 101 propos, le plus souvent inspirés par l'actualité, constituent la plus vivante des introductions à la philosophie, mais aussi davantage : un livre de sagesse et de citoyenneté.
L'amour et la solitude vont ensemble, toujours : ce ne sont pas deux contraires, mais comme deux reflets d'une même lumière, qui est vivre.
La philosophie, sans cette lumière-là, ne vaudrait pas une heure de peine. André Comte-Sponville
« Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement », écrit La Rochefoucauld. Cela fait au moins une différence avec le sexe : le regarder fixement, voilà ce que peu d'hommes et de femmes, de nos jours, s'interdisent ou redoutent. Pourquoi, s'agissant de sexualité, est-ce pourtant cette formule qui m'est venue, jusqu'à me fournir, ou peu s'en faut, mon titre ? Peutêtre parce que l'essentiel, ici aussi, échappe au regard, ou l'aveugle, tout en continuant de le fasciner. Le sexe est un soleil ; l'amour, qui en vient, s'y réchauffe ou s'y consume.
Les mortels, disaient les Anciens pour distinguer les hommes des animaux et des dieux. Nous pourrions, tout autant, nous nommer les amants : non parce que nous serions les seuls à avoir des rapports sexuels, ni à aimer, mais parce que le sexe et l'amour, pour nous, sont des problèmes, qu'il faut affronter ou surmonter, sans les confondre ni les réduire l'un à l'autre. Cela définit au moins une partie de notre humanité : l'homme est un animal érotique. » André Comte-Sponville.
Le capitalisme est-il moral ? Nul ne peut se soustraire à la question puisque aucun d'entre nous n'échappe ni à la morale ni au capitalisme.
Par son travail, son épargne et sa consommation, chacun participe à un système économique que les uns justifient et que d'autres condamnent au nom de concepts éthiques. Deux démarches intellectuelles que le philosophe André Comte-Sponville passe au crible de l'analyse lucide.
Une grille de lecture étonnamment claire, qui débouche sur un appel à la responsabilité.
Textes choisis et présentés par André Comte-Sponville Aimer, c'est se réjouir.
Aristote
Textes choisis et présentés par André Comte-Sponville Sages ne pouvons-nous être que de notre propre sagesse.
Michel de Montaigne
Un athée conséquent (et André Comte-Sponville s'affirme tel) ne peut prétendre savoir que Dieu n'existe pas, il le croit (au même titre que le théiste ne peut savoir qu'il existe, il le croit). André Comte-Sponville se démarque d'emblée de ceux qui s'autorisent de l'athéisme pour régler définitivement le sort de la foi et des convictions religieuses.
Être athée est une chose, être irréligieux en est une autre. En effet, être athée ne signifie pas renoncer à toute spiritualité : ce serait renoncer à nos racines (André Comte-Sponville dit justement que l'on doit être culturellement conservateur et politiquement progressiste). La spiritualité, c'est la prise en compte de tous les possibles de l'esprit. Il serait absurde de se priver d'une des dimensions essentielles du génie humain.
Comme à son habitude, l'auteur est d'une parfaite clarté, le style simple et élégant. Il ne cède jamais au " prêchi-prêcha " et maîtrise parfaitement son sujet, tant du point de vue philosophique que religieux (en appuyant son argumentation sur le christianisme de sa jeunesse, le judaïsme " laïcisé " de certains de ses proches et le bouddhisme - plus philosophique que religieux). L'islam n'est pas abordé en tant que tel, mais ce qu'il dit des religions évoquées dans cet essai s'applique intégralement au phénomène religieux en général.
L'athéisme d'André Comte-Sponville ne comporte donc aucun anathème particulier. Il est davantage une position philosophique qu'un commandement moral, car il ne s'autorise pas à en tirer des arrêtés idéologiques ou des condamnations définitives. Cet ouvrage est l'oeuvre d'un philosophe qui participe intelligemment au débat " citoyen " sur le fait religieux, autrement qu'en servant la soupe ou en caressant dans le sens du poil les préjugés les plus sommaires.
Après six mois d'échange épistolaire, cette conversation amicale entre deux philosophes aboutit à un livre riche et dense. La forme de l'entretien a permis une grande liberté dans le traitement de questions sérieuses : ne rien sacrifier quant au fond, tout en donnant aux propos le rythme vivant du dialogue.
Depuis presque quarante ans, André Comte-Sponville n'a eu de cesse d'approfondir sa pensée, ou plutôt de lui donner forme, comme une germination. Ce qui fut d'abord une intuition de jeunesse trouvera avec le temps, la vie, les rencontres et les lectures des expressions plus élaborées du point de vue de la théorie. Mais l'essentiel était en place dès les commencements. En retraçant avec sincérité son parcours, personnel et professionnel, André Comte-Sponville nous raconte sa vie, tout entière dédiée à la philosophie.
Nous avons trop peiné sur des ouvrages philosophiques jargonnants ou sibyllins pour ne pas savourer la clarté de Comte-Sponville, la beauté de sa langue et la rigueur de son argumentation. C'est chose tendre que la vie en témoigne, André Comte-Sponville est assurément l'un de nos penseurs les plus profonds.
Avant la grande conférence sur le climat de décembre prochain, ce numéro 2 est consacré à la méta-écologie (terme inventé par Jean-Marie Pelt) qui tourne autour de la fameuse phrase de Spinoza : « Dieu, c'est la nature ». En effet, il est une façon de parler de notre environnement et de la nature au sens large, autre que quantitative et matérielle : il s'agit, pour la sauver, de véritablement réenchanter notre monde.
Marc de Smedt a demandé à une trentaine de spécialistes, philosophes, scientifiques, naturalistes, sociologues, ethnologues, poètes et journalistes, de témoigner, dans leur sphère et en partant de leur expérience propre, de la façon dont le concept de nature leur parle jusqu'au plus profond de leur être.
Une vision renouvelée de la Terre comme être vivant et de l'univers comme entité mue par une intelligence qui nous dépasse mais n'en est pas moins réelle et bien questionnante !